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Aménageurs et archéologues : deux rôles pour renforcer un même projet

Planners and archaeologists: two roles to reinforce a single project
Promotores y arqueólogos: dos papeles para reforzar el mismo proyecto
Patrick Robert et Frédéric Lamy
p. 13

Texte intégral

1Le projet de création d’un poste électrique à Graveson, dans les Bouches-du-Rhône, répond à l’anticipation raisonnée de l’augmentation du besoin en électricité des villes d’Arles et de Tarascon. Il a été pour nous la première occasion d’être professionnellement confrontés à la réglementation en matière d’archéologie.

2Notre préoccupation première était de chercher un site qui corresponde à nos critères prioritaires : un endroit plat, accessible par une grande route, et qui offre un raccordement au réseau aérien existant. Mais trouver un site passe aussi par l’acceptabilité de l’implantation par les riverains. Bien que ce type d’installation s’insère dans le cadre des missions de service public, il n’est pas aisé de faire accepter à une population qui n’en profitera pas directement la transformation de plusieurs hectares, situés en zone agricole, en un site à caractère industriel. Il nous faut donc associer, non seulement les élus, mais également les exploitants agricoles, les propriétaires terriens et, plus généralement, tous les habitants, ce qui nécessite de capter la diversité de leurs préoccupations et de s’y adapter avec délicatesse, dans une attitude d’écoute et d’explication.

3Lorsque l’emplacement a été défini, nous avions conscience, grâce à la couverture aérienne existante, de la présence de vestiges archéologiques et avons donc pris connaissance de la réglementation en matière de protection du patrimoine archéologique. Mais nous ne nous rendions pas vraiment compte alors des répercussions sur notre projet. Nous avions donc des incertitudes et des craintes, liées en grande partie à notre inexpérience en la matière et à nos préjugés. Nous pensions nous exposer à des difficultés de communication avec les archéologues que nous percevions comme des chercheurs déconnectés des réalités pratiques et absorbés par leurs préoccupations professionnelles.

4La réalité a été tout autre. Tout d’abord, nos premiers interlocuteurs à l’Inrap ont su répondre rapidement et précisément à nos questions sur les procédures. Si nous avons connu quelques aléas de parcours au moment du diagnostic, dus en grande partie à un échange insuffisamment approfondi entre les trois entités en jeu (service régional de l’Archéologie Provence-Alpes-Côte d’Azur, RTE et Inrap), nous avons tous pris conscience rapidement de la nécessité d’une meilleure collaboration et nous sommes accordés sur des modalités de travail tripartite qui se sont révélées très efficaces. Nous avons découvert dans les archéologues des professionnels avec lesquels nous pouvions partager des valeurs et une logique de travail et qui, comme nous, sont attachés aux missions de service public, au travail dans l’écoute et le dialogue, avec une maîtrise permanente de l’analyse des risques et de l’anticipation nécessaire pour respecter les impératifs de coûts, de délais, de sécurité. Au-delà de la relation client-fournisseur, nous avons travaillé en partenaires avec l’Inrap. Chacun a su reconnaître et respecter les missions et les compétences de l’autre, et comprendre que ce travail commun les renforce.

5Ce changement de notre perception de l’archéologie s’est complété au moment de la journée portes ouvertes que nous avons coorganisée avec l’Inrap sur le site. Nous avons pu apprécier alors la passion, la motivation et le rôle pédagogique des équipes de l’Inrap. Cette visite guidée par la responsable d’opération nous a amené à avoir une vision nouvelle à la fois du lieu de l’implantation et du rôle de l’archéologie. Nous avons pu nous projeter dans ce que, auparavant, nous considérions comme une simple terre agricole et cela a enrichi nos échanges avec les divers interlocuteurs concernés par le projet. Il était compliqué pour nous d’accepter la destruction des vestiges. Les archéologues nous ont fait comprendre pourquoi la conservation in situ n’est pas forcément la meilleure façon de préserver les vestiges, et que leur rôle est de pouvoir les documenter et les analyser au mieux. Les vestiges ne disparaissent pas tout à fait et la préservation immatérielle qu’en font les archéologues sert à la connaissance de tous. Ainsi, lorsque notre direction a décidé de modifier le projet pour conserver et mettre en valeur un tronçon de la voie romaine, nous étions d’autant plus prêts à prolonger notre travail dans cette direction inhabituelle pour nous.

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Pour citer cet article

Référence papier

Patrick Robert et Frédéric Lamy, « Aménageurs et archéologues : deux rôles pour renforcer un même projet »Archéopages, Hors-série 4 | 2016, 13.

Référence électronique

Patrick Robert et Frédéric Lamy, « Aménageurs et archéologues : deux rôles pour renforcer un même projet »Archéopages [En ligne], Hors-série 4 | 2016, mis en ligne le 08 juillet 2022, consulté le 14 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/7072 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/archeopages.7072

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Auteurs

Patrick Robert

Chargé de concertation Réseau de transport d’électricité (RTE)

Frédéric Lamy

Responsable de projet RTE

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Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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