1Depuis maintenant presque 30 ans, les fouilles en contexte d’archéologie préventive se sont développées et multipliées, dévoilant des pans entiers de la Protohistoire ancienne pour chacune des étapes du Néolithique sur l’ensemble du territoire français. J. Dubouloz rappelle à son tour que la moitié nord de la France a été pendant longtemps considérée comme un no man’s land documentaire pour toute cette période (Dubouloz, 2008). Notre objectif n’est pas ici de proposer un bilan exhaustif des découvertes d’habitats ou d’architectures néolithiques réalisées ces toutes dernières années en archéologie préventive, mais de rendre compte, au travers de quelques études de cas, d’avancées spectaculaires dans la détection, les approches méthodologiques, les études et les interprétations des vestiges mis au jour. Ces progrès ont largement contribué à renouveler les connaissances et les problématiques liées au Néolithique, ainsi qu’à développer des thématiques relatives à l’organisation des villages, à la fonction de certaines architectures et ont permis d’établir des parallèles avec des occupations contemporaines ailleurs en Europe.
2L’approche et les méthodologies de l’archéologie préventive sont sensiblement différentes de l’archéologie programmée, dont les travaux se déroulent généralement pendant plusieurs courtes campagnes annuelles, dans des secteurs limités, dans des contextes environnementaux sélectionnés, et qui ont prévalu pendant une large partie du xxe siècle. En revanche, l’accroissement spectaculaire des interventions en archéologie préventive, diagnostics et fouilles, qui sont systématiquement mécanisées, réalisées sur de très larges superficies (parfois plusieurs dizaines d’hectares), dans le cadre d’aménagements extrêmement divers, qu’ils aient lieu en contexte de carrières, d’opérations autoroutières, ferroviaires (les lignes de TGV, LGV…), de canaux (le canal Nord), et même dans des zones urbaines (Saint-Denis, Évreux) induisent un changement radical d’échelle pour l’appréhension des sites archéologiques. Ces recherches sont donc entreprises dans tous types de contextes géographiques et géomorphologiques, vallées, versants, plaines et terrasses alluviales, plateaux, zones humides : elles ne privilégient pas un secteur a priori propice, riche en vestiges ou révélé par la carte archéologique, puisque les fouilles préventives liées aux aménagements peuvent finalement concerner tous les terrains et tous les types de zones géographiques. Grâce aux décapages extensifs, elles ont ainsi permis de mettre au jour non seulement des habitats denses et riches en mobilier correspondant à des hameaux ou des villages parfois intégralement préservés et dégagés, des enceintes délimitant des espaces bâtis, mais également de très nombreuses occupations plus modestes (structures éparses, fosses, amas de débitage et aires d’activités diverses…) qui n’en sont pas moins dignes d’intérêt, en particulier quand elles sont attribuables à des étapes peu documentées du Néolithique.
3Certaines étapes du Néolithique étaient en effet, jusqu’aux années 2000, très peu étudiées en raison de l’absence même de sites d’habitat, ou reconnues seulement dans des contextes funéraires et ce, sur de larges portions du territoire français. Le Néolithique ancien, qu’il s’agisse du Rubané (vers 5 200-5 000 av. notre ère), puis surtout de la culture de Blicquy-Villeneuve-Saint-Germain (B/VSG), entre 4 900 et 4 700 av. notre ère, est en effet assez bien documenté avec, en particulier, l’apparition des toutes premières architectures en terre et en bois reconnues sur notre territoire, qui sont assez aisément décelables lors des opérations de diagnostic et ont été révélées sur de nombreux sites de la moitié nord de la France. En revanche, la situation est très différente pour les étapes moyenne, récente et finale du Néolithique, une vaste tranche chronologique de plus de deux millénaires et demi (entre 4700 et 2000 av. notre ère), pour laquelle seuls quelques rares sites d’habitat disséminés sur l’ensemble du territoire français avaient été jusque là découverts.
4En France, les premières recherches portant sur cette étape du Néolithique ont été conduites dans les vallées du bassin parisien à partir des années 1 960-1 970 (Demoule, 2007), avec la mise au jour des premières maisons danubiennes. Les architectures danubiennes, de plan quadrangulaire ou trapézoïdal, de 15 à 45 m de long, de largeur constante, 6 à 9 m, avec leur orientation généralement nord-ouest/sud-est, sont construites sur un même modèle : des fosses, qui ont servi à l’extraction des matériaux et à la préparation du torchis pour enduire les murs clayonnés, puis utilisées comme fosses dépotoirs par les habitants, parfois très riches en mobilier archéologique, bordent systématiquement les parois latérales des maisons.
5C’est désormais dans presque toute la moitié nord de la France que ces maisons, et également des hameaux ou des villages, ont été découverts et intégralement fouillés par la suite. À Changis « Les Pétreaux », en Seine-et-Marne (Lanchon, 2009), un site du Rubané final du Bassin parisien (RFBP) a été fouillé dans le cadre d’une extension de carrière en vallée. Seules deux unités architecturales distantes de 15 m l’une de l’autre ont été reconnues et l’absence d’autres structures néolithiques aux alentours confirme que les limites de cet habitat, dont la superficie est de 1250 m2, ont bien été atteintes. Si on n’avait pas eu la possibilité d’explorer les alentours, nous ne connaîtrions évidemment pas les limites exactes de cette implantation.
6Des régions comme la Normandie et la Bretagne se sont récemment enrichies de vestiges rubanés et B/VSG (Marcigny et al., 2010), permettant d’appréhender la néolithisation vers l’ouest, dans des secteurs géographiques jusque-là pratiquement vierges de données archéologiques pour cette époque. À Poses « Sur la Mare » (Eure) (Bostyn, 2 003), en fond de vallée, tout un habitat composé d’au moins une dizaine de maisons, dont les fosses latérales renfermaient un abondant mobilier, enrichit également les connaissances très lacunaires dans ce secteur et constitue désormais un référentiel. Encore plus à l’ouest, en Bretagne, les travaux sur le site de Pluvignon à Betton (Ille-et-Vilaine) où, dans une vallée, sur 2 ha, ont été repérés les restes d’au moins 6 maisons avec leurs fosses et peut-être des silos, ont révélé l’occupation la plus occidentale de la culture B/VSG (Pailler, et al. 2008).
7De même, en région Centre, une douzaine d’occupations attestant d’une implantation régionale du Néolithique ancien ont été récemment reconnues (Creusillet, Irribaria, 2008) et un site fouillé (Dupont et al., 2010) est attribué au Villeneuve-Saint-Germain (VSG) ancien. Ces découvertes permettent de retracer la néolithisation dans cette partie de la France qui est également englobée dans l’extension de la civilisation danubienne. Enfin, dans le Pas-de-Calais, Loison-sous-Lens (Praud et al., 2010) représente le premier témoignage d’une occupation VSG dans cette partie de la France et atteste de contacts avec les populations implantées sur le territoire correspondant à la Belgique.
8La finesse des méthodes de fouille et des analyses spatiales des activités, le remontage des poteries permettent également de confirmer que certaines maisons sont contemporaines et de définir le phasage d’un site et la spécialisation de certaines architectures, ainsi que la répartition des activités entre différentes unités architecturales. Les fouilles de nombreux sites d’habitat précisent non seulement les architectures, leurs variantes dans les procédés de construction, mais mettent également au jour, associées aux habitats, diverses structures comme des fours, des silos et des puisards mal documentés pour les étapes anciennes du Néolithique. À Buthiers-Boulancourt, dans le sud-ouest de la Seine-et-Marne, dans le cadre d’une extension de carrière de sable en contexte de plateau, les architectures datées de la fin du VSG étaient mal conservées. Cependant, à proximité immédiate des fosses latérales, la découverte de plusieurs structures liées à la combustion, avec notamment un four domestique [Fig.1] (Samzun, Warmé, 2008) creusé en sape dans le limon, contribue à mieux discerner les activités se déroulant à proximité des habitats. À Balloy « la Haute Borne », également en Seine-et-Marne, étaient associées à deux architectures danubiennes des structures profondes à proximité des fosses latérales, de type puisards [Fig.2] (Meunier, Samzun, 2010), permettant probablement de capter l’eau lors de l’édification des maisons. De même, à Luzancy, c’est un silo qui se trouvait dans l’espace interne d’une maison (Lanchon, communication personnelle).
[Fig.1] Buthiers-Boulancourt (Seine-et-Marne) : four creusé en sape dans le limon. Villeneuve-Saint-Germain récent (4900-4700 avant notre ère).
Cliché Inrap
[Fig.2] Balloy « La Haute Borne » (Seine-et-Marne) : puisard retrouvé à proximité d’une fosse latérale de maison. Villeneuve-Saint-Germain ancien.
Cliché Inrap
9Certaines fouilles s’attachent également à expliquer quelles sont parfois les raisons de difficultés de détection des sites d’habitat. Ainsi à Lieusaint « Centre commercial 2 » (Seine-et-Marne) (Durand et al., 2008), J. Durand insiste sur les questions de lisibilité très complexes des sites néolithiques en contexte de plateau pour des raisons d’ordre pédologique et taphonomique. Elle s’interroge sur l’apparente rareté des vestiges du Néolithique ancien en contexte de plateau. À Lieusaint, on trouve en effet des fosses bien préservées, renfermant un mobilier assez riche, mais qui sont pratiquement invisibles lors des décapages, car leur partie sommitale a été érodée ou perturbée par des aménagements postérieurs. Les trous de poteau correspondant aux bâtiments ont complètement disparu en raison de l’érosion ou bien correspondaient à des structures plus légères qui n’ont pas laissé de traces.
10À partir de la première partie du Néolithique, correspondant à l’enracinement des populations sur leur territoire, une grande diversité de cultures caractérisées par la céramique se met en place (cultures Cerny, Chasséenne, Michelsberg, groupe de Noyen, groupe de Balloy, etc.) et, cependant, force est de constater que le nombre de sites d’habitats repérés et fouillés est paradoxalement bien moins important qu’à l’étape précédente du Néolithique. Bien souvent, le Néolithique moyen n’est représenté que par quelques fosses isolées renfermant un peu de mobilier.
11À la très grande homogénéité de l’architecture danubienne, semble succéder une grande variabilité des architectures qui pourraient également correspondre à la diversification des cultures et à une rupture avec la civilisation danubienne.
12Les rares plans de maisons connues pour le début du Néolithique moyen sont très divers, parfois sujets à discussion, et se partagent entre bâtiments de forme circulaires et architectures de plan quadrangulaire. Cependant, ces dernières années, quelques découvertes remarquables sont venues heureusement documenter le début du Néolithique moyen et permettent, au moins partiellement, de retracer l’évolution des l’architecture et de l’habitat à la suite des bâtiments danubiens.
13C’est à Pont-sur-Seine, dans l’Yonne, que d’importants ensembles architecturaux datés du Néolithique moyen au Néolithique récent, ont été mis au jour ces toutes dernières années. Au moins quatre structures circulaires ont été repérées et fouillées par Vincent Desbrosse et son équipe. Les architectures ont une superficie d’environ 80 m2 et deux d’entre elles présentent un espace interne cloisonné par une ligne de poteaux. Leur datation se situe aux alentours de 4 500 avant notre ère. La fonction de ce type d’architecture n’est pas encore déterminée. Est-elle religieuse, cérémonielle, collective ou s’agit-il d’une habitation ?
14À Vivoin « Le Parc » (Sarthe), un bâtiment sub-trapézoïdal long d’une vingtaine de mètres, analogue aux architectures danubiennes, mais à l’orientation sensiblement différente, (nord-nord-ouest), a été récemment mis au jour (Ghesquière, Marcigny, 2003). Il est formé de 42 trous de poteau et l’espace interne est subdivisé par trois tierces : les 2 premières sont renforcées au niveau de l’axe par 3 poteaux qui ont pu soit consolider la charpente, soit soutenir une plateforme en élévation. Les fosses latérales sont absentes, mais plusieurs foyers lui sont associés. Le bâtiment et les structures annexes ont livré un mobilier céramique et lithique assez abondant.
15À Beaurieux, « La Plaine » (Aisne), le très vaste bâtiment de forme trapézoïdale est inédit et est également daté de la première étape du Néolithique moyen [cf. encadré ci-contre].
16La fonction de toutes ces structures reste problématique mais, selon toute vraisemblance, à une morphologie correspondent une fonction et un rôle spécifique.
17La société néolithique connaît d’importantes transformations que l’on peut notamment identifier avec l’éclosion d’ouvrages monumentaux, requérant une main d’œuvre nombreuse et une organisation collective ad hoc, notamment pour aménager des enceintes visibles qui marquent le paysage. Il s’agit en effet d’abattre des centaines d’arbres, de les déplacer et ériger les fûts en palissade. Le principe architectural de ces structures consiste à creuser un ou plusieurs fossés continus ou discontinus et une palissade de bois interne est édifiée sur un talus aménagé en utilisant les matériaux extraits des fossés. Les entrées correspondent à l’interruption du fossé et de la palissade, mais peuvent être également conçues en chicane ou en couloir. Ces travaux se sont probablement déroulés collectivement, sous la conduite d’un chef. Leurs fonctions sont encore sujettes à discussion : habitat ? Déroulement de cérémonies ? Parcage des troupeaux ? Les enceintes ont pu également jouer un rôle défensif ou protecteur, puisque la néolithisation étant achevée, les groupes néolithiques s’approprient désormais pleinement un territoire ou un terroir.
18Les enceintes sont connues dès la fin du Néolithique ancien, mais se développent surtout dans la deuxième partie du Néolithique moyen. Mais, si ces importantes structures sont relativement bien attestées pour ces périodes, peu d’entre elles avaient été intégralement décapées et fouillées jusqu’au développement des travaux d’archéologie préventive. De même, les vestiges découverts dans l’espace interne de ces constructions étaient généralement erratiques et ne paraissaient pas constituer des habitats pérennes. En Auvergne, toute une série d’occupations du Néolithique moyen II, trouvées dans des contextes géomorphologiques divers, ont été mises au jour [cf. article p 117]. Elles combinent enclos, bâtiments rectangulaires, parfois à deux nefs sur tranchées de fondation et poteaux centraux porteurs, cabanes, aires d’activités spécialisées, structures foyères, formant un tissu de hameaux habités entre 3 900 et 3 500 av. notre ère, et attestant d’une augmentation importante de la population. À Cuiry-les-Chaudardes [cf. encadré p 103], l’occupation Michelsberg est représentée par quatre bâtiments d’assez petit module dont l’espace interne n’est pas subdivisé.
19Le Néolithique moyen correspond clairement à une augmentation significative de la population, à un changement radical de société dont la hiérarchisation est perceptible avec l’aménagement des enceintes et de quelques grands bâtiments. À Carvin (Pas-de-Calais) [cf. encadré p 105], une vaste enceinte à plusieurs fossés et palissades renfermant un mobilier abondant caractéristique du Néolithique moyen II a été quasi intégralement fouillée. Elle ceinture deux bâtiments à poteaux centraux supportant une faîtière, qui sont accompagnés de quelques fosses. Cet agencement pose la question de la fonction même de ce type d’ouvrage monumental. Carvin est l’un des rares exemples où des bâtiments de ce type ont été découverts à l’intérieur même d’une enceinte. Dans ces structures, on met généralement au jour quelques fosses isolées, rarement plus. La raison principale en est l’érosion qui fait disparaître les structures les moins profondes et les difficultés importantes de reconnaissance du plan des architectures.
20Les bâtiments sur poteaux centraux sont caractéristiques du Néolithique moyen II. On les trouve associés ou non à des enceintes. On constate qu’ils sont attestés sur une large portion du territoire français, au sud comme au nord de la Loire. Ces récentes découvertes permettent d’ores et déjà d’établir des parallèles entre ces habitats et ces architectures.
21Les dernières phases correspondant à la fin du Néolithique (3 600-2 000 av. notre ère) restaient jusque très récemment, parmi les plus mal connues dans toute la moitié nord de la France. En effet, c’est principalement par l’étude des sépultures collectives qu’elles étaient appréhendées (donc par des fouilles souvent anciennes et un mobilier spécifique à ce type de structures). Nos connaissances sont également fondées sur des enceintes dans le centre et centre-ouest de la France, et ailleurs sur des occupations comprenant des fosses domestiques isolées, un peu de matériel piégé dans les couches de sédiment, ainsi qu’un corpus limité de mobilier ne permettant pas de se faire une idée exacte du mode vie des populations et des modalités de leur implantation.
22Aussi, les différentes occupations de la fin du ive millénaire av. notre ère de Pont-sur-Seine (Yonne) [cf. encadré p 109], fouillées sur quelques 8 hectares, avec ses trois enclos comprenant une douzaine de bâtiments qui sont peut-être des habitations et deux architectures monumentales exceptionnelles dont les fondations sont en pierre, constituent-t-elles une avancée importante dans la connaissance de cette période.
23Peu après, à la fin du Néolithique apparaissent, sur tout le territoire, de grands bâtiments collectifs dépassant parfois les 100 m de longueur, tels Moulins-sur Céphons (Indre-et-Loire) ou Pléchatel (Ille- et-Vilaine). À Houplin-Ancoisne (Pas-de-Calais), un bâtiment dépasse les 40 m de longueur [cf. encadré p 111]. Ces dernières années, plusieurs architectures de ce type, mais de dimensions moins importantes, ont également été révélées pour la première fois dans le Nord de la France, dans des contextes variés, qu’il s’agisse de fonds de vallée et de plateaux limoneux, même si on constate une préférence pour les zones humides. Les bâtiments sont de plan rectangulaire, parfois terminés en abside ; leur orientation est souvent est-ouest, mais pas systématiquement, et ils peuvent être en aire ouverte ou entourés d’une enceinte. Dans le Sud-Ouest de la France, à Douchapt « Beauclair » (Dordogne), Pierrick Fouéré a mis au jour des longs bâtiments de 66 m et 50 m de longueur pour une largeur de 18 m, de même orientation (est-ouest), divisés en 2 nefs par un alignement central de très gros poteaux placés à intervalles réguliers, tous les 9 m, Ils sont partiellement ceinturés par un enclos en terre et semblent avoir été réalisés d’un seul tenant. Malgré ces variantes architecturales, ils s’inscrivent également dans une tradition d’architecture monumentale à l’instar des exemples cités précédemment. Outre ces architectures de grandes dimensions, quelques découvertes de sites d’habitats viennent corriger les irrégularités documentaires. Des structures plus légères, associant des aires d’activités spécialisées avec foyers à des trous de poteau et des fosses dépotoirs comme à Trémonteix (Puy-de-Dôme) [cf. encadré p 113] où des lambeaux de sol sont préservés. À Bédoin « Limon-Raspail » (Vaucluse) (Cauliez et al., 2011), un site de plein air en altitude (2 878-2 626 av. notre ère) comprend des vestiges de murs en terre crue et des torchis qui présentent des traces de négatifs de clayonnage, des silos, des structures de combustion et des fosses-dépotoirs. Tous ces sites contribuent à combler les hiatus importants pour la fin du Néolithique, tant dans le Sud que le Nord de la France.
24En 2 009, nous déplorions le faible niveau de redondance des sites néolithiques mis au jour dans le cadre particulier et limité de l’Île-de-France (Samzun et al.,2009), et ce constat aurait très bien pu être établi dans d’autres régions françaises au cas par cas. À l’échelle nationale, ces lacunes se comblent progressivement comme nous venons de le voir. La documentation produite par l’archéologie préventive pour l’époque néolithique est à ce jour absolument considérable. L’exploitation de ces données commence à peine, même si la publication de certains sites majeurs est déjà réalisée ou enclenchée. De nombreux autres sites d’habitat sont cependant encore largement inédits. Nous faisons donc face à un double défi : d’une part, il est nécessaire d’assimiler un important corpus documentaire de façon à élaborer des synthèses interrégionales et à définir le cadre chronologique et culturel de ces découvertes qui a largement évolué ces dernières années. D’autre part, il est impératif de tenter d’appréhender la variabilité des habitats mis au jour, notamment leur hiérarchisation, afin d’aborder les questions ayant trait à l’organisation des sociétés néolithiques et à leur évolution. C’est bien entendu le souhait que nous formulons pour les dix prochaines années de l’Inrap.