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4. Corpus et problématiques

Le bâtiment monumental de Beaurieux « La Plaine » : bâtiment unique ou évolution terminale du modèle danubien ?

The monumental building of the site of “La Plaine” at Beaurieux: a unique building or a final instance of the Danubian model?
La construcción monumental de Beaurieux «La Plaine»: ¿construcción única o evolución terminal del modelo danubiano?
Caroline Colas
p. 100-102

Entrées d’index

Mots-clés :

architecture

Index géographique :

Hauts-de-France, Aisne, Beaurieux

Index chronologique :

Néolithique

Palabras claves:

Neolítico, arquitectura
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Texte intégral

1Le bâtiment monumental de Beaurieux « La Plaine » se trouve au sein d’une nécropole monumentale qui comprend deux à trois monuments funéraires appartenant à la culture du Cerny (4 700-4 300 av. notre ère), un monument funéraire du Michelsberg ancien (4 700-4 300 av. notre ère) ainsi que quatre sépultures allant du Michelsberg ancien au Michelsberg récent (4 000-3 500 av. notre ère). Ce bâtiment a déjà fait l’objet d’une présentation, c’est pourquoi nous n’en rappellerons ici que les principaux éléments (Colas et al., 2008 ; Colas et al., 2010). Sa longueur minimale était de 80 m, mais les dimensions initiales de l’édifice sont inconnues du fait de la destruction ancienne de sa partie ouest. Orienté est-ouest, cet édifice comprend 43 trous de poteaux organisés en onze tierces et 10 fosses pour la façade avant. Sa façade est (20 m de large), opposée à la façade ouest (6 m de large), lui donne une forme trapéziforme prononcée [fig. 1]. Le module des trous de fondation à poteau unique varie de 1,50 à 2 m. Les fosses de la rangée centrale et de la façade occidentale sont les plus profondes [fig. 2 et 3]. L’ancrage des trous de poteaux de la façade avant s’avère, en revanche, moindre. L’organisation d’ensemble, les comblements et les dynamiques de remplissage similaires ont permis de rejeter l’hypothèse d’une construction en plusieurs parties ; seul un poteau indique l’existence d’une reprise.

[Fig.1] Vue du bâtiment monumental à partir d’une nacelle de 17 m.

[Fig.1] Vue du bâtiment monumental à partir d’une nacelle de 17 m.

Cliché Y. Naze, Inrap

[Fig.2] Vue des trois poteaux de la façade occidentale.

[Fig.2] Vue des trois poteaux de la façade occidentale.

Cliché M. Baillieu, Inrap

[Fig.3] Vue du poteau 99.

[Fig.3] Vue du poteau 99.

Cliché C. Colas, Inrap

2Comme c’est souvent le cas pour les bâtiments, les comblements des structures de fondation renfermaient peu de mobilier : les tessons (matériaux et décors) évoquent la culture du Cerny et l’existence de plusieurs fragments d’os nous a permis d’avoir recours aux datations isotopiques (carbone 14, méthode AMS). L’intervalle de 4 800à 4 400 av. notre ère fourni par ces dernières a confirmé la datation obtenue par le mobilier sans apporter davantage de précision, puisqu’il couvre l’intégralité de la fourchette chronologique attribuée au Cerny.

3Deux « épandages », situés de part et d’autre de l’édifice (l’un à une dizaine de mètres au sud et l’autre à une cinquantaine au nord) ont également livré un ensemble homogène de mobilier daté du Cerny éponyme, tandis qu’aucune autre période n’est représentée à proximité de ce bâtiment.

4Les données architecturales pour le Néolithique moyen I sont particulièrement ténues. Les rares plans de maisons connus sont très variables : on relève des bâtiments rectangulaires orientés nord- sud par exempleà Vivoin dans la Sarthe (Marcigny, Ghesquière, 1999), des maisons trapéziformes est-ouest à Herblay dans le Val d’Oise (Valais, 1995), ainsi que des maisons rondes, notamment dans le centre de la France (Verjux, 2007) en rupture totale avec tout ce qui précède. L’attribution des trois bâtiments voisins de Berry-au-Bac « Le Vieux Tordoir », dans l’Aisne, au Cerny, ne semble pas plus pertinente, compte tenu des données nouvelles sur l’habitat du Néolithique final (Dubouloz et al., 1996).

5Bien qu’il semble proche des édifices danubiens plus anciens (Coudat, 1998) - forme trapézoïdale, orientation, tierces) et qu’il pourrait apparaître comme une évolution ultime de ces derniers, il s’en démarque par ses dimensions, par l’absence du couloir (deux tierces plus rapprochées) et des fosses latérales qui servaient à extraire les matériaux nécessaires à la fabrication des murs. L’absence des fosses de construction découle peut-être de l’absence de murs. En effet, aucune preuve archéologique ne permet, aujourd’hui, d’envisager leur existence. La très bonne conservation des trous de poteaux et l’existence des deux couches voisines - vraisemblables niveaux de sols - démontrent que l’érosion n’a guère de chance d’être responsable de la disparition des poteaux de parois ou de sablières basses. En l’absence de ces murs, il faut donc imaginer une construction ouverte. Le gabarit et la profondeur spectaculaires des trous de poteaux, notamment de toute la rangée centrale, sont en adéquation avec les dimensions générales et la distance importante de certaines travées ; ces éléments autorisent à imaginer l’existence d’un toit à double pente, semblable à ceux qui devaient recouvrir les maisons d’habitations antérieures. L’allure générale de l’édifice serait proche de celle des halles de marché médiévales.La longueur du bâtiment de Beaurieux fait aussi exception. Les seuls bâtiments de même dimension sont les grandes maisons post-rubanés contemporaines d’Allemagne ou les grandes maisons du groupe polonais de Brzesc Kujawski chronologiquement un peu plus récentes (Hampel, 1989). Mais ces constructions ont toujours des poteaux de parois ou une sablière basse, certaines n’ont d’ailleurs plus que les sablières basses, et leur organisation interne est très déstructurée.

6On peut imaginer que l’interprétation très « libre » du modèle danubien provient de son implantation auprès d’une nécropole monumentale. Il est probable que le bâtiment de Beaurieux n’appartenait pas à la sphère domestique, mais plutôt à la sphère religieuse.

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Bibliographie

Colas C. Baillieu M., Naze Y., 2008 : « Un bâtiment monumental Cerny à Beaurieux « La Plaine » (Aisne) », Internéo, 7, p. 59-69.

Colas C. (dir), Allard P., Chartier M., Hachem L., Maigrot Y., 2010 : Beaurieux (Aisne) La Plaine, Un « bâtiment monumental » exceptionnel, Rapport final d’opération, Inrap, SRA Picardie, 92 p., 68 fig.

Coudart A., 1998 : Architecture et société néolithique. L’unité et la variance de la maison danubienne, DAF, 67, Paris, 240 p., 194 fig.

Dubouloz J., Farruggia J.-P., Robert B., 1996 : « Bâtiments néolithiques non-rubanés à Berry-au-Bac « Le Vieux Tordoir », Aisne : présentation préliminaire », Internéo, p. 51-69.

Hampel A., 1989 : Die Hausentwicklung im Mittelneolithikum Zntraleuropa, Universitätsforchungen zur Prähistorischen Archäologie 1, Bonn, Rudolf Habelt, 360 p, 68 fig.

Marcigny C., Ghesquiere E., 1999 : « Un bâtiment néolithique moyen I dans la Sarthe », Bulletin de la Société Préhistorique française, t. 96, fasc. 2, p. 264-266.

Valais A., 1995 : « Deux bâtiments atypiques associés à du matériel Cerny (Herblay, Val d’Oise) », in Billard C. (dir), Evreux, Actes du 20e colloque sur le Néolithique, 1993, Revue Archéologique de l’Ouest (7e supplément), p. 57-63.

Verjux C., 2007 : « Les bâtiments circulaires du Néolithique moyen dans le Bassin parisien », in Agogue O., Leroy D., Verjux C. (dir), Camps, enceintes et structures d’habitat néolithiques en France septentrionale, Actes du 24e Colloque interrégional sur le Néolithique, Orléans, 19-21 novembre 1999, Revue Archéologique du Centre de la France (27e supplément), p. 209-216.

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Table des illustrations

Titre [Fig.1] Vue du bâtiment monumental à partir d’une nacelle de 17 m.
Crédits Cliché Y. Naze, Inrap
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/481/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 1,1M
Titre [Fig.2] Vue des trois poteaux de la façade occidentale.
Crédits Cliché M. Baillieu, Inrap
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/481/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 864k
Titre [Fig.3] Vue du poteau 99.
Crédits Cliché C. Colas, Inrap
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/481/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 535k
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Pour citer cet article

Référence papier

Caroline Colas, « Le bâtiment monumental de Beaurieux « La Plaine » : bâtiment unique ou évolution terminale du modèle danubien ? »Archéopages, Hors-série 3 | 2012, 100-102.

Référence électronique

Caroline Colas, « Le bâtiment monumental de Beaurieux « La Plaine » : bâtiment unique ou évolution terminale du modèle danubien ? »Archéopages [En ligne], Hors-série 3 | 2012, mis en ligne le 01 janvier 2012, consulté le 18 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/481 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/archeopages.481

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Auteur

Caroline Colas

Inrap

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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