Site
Colline de l’Yeuse
Murviel-lès-Montpellier
Hérault
Date
13 février-9 juin 2017
Superficie
4 000 m²
1L’agglomération antique du Castellas, occupée entre le début du iie siècle avant notre ère et le début du iie siècle de notre ère, est connue depuis le xixe siècle (Raux, Thollard, 2003). Un diagnostic mené en 2016 laissant supposer la présence d’un secteur « monumental » ou tout du moins public (Vacassy, 2016), la fouille avait pour objectif l’étude des vestiges d’un quartier périurbain. Elle a mis en évidence un sanctuaire aux vestiges particulièrement bien conservés [ill. 1].
1. Plan général simplifié du sanctuaire de Murviel-lès-Montpellier.
C. Bioul, G. Vacassy, Inrap
2à un premier bâtiment construit à la charnière des iie et ier siècles avant notre ère succède un temple classique orienté vers l’est, bâti dans le courant du ier siècle avant notre ère. Dans la phase de développement maximal du lieu de culte, les édifices s’étendent autour d’une vaste place. Cette dernière est bornée, à l’ouest, par le portique d’un bâtiment longiligne composé de plusieurs pièces. Le portique, qui court aussi sur le grand côté sud de l’aire ouverte, semble démantelé dès le début du ier siècle. Malgré la richesse du gisement, aucun élément n’a permis l’identification de la divinité à laquelle le sanctuaire était consacré.
3Le site a livré plusieurs dizaines de dépôts votifs encore en place. Ils se présentent sous diverses formes (amphores fichées dans le sol, édicules maçonnés, structures faites de remplois de tuiles ou de moellons) et sont regroupés en deux ensembles. Le premier est localisé immédiatement au sud du temple. Le second prend place au sud de l’emprise fouillée, très certainement après l’extension de l’aire consacrée à la divinité par la destruction du péribole du temple et le démantèlement des structures du portique.
4Parmi ces dépôts, plusieurs aménagements abritent une pierre. Ainsi de cinq structures constituées chacune de deux tegulae disposées en bâtière. De plan quadrangulaire, elles mesurent entre 0,35 et 0,40 m de côté et sont donc ouvertes sur deux faces [ill. 2]. à l’intérieur de l’aménagement, la pierre, oblongue, est posée verticalement. Si ces pierres proviennent majoritairement du substrat local, on note aussi la présence de galets malgré l’absence de rivière à proximité. Leur longueur varie entre 10 et 15 cm. Dans quatre cas, elles constituent le seul objet déposé. Dans le cinquième, cependant, la pierre repose sur une monnaie [ill. 3]. L’ensemble est toujours posé à même le sol, sans creusement préalable, et présente un aspect assez fruste.
2. La pierre constitue ici le seul objet du dépôt protégé par l’aménagement en tegulae.
T. Abdelli, Inrap
3. Vue de détail d’une pierre dressée sur une monnaie.
F. Chalah, Inrap
5D’autres dépôts font l’objet de plus de soin dans leur mise en œuvre. C’est en particulier le cas d’une structure constituée d’une assise de moellons en calcaire coquillier en remploi, disposés en panneresse sur 0,80 m de long et 0,70 m de large [ill. 4]. Une pierre dressée est également disposée au centre de l’espace. Une valve de cardium découverte dans l’angle sud-ouest pourrait également avoir été déposée là volontairement lors de l’accomplissement des rites. Une dernière structure, mise au jour à proximité du temple, se distingue par la singularité de son dépôt. Trois tegulae posées verticalement, face vers l’intérieur, définissent un espace de 0,40 m de côté, à l’intérieur duquel une pierre en calcaire coquillier est taillée en pyramide élancée et tronquée, d’une vingtaine de centimètres de hauteur [ill. 5]. Cette pierre présente en outre plusieurs saignées sur ses faces dont une croix centrée, gravée sur le sommet, ainsi que deux lignes parallèles courant sur les quatre faces. Enfin, une sorte de cupule est nettement visible sur la partie inférieure de la face avant. Une seconde pierre disposée de manière oblique, à l’arrière de la première, pourrait appartenir à l’aménagement.
4. La pierre dressée a ici été déposée au centre d’une construction composée de moellons en remploi.
A. Beylier, Inrap
5. Cette structure en tegulae présente en son sein une pierre gravée en calcaire coquillier.
A. Beylier, Inrap
6Bien que l’étude n’en soit qu’à ses débuts, plusieurs critères communs aux différents dépôts peuvent déjà être relevés. Outre leur aspect relativement fruste et leur mise en œuvre avec des matériaux de récupération, on peut souligner l’orientation identique de toutes ces structures, avec une ouverture disposée à l’est, à l’instar du temple proche. Enfin, la présence des pierres vise à créer une mise en scène, dont le dernier exemple cité constitue l’élément le plus manifeste. Il reste difficile, en l’état, de statuer sur l’interprétation de ces dépôts. Tout au plus peut-on avancer l’idée d’autels miniatures à bas coûts ou d’une miniaturisation de la cella proche, avec la divinité symbolisée par les cailloux. En l’absence d’inscription, on ignore à quelle pratique cultuelle rattacher ces dépôts (Van Andringa, 2002 ; Van Andringa, 2013) : celle du votum ou celle du don ?