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4. Collaborer

La fouille des ateliers du secteur 2

The excavation of the workshops in sector 2
La excavación de los talleres del sector 2
Aurore Louis
p. 127-129

Résumés

L'article détaille la fouille des ateliers primaires romains mis au jour en Égypte pour la première fois, dans la région du Wadi Natrun. L'organisation de ces structures artisanales s'est révélée différente des parallèles plus tardifs existant en Israël (ateliers primaires) et en Europe (ateliers secondaires). Les différentes campagnes de fouille ont permis de relever le plan, la structure et le fonctionnement des fours, notamment la déconstruction de certaines structures après la fin de la fusion pour accéder à la dalle de verre et la débiter. L'étude de l'ensemble des données a permis de définir la chronologie des utilisations successives de l'atelier : construction, occupation/utilisation, destruction/abandon.

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Entrées d’index

Index géographique :

Égypte

Index chronologique :

Antiquité
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Texte intégral

1Ma participation en tant qu’archéologue de l’Inrap à cette mission scientifique dans le Wadi Natrun pour la fouille d’un atelier de verre du Haut Empire repose sur deux points : d’un côté, mes connaissances sur la nature du site fouillé (techniques de fabrication de la matière brute et méthodes de façonnage, typologies, modes et voies de diffusion, habitudes de consommation) et, de l’autre, mes compétences en archéométrie (compositions chimiques du matériau). Ces acquis permettent de mieux appréhender les produits employés, les processus de transformation des composants et la constitution des unités de production.

2La fouille des ateliers de verriers s’est avérée complexe, parfois difficile, tant techniquement que scientifiquement. Les conditions climatiques liées au milieu désertique (fortes chaleurs, tempêtes de sable) ont régulièrement ralenti les travaux. Les variations de température et d’humidité ont également eu un impact sur la conservation des structures – notamment les murs en briques crues qui disparaissent très rapidement – ce qui oblige à fouiller de façon très rapide.

3L’enjeu était d’autant plus grand que des ateliers primaires romains étaient mis au jour en Égypte pour la première fois. Aucune comparaison, aucun parallèle avec d’autres structures similaires ne peut être fait. Le travail de documentation sur les fours primaires plus tardifs découverts en Israël et sur les ateliers secondaires d’Europe a permis de se faire une idée globale de l’organisation de ces structures artisanales. Cependant, les ateliers égyptiens se sont révélés relativement différents et la fouille n’a pu être conduite selon un schéma connu et préétabli. Les orientations de fouille ont dû être décidées au fur et à mesure de la découverte des structures. Ainsi, le four du secteur 2 a été appréhendé en cinq temps [Fig.4].

[Fig.4] Vue du sondage effectué dans et à proximité du four occidental du secteur 2, qui a révélé les trois phases d’activité verrière et les phases de construction et de démantèlement du mur ouest du bassin.

[Fig.4] Vue du sondage effectué dans et à proximité du four occidental du secteur 2, qui a révélé les trois phases d’activité verrière et les phases de construction et de démantèlement du mur ouest du bassin.

A. Louis, Inrap

4Le travail s’est appuyé sur les données connues par archéo-magnétisme. En 2005, la structure en agrafe (ayant répondu positivement aux tests) ainsi que les structures alentours ont été dégagées et relevées en plan. Ce travail préliminaire a permis d’élaborer un premier plan d’ensemble du secteur, de distinguer plus nettement les contours du four et de discerner le mode d’organisation des structures annexes. Des tests ont ensuite été réalisés au cœur du four, révélant le bassin de fusion, ses parois vitrifiées et son sol marqué des traces laissées par les outils lors de l’extraction de la dalle de verre. Ces sondages ont également permis de déterminer les différentes séquences d’abandon de la structure et surtout de noter la récupération complète du mur occidental du bassin de fusion. Cette découverte s’est avérée importante : elle a permis de comprendre qu’à la fin de la fusion l’un des longs côtés du four devait être enlevé pour faciliter l’accès à la dalle. La suite de la fouille s’est orientée vers les techniques de construction de ce bassin régulièrement démantelé et reconstruit et, surtout, vers la recherche de structures spécifiques à cette construction et placées sur la face orientale du bassin.

5En 2006, le dégagement en plan du secteur a été poursuivi ; il a révélé la continuation de l’atelier vers le nord et vers l’ouest. Il a permis de mieux cerner le plan du bassin de fusion et de révéler la présence d’une extension riche en cendres correspondant à la chambre de chauffe. Au sud, un sondage réalisé au droit du mur du bassin a montré que ce dernier était ceinturé par un mur de briques crues, régulièrement rehaussé (au gré des différentes cuissons) et que cette partie du four était enterrée.

6Au cours de l’année 2007, le dégagement du bassin de fusion et de la chambre de chauffe a été approfondi, tandis que l’aire de fouille a été élargie sur les flancs est et ouest du four. Ces agrandissements ont permis de découvrir les structures bordant le mur ouest du bassin de fusion et de mettre au jour un second bassin de fusion accolé à la face est du premier. Les relations stratigraphiques entre ces deux bassins ont confirmé ensuite qu’ils ne fonctionnaient pas en même temps et que le four oriental semble antérieur au four principal. La partie occidentale de l’aire de fouille a également révélé des structures inattendues. Il s’agit de plusieurs massifs alignés en bordure du mur récupéré ; ces maçonneries ont été interprétées comme des rampes facilitant l’accès à la voûte du bassin pour le déversement des matières brutes et le contrôle de la cuisson. Cette zone, très soignée, est dallée de briques, témoignant ainsi d’une aire de travail « propre » à fort passage. La densité des vestiges découverts au fur et à mesure de la fouille a contraint, en plus des objectifs définis, à travailler sur les nouvelles découvertes, imposant un rythme de travail plus soutenu.

7Les orientations de l’année 2008 visaient à l’aboutissement du programme quinquennal en répondant au maximum de questions soulevées par ces structures. Ainsi, les trois semaines dédiées à l’achèvement de la fouille du secteur 2 ont visé à la compréhension des différents états de construction des structures, des modes d’utilisation de la chambre de chauffe et de l’évolution chronologique de la zone. Pour ce faire, une coupe transversale de la partie sud du secteur a été réalisée suivant un axe est-ouest. Elle a offert la totalité de la séquence stratigraphique de cette zone et permis d’appréhender les relations chronologiques entre le bassin de fusion, les rampes d’accès, l’espace dallé et, par extension, le bassin oriental. Une seconde coupe a été implantée dans la chambre de chauffe afin de comprendre le mode de construction de la bordure et du mur est de l’atelier, et de compléter les connaissances sur la chambre de chauffe, ainsi que sa séquence chronologique.

8La campagne 2008 a marqué l’arrêt de la fouille du secteur 2. La phase d’étude des données de terrain a commencé en 2009 en vue d’une publication des résultats en 2012. Pour la post-fouille, il s’est avéré indispensable de terminer la base de données (qui combine unités stratigraphiques, faits, mobilier, documentation photographique et graphique). Cette base a permis d’élaborer plus facilement le diagramme stratigraphique du secteur 2. Cette tâche fut la plus longue à mettre en œuvre. L’arbre stratigraphique offre une organisation visuelle du secteur permettant par la suite de confondre unités et structures pour retracer le développement de l’atelier tout au long de sa période de fonctionnement. Ces données sont ensuite couplées aux facteurs graphiques. Dans un premier temps, les relevés en coupe ont été regroupés suivant leur proximité de localisation et leur position en altitude, afin de restituer la succession des structures et des unités stratigraphiques ; les résultats ont été ensuite comparés au diagramme pour validation.

9Ainsi, cinq horizons chronologiques ont été définis, qui correspondent aux utilisations successives de l’atelier et se divisent en plusieurs phases (construction des structures, occupation ou utilisation, puis destruction ou abandon). Le report des relevés en coupe sur le plan d’ensemble permet ensuite de transposer les horizons chronologiques définis par la stratigraphie à l’ensemble des structures composant le secteur 2. Il offre alors une vision générale du développement de l’atelier. La datation relative des unités stratigraphiques est ensuite confrontée à la datation absolue issue du mobilier. Celui-ci se résume à des fragments de céramiques communes et d’amphores qui ne peuvent être datées précisément dans la fourchette de trois siècles d’utilisation de ce secteur, en raison de l’absence de chrono-typologies bien établies. Des prélèvements de cendres et de terre cendreuse ont été effectués afin de préciser la nature des combustibles employés et obtenir des datations au carbone 14 (laboratoire de l’Ifao).

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Table des illustrations

Titre [Fig.4] Vue du sondage effectué dans et à proximité du four occidental du secteur 2, qui a révélé les trois phases d’activité verrière et les phases de construction et de démantèlement du mur ouest du bassin.
Crédits A. Louis, Inrap
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/814/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 431k
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Pour citer cet article

Référence papier

Aurore Louis, « La fouille des ateliers du secteur 2 »Archéopages, Hors-série 2 | 2010, 127-129.

Référence électronique

Aurore Louis, « La fouille des ateliers du secteur 2 »Archéopages [En ligne], Hors-série 2 | 2010, mis en ligne le 01 octobre 2010, consulté le 17 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/814 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/archeopages.814

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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