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Dossier

Un schéma de distribution d’eau à Perpignan (XVIIe siècle)

A blueprint for the distribution of water in 17th century Perpignan
Un esquema de la distribución de agua en Perpiñán (siglo XVII)
Aymat Catafau
p. 58-59

Résumés

Découverte d’un exceptionnel dessin du XVIIe siècle sur le réseau d’adduction d’eau de Perpignan dans les quartiers situés entre l’actuelle place Cassanyes et l’église Saint-Jean.

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Entrées d’index

Index géographique :

Occitanie, Pyrénées-Orientales, Perpignan

Index chronologique :

Temps modernes
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Texte intégral

1Le dessin fait par le notaire Grégoire Prats (1633) dans son Libre de la Font montre un schéma du réseau d’adduction d’eau d’une zone située entre l’actuelle place Cassanyes et l’église Saint-Jean à Perpignan [ill.1].

1. Schéma de la canalisation apportant l’eau à la fontaine de l’hôpital Saint-Jean, par le notaire Grégoire Prats.

1. Schéma de la canalisation apportant l’eau à la fontaine de l’hôpital Saint-Jean, par le notaire Grégoire Prats.

En bas, à gauche, l’hôpital et sa fontaine octogonale, tout à fait semblable à celle conservée aujourd’hui. Le déversoir du montoir (aixugador del cavalcador) correspond sans doute au bassin retrouvé lors des fouilles.

Cliché : A. Catafau.

  • 1 Aixugador ou « déversoir » : aménagement par lequel une canalisation reçoit des eaux provenant de l (...)
  • 2 Cavalcador : bâti ou pierre formant marchepied ou perron, qui sert à monter et descendre de cheval (...)

2Ce document, organisé sur deux feuillets, commence au coin supérieur droit par l’image d’un puits (le Pou de la Colomina) et s’achève au coin inférieur gauche par l’hôpital, représenté avec sa fontaine [ill.2]. La lecture se fait de haut en bas, de droite à gauche, en suivant neuf images numérotées : le puits de la Colomina ; la canalisation (canonada) ; les fontaines Font Nova, Font de na Pincarda, représentées par une petite maison ; les regards (spirall, ou soupirail) « den Solana, de mossen Illes, del cementeri de Sant Joan, de la casa del Rellotge », figurés par une canalisation sortant du sol à la verticale ; les déversoirs1 (aixuguador) de Saint-Dominique et du montoir (del cavalcador2), représentés par un petit cercle inclus dans un carré. Le déversoir du montoir, non numéroté, se situe entre le n° 9 et l’hôpital, terminus du trajet de l’eau. Traduction des légendes du dessin suivie de nos commentaires explicatifs en vue d’une restitution [ill.3] : « Canalisation de la Fontaine de l’Hôpital, commençant à l’origine (la mère, la source) qui est le puits de la Colomine jusqu’à l’hôpital. Et de la distance qu’il y a d’un regard à l’autre et des déversoirs de ladite fontaine » : le puits de la Colomina était sans doute situé près de l’actuelle place Cassanyes.

2. La fontaine de l’hôpital Saint-Jean de Perpignan, aujourd’hui, sur la Place Gambetta, face à la cathédrale Saint-Jean.

2. La fontaine de l’hôpital Saint-Jean de Perpignan, aujourd’hui, sur la Place Gambetta, face à la cathédrale Saint-Jean.

Après la destruction de l’hôpital Saint-Jean, elle fut transférée à l’hôpital Maréchal Joffre, au nord de la ville, mais elle a été réinstallée en 1973 non loin de son emplacement d’origine.

Cliché : A. Catafau.

3. Hypothèse de restitution de l’alimentation en eau du quartier Saint-Jean.

3. Hypothèse de restitution de l’alimentation en eau du quartier Saint-Jean.

Les numéros correspondent à ceux de ce document. Les numéros encadrés correspondent aux puits et fontaines, les autres aux regards et déversoirs. Seuls la fontaine des Carmes (A) et le déversoir du montoir, devant le parvis de l’église Saint-Jean, (B) ne sont pas numérotés. La fontaine des Carmes n’est pas incluse dans le trajet de l’eau car elle était alimentée par le puits des Carmes. Cependant, son débit était souvent insuffisant (Aragon, 1928, p. 179). L’indication de la distance exacte entre le puits et cette fontaine des Carmes, comme entre celle-ci et la Fontaine Neuve, fait supposer une possible dérivation vers la fontaine des Carmes, peut-être ouverte seulement en cas de besoin. 1 : Puits de la Colomine (localisation hypothétique) ; 2 : Premier regard ; 3 : Fontaine Neuve ; 4 : Regard de la maison de Solana ; 5 : Regard du coin de la maison de Mossen Illes ; 6 : Fontaine Na Pincarda ; 7 : Déversoir de Saint-Dominique ; 8 : Regard du cimetière de Saint-Jean ; 9 : Regard de la tour de l’Horloge ; 10 : Fontaine de l’hôpital.

Cliché : A. Catafau.

31 - « D’abord du puits de la Colomine jusqu’au premier regard, l’eau passe par un souterrain, et la distance est de 33 cannes » : la canne de Montpellier vaut environ deux mètres, donc 66 m de distance ici. « Et du puits de la Colomine jusqu’à la fontaine des Carmes il y a 100 cannes de Montpellier », (200 m). « Là l’eau commence à entrer dans la canalisation ».

42 - « De ce premier regard où l’eau commence à entrer et à s’écouler par une canalisation, jusqu’à la Fontaine Neuve, il y a 95 cannes » (190 m). « Et cette canalisation tourne à main droite au premier coin, et va de ce regard à la Fontaine Neuve par la rue Sainte-Claire la Vieille », actuelle rue des Potiers (Aragon, 1928, p. 177).

53 - « De la Fontaine Neuve au regard du nommé Solana la distance est de 43 cannes » (86 m). Ce regard aurait pu se situer non loin de l’angle des rues de l’Université et du Four Saint-Jacques. « De la fontaine des Carmes jusqu’à la Fontaine Neuve il y a 48 cannes » (96 m) : cette fontaine est au chevet de l’église, dans l’ancien couvent des Carmes.

64 - « Du regard du nommé Solana jusqu’à un autre regard qui est au coin de la maison de Mossen Illes il y a 26 cannes » (52 m). La maison de Mossen Illes, inconnue, se situait peut-être au coin des rues Émile Zola et Foy.

75 - « Du regard qui est au coin de la maison de Mossen Illes jusqu’à la fontaine na Pincarda il y a 25 cannes » : cette fontaine se trouvait à l’angle de la rue Fontaine na Pincarda avec la rue Foy.

86 - « De la fontaine de na Pincarda jusqu’au déversoir qui se trouve au milieu de la rue qui va à l’église Saint-Dominique, il y a 41 cannes et demie » (83 m) : ce déversoir pourrait se trouver à l’emplacement de la fontaine actuelle de la Place de la Révolution française. « Et depuis cette fontaine (na Pincarda) jusqu’à la fontaine de l’hôpital, il y a 137 cannes » (274 m).

97 - « Du déversoir de la rue de Saint-Dominique jusqu’au regard du cimetière de Saint-Jean, il y a 15 cannes » (30 m) : ce regard devait se trouver à l’angle S-E du cloître-cimetière Saint-Jean. « Et l’on notera que cette conduite d’eau traverse la maison ou courette qui donne sur l’autre rue qui va le quartier des tints [des teinturiers, hors les murs] et vers Saint-Dominique ». Cette autre rue est sans doute celle du Bastion Saint-Dominique.

108 - « Du regard du cimetière Saint-Jean jusqu’au regard de la maison de l’Horloge il y a trente et une cannes et demie » (63 m). « Et l’on notera que la conduite tourne au premier coin de la rue qui va vers les fours ». La maison de l’Horloge est la tour de l’horloge de Saint-Jean.

119 - « Du regard de la tour de l’Horloge jusqu’au déversoir qui se trouve à l’extrémité du montoir du parvis de Saint-Jean, il y a 15 cannes » (30 m). « Et la conduite entre dans l’hôpital par le coin de l’abreuvoir ». Cette partie terminale du trajet concerne les sondages réalisés par Agnès Bergeret. Si l’aixugador est un déversoir servant de collecte des eaux de pluie, il pourrait s’agir du bassin de cayroux (sondage 2, SB 216). Outre l’identification des vestiges, il reste à savoir ce que désignent l’enrejolat (le fond du bassin en cayroux ou le parvis de la cathédrale ?) et le cavalcador.

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Notes

1 Aixugador ou « déversoir » : aménagement par lequel une canalisation reçoit des eaux provenant de l’extérieur du réseau.

2 Cavalcador : bâti ou pierre formant marchepied ou perron, qui sert à monter et descendre de cheval plus aisément. En français, le terme approprié est « montoir ». Merci à Olivier Poisson pour cette précision.

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Table des illustrations

Titre 1. Schéma de la canalisation apportant l’eau à la fontaine de l’hôpital Saint-Jean, par le notaire Grégoire Prats.
Légende En bas, à gauche, l’hôpital et sa fontaine octogonale, tout à fait semblable à celle conservée aujourd’hui. Le déversoir du montoir (aixugador del cavalcador) correspond sans doute au bassin retrouvé lors des fouilles.
Crédits Cliché : A. Catafau.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/18105/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 636k
Titre 2. La fontaine de l’hôpital Saint-Jean de Perpignan, aujourd’hui, sur la Place Gambetta, face à la cathédrale Saint-Jean.
Légende Après la destruction de l’hôpital Saint-Jean, elle fut transférée à l’hôpital Maréchal Joffre, au nord de la ville, mais elle a été réinstallée en 1973 non loin de son emplacement d’origine.
Crédits Cliché : A. Catafau.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/18105/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 528k
Titre 3. Hypothèse de restitution de l’alimentation en eau du quartier Saint-Jean.
Légende Les numéros correspondent à ceux de ce document. Les numéros encadrés correspondent aux puits et fontaines, les autres aux regards et déversoirs. Seuls la fontaine des Carmes (A) et le déversoir du montoir, devant le parvis de l’église Saint-Jean, (B) ne sont pas numérotés. La fontaine des Carmes n’est pas incluse dans le trajet de l’eau car elle était alimentée par le puits des Carmes. Cependant, son débit était souvent insuffisant (Aragon, 1928, p. 179). L’indication de la distance exacte entre le puits et cette fontaine des Carmes, comme entre celle-ci et la Fontaine Neuve, fait supposer une possible dérivation vers la fontaine des Carmes, peut-être ouverte seulement en cas de besoin. 1 : Puits de la Colomine (localisation hypothétique) ; 2 : Premier regard ; 3 : Fontaine Neuve ; 4 : Regard de la maison de Solana ; 5 : Regard du coin de la maison de Mossen Illes ; 6 : Fontaine Na Pincarda ; 7 : Déversoir de Saint-Dominique ; 8 : Regard du cimetière de Saint-Jean ; 9 : Regard de la tour de l’Horloge ; 10 : Fontaine de l’hôpital.
Crédits Cliché : A. Catafau.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/18105/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 655k
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Pour citer cet article

Référence papier

Aymat Catafau, « Un schéma de distribution d’eau à Perpignan (XVIIe siècle) »Archéopages, 32 | 2011, 58-59.

Référence électronique

Aymat Catafau, « Un schéma de distribution d’eau à Perpignan (XVIIe siècle) »Archéopages [En ligne], 32 | 2011, mis en ligne le 23 juillet 2024, consulté le 15 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/18105 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/123k6

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Auteur

Aymat Catafau

Université de Perpignan, Centre de Recherche Historique sur les Sociétés Méditerranéennes

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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