- 1 D’août à octobre 2008, sous la responsabilité de Thierry Galmiche.
1En 2008, des ossements humains sont découverts lors de travaux d’élargissement routier à Mortefontaine (Aisne). Ce chantier, sous maîtrise d’ouvrage du Département de l’Aisne, est destiné à sécuriser un carrefour en augmentant la visibilité. Après intervention de la gendarmerie puis du Souvenir français, le service régional de l’Archéologie est averti. En plus des sépultures, des restes d’habitat rural sont reconnus. Les travaux d’aménagement sont suspendus et une fouille est prescrite sur une bande de 170 m de longueur et 7 m de largeur en moyenne soit une surface de 1 200 m2 [ill. 1]. Les objectifs définis consistent à « établir le plan détaillé des vestiges et à préciser leur attribution chronologique et leur fonction ». « Compte tenu du caractère très partiel de l’emprise accessible », l’étude du cimetière est initialement limitée à un « échantillon de tombes à fouiller finement » ; « les autres tombes seront fouillées rapidement ». En attendant le début de l’intervention, un mois plus tard, la zone funéraire est protégée par un géotextile recouvert de terre. Le projet d’intervention initial porte sur 30 à 40 tombes pour une équipe de trois personnes pendant trois semaines. L’opération se révèle rapidement beaucoup plus riche qu’estimée. Devant l’intérêt des vestiges, le cahier des charges scientifiques est modifié de façon à ce que « la totalité des sépultures » soit « intégralement et minutieusement fouillée ». Au final, la fouille mobilisa cinq à six personnes pendant deux mois et demi1 (Galmiche et al., 2013).
1. La zone funéraire en cours de fouille.
Département de l’Aisne
2Mis à part quelques restes archéologiques antiques et mérovingiens, l’essentiel des structures non funéraires appartient à un site d’habitat rural. Vu l’étroitesse de l’emprise fouillée, de nombreuses questions restent posées quant au plan des bâtiments, à l’organisation de l’espace et aux caractéristiques de cette occupation [ill. 2]. Les résultats les plus significatifs proviennent de la zone funéraire qui se concentre, dans l’emprise du chantier, sur une surface de 250 m². Au total, 179 sépultures primaires et 17 sépultures secondaires ont été fouillées. Contemporaines de l’habitat, elles sont datées par dosage du radiocarbone entre la fin du VIIIe siècle et le milieu du XIe siècle. Ce cimetière est remarquable par le nombre de recoupements et de réductions. La fouille a mis en évidence une grande diversité des pratiques funéraires : morphologie des fosses d’inhumation, variété des contenants, présence de supports ou de logettes céphaliques, position des corps, utilisation de textiles [ill. 3]. L’étude anthropologique indique une certaine hétérogénéité au sein du corpus étudié qui traduit des diversités sociales au sein de la population (Galmiche et al., 2015, p. 54).
2. Individu inhumé dans le fossé de clôture du cimetière.
Le creusement de ce fossé scelle l’utilisation d’une cabane.
Département de l’Aisne
3. Plus d’une tombe sur deux ont été perturbées par une sépulture plus récente.
Département de l’Aisne