Navigation – Plan du site

AccueilNuméros32DossierDeux puits d’un sanctuaire gallo-...

Dossier

Deux puits d’un sanctuaire gallo-romain

Two wells from a Gallo-Roman sanctuary
Dos pozos de un santuario galorromano
Ulysse Cabezuelo
p. 22-23

Entrées d’index

Mots-clés :

puits à eau, sanctuaire

Index géographique :

Auvergne-Rhône-Alpes, Allier, Montluçon

Index chronologique :

Antiquité

Palabras claves:

Antigüedad, pozo, sanctuary
Haut de page

Texte intégral

1Le sanctuaire fouillé en 2010 à « Les Hauts-de-Buffon » (Montluçon, Allier) se dresse sur une plate-forme naturelle aux confins des trois cités arverne, lémovice et biturige et près de la voie romaine reliant les agglomérations thermales antiques d’Évaux-les-Bains et de Néris-les-Bains. Dans un premier état, probablement augustéen, le sanctuaire s’est inscrit dans un espace délimité par une palissade de 30 m sur 44. Celle-ci est remplacée par un mur portique de 55 m sur 33, enfermant deux temples de type fanum. Sept bâtiments annexes ont été reconnus hors les murs, au sud et à l’ouest, ainsi que deux puits, l’un près des bâtiments, l’autre, dans l’enceinte contre la galerie ouest. Ils sont alimentés par l’eau de la nappe phréatique qui circule dans les interstices et les fissures de la roche aquifère (granit et arène granitique de surface).

2La fouille des puits a été réalisée avec la collaboration de Jean-Marc Femenias, de l’association « Archéopuits ». Les puits diffèrent tant par leur construction que par leur remplissage. Le puits situé dans l’enceinte est construit en blocs de quartz ainsi qu’en blocs et galets de granit, de taille variable, agencés de façon régulière et soignée [ill. 1]. En le fouillant, nous nous attendions à trouver des vestiges en lien avec les rituels. Cela n’a pas été le cas. Son comblement est constitué principalement d’éléments architecturaux (blocs de quartz et de granit, moellons de petit appareil en granit, blocs taillés en grès rouge, éléments de colonnes et de décor de toit), tous provenant sans doute des travaux de restructuration du temple à la fin du iie siècle, auxquels se mêlent morceaux de bois, noyaux de cerises, noisettes, graines et fragments de céramique. Deux grands blocs en grès jaune présentant une courbe intérieure et une face extérieure taillée en facettes appartenaient probablement à la margelle. Trois monnaies du règne d’Antonin le Pieux (138-61) étaient directement posées sur le fond. Les matériaux de comblement, d’ailleurs, sont au contact direct de la roche granitique : il n’existe pas de dépôt sédimentaire organique caractérisant un niveau d’utilisation et les divers niveaux semblent correspondre à une même séquence chronologique. Ces éléments, ainsi que la présence de vides, attestent de la rapidité du remblaiement. Quant aux monnaies, elles n’apparaissent pas comme des vestiges de pratiques votives ni comme des pièces perdues par le puisatier ayant effectué le curage car il est peu probable qu’il ait possédé des monnaies de cette valeur. Reste l’hypothèse d’un dépôt volontaire qui marque l’abandon et la condamnation du puits après un curage soigné. Il y a eu abandon définitif et peut-être désacralisation du puits, comme cela a été déjà observé dans des contextes similaires, par exemple sur le site du Fâ en Charente Maritime (Robin, 2009). On note que le bois apparait à 6,90 m de profondeur. Ce niveau doit être considéré comme le marqueur ultime de la réserve permanente, sous la hauteur de battement saisonnier. La réserve d’eau permanente était d’environ 32 m3 (en ne tenant pas compte de la pluviosité réelle durant l’activité du site) ce qui, dans un contexte non-domestique ou artisanal, peut être satisfaisant et suffire à une utilisation ponctuelle : ablutions, cuisine sacrificielle, nettoyage du sanctuaire... (Van Andringa, 2002). Le puits situé près des bâtiments hors-enceinte présente quant à lui une ouverture d’un diamètre plus réduit [ill. 2]. Son parement intérieur est fait de blocs de quartz non taillés et posés en blocage non lité, ce qui laisse de larges espaces entre eux et facilite l’entretien. La cupule, creusée dans le granit au fond du puits, est comblée par un sédiment sableux noir très organique, recouvert de 0,90 m de sédiment sableux brun, très organique aussi, et particulièrement riche en faune et en mobilier : céramique, fragments de tuile, cuir, métal. Viennent ensuite trois niveaux de sédiments sableux organiques noirs, riches en mobilier, dont, notamment, les restes d’un chaudron en bronze et de deux cruches quasi complètes. Des éléments de destruction sont mêlés à l’amas de sédiments. Les poteries, entières ou incomplètes, de la couche supérieure ont une disposition qui indique qu’elles sont tombées directement sur ce comblement hétéroclite. Tessons, bois et cailloux forment le dernier niveau. Cette stratigraphie correspond à plusieurs niveaux d’utilisation distincts, allant du ier siècle à la fin du iiie siècle, nettement en rapport avec des activités domestiques, et un abandon au haut Moyen Âge.

1. Coupe et plan d’unités stratigraphiques du puits 1.

1. Coupe et plan d’unités stratigraphiques du puits 1.

DAO : M. Brizard, Inrap.

2. Coupe et plan de différentes unités stratigraphiques du puits 2.

2. Coupe et plan de différentes unités stratigraphiques du puits 2.

DAO : M. Brizard, Inrap.

Haut de page

Table des illustrations

Titre 1. Coupe et plan d’unités stratigraphiques du puits 1.
Crédits DAO : M. Brizard, Inrap.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/17875/img-1.png
Fichier image/png, 274k
Titre 2. Coupe et plan de différentes unités stratigraphiques du puits 2.
Crédits DAO : M. Brizard, Inrap.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/17875/img-2.png
Fichier image/png, 411k
Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Ulysse Cabezuelo, « Deux puits d’un sanctuaire gallo-romain »Archéopages, 32 | 2011, 22-23.

Référence électronique

Ulysse Cabezuelo, « Deux puits d’un sanctuaire gallo-romain »Archéopages [En ligne], 32 | 2011, mis en ligne le 19 juillet 2024, consulté le 23 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/17875 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/123jy

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search