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4. Corpus et problématiques

Des murs muets… aux stratifications maçonnées : derrière l’apparente homogénéité des maçonneries

From mute walls to the stratigraphy of buildings: looking beyond the apparent homogeneity of the built fabric
Murallas mudas… con estratificaciones mamposteadas: detrás de la aparente homogeneidad de las obras de albañilería
Victorine Mataouchek
p. 180-187

Résumés

Alors que l'étude des élévations du bâti civil médiéval s'est imposée progressivement dans les problématiques de recherche, au gré de l'épanouissement de l'archéologie médiévale, il semble que la prise en compte et l'étude fine des vestiges architecturaux dégagés au cours de fouille dans le sous-sol ne semble plus une évidence. Ignorer que ces vestiges sont supports d'une stratification archéologique, c'est se priver d'un vecteur important pour la compréhension d'un site. Quitte à enfoncer des portes ouvertes, il a semblé pertinent de rappeler dans quelles mesures un mur est toujours plus hétérogène qu'il n'y paraît et comment son étude contribue à l'analyse chrono-spatiale d'un site et à l'histoire des techniques.

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Texte intégral

1Un des apports de l’archéologie préventive est certainement d’avoir contribué, par la multiplicité de ses opérations, au renouvellement des champs d’investigations archéologiques. Au gré du développement de l’archéologie médiévale, une de ces nouvelles problématiques fut sans conteste l’étude du « bâti civil et ordinaire, urbain et médiéval » (Arlaud, Burnouf, 1993). On espérait que la ville médiévale ne serait ainsi plus abordée par ses seuls édifices monumentaux, mais par une approche non sélective du tissu urbain et de l’ensemble des vestiges architecturaux qui le composent.

De l’archéologie « du bâti » à l’archéologie « sur du bâti » : une mutation nécessaire

  • 1 Voir notamment le dossier des Nouvelles de l’archéologie de 1993 sous la direction de C. Arlaud et (...)
  • 2 Boucharlat, 2002, citée dans Derieux, 2004.

2La démarche mise en œuvre pour ces études fut celle de l’archéologie communément appelée « du bâti ». La spécificité de cette méthode d’analyse a déjà été maintes fois présentée1. Elle est reconnue comme une spécialité à part entière, ainsi que le rappelle E. Boucharlat pour qui, « bien plus que ses méthodes et ses outils, adaptés de l’archéologie sédimentaire, ce sont les enjeux scientifiques et patrimoniaux, ainsi que ses conditions d’exercice […] qui justifient qu’on porte l’archéologie du bâti au rang de spécialité et ceux qui la pratiquent au rang de spécialistes »2.

3Mais, ces dernières années de pratique ont montré que le regard porté sur l’archéologie du bâti n’avait guère évolué. Dans les esprits d’un grand nombre, cette discipline reste cantonnée aux études d’élévations, le plus souvent médiévales. La raison tient en partie aux praticiens eux-mêmes qui, à force de vouloir que leur démarche soit distinguée, se sont retrouvés marginalisés par rapport à l’exercice courant de l’archéologie. On fait de l’archéologie du bâti, comme si cette démarche n’existait plus que pour elle-même. Pourtant, elle n’est qu’un moyen d’investigation et doit se concevoir dans le cadre d’approches pluridisciplinaires.

4Devant ce risque de confondre la finalité et les moyens, il est donc apparu nécessaire de proposer un nouveau vocable qui serait celui de l’archéologie « sur du bâti » (Mataouchek, Mignot, 2009). Cette nuance va au-delà d’une pure sémantique : il n’y a pas une archéologie qui soit propre au bâti, mais juste une archéologie qui doit considérer la stratification des vestiges construits à l’instar de la sédimentation enfouie et au titre d’une archéologie globale. En revanche, il est vrai que cette lecture nécessite une formation et des compétences bien spécifiques.

  • 3 Comme on a pu le démontrer au cours de la récente opération sur la villa de Noyon (fouille 34 du Ca (...)

5Il ne peut donc être question de cantonner l’archéologie sur du bâti aux seules études d’élévations. Les maçonneries n’ont nul besoin de mesurer plusieurs mètres de haut pour être porteuses d’une stratification et riches d’informations archéologiques. L’application de cette démarche concerne tous types de vestiges architecturaux, qu’ils soient enfouis ou en élévation, voire récupérés, car même les tranchées de récupération et leur comblement apportent des renseignements essentiels pour comprendre l’architecture du bâtiment disparu3.

6Faut-il le rappeler, les murs, aussi faiblement conservés soient-ils, sont généralement les grands éléments structurants d’un site ; ils définissent d’emblée un mode d’implantation, de construction ou de remaniement d’un territoire donné, nous mettant ainsi en prise directe avec l’évolution des espaces. En effet, contrairement aux sols, où les niveaux d’occupation se superposent quand ils ne se recoupent pas, les maçonneries perdurent le plus souvent depuis leur origine. Ainsi, dans le cas d’un édifice, et à moins d’une reconstruction complète, on se retrouve confronté à une solution de continuité, avec un volume circonscrit par l’édifice dès sa construction et qui a traversé les siècles jusqu’à nos jours.

7Par définition, ces analyses ne sauraient être entreprises uniquement sur des vestiges médiévaux. L’habitat est en mutation permanente, quelle que soit la période concernée. Si les programmes architecturaux peuvent être spécifiques à certaines époques, une maçonnerie reste une maçonnerie et les reprises stratigraphiques se lisent de la même manière. Ces études archéologiques, qui s’adossent à une compréhension fine de la stratification, aux comparaisons de mise en œuvre et de mortier et à l’analyse spatiale, permettent aussi bien d’apprécier les étapes de la constitution d’une villa antique, d’une résidence seigneuriale du xiie siècle ou, encore, d’une construction moderne. Derrière l’apparente homogénéité d’un mur se cache toujours une stratification complexe issue de son édification et de toutes les transformations qu’il a connu jusqu’à parvenir à son aspect actuel.

8Toutes ces précisions paraissent acquises de longue date, et pourtant… Si l’on peut croire que le temps est fini où, lors de fouilles en sous-sol, le mur était considéré au pire comme une contrainte au déroulement d’une opération, au mieux comme un moyen de circuler sur un chantier ou une bordure de coupe, il n’en demeure pas moins que ce vestige est rarement considéré comme une « archive du sol » à part entière. Des expériences récentes ont montré qu’il était encore souvent perçu comme un vestige qui n’aurait que trop peu de choses à nous apprendre. Il est simplement numéroté, au mieux, décrit dans sa globalité sans réelle compréhension structurelle ni emploi d’un vocabulaire normalisé. On le « nettoie » pour la photographie, mais on ne le fouille pas. On laisse même souvent, dans les angles, du sédiment en motte, masquant les contacts de murs. Et, au final, les murs font l’objet d’un simple levé topographique en plan. Nombre d’analyses des sols pâtissent de cette absence de considération et des interprétations restent inachevées, dès lors que l’on n’a pas su comment examiner les relations entretenues entre les sols et une maçonnerie.

  • 4 Il existe un parallèle manifeste entre la nature de la stratification urbaine et la stratification (...)

9Plusieurs raisons concourent à cet état de fait. Il y a évidemment un manque de temps récurent sur les chantiers et des moyens financiers insuffisants, éventuellement sous couvert de choix scientifiques. C’est aussi un problème de manque ou de perte de compétences des équipes archéologiques, de moins en moins rompues à la fouille en milieux très stratifiés4. Ces différents facteurs ont contribué à augmenter le fossé qui n’aurait jamais dû se créer entre le sous-sol et le bâti.

10Si l’on a pu, en son temps, se détourner de l’appellation « archéologie du mur », il semble toutefois important de rappeler à quel point ces stratifications maçonnées sont indispensables au raisonnement archéologique, car on ne pourrait prétendre parler d’archéologie des structures en occultant cet aspect fondamental des occupations humaines. Où qu’il ait résidé, l’homme a construit.

11Pratiquer cette archéologie du mur, c’est se mettre en condition d’appréhender le site dans sa globalité, en évitant le piège des apparences, en démontrant sa richesse stratigraphique, en participant à sa mise en phases, en apportant des données souvent inaccessibles par d’autres biais. C’est ce que nous souhaitons rappeler ici, au travers de plusieurs exemples tirés d’expériences récentes.

Derrière le leurre des apparences : la diversité stratigraphique

12Sur nombre de sites, en contexte rural ou urbain, les murs apparaissent dès le décapage. Quand seule l’option d’un levé topographique des structures est privilégiée, il est certain que l’on obtient au final un plan où tous les murs sont pochés en gris, ce qui aboutit à un état des lieux figé. Ce plan des « murs en gris » ne comporte au mieux que des césures à chaque angle, sans que l’on puisse se poser la question de leur éventuel chaînage et de leur diversité. En ne raisonnant que sur leur implantation, il pourrait être tentant de rejoindre certains murs pour retrouver l’emprise de bâtiments. Les quelques anomalies (décrochements, variation des épaisseurs, etc.), sont expliquées par le caractère vernaculaire de la réalisation et le bâti donne une impression trompeuse d’homogénéité. En milieu urbain, la lecture du parcellaire serait, pour sa part, réduite à un simple instantané, sans qu’il soit possible d’en analyser les mutations.

13Lorsque, au contraire, le choix est fait de privilégier l’analyse stratigraphique des murs, c’est souvent une vérité bien différente qui apparaît. Une maçonnerie ne peut être abordée comme une entité indivisible ou au contraire indépendante. L’étudier, c’est, en premier lieu, mettre en avant ses caractéristiques architecturales propres et définir de quelles manières elle se distingue des autres. Loin du plan des « murs en gris », on découvre des maçonneries hétéroclites, constamment reprises et morcelées [cf. encadré p 182]. Pour chacune d’elles, il faudra comprendre sa structure, sa fonction, son statut. Cette première mise en lumière de la diversité des maçonneries et leur caractérisation constitue le préalable indispensable à l’analyse globale du site.

14Voir ce qui se passe derrière les apparences, c’est non seulement démontrer que les murs, ou les bâtiments, sont plus hétérogènes qu’ils n’y paraissent, mais c’est aussi pouvoir établir le contraire. À l’instar de toute recherche archéologique, l’analyse d’un mur ne saurait déroger à la règle qui veut que chaque interprétation doit être étayée par un faisceau d’indices physiquement constatés et scientifiquement enregistrés. Tel édifice peut paraître composite par le seul examen stylistique de ses ouvertures, mais se révéler homogène après étude [cf. encadré p 184]. De la même manière, il serait dangereux de ne se fier qu’à la présence d’un élément mouluré pour dater un bâtiment, sans savoir à quelle campagne de construction il se réfère ou s’il s’agit d’un réemploi. C’est comme si on tentait de comprendre un site après décapage, uniquement par la datation au carbone 14 de quelques comblements de fosses, sans avoir fouillé toutes les structures reconnues.

Orléans (Loiret), Zac Bourgogne, îlot Calvin

L’opération de fouilles réalisée en 2010-2011 a concerné une surface assez importante en centre-ville d’Orléans où se situait l’ancienne université médiévale. Le cadre du projet d’aménagement ne permettait pas que tous les secteurs puissent être fouillés après décapage. Ce fut notamment le cas pour le quart Nord-Est du site où le décapage avait révélé la présence d’un tissu bâti assez dense. L’analyse archéologique de ces murs, n’apparaissant qu’en plan, a révélé la présence d’une stratification très importante. Ainsi, par exemple, les longues portions linéaires se composaient de plusieurs maçonneries distinctes se raboutant les unes aux autres, tout en comportant ponctuellement des reprises ou incrustations pour l’ancrage de murs re-découpant les espaces. En lieu et place d’un plan de « murs en gris », l’étude de ces différentes maçonneries, même réalisée sur un temps court, laisse entrevoir une vérité bien loin de celle d’un parcellaire figé. On découvre un bâti constamment remanié au gré de nombreuses mutations parcellaires. La comparaison des mises en œuvre et des mortiers, prélevés sur chacune des unités stratigraphiques maçonnées, offre la possibilité de dépasser le simple constat de cette diversité pour approcher au mieux les étapes de constitution de cet îlot urbain. Ainsi, les vingt-six maçonneries différentes se regroupent en dix-neuf phases de construction qui relatent l’évolution de l’îlot. De cette évolution, on retiendra notamment trois changements d’orientation de la voie le bordant à l’est, la mise en place progressive d’un bâti modeste en front de rue, le remodelage de toute la moitié occidentale de l’îlot lors de la construction du bâtiment de l’université, la densification progressive des jardins en arrière de l’université et enfin la construction d’un immeuble urbain. Ainsi, l’analyse stratigraphique des murs a offert la possibilité de passer l’écueil des contraintes fixées dans le projet d’intervention. À défaut de pouvoir fouiller la stratification enfouie, l’étude des vestiges construits a permis d’atteindre des résultats importants pour la compréhension du site.

Extrait du plan des structures bâties sur le site de l’îlot Calvin à Orléans.

Extrait du plan des structures bâties sur le site de l’îlot Calvin à Orléans.

Du premier levé topographique ne sortait qu’un plan de « murs en gris » qui, une fois étudiés, révèlent leurs stratification, présentée ici avant mise en phases. Responsable d’opération : Johannes Musch (Inrap).

DAO V. Mataouchek, Inrap

L’ossature de la mise en phases et l’analyse spatiale

15Au-delà de la mise au jour de cette richesse stratigraphique, l’étude archéologique menée sur le bâti aboutit à une première mise en phases des maçonneries. Cette dernière se fonde sur l’étude stratigraphique, technologique et spatiale. Non seulement, on analyse les points de contacts directs existants, mais on cherche à comprendre les points de contacts disparus. C’est en les comparant d’un point de vue constructif (matériaux mis en œuvre, mortier) et structurel (fonction de la maçonnerie : fondations, piles, arc de décharge, mur porteur…) que l’on propose le regroupement de plusieurs maçonneries, qui peuvent être disjointes, au sein d’une même phase de construction [cf. encadré p 186].

16Au gré de ce travail de mise en phases, se dessine une vision globale du plan des bâtiments et de leur évolution par la cohérence de leur développement. En révélant les différents états de ces constructions, on se place au plus près des besoins des habitants successifs. C’est le moment où l’on comprend le mieux la manière dont ils ont pris possession des bâtiments et comment ils y ont imprimé leur quotidien. Le plus souvent, c’est en modifiant sans cesse la disposition des lieux de façon à les rendre plus fonctionnels par rapport à leurs besoins, qu’ils soient domestiques, professionnels, ostentatoires ou défensifs. En changeant d’échelle, l’analyse des maçonneries permet d’appréhender au plus près toutes les étapes de la densification du bâti et, notamment en milieu urbain, celles du remodelage d’un parcellaire hautement modulable.

17Si, sur la base de ces observations, les phases peuvent être différenciées, il n’est pas toujours possible d’atteindre un phasage chronologique complet. Ceci étant, cette vision de l’évolution du site vient en contrepoint de l’analyse du sous-sol, en lui offrant une ossature potentiellement transverse dans le temps. C’est sur cette ossature que se raccroche l’analyse du « sédimentaire » en apportant la dimension chronologique qui fait souvent défaut. Il s’agit donc bien d’une seule et même archéologie globale.

Le sens du détail

18Pour peu que l’étude des maçonneries soit menée aussi finement que possible, elle donne accès à des données dont on a, par ailleurs, peu de traces matérielles. C’est notamment le cas des informations ayant trait au chantier de construction et son économie. L’analyse fine de la stratification permet, par exemple, de reconnaître les changements de journées de travail. Ces dernières se caractérisent par des micro-fissures horizontales entre des mortiers qui peuvent être identiques. Ces fissures signalent des temps de séchage différents entre la couche de mortier qui scelle le lit d’attente et la couche de mortier faisant office de lit de pose lors de la reprise du chantier. Ces « doubles joints » sont donc un bon indicateur de l’avancement du gros oeuvre et des éventuelles contraintes rencontrées, même si l’on ne peut pas préciser la durée écoulée entre les deux journées. Par ce biais, on matérialise au mieux le rythme de progression du chantier, mais aussi l’organisation du travail, la qualité et les ruptures de ses approvisionnements [cf. encadré p 185].

19Aller aussi loin que possible dans le détail, c’est aussi mieux identifier les attentes du maître d’ouvrage, les compétences du maître d’œuvre, la qualification des ouvriers, les innovations techniques mises en place ou la manière dont certaines contraintes ont pu être contournées.

20Ces indices nous mettent une fois encore en prise directe avec la vie quotidienne, à travers ce va-et-vient entre innovation et tradition. Par-là, on touche à l’évolution des règles de l’art en matière de construction, avec l’apparition des corps de métiers spécifiques au bâtiment, l’évolution des équipements de confort et d’hygiène, l’évolution de la stylistique, etc. En peu de mots, ces études contribuent à enrichir l’histoire sociale, celle des métiers et des modes de vie. Elles complètent nos connaissances en apportant ces détails qui rendent l’histoire plus humaine ou plus accessible.

21Ainsi, à des degrés divers, l’étude archéologique des maçonneries participe pleinement à la recherche archéologique, tout au long de la production des connaissances. Par la mise en évidence d’une stratification et par sa contribution à la mise en phases, l’étude archéologique des maçonneries nourrit directement le raisonnement sur lequel repose la compréhension du site. Par la richesse des informations qui sont délivrées, ces études constituent un corpus indispensable, notamment pour l’histoire des techniques et l’histoire sociale. Derrière l’apparente homogénéité des maçonneries, se trouve ainsi une richesse stratigraphique dont l’exploitation systématique pourrait devenir un nouvel enjeu scientifique.

22Au cours de ces dernières années, nous avons milité pour la présence accrue d’un spécialiste du bâti associé aux équipes de recherches, tant sur des opérations de diagnostic que de fouilles. À chaque occasion, nous avons pu renouer les liens avec les autres praticiens et montrer la nécessité de sortir du schéma tout tracé qui associait systématiquement l’archéologie sur du bâti aux seules constructions médiévales. Alors que l’on salue la professionnalisation du métier et les apports de l’archéologie préventive de ces dix dernières années, ce serait une erreur de ne pas maintenir ce cap, sous couvert de recherche constante de rentabilité.

Santenay (Loir-et-Cher), métairie de Giez.

Cette métairie a fait l’objet de deux courtes campagnes d’expertises archéologiques, en 1999 et 2000, commandées par la DRAC-Centre, dans le cadre d’une procédure d’inscription à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques. Il était nécessaire de déterminer dans quelle mesure ce bâtiment, qui appartenait au patrimoine foncier de l’abbaye médiévale de Fontaines-les-Blanches, avait conservé ou non son authenticité. Au premier abord, on pouvait être enclin à imaginer plusieurs phases de construction, ne serait-ce qu’en s’appuyant sur la diversité des encadrements de ses ouvertures se rapportant à des types d’architectures différents [Fig.1]. La première expertise archéologique, qui a porté sur les intérieurs, a démontré que le bâtiment était bien homogène et construit dès l’origine dans le volume qu’il a aujourd’hui : cave et trois niveaux, dont un demi-étage, sur une partie du bâtiment seulement.

La deuxième expertise s’est attachée à analyser plus précisément les ouvertures, pour voir s’il pouvait s’agir de réemplois, à l’image des deux cheminées intérieures ou de réaménagements postérieurs [Fig.2]. L’étude fine de ces maçonneries a montré que, dans leur majorité, ces éléments étaient bien contemporains. Dans leur ensemble, les ouvertures s’intègrent dans un projet architectural cohérent, cherchant à allier les nécessités fonctionnelles aux besoins de représentation. L’hypothèse de réemplois n’a pu toutefois être complètement écartée, notamment pour le meneau d’une des fenêtres, composé d’une colonnette avec base et chapiteau décoré. Ainsi, sous l’apparence d’un bâtiment assez remanié, avec cet effet « catalogue de fenêtres » se cachait bien un édifice du début du xive siècle dans un remarquable état de conservation.

[Fig.1] Vue de la façade principale de la métairie de Giez, avant travaux, où l’on distingue la variété des baies, les corbeaux supportant une coursive à l’étage et le décalage des niveaux de toiture, dû à la présence d’un demi-étage dans la partie droite du bâtiment.

[Fig.1] Vue de la façade principale de la métairie de Giez, avant travaux, où l’on distingue la variété des baies, les corbeaux supportant une coursive à l’étage et le décalage des niveaux de toiture, dû à la présence d’un demi-étage dans la partie droite du bâtiment.

Responsable d’opération : Victorine Mataouchek, Inrap.

DR

[Fig.2] Catalogue des différents modèles de baies mises en œuvre sur le bâtiment de la métairie de Giez

[Fig.2] Catalogue des différents modèles de baies mises en œuvre sur le bâtiment de la métairie de Giez

Relevé et DAO V. Mataouchek, Inrap

Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), tour-maîtresse du château Saint-Jean

De 2000 à 2003, le site du château Saint-Jean a fait l’objet d’une campagne de fouille archéologique portant notamment sur les élévations intérieures et extérieures de la tour-maîtresse. Cette longue campagne, qui précédait le chantier de restauration conduit par les Monuments Historiques, a donné l’occasion de développer à grande échelle la méthode d’analyse stratigraphique des élévations d’un édifice, construit sans doute au début du xe siècle. L’analyse archéologique a permis de reconnaître les caractéristiques de la construction initiale, éloignée des standards de l’époque, et toutes ses phases de transformations. À elle seule, cette étude montre à quel point l’archéologie du mur contribue à l’histoire des techniques, l’histoire économique et l’histoire sociale. Pour preuve, par exemple, l’importance des éléments de confort et d’hygiène dont le niveau d’élaboration est rarement atteint dans des constructions similaires. Par ailleurs, l’étude fine des maçonneries a permis de recenser de nombreux indices concernant le rythme de progression du chantier, notamment en identifiant un grand nombre de journées de travail. L’exemple du troisième niveau de la face ouest de la tour-maîtresse illustre bien une phase de chantier se caractérisant par une progression lente. Les journées de travail se résument souvent à une, voire deux assises, où sont construits en même temps le parement, composé de petits moellons, et le chaînage du contrefort, en pierres de taille. Cette régularité connaît toutefois des exceptions. Au cours de deux journées de travail consécutives, les assises du parement sont élevées seules. Puis, viennent les blocs du contrefort, surmontés par un parement en grande partie réalisé avec des chutes de taille et des blocs équarris, contrairement aux usages observés sur cette paroi. Enfin, la construction reprend avec la régularité du départ. L’analyse stratigraphique de cette maçonnerie montre que ces décalages résultent d’un manque de pierres de taille qui a entraîné une modification de l’organisation du travail. En l’absence de pierres, l’appareilleur s’est concentré sur le montage du parement en laissant le chaînage du contrefort en attente. Puis, lorsque les tailleurs de pierre ont pu enfin approvisionner le chantier, le nombre de pierres fournies semble avoir été supérieur aux besoins, ce qui a permis à l’appareilleur d’employer le surplus pour le parement, créant ainsi une disparité dans la régularité des hauteurs d’assises et leur nature. Cette anomalie stratigraphique témoigne ainsi d’un chantier mené en flux tendu, où l’organisation du travail compense les incidents et l’irrégularité des approvisionnements.

Extrait du relevé stratigraphique de la face extérieure de la tour-maîtresse de Nogent-le-Rotrou, faisant apparaître le rythme des journées de travail, modifié le temps d’un problème d’approvisionnement de pierres de taille.

Extrait du relevé stratigraphique de la face extérieure de la tour-maîtresse de Nogent-le-Rotrou, faisant apparaître le rythme des journées de travail, modifié le temps d’un problème d’approvisionnement de pierres de taille.

Responsable d’opération : Victorine Mataouchek, Inrap.

DAO V. Mataouchek, Inrap

Villeneuve-sur-Cher (Cher), villa de la Grande Pièce

Le site de la Grande Pièce (Cher) a fait l’objet en 2010 d’une vaste opération de diagnostic. La présence de la villa était connue par photographie aérienne, sans que l’on maîtrise son implantation réelle et son état de conservation. Le diagnostic a révélé un potentiel archéologique très fort, comprenant des structures attribuées à des occupations antérieures à l’Antiquité, les maçonneries de la villa encore conservées sur plusieurs assises d’élévation et des structures correspondant à une occupation médiévale implantée sur une partie des bâtiments de la villa. Les moyens de l’intervention ne pouvaient toutefois permettre que l’on traite exhaustivement toute l’emprise de la villa, dont la pars urbana mesurait plus de 4 000 m2. Après une rapide expertise, il s’est avéré que beaucoup de ces murs présentaient des modalités de constructions distinctes. Le choix a alors été fait de privilégier l’étude de la tranchée recoupant l’aile sud de l’établissement, qui comprenait non seulement un nombre de murs très important, mais aussi une grande diversité de mises en œuvre. Par ailleurs, cette aile pouvait être très représentative de l’évolution de la villa, car elle correspondait vraisemblablement à sa façade principale, face à la pars rustica. Ici encore, les murs n’ont été analysés qu’en plan. Quarante-cinq maçonneries ont ainsi été distinguées dans la tranchée et les deux fenêtres latérales de vérification [Fig.1]. Le relevé topographique a été réalisé par entité stratigraphique et des prélèvements d’échantillons de mortier ont été effectués systématiquement de manière à pouvoir les comparer lors de la phase d’étude. L’analyse archéologique de ce bâti, corrélée avec l’analyse spatiale, a permis de déterminer la présence d’au moins huit phases de construction. La phase 1 se rapporte à la construction d’un mur de clôture et d’un bâtiment d’entrée, présentant l’aspect d’un porche monumental. Ces dispositions ne sont pas sans rappeler celles d’autres villa déjà connues, comme celle de Reinheim (Petit, Brunella, 2005). Les analogies de maçonnerie ont permis que l’on rattache à la phase 1 une autre maçonnerie comportant un angle intérieur courbe évoquant la présence d’une pièce à alcôve. Dans cette hypothèse, cela montrerait que la fonction résidentielle n’était pas uniquement cantonnée à l’aile nord, comme pourrait le suggérer la photographie aérienne. La phase 2 correspond a priori à une campagne de renforcement de la façade sud.

La phase 3 est sans doute l’une des plus importantes car elle marque la création de la galerie de l’aile sud. Cette nouvelle galerie viendrait en remplacement de l’ancienne clôture, en accentuant le caractère monumental de l’entrée. Par ailleurs, à l’est, un nouveau mur ferme la vaste cour centrale, estimée à plus de 2 000 m2. Au cours de cette même phase, une nouvelle pièce est construite à l’angle sud-ouest, contiguë avec la pièce de la phase 1. La présence de pilettes d’hypocauste atteste qu’il s’agit d’une pièce chauffée, peut-être en lien avec un petit balnéaire implanté à l’extrémité de l’aile sud. Tandis que le balnéaire est complété d’une pièce à alcôve, les autres maçonneries attribuées à la quatrième phase sont concentrées dans la partie Est de la galerie. Le mur oriental fermant la cour est remplacé, ou doublé, par une nouvelle galerie qui semble se développer sur deux épaisseurs. L’extrémité sud de cette galerie forme une saillie dans la façade principale ce qui renforce sa monumentalité. Peu de vestiges sont rattachés à la phase 5. En revanche, leur disposition évoque clairement la présence d’un escalier, ce qui indiquerait l’existence d’un étage au-dessus de la galerie. Bien que construites avec un mortier de chaux légèrement différent, les maçonneries des phases 6 et 7, semblent s’inscrire au sein d’un même projet architectural. Il s’agit de la création d’un nouveau bâtiment d’entrée, immédiatement à l’est de l’entrée initiale. L’imposante saillie de ce bâtiment renforcerait encore une fois le caractère monumental de l’entrée et témoignerait de l’opulence de l’établissement. Enfin, la phase 8 concerne des aménagements surtout localisés dans la cour, contre la façade intérieure de la galerie sud. La comparaison rapide entre la qualité des maçonneries de l’aile sud avec celles de l’aile nord a montré très peu d’analogies. Il est donc vraisemblable que le nombre de phases de construction soit bien plus important. La succession de ces phases démontre manifestement l’existence de plusieurs états de la villa, depuis sa création au cours du Haut Empire jusqu’à son abandon et transformation au haut Moyen Âge. Ainsi, au cours d’un diagnostic, il a été choisi de n’étudier qu’un secteur restreint, par le seul examen en plan des murs. Cette étude, pourtant réalisée sur un temps court, contribue largement à caractériser un type d’établissement que l’on croyait connaître et a permis de recueillir des renseignements concrets qui offrent l’opportunité de revisiter intégralement les données déjà acquises sur cette villa [Fig.2].

[Fig.1] Plan des vestiges apparus dans les tranchées de diagnostic (T6, T7 et T8) recoupant l’aile sud de la pars urbana de la villa de la Grande Pièce.

[Fig.1] Plan des vestiges apparus dans les tranchées de diagnostic (T6, T7 et T8) recoupant l’aile sud de la pars urbana de la villa de la Grande Pièce.

Seules les quatre premières phases sont calées chronologiquement les unes par rapport aux autres. On distingue bien la position du bâtiment d’entrée initial, remplacé par un vaste porche monumental, et l’accroche de l’aile orientale fermant la cour intérieure de la pars urbana. Responsable d’opération, Johannes Musch (Inrap).

DAO V. Mataouchek, Inrap

[Fig.2] Plan de la villa de la Grande Pièce interprété par A. Leday et J. Holmgren d’après ses photographies aériennes de 1976.

[Fig.2] Plan de la villa de la Grande Pièce interprété par A. Leday et J. Holmgren d’après ses photographies aériennes de 1976.

C’est en se fondant sur ce plan que les auteurs ont identifié cette villa comme appartenant au groupe des « bâtiments à façade composée d’une galerie et de pièces symétriques formant ailes » dans leur typologie des villas gallo-romaines du Berry (Holmgren, Leday, 1981). Une typologie bâtie sur une vision tronquée, unifiant indistinctement les vestiges de toutes les périodes d’occupation en un seul état.

Holmgren Leday, 1981, p. 115.

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Bibliographie

2004 : L’archéologie du Bâti, dossier documentaire du séminaire de l’INP Actualités de l’archéologie du bâti en Île-de-France et région Centre : enjeux, méthodes, techniques et résultats, table-ronde organisée par l’Inrap CIF, en collaboration avec le Conseil général de Seine-Saint-Denis, Montreuil, octobre 2005 [non publié].

À paraître : « L’archéologie des bâtiments en question : un outil pour les connaître, les conserver et les restaurer », colloque du Département du Patrimoine de la DGO4 du Service Public de Wallonnie, Liège, novembre 2010.

Arlaud C., Burnouf J., 1993 : Introduction du dossier « archéologie du bâti médiéval urbain », Les nouvelles de l’archéologie, n° 53-54, p. 5-6.

Boucharlat E., 2002 : L’archéologie du bâti, séance du CNRA du 6 septembre 2002 [non publié].

Derieux D., 2004 : « L’archéologie du bâti en Europe : comparaison entre la France et la Suisse », Les nouvelles de l’archéologie, n° 95, p. 47-50.

Holmgren J., Leday A., 1981 : « Esquisse d’une typologie des villas gallo-romaines du Berry d’après les prospections aériennes », Gallia, t. 39, fasc. 1, p. 103-122.

Mataouchek V., Mignot P., 2009 : « Archéologie du bâti : une démarche scientifique à part entière en butte à des enjeux antagonistes », Archéopages, n° 24, p. 66-73.

Parron-Kontis I., Reveyron N., (éd.), 2005 : Archéologie du bâti. Pour une harmonisation des méthodes, Actes de la table ronde au Musée archéologique de Saint-Romain-en-Gal, 9-10 novembre 2001, Paris.

Petit J.-P., Brunella P., 2005 : Bliesbruck-Reinheim, Celtes et Gallo-Romains en Moselle et en Sarre, Paris, Errance (coll. Hauts lieux de l’histoire), 223 p.

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Notes

1 Voir notamment le dossier des Nouvelles de l’archéologie de 1993 sous la direction de C. Arlaud et J. Burnouf, la table ronde de Saint-Romain-en-Gal en 2001 (Parron-Kontis, Reveyron, 2005), le séminaire organisé par l’Institut national du Patrimoine en 2004, la table ronde de Montreuil organisée par l’Inrap CIF en octobre 2005 et le colloque de Lièges en 2010.

2 Boucharlat, 2002, citée dans Derieux, 2004.

3 Comme on a pu le démontrer au cours de la récente opération sur la villa de Noyon (fouille 34 du Canal Seine Nord Europe), où l’analyse des échantillons de mortier issus du comblement de tranchées de récupération a permis d’affiner le phasage des constructions détruites.

4 Il existe un parallèle manifeste entre la nature de la stratification urbaine et la stratification des maçonneries. Toutes deux se développent sur des emprises très réduites, sont fréquemment lacunaires et comprennent des couches superposées de faible épaisseur. La prédominance de l’activité d’archéologie préventive en milieu rural, notamment liée aux grands tracés, n’a pas favorisé la transmission et le renouvellement des compétences propres à la lecture de ces espaces micro-stratifiés.

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Table des illustrations

Titre Extrait du plan des structures bâties sur le site de l’îlot Calvin à Orléans.
Légende Du premier levé topographique ne sortait qu’un plan de « murs en gris » qui, une fois étudiés, révèlent leurs stratification, présentée ici avant mise en phases. Responsable d’opération : Johannes Musch (Inrap).
Crédits DAO V. Mataouchek, Inrap
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/726/img-1.png
Fichier image/png, 111k
Titre [Fig.1] Vue de la façade principale de la métairie de Giez, avant travaux, où l’on distingue la variété des baies, les corbeaux supportant une coursive à l’étage et le décalage des niveaux de toiture, dû à la présence d’un demi-étage dans la partie droite du bâtiment.
Légende Responsable d’opération : Victorine Mataouchek, Inrap.
Crédits DR
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/726/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 160k
Titre [Fig.2] Catalogue des différents modèles de baies mises en œuvre sur le bâtiment de la métairie de Giez
Crédits Relevé et DAO V. Mataouchek, Inrap
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/726/img-3.png
Fichier image/png, 135k
Titre Extrait du relevé stratigraphique de la face extérieure de la tour-maîtresse de Nogent-le-Rotrou, faisant apparaître le rythme des journées de travail, modifié le temps d’un problème d’approvisionnement de pierres de taille.
Légende Responsable d’opération : Victorine Mataouchek, Inrap.
Crédits DAO V. Mataouchek, Inrap
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/726/img-4.png
Fichier image/png, 193k
Titre [Fig.1] Plan des vestiges apparus dans les tranchées de diagnostic (T6, T7 et T8) recoupant l’aile sud de la pars urbana de la villa de la Grande Pièce.
Légende Seules les quatre premières phases sont calées chronologiquement les unes par rapport aux autres. On distingue bien la position du bâtiment d’entrée initial, remplacé par un vaste porche monumental, et l’accroche de l’aile orientale fermant la cour intérieure de la pars urbana. Responsable d’opération, Johannes Musch (Inrap).
Crédits DAO V. Mataouchek, Inrap
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/726/img-5.png
Fichier image/png, 105k
Titre [Fig.2] Plan de la villa de la Grande Pièce interprété par A. Leday et J. Holmgren d’après ses photographies aériennes de 1976.
Légende C’est en se fondant sur ce plan que les auteurs ont identifié cette villa comme appartenant au groupe des « bâtiments à façade composée d’une galerie et de pièces symétriques formant ailes » dans leur typologie des villas gallo-romaines du Berry (Holmgren, Leday, 1981). Une typologie bâtie sur une vision tronquée, unifiant indistinctement les vestiges de toutes les périodes d’occupation en un seul état.
Crédits Holmgren Leday, 1981, p. 115.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/726/img-6.png
Fichier image/png, 123k
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Pour citer cet article

Référence papier

Victorine Mataouchek, « Des murs muets… aux stratifications maçonnées : derrière l’apparente homogénéité des maçonneries »Archéopages, Hors-série 3 | 2012, 180-187.

Référence électronique

Victorine Mataouchek, « Des murs muets… aux stratifications maçonnées : derrière l’apparente homogénéité des maçonneries »Archéopages [En ligne], Hors-série 3 | 2012, mis en ligne le 01 janvier 2012, consulté le 19 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/726 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/archeopages.726

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Auteur

Victorine Mataouchek

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