- 1 Sous la responsabilité de l’auteur.
1La création d’un réseau d’eaux pluviales autonome sous la rue Bellon est à l’origine d’une demande de surveillance des travaux formulée par le Service régional de l’archéologie de Picardie, mise en œuvre en novembre et décembre 20151 (Hosdez, 2016). Le projet de la ville de Senlis prévoit la réalisation d’une tranchée d’environ 0,90 m de large sur une longueur de 105 m, qui doit accueillir une canalisation de 300 mm de diamètre. La profondeur du creusement varie de 2 m au commencement de la tranchée à l’est, pour terminer à - 0,90 m au niveau du raccord avec le réseau existant. La rue Bellon reprend le tracé de la voie antique Senlis-Soissons qui s’est perpétué dans la trame viaire de la ville médiévale et moderne. La tranchée doit traverser la fortification du XVe siècle au niveau d’une porte fortifiée, la porte Bellon. La fortification est dérasée au cours du XIXe siècle, plusieurs opérations récentes de diagnostic ou de fouille ont montré qu’elle apparaît à faible profondeur et qu’elle est généralement bien conservée (Matherat, 1960 ; Sevastides, Hosdez, 2014).
2La principale contrainte rencontrée lors de cette surveillance de travaux était que l’ouverture de la tranchée, la pose de la canalisation et le comblement de la tranchée devaient être effectués en une journée. Le travail de l’équipe archéologique devait donc s’insérer entre le creusement de la tranchée réalisé avec une pelle hydraulique à godet à dents et la pose du lit de sablon sur lequel devait être placée la canalisation. Autre contrainte, le tracé du nouveau réseau reprenait l’emplacement d’une ancienne canalisation de gaz et devait croiser différents réseaux en activité (eaux potable, électricité). Dernier élément, les travaux pouvaient être neutralisés les jours de pluie en raison des risques d’ennoiement de la tranchée si bien que le rythme d’avancement de notre intervention en a été ralenti. La méthode retenue par l’entreprise était un creusement et une évacuation des déblais réalisés avec une mini pelle [ill. 1].
1. Photographies du creusement de la tranchée à la mini pelle puis évacuation des déblais à la benne preneuse.
C. Hosdez, Inrap
3Les dix premiers mètres de tranchée côté oriental ont révélé des niveaux de remblais contemporains, puis des strates de voie mal datées. C’est ensuite qu’ont été mises au jour les maçonneries de la fortification sur une longueur de presque 35 m. à cet instant, sur la demande de l’agent prescripteur et après réunion avec le maître d’ouvrage, les travaux ont été bloqués plusieurs jours afin de nettoyer, photographier les vestiges découverts et pour en effectuer un relevé topographique précis. Ce fut aussi l’occasion d’observer que l’ancienne canalisation de gaz avait entamé les maçonneries sur une profondeur moins importante que celle de la future canalisation d’eaux pluviales. La poursuite de la tranchée sous notre conduite avec un camion-benne équipé d’une benne preneuse sans dent a permis de mettre en sécurité le creusement et de repérer la limite interne de la porte Bellon. Après nettoyage, il s’est avéré que ces vestiges correspondaient à l’extrados de la voûte compris entre deux piles du pont dormant, à une arche du pont mobile, à la culée puis à la porte interne fortifiée [ill. 2-3]. Comme les vestiges ne pouvaient être détruits en raison de leur fort intérêt patrimonial et que la pose de la canalisation devait traverser l’extrados du pont, une décision concertée a été prise de détourner, en dehors du pontet de la porte fortifiée, le tracé de la canalisation. La tranchée nouvellement dessinée a dû néanmoins traverser la courtine à un autre endroit [ill. 3].
2. Vue, prise depuis la nacelle de la ville, de la tranchée et des vestiges.
C. Hosdez, Inrap
3. Plan des vestiges découverts dans les tranchées.
C. Hosdez, Inrap