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Dossier

Les enceintes chasséennes du Toulousain

Chassean enclosures wall in the Toulousain region
Murallas de la cultura de Chassey en la región de Toulousain
Muriel Gandelin
p. 16-17

Texte intégral

1Dans la région toulousaine, trois sites chasséens ont livré des vestiges d’enceintes : Villeneuve-Tolosane/Cugnaux, Saint-Michel-du-Touch (Toulouse) et Château-Percin (Seilh) [ill. 1]. De nombreuses récurrences existent entre ces grands habitats ceinturés. Tout d’abord, leur implantation géographique est sensiblement la même : il s’agit de sites « de hauteur » dominant la Garonne et installés à proximité d’un cours d’eau secondaire. Les populations chasséennes se sont implantées sur des terrains fertiles et bien irrigués, propices aux cultures et à l’élevage. Leur durée d’occupation est toujours longue ; à Villeneuve-Tolosane/Cugnaux et à Saint-Michel-du-Touch, elle couvre tout le Chasséen. À Château-Percin, le mobilier issu du comblement des fossés se rapporte à la phase la plus récente du Néolithique moyen, mais le secteur est occupé dès le Chasséen ancien. Les trois sites ont livré les vestiges de plusieurs enceintes successives dont la taille semble, à Saint-Michel-du-Touch et Villeneuve-Tolosane/Cugnaux, croître tout au long du Chasséen. À Villeneuve-Tolosane/Cugnaux, trois à cinq phases architecturales ont été identifiées. La plus importante a pu concerner une surface avoisinant les trente hectares. À Saint-Michel-du-Touch, plusieurs fossés et tranchées de palissades en arc de cercle, disposés en gigogne, viennent barrer l’éperon. Les fossés les plus éloignés de la pointe de l’éperon seraient les plus récents. On aurait donc, comme à Villeneuve-Tolosane/Cugnaux, une succession d’aménagements encerclant une surface de plus en plus grande. Au moins quatre enceintes (mais probablement davantage), allant de 5 à plus de 30 hectares, sont documentées. Pour ces deux sites, les premières manifestations architecturales correspondent certainement à des enceintes uniquement palissadées, les systèmes plus complexes associant fossés et palissades ou remparts étant probablement plus tardifs. À Château-Percin, les deux phases architecturales sont certainement très rapprochées dans le temps et c’est sans doute la destruction du premier rempart qui est à l’origine de l’édification d’une seconde muraille.

1. Les trois sites chasséens dotés de systèmes d’enceintes découverts en région toulousaine distants de seulement quelques kilomètres.

1. Les trois sites chasséens dotés de systèmes d’enceintes découverts en région toulousaine distants de seulement quelques kilomètres.

Ils ont tous connus plusieurs phases architecturales successives et il est souvent difficile de démêler le palimpseste des différentes occupations. Aucun des plans n’est connu dans son ensemble mais, au fil des découvertes et des études, leur organisation générale se précise progressivement.

DAO : M. Gandelin, Inrap. D’après F. Pons, G. Jédikian.

2Pour toutes ces installations, la nature et la densité des aménagements internes est sensiblement la même, il s’agit très majoritairement de structures à galets chauffés. Le mobilier récolté est abondant et appartient à la plupart des activités de la vie domestique d’une communauté agro-pastorale. La part du macro-outillage, qui témoigne peut-être de l’exploitation des forêts alentours, est toujours très importante. Celle de la pratique funéraire est anecdotique au regard de la durée d’occupation des sites, même si quelques sépultures remarquables sont attestées.

3La fouille récente de Château-Percin permet d’apporter une relecture des sites fouillés plus anciennement. Tout d’abord, l’étude des vestiges de la construction incendiée dévoile une structure monumentale à l’architecture plus complexe que celle supposée jusque-là pour les autres sites toulousains (Gandelin, 2011). Aussi, il apparaît, au regard de cette nouvelle découverte, que le modèle traditionnellement proposé, associant levée de terre et palissade, doit être complété ou remplacé par un système associant fossés et remparts monumentaux. On s’interroge toutefois sur la main-d’œuvre et le temps nécessaire à l’élaboration d’une telle construction dans le cadre des enceintes les plus grandes dont la longueur a pu atteindre plusieurs kilomètres : il est envisageable que plusieurs modèles architecturaux aient coexisté.

4Le caractère nettement ostentatoire voire comminatoire du palissage est illustré de façon éloquente à Château-Perçin par la présence, probablement dans la partie haute de la muraille, de rangées de cornes de bovins plantées verticalement. Cette donnée nouvelle et originale est un argument de poids dans l’interprétation défensive des enceintes toulousaines. Elle relance la problématique relative à l’apparition, au Chasséen, d’une concurrence pour les terres arables génératrice d’instabilité politique et de rixes entre communautés. Les enceintes ont pu constituer un lieu privilégié pour le regroupement des populations menacées et des stocks alimentaires, éventuellement en partie produits ailleurs. Cette problématique est sous-tendue par la question d’une transformation progressive des modes d’exploitation et d’occupation des territoires, peut-être induite par une poussée démographique.

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Bibliographie

Gandelin M., 2011, Les enceintes chasséennes de Villeneuve-Tolosane et de Cugnaux dans leur contexte du Néolithique moyen européen, Toulouse, Éditions des Archives d’Écologie Préhistoriques, 498 p.

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Table des illustrations

Titre 1. Les trois sites chasséens dotés de systèmes d’enceintes découverts en région toulousaine distants de seulement quelques kilomètres.
Légende Ils ont tous connus plusieurs phases architecturales successives et il est souvent difficile de démêler le palimpseste des différentes occupations. Aucun des plans n’est connu dans son ensemble mais, au fil des découvertes et des études, leur organisation générale se précise progressivement.
Crédits DAO : M. Gandelin, Inrap. D’après F. Pons, G. Jédikian.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/17048/img-1.png
Fichier image/png, 364k
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Pour citer cet article

Référence papier

Muriel Gandelin, « Les enceintes chasséennes du Toulousain »Archéopages, 33 | 2012, 16-17.

Référence électronique

Muriel Gandelin, « Les enceintes chasséennes du Toulousain »Archéopages [En ligne], 33 | 2011 [2012], mis en ligne le 03 avril 2024, consulté le 22 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/17048 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/archeopages.17048

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Auteur

Muriel Gandelin

Inrap, UMR 5608 «  Travaux et Recherches Archéologiques sur les Cultures, les Espaces et les Sociétés  »

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