Le savoir-faire des topographes de l’Inrap dans les missions archéologiques françaises à l’étranger
Résumés
Les topographes de l'Afan, puis de l'Inrap, ont participé aux chantiers français à l'étranger, d'abord de manière informelle, puis de façon plus organisée dans le cadre de la coopération culturelle nord-sud. Leur participation vise à l'enregistrement des structures archéologiques destinées à la destruction, en utilisant divers outils pour les relevés, le dessin et la restitution.
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1Depuis la création de l’Afan, certains archéologues ou spécialistes associés, parmi lesquels des topographes, se sont engagés individuellement dans des missions à l’étranger, au gré des opportunités et de leurs travaux personnels. Étant moi-même topographe et ayant travaillé à l’Ifao, en Égypte, j’ai été chargé par le président et par le directeur général d’alors (Philippe Cuvillier et Alain Loiseau) d’officialiser et de cadrer une collaboration qui s’était installée de fait. À la création de l’Inrap, le président, Jean-Paul Demoule, et la directrice générale, Nicole Pot, ont intégré ces missions dans le cadre des projets d’actions scientifiques à l’étranger, sous la responsabilité de Nathan Schlanger.
2À partir de 1997, sous la forme de prestations, plusieurs collègues de l’Afan ont participé à des activités de coopération culturelle qui s’inscrivaient dans l’esprit de partenariat nord-sud que la direction entendait développer, dans le cadre des missions archéologiques françaises à l’étranger soutenues par le ministère des Affaires étrangères.
3Les topographes furent concernés au premier chef par ces demandes de collaboration. Citons, à titre d’exemple, pour l’année 1998, le relevé de la nécropole d’El Deir, à l’ouest de Louqsor, par Xavier Chadefaux (direction F. Dunand, université Marc Bloch, Strasbourg), celui du site urbain de Dia, au Mali, par Pierre Texier (direction Rogier Bedaux, musée de Leiden, Pays-Bas) et le début d’une collaboration suivie, intégrant également d’autres spécialistes de l’Inrap, avec le Centre français des études éthiopiennes (cf. p. WWW). Depuis, ces missions se sont rapidement multipliées, notamment en Afrique et en Asie, et chaque année, plusieurs topographes de l’Inrap contribuent à l’avancement de l’archéologie française à l’étranger : en 1999, Pierrick Leblanc a effectué le relevé du temple romain de Yanouh, au Liban, à la demande de la Maison de l’Orient méditerranéen ; en 2004, sur le site prédynastique de Kom el-Khilgan (cf. p. XXXX), dans le delta du Nil, Bruno Fabry a relevé l’ensemble du tell et de la nécropole (direction Béatrix Midant-Reynes, Cnrs) ; depuis 2007, Pascal Raymond a fait de la topographie une des disciplines pivot de la mission Mentesh-Tépé en Azerbaïdjan (direction Bertille Lyonnet, Cnrs) (cf. p. 73).
4L’enregistrement de structures archéologiques vouées à la destruction exige, en effet, un grand professionnalisme permettant de les restituer avec précision. L’implantation des maillages et les plans topographiques de surfaces souvent supérieures à plusieurs hectares sont délicats à réaliser. Ces tâches ont été assurées, à l’Afan comme à l’Inrap, par des topographes qui ont su constituer et renouveler un éventail d’outils et de logiciels de pointe qui servent autant de soutien à l’élaboration des hypothèses et des problématiques de recherche que d’aide à la gestion pratique du chantier.
5Aujourd’hui, les topographes de l’Inrap utilisent, pour les relevés, des tachéomètres laser et des GPS permettant une prise de points avec une précision inférieure à 10 cm ; pour le dessin, Autocad-Covadis, ainsi que la géo-codification et le recours au tracé automatique ; pour la restitution, Photoplan, logiciel de redressement des photos de vestiges en fonction des cibles topographiques et 3DS Max, pour les vues en trois dimensions. La somme de ces données permet, en outre, de nourrir les fonds à partir desquels s’élaborent les SIG. Le choix de ces outils permet aux topographes de l’Inrap d’allier la qualité dans la précision à la rapidité dans l’acquisition des points de relevés et leurs traitements graphiques. Les résultats sont tellement pertinents qu’il semblerait insensé de réaliser une opération de fouille ou de diagnostic sans cet appui topographique. C’est cette qualité et cette maîtrise que les organismes partenaires apprécient. Ils reconnaissent également volontiers que les compétences des topographes de l’Inrap ont souvent contribué à faire évoluer non seulement leurs propres techniques mais aussi leur appréhension des sites, comme le précisait Jean Guilaine, professeur au Collège de France et directeur de la mission sur le site de Shillourokambos, à Chypre, après sa collaboration avec Frédéric Boumier, de1999 à 2002, suivie de celle avec Vincent Pommier, en 2003 et 2004.
Pour citer cet article
Référence papier
Patrick Deleuze, « Le savoir-faire des topographes de l’Inrap dans les missions archéologiques françaises à l’étranger », Archéopages, Hors-série 2 | 2010, 93-94.
Référence électronique
Patrick Deleuze, « Le savoir-faire des topographes de l’Inrap dans les missions archéologiques françaises à l’étranger », Archéopages [En ligne], Hors-série 2 | 2010, mis en ligne le 01 octobre 2010, consulté le 19 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/795 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/archeopages.795
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