1Le site d’Umm el-Tlel se situe en Syrie, dans la cuvette d’el-Kowm, entre Palmyre et l’Euphrate, à moins de 100 km au nord-est de Palmyre [Fig.1]. Il est mentionné à de nombreuses reprises dans la littérature dès la fin des années 1960 (Buccellati, 1967 ; Suzuki, Kobori, 1970). Il fut découvert et brièvement étudié par la mission permanente d’el-Kowm en 1978 (Cauvin et al., 1979) ; le site a de nouveau été signalé par P. Sanlaville, J. Besançon, L. Copeland, F. Hours et S. Muhesen (Besançon et al., 1981, 1982) à l’occasion de prospections dans le cadre de la Mpk et de la Rcp 438 du Cnrs. En 1987 et 1989, il fit l’objet de sondages, sous la direction de M. Molist, M. C. Cauvin et A. Taha, visant essentiellement la partie supérieure de la séquence (Romain, Néolithique et Épipaléolithique). C’est à l’occasion de ces sondages qu’une partie de la séquence aurignacienne fut mise au jour (Molist, Cauvin, 1990 ; Molist et al., 1990). En 1987, un sondage a également été réalisé dans les niveaux du Paléolithique moyen, à la périphérie immédiate du puits, par A. Vincent. De 1991 à 2005, les fouilles se firent sous la responsabilité d’Éric Boëda et de S. Muhesen (Dgam Damas) et depuis 2006 sous la responsabilité d’Éric Boëda et d’Heba Al Sakhel. L’étude du Paléolithique supérieur a été assurée par S. Ploux (Cnrs) de 1991 à 1997. Nelly Connet est intervenue à partir de 2005 comme responsable de fouille du secteur 2 (Paléolithique supérieur) [Fig.1].
[Fig.1] Zones de travail dans le secteur 2 depuis 2004.
Document de la mission
2La séquence du site d’Umm el-Tlel est exceptionnelle pour la Préhistoire du Levant et notamment pour le Paléolithique supérieur. En effet, avec 40 niveaux archéologiques successifs, la séquence du Paléolithique supérieur d’Umm el-Tlel, est à ce jour l’une des plus importantes du Proche-Orient. Sa position continentale lui confère une place singulière, ouverte sur le Moyen-Orient et l’Eurasie, en retrait de la zone côtière qui concentre la majorité des sites connus du Paléolithique supérieur. Les niveaux du Paléolithique supérieur représentent plus de 5 m de stratigraphie où se succèdent des occupations sur des séquences longues jalonnées de quelques hiatus.
3Après la première approche stratigraphique de reconnaissance d’Éric Boëda et Sultan Muhensen, en 1990, les sept campagnes de fouille de 1991 à 1997 menées par Sylvie Ploux ont permis d’édifier la séquence chrono-culturelle du Paléolithique supérieur d’Umm el-Tlel dans les secteurs 2 et 5 du site (Ploux, Soriano, 2003). Le Paléolithique supérieur est fouillé sur deux secteurs du site, avec un Aurignacien ancien dans la partie sud et une séquence allant de l’Ahmarien au Kébarien dans la partie nord.
4C’est sur cette dernière que nos travaux se sont concentrés entre 2005 et 2007, avec une fouille ponctuelle des niveaux anciens et une fouille extensive des niveaux kébariens. En 2005, la reprise des travaux sur le Paléolithique supérieur a été motivée par l’extraordinaire potentiel de recherche que représente une telle séquence chrono-culturelle mise en lumière par les premières études dirigées par S. Ploux, malheureusement disparue prématurément. Après une première étape de reconnaissance verticale de la séquence, il est apparu nécessaire d’explorer chaque niveau par une fouille extensive ; d’une part pour recueillir du mobilier afin d’affiner le diagnostic techno-culturel de certains niveaux difficiles à caractériser ; d’autre part pour entreprendre une lecture planimétrique des occupations et en comprendre, si possible, les modalités d’occupation.
5En 2005 et 2006, l’ouverture des niveaux aurignaciens II2a à II2c sur une petite surface et les premières observations effectuées par Marie-Agnès Courty (Cnrs) ont permis d’identifier des traces d’aménagements pouvant s’apparenterà des trous de piquet. Ces premiers résultats sont encourageants et permettent d’envisager, à une plus grande échelle, une lecture de l’organisation spatiale des différents niveaux d’occupation et de leur possible évolution de statut et de fonction.
6En 2006 et 2007, après une reconnaissance de la stratigraphie du complexe I, nous avons entrepris la fouille extensive des niveaux kébariens, dirigée depuis 2007 par Hazar Al Ahmar. Six niveaux principaux ont été identifiés dans la partie nord du secteur 2 et c’est une surface d’un seul tenant de près de 20 m² qu’il sera possible d’investir dans les années à venir. Le mobilier épipaléolithique mis au jour est étudié par Hazar Al Ahmar dans le cadre d’un doctorat de l’université de Paris X sur « l’Épipaléolithique dans les régions arides désertiques et semi-désertiques du Levant ». Cette dernière est en charge, depuis 2007, de la fouille des niveaux épipaléolithiques sur ce secteur du site.
7Nous projetons l’ouverture du complexe D du secteur 2 afin de caractériser les industries encore mal connues à la charnière des Aurignaciens/Ahmariens et de l’Épipaléolithique.