Collaboration franco-israélienne dans la recherche archéologique
Résumés
L'archéologie du Néolithique et du Mésolithique en Israël a fait l'objet de nombreuses collaborations entre l'Inrap et l'Israel Antiquities Authority, aboutissant à deux projets archéologiques : la reprise de l’étude du site de Beisamoun et le projet Césarée. Le premier projet (9000-7900 avant notre ère) ambitionne l'étude des techniques architecturales de la fin du Néolithique précéramique ainsi que l'analyse systématique des assemblages de silex et de faune. Le second se propose d'étudier l'architecture mamelouke du château, de la ville, du mur d'enceinte et du port, à travers des relevés et des hypothèses de reconstitution.
Texte intégral
1Depuis le début du xxe siècle, lorsque la recherche archéologique en Israël a été établie, les délégations étrangères venues d’Europe et des États-Unis ont collaboré avec les institutions locales. Les savants français ont été des pionniers en ce domaine. René Neuville, par ses fouilles sur de nombreux sites néolithiques et mésolithiques, a été particulièrement actif dans le développement de l’archéologie israélienne. Ses études ont eu une influence majeure sur l’institutionnalisation de l’étude de la Préhistoire du sud du Levant et ses recherches coïncidaient avec celles de l’institut archéologique de l’Université hébraïque à Jérusalem. Son disciple et successeur, Jean Perrot, a créé la délégation permanente française à Jérusalem et a collaboré avec plusieurs institutions impliquées dans l’archéologie, comme l’Université hébraïque de Jérusalem, l’Université Ben Gourion et l’Université de Tel-Aviv. Le centre français de Jérusalem (Crfj) a accueilli de nombreux chercheurs français en archéologie et en anthropologie. Ils ont été intégrés à de nombreux projets sur le long terme, concernant diverses thématiques. Pierre de Miroschedgi a dirigé, avec l’Université hébraïque, la fouille de Tel Yarmouth, l’un des sites majeurs du Bronze ancien en Israël. François Valla a mené plusieurs projets avec différentes institutions (comme l’Université hébraïque de Jérusalem) sur la terrasse d’Hayonim et, avec l’Université Ben Gourion, une enquête préhistorique dans le nord du Néguev ; plus récemment encore, il a participé aux fouilles de l’Ain Mallaha, en collaboration étroite avec l’Israel Antiquities Authority (Iaa). Monique Lechevallier a fouillé le site de Hatula avec l’Université de Haïfa. Bernard Vandermeersch, Anne-Marie Tallier et d’autres chercheurs français ont travaillé sur les occupations de l’homme de Néandertal dans les grottes du Carmel et en Galilée, en collaboration avec les institutions israéliennes.
2Le récent accord de coopération scientifique internationale entre l’Iaa et l’Inrap a été une plate-forme importante pour envisager une collaboration sur des projets archéologiques en Israël. Dans le cadre de cet accord, les chercheurs des deux instituts se doivent de « partager leurs compétences dans le domaine de l’archéologie préventive, de participer à des opérations archéologiques et de faciliter les collaborations scientifiques mutuelles dans les recherches archéologiques qu’ils effectuent ». Sur la base de cet accord, deux projets archéologiques ont été menés récemment en Israël : la reprise de l’étude du site de Beisamoun (cf. article p. 135) et le projet Césarée (cf. p. 103).
3La fouille de Beisamoun est un projet codirigé par l’équipe d’experts de trois instituts : le Cnrs, représenté par Fanny Bocquentin, l’Iaa, par Hamoudi Khalaily, et l’Inrap, par Nicolas Samuelian. Le site de Beisamoun (9000-7900 avant notre ère) est situé dans la partie occidentale de la vallée de Hula, et ses vestiges s’étendent sur une superficie d’environ 12 ha. Le site a été sondé en 1965 par des archéologues français et les structures découvertes (murs, planchers en plâtre et éléments lithiques) ont permis de le dater du Néolithique précéramique B. Il n’y a plus eu d’investigations archéologiques de 1972 à 2007. Le projet actuel vise à étudier les techniques architecturales de la fin du Néolithique précéramique, à analyser systématiquement les assemblages de silex et de faune ; il offre aussi une occasion rare d’étudier, dans une perspective diachronique, la dynamique de l’occupation des sites d’exploitation de l’environnement et la transmission culturelle au sein du bassin de Hula. Les diverses compétences, expériences et méthodes de fouille des membres de l’équipe sont un atout majeur pour atteindre ces objectifs. Le projet n’en est qu’à ses débuts et les possibilités de découvertes sont nombreuses, comme le montrent les rapports des premières saisons. Nicolas Samuelian supervise l’une des deux zones de fouilles tout en étant responsable de l’enregistrement des données. C’est en s’appuyant sur son expérience qu’ont pu être menés un grand décapage suivant les méthodes développées par les archéologues de l’Inrap et une analyse stratigraphique très fine, deux réalisations qui contribuent à la compréhension des vestiges néolithiques.
4La fouille à Césarée est un autre exemple d’une collaboration tripartite entre l’Iaa, représenté par Hervé Barbé, l’Inrap, par Jocelyn Martineau et Fabien Sanz-Pascual, et l’Université de Nantes, sous la direction de Nicolas Faucherre. Il s’agit d’étudier l’architecture mamelouke du château, de la ville, du mur d’enceinte et du port. La responsabilité des archéologues de l’Inrap porte autant sur le relevé des vestiges archéologiques que sur leur étude et l’élaboration d’hypothèses de reconstitution.
5Pour l’Iaa, les recherches menées sur ces sites fondamentaux sont primordiales pour la compréhension des périodes préhistoriques et historiques en Israël. Cette collaboration est également précieuse car elle offre la possibilité aux diverses institutions partenaires de combiner leurs ressources et leurs connaissances pour la promotion de la science archéologique.
Pour citer cet article
Référence papier
Hamoudi Khalaily, « Collaboration franco-israélienne dans la recherche archéologique », Archéopages, Hors-série 2 | 2010, 113-115.
Référence électronique
Hamoudi Khalaily, « Collaboration franco-israélienne dans la recherche archéologique », Archéopages [En ligne], Hors-série 2 | 2010, mis en ligne le 01 octobre 2010, consulté le 16 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/806 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/archeopages.806
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