1Dans le panorama actuel des revues archéologiques dédiées à des périodes, à des régions ou à des disciplines, depuis plus d’une décennie, Archéopages propose une approche éditoriale singulière. Ouverte à toute la communauté archéologique, cette revue met en avant la place de l’archéologie dans l’accroissement des connaissances en sciences humaines et le bénéfice de la complémentarité des approches. Pour fêter les 10 ans d’Archéopages, l’Inrap et AOrOC (laboratoire d’archéologie de l’ENS) ont co-organisé une journée d’étude interdisciplinaire, sur le principe des débats de notre revue, conçue comme un moment d’échanges et de réflexion.

2Si bon nombre de projets de recherche archéologique comportent des aspects relevant du commerce, de la production, des transports etc., la question du fonctionnement économique sur lequel se fondent ces activités est souvent laissée à l’implicite. Mais à quels modèles intellectuels nous référons-nous ? De quelles données partir et comment les réinterroger pour saisir la pluralité des formes que prennent ces commerces et leurs organisations ? Sous le titre « Les archéologue face à l’économie », ce numéro hors-série d’Archéopages rassemble les principales communications qui ont été présentées lors de cette journée d’étude interdisciplinaire organisée grâce à l’amical soutien de Stéphane Verger, directeur du laboratoire AOrOc lors de la tenue de cette manifestation. Journée d’étude et publication ont été coordonnées par Catherine Chauveau (Inrap) et Julien Zurbach (ENS). Ce dernier est également l’auteur d’une introduction à ce volume, qui donne un cadre historiographique à cette rencontre et constitue un plaidoyer visant à renforcer les liens entre l’histoire économique et l’archéologie. Singulièrement, le déploiement systématique de l’archéologie préventive, représente – selon lui – une occasion unique de prendre un tournant majeur pour l’histoire des économies antiques en particulier.

3Quatre parties rythment cette publication originale. La première traite de « La valeur, l’idéel et le matériel ». Abordé sur une longue durée – de l’âge du Bronze à l’actuel –, le concept de « valeur » est discuté et enrichi à l’examen de la documentation matérielle, mais également par l’étude des mentalités et de leur expression culturelle ou sociale. La deuxième partie aborde les « Formes monétaires et les instruments des échanges ». C’est là un domaine d’étude plus classique en histoire économique mais dont l’apport des contextes archéologiques assurés permet un réel renouvellement. La monnaie, en devenant un objet archéologique presque comme les autres, retrouve paradoxalement tout son intérêt heuristique. La troisième partie analyse les « Échelles des échanges ». Face à la globalisation, l’attitude des historiens et archéologues est souvent double : montrer que cela n’a pas toujours été le cas, ou chercher des cas anciens de mondialisation qui rendent l’actuel plus familier ou au contraire le distinguent de tout ce qui a précédé. Du point de vue méthodologique, le renouvellement vient surtout de l’attention à toutes les échelles des productions et des échanges, et à l’imbrication de ces différents niveaux. C’est probablement la session de la journée d’étude qui a suscité le plus de débats et qui, de fait, occupe dans ce volume une place centrale. Enfin, la quatrième partie traite de la « Production et la prédation » en analysant l’exploitation et la transformation des ressources naturelles. La compréhension des systèmes de production et de prédation bénéficie à la fois des avancées de la recherche archéologique de terrain et des nouvelles sources qu’elle permet de constituer (l’ensemble des données archéo-biologiques), et de travaux de synthèse notamment en agronomie. Si, sur ce thème, nos échanges sont loin d’avoir épuisé les débats, ils participent pleinement à les ancrer dans l’histoire économique.

4Membre du Conseil scientifique de notre Institut au moment de la préparation de cette Journée d’étude, notre collègue Frank Gama – directeur adjoint scientifique et technique à l’Inrap –, présent lors de cette manifestation, est décédé récemment. C’est à sa mémoire que nous voudrions dédier ce volume hors-série d’Archéopages.

Dans la salle des Actes de l’École normale supérieure, à Paris, lors de la journée d’étude co-organisée par l’Inrap et AOrOC le 13 avril 2017.

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Romain Etienne/ITEM