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3. Former

Participation de l’Inrap aux programmes de sauvegarde du site d’Angkor

Inrap's contribution to the Angkor conservation programme
Participación del Inrap en los programas de protección del sitio de Angkor
Éric Llopis
p. 94-97

Résumés

Ses savoir-faire spécifiques ont conduit l'Inrap à être sollicité depuis 2003 pour intervenir dans le cadre de la protection et du développement du site d'Angkor. La collaboration pluridisciplinaire et pluri-institutionnelle a permis de couvrir un large champ de compétences. Les missions sont diverses, allant de l'encadrement et la formation des archéologues cambodgiens à l'évaluation archéologique, en vue de programmes de recherche et d'interventions sur les sites, comme la remise en eau du baray nord. Les travaux d'archéologie préventive se sont doublés, ces dernières années, d'opérations de sauvetage d'urgence.

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Index géographique :

Cambodge, Angkor

Palabras claves:

arqueología preventiva
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Texte intégral

1De 2003 à 2004, puis de 2006 à 2009, l’Inrap a participé aux programmes soutenus par l’ambassade de France au Cambodge pour la protection du patrimoine et le développement du site d’Angkor. L’objectif de la mission était principalement d’apporter un appui institutionnel et des savoir-faire optimaux par des actions d’ordre divers : l’établissement de cahiers des charges et de programmations des opérations d’archéologie préventive liées aux projets d’aménagement élaborés par l’Apsara (Autorité pour la protection du site et l’aménagement de la région d’Angkor) ; l’encadrement technique et scientifique des interventions préventives menées par les divers départements de l’Apsara ; la définition des potentiels archéologiques, afin de constituer un outil de gestion des aménagements et contribuer à une meilleure connaissance des sites ; la formation du personnel archéologique aux méthodes d’intervention et d’enregistrement ; la production de documents divers réservés à la constitution des dossiers de présentation : projets, CIC et autres manifestations, ainsi que la proposition de programmes de recherche pour la réalisation de « chantiers-écoles » ; l’émission de cahiers des charges et de programmation de l’opération d’archéologie préventive sur le site de Preah Vihear, dans le cadre d’un projet global de sauvegarde et de mise en valeur du site, sous l’égide de l’Autorité nationale de Preah Vihear et de l’Unesco ; l’intervention traitant de l’archéologie préventive, dans le cadre de la formation dispensée par le Centre de formation régional aux métiers du patrimoine à Siem Reap (2008-2009).

2La mission a été le fruit d’un travail d’équipe regroupant, outre l’Inrap, les archéologues, ingénieurs et architectes de l’Apsara, ainsi que les consultants et le chef du projet FSP, Michel Verrot, architecte des Bâtiments de France. Notons aussi que, pour chaque opération, nous avons pu bénéficier des informations avisées des chercheurs de l’Efeo travaillant à Siem Reap.

3La demande des diverses institutions portait également sur la formation et l’accompagnement d’archéologues cambodgiens et des personnes ayant à charge la protection et la mise en valeur du patrimoine angkorien. Un document illustré accessible est en cours d’élaboration : il porte à la fois sur les notions indispensables à la compréhension des stratigraphies, sur des orientations pratiques pour les méthodes d’enregistrement et sur l’utilisation des moyens archéométriques. Par ailleurs, sollicité et soutenu financièrement par l’ambassade de France à Phnom Penh, a été mis en place l’accueil, en France, de deux archéologues stagiaires de l’Apsara.

Évaluation des potentiels archéologiques et des moyens d’intervention

4La création de parvis d’accueil des publics pour chaque grand temple du parc angkorien, a été, dès 2002, l’une des grandes priorités de l’Apsara. C’est d’ailleurs pour la réalisation des diagnostics archéologiques sur les parvis qu’une première convention entre l’Ambassade de France au Cambodge et l’Inrap a été mise en place. La méthode a évolué, petit à petit, vers celle appliquée sur les grands travaux (cf. p. 86 article de Pierre Bâty), l’objectif étant d’optimiser une méthodologie souple et efficace. Elle s’appuie sur l’exécution de tranchées systématiques qui permettent, d’une part, de dresser, sur plusieurs hectares, une évaluation précise et complète d’un site, d’autre part de répondre à l’enjeu et à la nécessité de régler le problème de la contrainte archéologique dans des délais réalistes. Les programmes préventifs ont été menés dans un cadre de recherche pluridisciplinaire et globale ; l’étude paysagère a servi de lien entre les divers secteurs d’activité. Ces parvis ne sont pas traités de manière isolée, mais ont fait aussi l’objet d’une mise en connexion, respectant la préservation des sites, mises en valeur des perspectives, points de délestage, choix des véhicules etc. Vingt-trois sites ont pu être sondés, pour une trentaine de dossiers montés. Ces programmes sont toujours en cours d’exécution.

5Un autre projet d’envergure est la remise en eau du baray (réservoir) nord qui a nécessité la mise en place d’une étude archéologique complexe au sein d’un programme global intégrant les composantes hydrologiques, forestières, architecturales, paysagères, topographiques, touristiques, sociales, etc. En 2009 ont été réalisées une prospection archéologique autour du baray, avec établissement d’une première carte des risques, et une campagne de sondages-diagnostics pour la compréhension d’un des système d’arrivée d’eau.

6Était prévue également la réfection des digues du baray occidental (vaste réservoir de 8 km sur 2,2 km). Un premier diagnostic a pu confirmer que la digue a été puissamment montée grâce à des remblais issus du nivellement interne du baray dès le xie siècle. Cette digue reprend, du reste, un ancien dispositif similaire pré-angkorien plus petit. Enfin une première opération de diagnostic à l’est du baray a permis de constater la très faible sédimentation interne au dispositif. À ce propos, quelle que soit la structure hydraulique diagnostiquée du parc angkorien (baray, trapeang, c’est-à-dire bassin, douve…), toutes les expertises ont démontré une sédimentation nulle ou très faible. Ce point fait l’objet d’un débat. Pour chaque site, la solution recherchée d’une remise en eau s’intègre dans le projet plus large de remise en route du système hydraulique (et donc forestier) de l’ensemble du territoire entre le Phnom Kulen (montagne au nord) et le lac (au sud).

7Mandaté cette fois par l’Autorité nationale pour la gestion du site de Preah Vihear (Anpv) et par l’Unesco, l’Inrap a mené une mission d’expertise archéologique sur le site de Preah Vihear classé sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. Ce travail a permis de dresser une carte archéologique assez complète du site. De cette expertise est né, en parallèle au dossier des premières urgences (étaiement et défrichement), un cahier des charges et un budget estimatif relatif à la mise en place d’un diagnostic archéologique.

Sauvetages urgents sur sites menacés

8Parallèlement aux chantiers préventifs, des opérations de sauvetage urgent ont été engagées ces dernières années sur des sites menacés par des travaux illicites, comme les tertres. Nous avons élaboré une stratégie d’intervention et émis un certain nombre de recommandations : définition d’un périmètre de protection, avec réaffirmation de la notion de « site » dans son sens le plus large possible et de celle de « patrimoine non monumental » ; établissement d’une méthode d’enregistrement, sur fiches synthétiques, de toutes les pathologies qui affectent le site ; installation d’une politique d’information des autorités concernées, et surtout émission de recommandations et propositions d’aménagement ou de déplacement du projet. Si beaucoup de ces sites sont malheureusement toujours en situation de danger, le premier objectif, qui était de doter l’Apsara d’une capacité d’intervention, a été atteint.

9De manière plus générale, après dix années d’efforts, pour ne pas dire de combat, la politique de l’archéologie préventive auprès des aménageurs du territoire cambodgien est difficile à mettre en œuvre du fait des enjeux financiers et hégémoniques rattachés aux opérations. Il est donc important d’insister ici sur le rôle pilote de l’opération de l’aéroport de Siem Reap, seule opération depuis 2004, qui a pu être menée avec succès. Il est important de faire aussi le constat que la recherche programmée fait appel aux méthodes du préventif dans le but de comprendre les sites sur un large territoire, d’en saisir les évolutions dans le temps et dans l’espace. C’est par exemple la démarche engagée par le programme Mafkata de l’Efeo.

10Mais pour l’Apsara l’enjeu est de taille car, au-delà de la dimension archéologique se rajoute la dimension environnementale (gestion de l’eau et de la forêt), économique (exploitation touristique…) et sociale (maintient des populations locales dans leur milieu rural). Depuis plus de quatre ans, nous avons pu établir des dossiers où architectes, ingénieurs, paysagistes, archéologues, etc., ont proposé un programme d’exécution immédiat. On peut citer, pour les projets les plus avancés, les ponts angkoriens de la nationale 6 (ou les recommandations de contournement ont été exécutées), le site de Srah Srang ou encore celui du temple de Batchum, où l’archéologie associée au programme de restauration a pu établir le processus des dommages et proposer des solutions. Les nombreuses failles enregistrées sur les parties aériennes des tours résultent d’un affaissement de la terrasse sur laquelle elles reposent. Les dégradations légères de quelques blocs de latérite (action de l’eau infiltrée par d’anciens réseaux racinaires d’arbres qui se sont développés après l’abandon du site) ont des conséquences dramatiques sur le monument.

11Par contre, les fondations sont en parfait état. Cette remarque est valable pour de nombreux temples d’Angkor. Chaque diagnostic réalisé, essentiellement entre les années 2002 et 2006, ont pu montrer que les fondations des temples, reposant sur un lit de sable compacté par le poids du monument, sont parfaitement réglées. Cette remarque est importante, car elle fait débat. Des experts évoquent des désordres causés par une dégradation des fondations, occasionnée par des mouvements sismiques. Mais aucune information à ce jour ne permet d’étayer cette hypothèse.

Soutien aux missions internationales

12Nous avons été sollicités dans le cadre de missions dirigées par des institutions d’autres pays intervenant sur le site d’Angkor, notamment pour la restauration de monuments : mise en évidence d’une occupation protohistorique, puis d’une phase préangkorienne sous l’actuel monument angkorien de Ta Prohm avant sa restauration (programme indien de l’ASI ; opération de diagnostic archéologique sur le parvis de Banteay Srei, dans le cadre du programme suisse du Banteay Srei Conservation Project) ; suivi archéologique de la restauration de la pagode de Bakong (projet soutenu par le Groupe Holcim et réalisé par Restaurateurs sans frontières). Beaucoup d’autres grands sites, parfois au-delà d’Angkor (Phnom Bakheng, Chau Srei Vibol, Beng Mealea, Koh Ker) font aujourd’hui également appel à un programme global. En ce sens, nous avons émis des propositions d’études à caractère préventif, en accord avec les institutions locales ou étrangères.

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Pour citer cet article

Référence papier

Éric Llopis, « Participation de l’Inrap aux programmes de sauvegarde du site d’Angkor »Archéopages, Hors-série 2 | 2010, 94-97.

Référence électronique

Éric Llopis, « Participation de l’Inrap aux programmes de sauvegarde du site d’Angkor »Archéopages [En ligne], Hors-série 2 | 2010, mis en ligne le 01 octobre 2010, consulté le 11 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/797 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/archeopages.797

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Droits d’auteur

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