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1. Expertiser

La céramique du tumulus de Tater Gur et ses apports pour la connaissance du Haut-Moyen Âge en Éthiopie

The ceramics of the Tater Gur tumulus and their contributions to the knowledge of the Early Middle Ages in Ethiopia
La cerámica del tumulus de Tater Gur y su contribución al conocimiento de la alta Edad Media en Etiopía
Alain Wittmann
p. 40-43

Entrées d’index

Mots-clés :

tumulus

Index géographique :

Éthiopie

Index chronologique :

haut Moyen Âge

Palabras claves:

Alta Edad Media, túmulo
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Texte intégral

1Si le Haut-Moyen Âge éthiopien représente un hiatus dans l’histoire du pays en raison de la rareté des sources écrites, la même méconnaissance pèse sur sa culture matérielle : les sites archéologiques de cette période restent rares et les études de référence sur le mobilier font largement défaut. La fouille récente du tumulus de Tater Gur, dont le fonctionnement a pu être daté entre la fin du viiie et le début du xe siècle par une série d’analyses au radiocarbone, s’impose donc comme une étape essentielle dans ce domaine de recherche. Cette tombe privilégiée, constituée d’un couloir d’accès et d’une chambre circulaire architecturés, a livré un dépôt de vases dont l’abondance, l’homogénéité et le remarquable état de conservation justifiaient une étude approfondie. L’ensemble céramique a ainsi offert l’opportunité, non seulement de poser un premier jalon dans l’analyse du répertoire typologique et décoratif régional (culture « Shay »), mais aussi d’aborder des problématiques plus vastes concernant son lien avec les rites funéraires et l’origine géographique de son faciès.

Approches technique et typologique

2La mise en parallèle de ce corpus avec des enquêtes ethnographiques conduites sur les sites de production actuels ont permis de restituer, au moins partiellement, la chaîne opératoire qui a présidé au façonnage des vases. En revanche, de nombreux problèmes se posent encore sur l’identification des outils naturels ou anthropiques, voire sur les procédés mis en œuvre pour la réalisation des différentes catégories de décor.

3Nous avons ensuite élaboré une typologie du mobilier indépendamment de toute considération d’ordre fonctionnel, dans la mesure où la question de l’usage des vases est peu documentée en ethno-archéologie africaine ; on peut également observer que les céramiques éthiopiennes employées de nos jours n’assurent pas nécessairement une fonction spécifique, mais servent souvent de contenants polyvalents, au point de rendre inopérante la distinction habituelle entre vases à liquides et vases à solides. Le système de classification hiérarchique adopté repose donc uniquement sur des critères morphologiques et métrologiques. Ainsi, les différentes formes se définissent par des rapports de dimensions échafaudés à partir de mesures simples, telles que la hauteur totale, la hauteur du col, le diamètre maximal et le diamètre à l’ouverture [Fig.1]. Bien que cette méthodologie ait été surtout développée pour des productions tournées fortement standardisées, son champ d’application peut s’étendre aux céramiques modelées de Tater Gur, car ces dernières obéissent malgré tout à certaines règles élémentaires de géométrie et se répartissent en séries relativement homogènes. L’avantage majeur d’un tel classement est de fournir une structure ouverte, qui autorisera à tout moment l’intégration de formes et de types nouveaux provenant d’autres sites contemporains de la région du Mänz.

[Fig.1]Typologie morphologique et vue de vases du tumulus de Tater Gur (Mänz).

[Fig.1]Typologie morphologique et vue de vases du tumulus de Tater Gur (Mänz).

Dessins et DAO, A. Wittmann, Inrap

[Fig.2]Vue d'une partie du mobilier dans son contexte de découverte.

[Fig.2]Vue d'une partie du mobilier dans son contexte de découverte.

B. Farago-Szekeres, Inrap

Approches culturelles

4Pour l’heure, le rôle, le choix et le traitement de la céramique dans l’appareil funéraire offrent peu de prises à l’interprétation. Les récipients n’avaient-ils qu’une valeur strictement symbolique ou contenaient-ils des denrées alimentaires ? Étaient-ils uniquement destinés au mort et à sa survie dans l’au-delà, ou bien servaient-ils aux vivants pour accomplir leurs rites lors du déroulement des cérémonies ? S’agit-il d’un mobilier spécialisé, consacré exclusivement aux coutumes funéraires, ou au contraire d’un vaisselier domestique reconverti au monde des morts ? Les multiples interrogations sur les pratiques locales sont d’autant plus délicates à résoudre que notre perception des phénomènes peut être tronquée par la disparition éventuelle de contenants en matériaux périssables (vanneries, calebasses) ; de plus, l’état de la recherche archéologique ne permet pas de comparer cet ensemble à des lots trouvés sur des sites d’habitat ou des espaces cultuels.

5L’étude du lot de Tater Gur révèle néanmoins quelques similitudes troublantes, en termes typologiques et décoratifs, avec le faciès connu dans le Tigré après la disparition du royaume d’Axoum, vers les viiie-ixe siècles (Grey/Black Aksumite Ware). Sur le continent africain, la céramique passe pour un bien courant, qui fait rarement l’objet d’un trafic à longue distance, car non suffisamment rentable. Aussi, est-il probable que les fabrications de Tater Gur et des sites post-axoumites correspondent à des séries distinctes, issues d’ateliers autonomes bien que puisant leur inspiration dans un fonds culturel commun. La vaisselle découverte dans le tumulus pourrait en effet s’inscrire, non pas dans une démarche commerciale, mais plutôt dans un processus d’acculturation dont il conviendrait de définir les modalités. Au demeurant, la forme et les aspects ornementaux de certaines productions de l’époque axoumite classique (Red et Brown Aksumite Ware) suggèrent que le répertoire du Haut-Moyen Âge pourrait plonger ses racines dans la tradition céramique du royaume chrétien.

6D’autres travaux seraient toutefois nécessaires pour valider ou non cette proposition, puisque ces problèmes revêtent de fortes implications historiques.

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Table des illustrations

Titre [Fig.1]Typologie morphologique et vue de vases du tumulus de Tater Gur (Mänz).
Crédits Dessins et DAO, A. Wittmann, Inrap
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/754/img-1.png
Fichier image/png, 643k
Titre [Fig.2]Vue d'une partie du mobilier dans son contexte de découverte.
Crédits B. Farago-Szekeres, Inrap
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/754/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 265k
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Pour citer cet article

Référence papier

Alain Wittmann, « La céramique du tumulus de Tater Gur et ses apports pour la connaissance du Haut-Moyen Âge en Éthiopie »Archéopages, Hors-série 2 | 2010, 40-43.

Référence électronique

Alain Wittmann, « La céramique du tumulus de Tater Gur et ses apports pour la connaissance du Haut-Moyen Âge en Éthiopie »Archéopages [En ligne], Hors-série 2 | 2010, mis en ligne le 01 octobre 2010, consulté le 15 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/754 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/archeopages.754

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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