APRR et l’archéologie. Une relation pionnière
Texte intégral
1APRR, anciennement Société des Autoroutes Paris-Rhin-Rhône, elle-même héritière de la SAPL, Société de l’Autoroute Paris-Lyon, créée en 1961, a forcément une histoire longue, multiple et complexe avec l’archéologie préventive, précédemment dite de sauvetage. Cette histoire commune aurait pu être émaillée de luttes, de conflits ou de guerres, mais elle est, aux dires de ceux qui l’ont vécue ou en ont reçu des témoignages directs, plutôt une belle histoire, faite de rencontres, d’écoute et de compréhension réciproques, de partenariat équilibré et sans cesse renouvelé, ainsi que de concrétisations et c’est bien cela qui compte.
2Je me suis laissé dire que cette entente ne serait pas forcément l’apanage de tous les aménageurs qui rencontrent cette même problématique. Peu nous importe, finalement. Nous avons nos sujets à faire avancer au mieux et, au-delà, le plaisir de faire et bien faire notre métier. Contribuer à la préservation du patrimoine archéologique des territoires que traverse notre réseau en fait incontestablement partie. Ce pourrait être uniquement une obligation pour nous, mais nous avons souhaité en faire un engagement volontaire, au cœur même du développement durable.
3Outre la connaissance approfondie de nos droits et obligations respectifs, la fréquentation assidue des différents acteurs de ce domaine a permis à nos représentants, et en premier lieu nos conducteurs d’opérations, de bien assimiler le pourquoi de la démarche, les enjeux des archéologues, leurs conditions d’intervention et leurs possibilités d’adapter au mieux cette intervention aux autres contraintes d’un chantier lancé. Ainsi, quand Jean-Paul Jacob et Sylvie Apollin m’ont proposé d’intégrer le club des aménageurs de l’Inrap en 2011, j’ai bien sûr accepté mais leur ai également demandé de mieux organiser et anticiper nos relations futures, à travers la signature d’un contrat cadre. Nous avons ensuite étendu cette démarche à d’autres intervenants. En effet pour le maître d’ouvrage qu’est APRR, soucieux de son budget mais également de son délai de réalisation, une bonne anticipation des aléas possibles voire probables de son opération est essentielle. Un tel accord cadre permet de l’autre côté à notre partenaire de mieux anticiper la mobilisation de ressources adaptées, qui sera au cœur de la tenue des délais. Cet accord cadre, et je dois dire plus encore la synergie ainsi établie ainsi entre APRR et l’Inrap, nous ont également permis de trouver une solution pour compléter l’action d’un Service Départemental en manque de ressources pour achever les fouilles prescrites sans entraîner d’arrêt de chantier.
4Histoire ancienne donc et concrétisation emblématique dès 1978 au travers de l’édification de l’Archéodrome sur l’aire de Beaune-Tailly de l’autoroute A6, une des plus grandes aires de services d’Europe et qui accueille beaucoup de pauses plus ou moins longues de nos clients de toutes provenances. Pendant près de trente ans, l’Archéodrome a contribué à ces pauses essentielles à la sécurité des automobilistes, et à la découverte ou l’approfondissement par grands et petits, Français et étrangers, de l’histoire de notre pays et de la recherche archéologique. Histoire récente aussi, avec une fouille complémentaire prescrite et donc tardive sur une zone d’emprunt de matériaux relative à la création de la liaison A466, dans la plaine des Chères au nord de Lyon, récompensée in fine par une découverte exceptionnelle. La concertation fut immédiate, attentive aux contraintes des autres, maître d’ouvrage, maître d’œuvre, entreprises et archéologues, et surtout orientée vers la recherche de solutions gagnant-gagnant.
5Dernier aspect que je voudrais souligner, la collaboration exemplaire avec l’Inrap nous a amenés à ouvrir cette relation aux riverains et usagers de l’autoroute. C’est un aspect important pour APRR que l’acceptation d’une nouvelle infrastructure. Des journées portes ouvertes pendant le chantier et pendant la réalisation des fouilles, la participation active et documentée de l’Inrap à la désormais traditionnelle « journée découverte » de l’autoroute, accessible aux modes doux quelques jours avant la mise en service et donc la réservation aux seuls véhicules automobiles, ainsi que d’autres événements et publications, ont rapproché tout à la fois les riverains, souvent futurs utilisateurs, des préoccupations d’un exploitant autoroutier mais aussi de l’archéologie dans son ensemble.
Pour citer cet article
Référence papier
Jean-Charles Dupin, « APRR et l’archéologie. Une relation pionnière », Archéopages, Hors-série 4 | 2016, 43.
Référence électronique
Jean-Charles Dupin, « APRR et l’archéologie. Une relation pionnière », Archéopages [En ligne], Hors-série 4 | 2016, mis en ligne le 12 juillet 2022, consulté le 19 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/7299 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/archeopages.7299
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