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Dossier

Peaux sur peau. Fabrication et usages des vêtements en peaux et cuir dans le monde gréco-romain (VIIIe s. av. n. è.- IVe s. de n. è.)

Skins on skins. Manufacture and uses of leather and hide clothing in the Greco-Roman world (8th c. BC - 4th c. AD)
Pieles sobre pieles. Fabricación y usos de las ropas de cuero y piel en el mundo grecorromano (s. VIII a.C.-IV d.C.)
Benoit Dercy
p. 18-25

Résumés

Cet article présente une synthèse sur la fabrication et les usages des vêtements en peaux, cuir et fourrure pour le monde gréco-romain à partir des sources écrites, iconographiques et archéologiques. Il traite particulièrement des modes d’approvisionnement des peaux dans les campagnes et les sanctuaires, ou dans le cadre d’un commerce de longue distance. Il passe en revue les différents traitements attestés des peaux, des procédés les plus rudimentaires, dans un contexte d’autoproduction rurale de biens, à celui du tannage végétal techniquement maîtrisé, nécessitant des équipements coûteux, qui se serait développé et diffusé au cours du Ier siècle de notre ère — l’exemple de l’évolution de la tannerie I 5 de Pompéi sur cette période est ici convoqué. Il ressort de cela que les peaux et les cuirs obtenus, de qualité très variable, étaient des matériaux très fréquemment utilisés dans le domaine du vêtement.

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Texte intégral

  • 1 Article issu d'une recherche effectuée par l'auteur dans le cadre d'un Master 2 qui a donné lieu à (...)

1Présenter une vue d’ensemble de la fabrication de vêtements en peaux et cuir dans l’Antiquité gréco-romaine peut surprendre, tant il est admis que l’on s’habillait alors de laine ou de lin, et que fourrures et peaux étaient discréditées1. Tout au plus reconnaît-on une place importante du cuir dans le domaine de la chaussure. Pourtant, les peaux et le cuir connaissent un usage plus ample que les seuls domaines de l’armement et du harnachement. On se revêt de ces matériaux pour leurs qualités sans équivalent dans l’Antiquité, comparables à celles des polymères d’aujourd’hui, notamment la souplesse et la résistance.

2Par ailleurs, l’entreprise n’est pas aisée, et elle ne saurait prétendre à l’exhaustivité. Les sources littéraires ne s’attardent pas sur l’aspect technique de la fabrication du cuir. Quant aux vestiges, ils sont peu attestés dans le monde gréco-romain pour des raisons climatiques et du fait du désintérêt pour un tel artisanat jusque dans les années 2000 (Dercy 2015, p. 12). L’intérêt de l’archéologie s’est longtemps porté vers les centres urbains historiques au détriment des périphéries, qui, sans que ce fût une règle absolue, accueillaient les activités artisanales polluantes (Brun-Leguilloux dir. 2014, p. 5-6 ; Dercy 2015, p. 178-185). Pourtant, au prix d’un travail de recension philologique critique des textes littéraires, épigraphiques et papyrologiques et d’interprétation prudente des représentations iconographiques, il est permis de retracer les étapes de traitement des peaux. L’archéozoologie et les récentes analyses de laboratoire apportent leur lot d’informations sur les processus et l’identification des lieux de transformation et de production.

3À la lumière de ces documents, nous aborderons certains aspects de la transformation de la matière première, la peau animale, en matériaux et produits finis (pseudo-cuir, cuir, fourrure), des points de vue technique, sociologique et économique, en insistant particulièrement sur l’usage qui en est fait pour se vêtir.

Choix de l’animal et approvisionnement en matière première

  • 2 La taille de l’animal n’est un critère que dans le cas où l’objet doit être réalisé d’une seule piè (...)

4Les ovins, caprins et bovins constituent les espèces les plus couramment utilisées pour leur peau. Les cuirs qu’on en tire ont des qualités différentes en raison de l’épaisseur variable du réseau de fibres (la « fleur ») selon l’espèce choisie et le tannage adopté2. Le porc, espèce courante, n’est que très rarement utilisé, car sa peau (le lard) est coupée avec la chair lors du débitage et consommée. Les espèces non élevées mais chassées sont une source plus occasionnelle : sangliers, cerfs et faons, mustélidés, fauves et lynx (pour leur fourrure). Dans le fort de Didymoi, le dromadaire est exploité (Leguilloux 2006, p. 7-8).

5Les sources et les études archéozoologiques démontrent des tentatives d’acclimatation de certaines espèces de moutons et de chèvres et de croisements de bovins, mais celles-ci ne visent explicitement qu’à améliorer la qualité de la laine, de la chair ou de la force de travail du bétail d’élevage. Si l’augmentation de la taille des bovins entraîne celle de la superficie de leur peau, aucune mention n’est faite concernant une amélioration de la qualité de sa fleur ou de son grain en vue d’obtenir un cuir de meilleure qualité (Dercy 2015, p. 23-24).

  • 3 On estime qu’il faut trois kilogrammes de sel pour traiter une peau de chèvre.

6Deux circuits de ravitaillement en peaux existent, l’un de proximité, l’autre sur de longues distances. Les peaux devaient être conditionnées pour être transportées. Après une phase de lavage, elles pouvaient être salées : l’action déshydratante du sel referme leurs pores et permet leur conservation. Cette technique, rapide et ne nécessitant pas d’équipement lourd3, est par ailleurs attestée pour la fabrication d’outres (Aristophane, Les Nuées, 1237 et scholie ; Papyrus de Zénon, iv, 59780). Comme les peaux traitées au sel se raidissent, il faut les réhydrater en les graissant en vue d’un usage immédiat (Caton, De l’agriculture, 135, 3) ou en les trempant avant de leur faire subir un tannage végétal.

7Dans les campagnes, l’approvisionnement en peaux (et en viande) est aisé en raison de la proximité du bétail. Les tanneurs se fournissent auprès des éleveurs ou des fermes, qui peuvent envoyer ou vendre lors de marchés des peaux séchées ou salées. Quelques occurrences montrent la présence dans les centres urbains de petits revendeurs venus de la campagne (Théophraste, Caractères, IV, 15 ; Théocrite, Idylles, XV, 19-20). Ce système de collecte est toutefois mal documenté. Platon, dans sa construction théorique de la cité idéale, propose un système centralisé, certainement éloigné de la réalité, visant à réguler l’approvisionnement des cordonniers et des tisserands en peaux et toisons directement auprès des éleveurs, dont la gestion est confiée à des commissionnaires chargés des importations et exportations (Platon, La République, II, 371a).

8Une transhumance à longue distance, qui suppose l’investissement de capitaux importants ainsi que des accords sur la libre circulation des bêtes et leur surveillance, est attestée en Italie du Sud dès le iie siècle avant notre ère et en Narbonnaise dès la fin du ier siècle avant notre ère (Brun 1996). L’installation d’une tannerie dans une maison de Saepinum (Molise), en service entre la fin du ier et le ive siècle de notre ère, se justifie par l’implantation de la ville sur la grande voie de transhumance ovine qui reliait l’Apulie aux Abruzzes (Brun, Leguilloux dir. 2014, p. 12-14). L’implantation et l’agrandissement de la tannerie I 5 de Pompéi au ier siècle de notre ère s’expliquent aussi par la position de la cité, tant pour l’approvisionnement que pour l’exportation de produits finis, entre façade maritime et riche arrière-pays campanien [cf. article « Évolution des installations : la tannerie I 5 de Pompéi »].

9Les sanctuaires, urbains comme ruraux, sont une source importante d’approvisionnement en peaux dans le monde grec. Les témoignages épigraphiques montrent que, dans le cadre du sacrifice, la peau revient majoritairement à celui qui offre le sacrifice ou au prêtre du sanctuaire, comme signe d’élection du destinataire (valeur honorifique) et émolument (valeur marchande). Un montant forfaitaire est prévu parfois pour compenser la perte de cet émolument lorsque la victime a été brûlée entièrement au cours du sacrifice ou offerte à d’autres participants (Le Guen-Pollet 1991, nos 46 et 79). Le produit de la vente des peaux aux tanneurs alimente le trésor du sanctuaire lorsque celles-ci reviennent au dieu ou au héros destinataire du sacrifice (Le Guen-Pollet 1991, no 40). Le fonds public du dermatikon, créé à Athènes dans le dernier tiers du ive siècle avant notre ère, était ainsi alimenté par la vente des peaux des victimes sacrifiées lors de grandes fêtes publiques (Dercy 2015, p. 167).

10Les inscriptions nous apprennent que la dépouille est remise seule ou enveloppant les entrailles (Dercy 2015, p. 32). On peut supposer qu’elle était nettoyée rapidement après son prélèvement. Aucune source ne documente d’éventuelles structures adaptées à ce nettoyage (jarres, bassins). En revanche, une amphore conservée à Boston représente le transport d’une peau d’un bovin par un assistant du sacrifice à la force de ses bras, peut-être en vue de la laver : elle témoigne du peu de soin porté à la dépouille [ill. 1]. Par ailleurs, une loi promulguée par la cité d’Athènes entre 440 et 420 avant notre ère vise à interdire la pollution de la rivière Ilissos, située en amont d’un sanctuaire d’Héraclès, dans laquelle les peaux et les outils du sacrifice étaient régulièrement trempés (Dercy 2015, p. 179-181). Elle indique qu’il s’agissait moins d’un simple rinçage que de l’installation plus durable sur les rives de structures permettant la première phase de macération des peaux dans une eau courante (« trempe », voir infra) et apporte un éclairage sur la relation entre un sanctuaire et les premières opérations de traitement des peaux.

1. Dessin d’après une amphore attique à figures rouges attribuée au Peintre de Pan, vers 470-460 av. n. è.

1. Dessin d’après une amphore attique à figures rouges attribuée au Peintre de Pan, vers 470-460 av. n. è.

Boston, Museum of Fine Arts, n° 01.8109. J.-C. Adenis, d’après cliché.

  • 4 Les déchets osseux de tannerie regroupent chevilles osseuses, phalanges et métapodes (pieds), vertè (...)

11Dans le monde romain, le macellum, édifice public dans lequel la viande était débitée avant d’être vendue, était un lieu d’approvisionnement en peaux fraîches pour les tanneurs. L’étude des traces relevées sur les restes osseux et de rares représentations de l’« habillage » renseignent sur les gestes effectués [ill. 2]. La peau est retirée par ablation des autopodes ou avec ses extrémités, souvent retrouvées dans les dépotoirs de tannerie4, avant l’éviscération de l’animal et le débit des pièces de viande. Le dépeçage des bovins peut être effectué au sol en « poussée », et la peau laissée étendue au sol pour protéger la chair des souillures lors de la découpe. Les animaux les moins lourds (moutons, chèvres, jeunes bovins) sont suspendus au carnarium par les jarrets, et la peau tirée de haut en bas (Lignereux, Peters 1996, p. 50 et 63-66).

2. Stèle dite « des bouchers » représentant la dépouille d’un jeune bovin castré, suspendu par les jarrets (non visibles), tête et bas de pattes sectionnés.

2. Stèle dite « des bouchers » représentant la dépouille d’un jeune bovin castré, suspendu par les jarrets (non visibles), tête et bas de pattes sectionnés.

Après incision le long du ventre et sur la partie médiane des membres, la peau est décollée et retroussée du haut vers le bas.

Musée archéologique de Dijon, Arb67/François Perrodin.

12Les peaux faisaient aussi l’objet d’importations sur de longues distances par voie de mer. Dans le monde grec, un commerce de grande envergure est attesté au moins depuis le ive siècle avant notre ère depuis la mer Noire (Démosthène, Contre Lacritos, 34 ; pseudo-Démosthène, Contre Phormion, XXXIV, 10 : « mille peaux ») et entre Cyrène et l’Attique, en silphium et en cuir de bœuf (Athénée, Les Deipnosophistes, I, 27f). Dans l’Empire romain du ier siècle de notre ère, Strabon détaille les échanges, contre des produits finis et de luxe, d’esclaves et de peaux provenant de la ville de Tanaïs en Asie cistaurique, pôle d’échange entre l’Asie et l’Europe (Géographie, XI, 2, 3), de Bretagne (ibid., IV, 5, 2) et d’Aquileia en Istrie (ibid., V, 1, 8). Les peaux proviennent également des îles Cassitérides (ibid., III, 5, 11), de la Sicile (ibid., VI, 2, 7 ; cf. Cicéron, De Signis, 5, 2), et certainement de Germanie, où le trafic, mal documenté, a pu être réalisé par le paiement d’un tribut en nature (Tacite, Annales, IV, 72, 1). Démosthène (loc. cit.) évoque un conditionnement des peaux en « paquets » (séchées, à plat ?). L’anecdote rapportée par Pline l’Ancien du naufrage d’un navire en provenance de Gaule dans le port d’Ostie, à l’époque de Claude, du fait de l’attaque d’une orque attirée par l’odeur de la cargaison, laisse supposer qu’elles étaient brutes (Histoire naturelle, IX, 14).

  • 5 Le document douanier de Zaraï mentionne la tarification appliquée aux produits lorsqu’ils franchiss (...)

13Enfin, deux documents, le tarif de Zaraï en Numidie (202 de n. è. ; CIL viii, 4508, 18643) et l’édit sur les prix de Dioclétien (301 de n. è.) mentionnent notamment des peaux ou objets en cuir, en précisant leurs divers degrés de préparation et de conditionnement, provenant de tout l’Empire et au-delà de ses frontières, par voie de terre et de mer5.

Traitements sommaires des peaux

14Les produits obtenus à partir des peaux sont de qualité extrêmement variable, en fonction des procédés et des équipements mis en place ou disponibles. Dans les zones rurales et les ateliers urbains, des traitements sommaires permettaient d’utiliser la matière première disponible sans recourir au tannage végétal.

15L’utilisation de la « peau verte », c’est-à-dire crue, sommairement lavée et séchée, demeure exceptionnelle. Hérodote et Pausanias en relèvent l’usage chez certains peuples caractérisés par leur absence de maîtrise technique (Hérodote, Histoires, I, 202 : peaux de phoque fraîches, portées par des peuples habitant près de la mer Caspienne ; VII, 70 : peau du front, oreilles et crinière de chevaux chez les Éthiopiens d’Asie ; Pausanias, Périégèse, X, 38 : Locriens primitifs portant des peaux crues non épilées à même le corps). Ces exemples participent d’une construction idéologique du monde opposant, d’un côté, des peuples demeurés dans un état premier et sauvage, consommant des produits crus ou pourris, et, de l’autre, le Grec civilisé qui, maîtrisant les technai, accède à des produits cuits, transformés, stabilisés.

16Pourtant, des situations bien réelles d’urgence lors de guerres occasionnent l’utilisation de peaux vertes : celles de bovins pris comme butin sont transportées sans avoir subi de traitement, faute d’équipement et de temps, pour constituer une réserve de matière première en vue de fabriquer des armes ou vêtements de fortune (Xénophon, Anabase, IV, 7, 22 et 26) ; en plein hiver rigoureux, les troupes grecques sont contraintes de se confectionner des « chaussures grossières (carbatinai) faites avec des peaux de bœufs récemment écorchés », qui les blessent s’ils ne les enlèvent pas la nuit (Anabase, IV, 5, 14).

17Le séchage à l’air ambiant permet d’ôter l’humidité de la peau pour la stabiliser temporairement. Hérodote mentionne un tel traitement pour la peau d’hippopotame en Égypte (Histoires, II, 71), mais ce procédé était courant dans les campagnes grecques pour fabriquer des courroies ou des vêtements rudimentaires en peau de bœuf (Homère, L’Odyssée, XX, 2-3 et 141-3) ou de chèvre ayant conservé ses poils (diphterai). Pour éviter le développement de bactéries qui détruiraient le derme et troueraient la peau, ou le durcissement et le racornissement de la matière, le séchage devait être rapide et effectué à l’ombre. Le pauvre Socharès, mort de faim sur un chemin, laisse entre autres dépouilles « une peau de chèvre non tannée, toute durcie » (Anthologie palatine, VI, 298, iiie s. av. n. è.). Certains vestiges d’objets usuels en peau non tannée mais simplement séchée, de confection fruste, ont été identifiés dans les fortins militaires romains du désert oriental égyptien, région semi-aride dont la siccité de l’air permet le recours à un tel procédé (Leguilloux 2006, p. 22-23).

Cuir pseudo-tanné

18Toutefois, en Europe, l’air n’est pas suffisamment sec pour assurer sans aucun traitement la stabilité des peaux. En plus du salage déjà mentionné, deux procédés de « pseudo-tannage » sont attestés. Le fumage des peaux permet de les dépiler et offre un moyen de les conserver par la combustion lente des matières organiques, qui a un effet tannant et préservant. Il est pratiqué au moins dès l’époque classique si l’on en croit Hésychius, qui mentionne le surnom de « fumeur de cuirs » (bursokappos) attribué par ses détracteurs à Cléon et des « courroies coupées dans des cuirs séchés au feu » (purolophoi). Le traitement d’une peau à l’huile ou à la graisse animale, en la martelant ou en l’étirant pour une meilleure pénétration du corps gras dans les pores, est attestée depuis Homère (Iliade, XVII, 389-393). La graisse confère à la peau certaines des qualités de conservation (imputrescibilité et imperméabilité) et de souplesse du cuir véritable.

19Les techniques de séchage, de salage ou fumage et de graissage ont pu être combinées. Ne nécessitant pas de structures complexes et recourant à des matières premières disponibles dans les campagnes, elles devaient y être utilisées systématiquement, pour confectionner des vêtements utiles aux travaux des champs et à la chasse.

20La figure de l’éleveur-paysan autosuffisant (autourgos), qui produit lui-même les vêtements et protections contre les intempéries et les couverts broussailleux, apparaît dès les premiers textes grecs : le porcher Eumée se confectionne des sandales dans un cuir de bœuf coloré, signe d’un traitement à la graisse (Homère, L’Odyssée, XIV, 23-24 et 34) ; Laërte, décrit dans un état de pauvreté dégradant, s’est fabriqué des « jambières de cuir et des gants de protection » pour cultiver (ibid., XXIV, 227-229) ; Hésiode conseille aux paysans de coudre eux-mêmes des manteaux de « peaux de chevreaux » pour affronter le froid de l’hiver (Les Travaux et les Jours, 543-544). Les peaux non dégarnies sont également bien attestées pour des objets d’intérieur (tapis, couvertures). De tels équipements vestimentaires apparaissent aussi dans les traités d’agronomie ou de cynégétique. À titre d’exemples, mentionnons les peaux dotées de manches (pelles manicatae) et les vêtements de feutre (poils de chèvre) recommandés pour la main-d’œuvre servile des fermes au ier siècle de notre ère, et certainement fabriqués sur place (Columelle, De l’agriculture, I, 8, 9) ; l’équipement d’un chasseur : pantalon ou veste en peau de veau, gibecière en peau de porc, toque en hermine (Grattius, Cynegetica, I, 338-340) ; ou encore des bottes en peau retournée (perones ; Juvénal, Satires, XIV, 185-188). Properce imagine quant à lui les premiers patres de la Rome primitive réunis autour de Romulus « couverts de peaux de bêtes » (Élégies, 4, 1), par opposition aux citoyens de son temps, lâches et corrompus, vêtus de pourpre. Le vêtement de l’homme humble et rustique, produit semi-fini doté de poils résiduels, n’est donc pas systématiquement déprécié.

Tannage minéral et végétal

  • 6 Ce composé chimique a fait l’objet d’un traité par Théophraste, dont nous ne possédons plus que le (...)

21Le tannage minéral à l’alun, attesté en Mésopotamie et peut-être dans le monde mycénien, encore employé de nos jours en mégisserie, n’est pas attesté en Grèce antique6. Ce sulfate d’alumine et de potasse, s’interposant entre les fibres, empêche qu’elles ne collent et se décomposent (Leguilloux 2004, p. 31). Sur les sites romains et gallo-romains, la présence d’amphores à alun de Lipari reste difficile à interpréter, dans la mesure où l’alun a pu servir à l’artisanat du textile (foulons, teinturiers) ou à celui du cuir, pour le tannage ou l’assouplissement des peaux en complément d’un tannage végétal. Les cuirs obtenus à partir des peaux de petits ruminants, d’une grande souplesse mais sans grande résistance à l’eau, servaient à confectionner des bourses, des chaussures raffinées (socci, calcei) et certains vêtements (Leguilloux 2004, p. 33).

22La fabrication d’un cuir véritable, qui confère à la peau une bonne résistance à l’humidité, une stabilité, une solidité, une certaine souplesse, éventuellement une teinte, procède du tannage végétal, processus chimique transformant en profondeur la matière. Elle nécessite des équipements coûteux, un temps long et une grande maîtrise technique.

23Dans un premier temps, on ôte de la peau la chair, la graisse et les poils par un nettoyage à l’eau courant (« travail de rivière ») ou par immersion dans une cuve (« trempe »). L’épilage se fait par fumage ou par putréfaction contrôlée des peaux empilées les unes sur les autres (« échauffe naturelle » : allusion probable chez Nicandre, Les Thériaques, 421-423). L’échauffe artificielle, par addition d’un produit actif, est déjà mentionnée dans des passages de cosmétologie par Théophraste (ive-iiie s. av. n. è.) et Dioscoride (ier s. av. n. è.), qui préconisent l’utilisation du fruit de la vigne sauvage ou bryone (Dercy 2015, p. 37-38). Pline, quant à lui, mentionne l’urine ou les feuilles de mûrier détrempées dans l’urine (ibid.). Un traitement mécanique permet d’ôter les derniers résidus de pelage, de chair et de tissus adipeux, par raclage sur un chevalet (thranos ; Aristophane, Les Cavaliers, 369, et scholie) ou une poutre inclinée sur laquelle l’ouvrier se tient à califourchon, au moyen d’outils en os (Hérodote, Histoires, IV, 64) ou en métal à lame incurvée et émoussée (arbêlos, chez Hésychius [s. v. anarbêla] et Nicandre [loc. cit.] ; Brun, Leguilloux dir. 2014, fig. 132).

24Le tannage consiste à immerger les peaux, durant plusieurs semaines ou mois, dans des bains successifs incluant des produits tannants, dans des jarres ou des cuves, et à les battre au moyen de rondins de bois pour une meilleure imprégnation des produits ou pour leur extraction en cours ou en fin de traitement (scholies à Aristophane, Souda : voir Dercy 2015, p. 42). Le rinçage des peaux permet enfin d’évacuer leur mauvaise odeur. Les tanins végétaux répertoriés se répartissent en deux catégories : les tanins tinctoriaux, qui colorent les peaux en plus de les tanner — acacia, noix de galle, sumac, grenade —, et les tanins « neutres » — surtout des écorces d’arbre : chêne, pin d’Alep, aulne, vigne blanche et sauvage et notia, plante non identifiée (Théophraste, Dioscoride, Pline, Galien : voir Dercy 2015, p. 203-206). Une dernière phase, le corroyage, consiste à graisser le cuir en le battant et en l’étirant afin d’en allonger les fibres, ou encore en exerçant à sa surface une légère pression au moyen de lames à faible tranchant, de certains os plats et longs ou de scapulas retrouvés dans des contextes gallo-romains et interprétés comme des « lissoirs » (Dercy 2015, p. 45 ; Brun-Leguilloux dir. 2014, fig. 132). Au-delà du travail au sein de l’atelier du tanneur, un entretien régulier du cuir est nécessaire. Les produits recommandés par les sources sont, pour les chaussures, la poix (konos ; Aristophane), la melantèria (cirage noir de composition inconnue ; Lucien), peut-être la cire (Hérondas) ; l’amurca, un sous-produit de l’olive (Caton, Varron, Pline), concerne tous les cuirs (Dercy 2015, p. 45).

25Le dosage en tan doit être adapté au derme : une peau de bovin supporte un bain à forte concentration de tanin, contrairement à une peau d’ovin. Le cuir de bovin, le plus épais et le plus résistant, est adapté à la confection d’objets nécessitant un matériau robuste et d’une épaisseur d’au moins 3 à 4 millimètres, notamment si l’objet est amené à être élaboré ou renforcé au moyen de rivets, de clous, de pièces métalliques : pièces d’armement (cuirasse, casque, jambières) et de protection (tablier d’artisan, lanières de boxeur), sangles et lanières (harnachement ; laisses, muselières), semelles. Ainsi, une stèle des ier-iie siècles de notre ère conservée au musée Carnavalet à Paris (inv. AP94) montre un forgeron qui porte pour protections une calotte ronde sur la tête et un tablier rigide à col rond, épousant à peine ses formes et laissant ses bras découverts, vraisemblablement en cuir (Caruel 2016, p. 118, n. 21 et fig. 7 ; voir également la statuette de cordonnier en bronze reproduite dans Leguilloux 2004, p. 70). Le cuir de mouton et de chèvre, à la fois souple et résistant, est parfaitement adapté à la confection d’articles qui offrent une relative protection et permettent des mouvements aisés : certains vêtements, empeignes de chaussure, objets pliables et pourvus d’une certaine élasticité (outres, sacs...). Le cuir de porc, très souple et fragile, est peu attesté. Son utilisation dans la confection de chaussures est restreinte par certains interdits rituels. De plus, il est réputé déchirer la peau de l’homme, donc inadapté à la fabrication d’objets comme les énarmes de bouclier ou les lanières de cuir pour la boxe.

  • 7 La fin d’activité des huit cuves de l’atelier de Saepinum a vraisemblablement lieu au cours du IVe (...)

26Contrairement aux peaux qui ont subi un autre traitement (graissage, alun), les cuirs réalisés par tannage végétal ont été conservés en milieu humide (Driel-Murray 2001, p. 55-56) ; dans les milieux secs, comme dans le fortin de Didymoi, — en fonction du dernier quart du ier au deuxième quart du iiie siècle de notre ère —, ils correspondent aux objets les mieux conservés en termes d’aspect originel et de souplesse (Leguilloux 2006, p. 26). En dépit de la connaissance des vertus tannantes de certains végétaux dès l’époque grecque classique, reposant peut-être sur leur utilisation empirique dans les ateliers de tanneurs (Dercy 2015, p. 40), il semble que le développement maîtrisé de cette technologie date des premiers siècles de notre ère, époque où elle se serait diffusée dans les territoires de l’Empire (Driel-Murray 2002, p. 260-261). Le complexe de la tannerie I 5 de Pompéi est l’exemple le mieux documenté du développement proto-industriel du tannage végétal à une époque où la cité semble passer d’une production de consommation locale à une production tournée vers des exportations [cf. article « Évolution des installations : la tannerie I 5 de Pompéi »]. La sectorisation par zones d’activité pourrait correspondre à une division du travail, voire à une spécialisation des tâches à des fins de rentabilité, pour permettre de répondre aux besoins importants en équipement militaire et aux visées commerciales d’un Empire en pleine expansion. À l’inverse, les vestiges d’objets réalisés en cuir postérieurs à la fin du ive siècle de notre ère devenant rares, on peut penser que c’est le changement à grande échelle des procédés de fabrication qui a empêché leur conservation7 (Williate, Corsiez 2006, p. 209, n. 9).

Pelleterie

27Les mentions de « préparateurs de fourrures » (sisyropoioi nakodepsai ; pelliones, pelarii) et les sources antiques relatives à cette fabrication sont bien plus rares encore que celles relatives à la fabrication du cuir. Seuls des rapprochements avec des sources médiévales, dans une démarche comparatiste, permettent de reconstituer une chaîne opératoire complète (Delort 1986, p. 64-73 ; Leguilloux 2004, p. 74-76 ; Dercy 2015, p. 36 et 42). Les dépouilles de fauves (lions, panthères, lynx, ours) ou d’autres animaux sauvages (martres, loutres, taupes, castors, cerfs, faons, ours, loups, lynx, renards...) proviennent localement de la chasse ou sont importées.

28Hippocrate indique le premier, dans une formule synthétique, certains des gestes pratiqués et répétés par les fourreurs (nakodepsai) à différentes étapes de leur travail : « ils étendent, pressent, peignent, lavent » (Du régime, I, 19, 1). Après une première phase de lavage ou de trempe selon que les dépouilles soient fraîches ou sèches, il s’agit d’éliminer les résidus de graisse et de chair des poils, tout en assurant l’assouplissement de la face interne des peaux. Une graisse végétale devait être appliquée sur le pelage et le derme, la pénétration du corps gras étant assurée par des opérations consistant à les fouler, les malaxer ou les battre. Après un écharnage du derme, le surplus de graisse était ôté par immersion dans un mélange d’eau et de substances dégraissantes — certainement l’urine ou la craie, toutes deux utilisées par les foulons pour dégraisser les vêtements de laine.

29Un passage du roman d’Apulée décrit la préparation sommaire d’une peau d’ours par des cambrioleurs qui comptent en faire un déguisement utile à leur méfait : « nous le dépouillons proprement en séparant cuir et chairs ; […] nous raclons soigneusement la peau pour l’amincir et, après l’avoir saupoudrée de cendre fine [minuto cinere], nous la mettons sécher au soleil » (Métamorphoses, IV, 14, 6-8). La cendre, mentionnée dans ce seul texte, peut servir à absorber l’humidité, voire à masquer les odeurs ; mêlée à l’eau, elle aurait en revanche une action caustique et dépilatoire. La suite du texte, elliptique, concerne l’enfilage du costume par l’un des brigands, le « cuir, devenu souple et maniable, s’ajust[ant] bien à son corps », sans toutefois préciser le traitement qu’il a reçu, les coutures disparaissant sous l’épaisseur des poils (ibid., IV, 15, 1-3).

30L’immersion prolongée des peaux dans des bains de tanins végétaux est donc à exclure, car elle aurait pour effet de provoquer la chute des poils. Après une nouvelle phase de rinçage et de séchage, elles étaient sûrement imbibées de saumure puis étendues pour être séchées, maintenues à plat sur le sol ou, mieux, sur des chevalets au moyen de chevilles de bois (pattaloi ; pali), mentionnées chez les auteurs comiques (Aristophane, Les Cavaliers, 371 et scholie ; Plaute, Menaechmi, 404). Le recours à l’alun, non attesté, n’est pas à écarter.

31La teinture des fourrures a pu être réalisée pour en rehausser l’éclat ou en modifier la couleur initiale. Les poils étant plus résistants et fixant moins facilement les colorants que les fibres du cuir en raison de la kératine dont ils sont constitués, ils étaient imprégnés de produits mordants. Les textes cosmétiques latins relatifs à la coloration de la chevelure dans des teintes rouges mentionnent le sapo, à base de suif de chèvre et de cendre de hêtre, inventé par les Gaulois et utilisé chez les Germains pour se colorer les cheveux en roux (Pline, Histoire naturelle, XXVIII, 191) ; certains sucs d’herbe et onguents, de composition inconnue, sont en usage chez les peuples germaniques (Ovide, L’Art d’aimer, 3, 163 ; Martial, Épigrammes, VIII, 33 ; XIV, 26 et 27).

32Une dernière étape consistait à redresser les poils, par un foulage léger et le recours au peigne à carder.

  • 8 Nous entendons ici par « fourrure » une peau qui, après traitement, a conservé l’intégralité et la (...)

33En dehors des descriptions des vêtements barbares dont elles constituent l’un des « signes construits » (Chauvot 2016, p. 15-16), les fourrures8 sont peu mentionnées dans les sources littéraires. La peau de panthère ou de lion portée par les plus grands guerriers homériques (Homère, Iliade, III, 17 ; X, 29-30 ; X, 23), vêtement de prestige doté d’une symbolique agressive et d’une valeur protectrice, reste exceptionnelle. Dans l’armée romaine, le port d’une peau de loup ou de lynx par les vélites, trompettes ou porte-enseignes participe de cette même valeur symbolique et pourrait se rattacher à des rites de probation guerrière (Leguilloux 2004, p. 85 ; Lavergne 2002, p. 224-225). Se vêtir de fourrures d’apparat, fait attesté dans des textes satiriques ou moralisateurs, y est donné comme le signe du mauvais goût ou d’une vie de débauche. Aristophane moque ainsi deux personnages de jeunes gens qui font d’une fourrure (vêtement ou couverture ?) une marque ostentatoire de richesse (Les Guêpes, 738 ; Les Nuées, 10-11). La parure des matrones romaines « couvertes d’or, de pourpre, […] de fourrure [pelles] » est décriée par Caton, dans le contexte polémique relatif à l’abrogation de la loi Oppia en 195 avant notre ère (Les Origines, VII, 9). Au iie siècle de notre ère, Tertullien fustige le goût pour le luxe d’une femme qui « charg[e] d’ornements [s]es tuniques de peau » (Tertullien, De l’ornement des femmes, I, 2). Ces critiques, somme toute assez rares, certifient moins la réalité d’une habitude bien ancrée qu’elles n’attestent l’existence d’un goût, d’une attirance esthétique pour les fourrures dans l’Antiquité (Lavergne 2002, p. 220).

34Enfin, dans la sphère publique, il n’est pas de bon ton sous l’Empire de se montrer en public avec un vêtement ou un accessoire de fourrure. Pline ne dissimule pas sa curiosité, voire son mépris, quand il mentionne le fils d’un chevalier romain d’Arles « dont la famille du côté paternel s’habillait de fourrures [paternaque gente pellitum] » (Histoire naturelle, XXXIII, 143). La critique se fait plus virulente encore à la fin du ive siècle à l’encontre des cadres militaires qui, recrutés parmi les peuples germaniques, imitent les usages de ces derniers alors qu’ils constituent l’élite de l’Empire. Quelques années après le vote de lois sur le port de vêtements barbares à Rome en 397 et en 399, Claudien attaque Rufin qui se flatte d’adopter les coutumes barbares et « remet sur sa poitrine des peaux de fauves » (Claudien, Contre Rufin, II, 78-79 ; 82-83 ; 85). Il faut attendre l’entrée en vigueur du Code théodosien en 439 pour lire l’interdiction de porter des braies et des bottes (tzangae), des cheveux longs et des vêtements de peau, même par les esclaves (Code théodosien, XIV, 10, 4).

Conclusion

35Ce très bref aperçu du travail des peaux pour les périodes grecque et romaine jusqu’au Haut-Empire souligne, tout d’abord, que le ravitaillement en peaux, conditionnées sommairement, a connu différentes échelles d’organisation afin de répondre à un besoin non secondaire mais essentiel en peaux, tant elles étaient utiles pour la confection d’objets usuels, dans un matériau doté de qualités propres. De plus, il rappelle l’existence dans les campagnes d’une autoproduction de biens, n’exigeant pas d’installations lourdes ni de compétences techniques expertes, qui a certainement constitué une alternative ou un complément à l’artisanat textile. Il met en lumière certaines des récentes découvertes d’ateliers de tanneurs implantés dans des centres urbains ou en périphérie, et leur développement dès le ier siècle de notre ère, dans le cadre d’une production dépassant les besoins locaux. Enfin, il montre que les vêtements de peau, ayant souvent souffert du discrédit des auteurs anciens, ne constituent pas une part négligeable des realia, que l’utilisation des peaux et du cuir ne saurait se réduire aux domaines de l’armement et des chaussures, volontairement peu évoqués ici. En ce sens, cet artisanat méritait bien qu’on l’étudie davantage.

Abréviations
adpca : Association pour la promotion et la diffusion des connaissances archéologiques
cuf : Collection des universités de France
Ifao : Institut français d’archéologie orientale
lcl : Loeb Classical Library

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Bibliographie

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Notes

1 Article issu d'une recherche effectuée par l'auteur dans le cadre d'un Master 2 qui a donné lieu à publication en 2015.

2 La taille de l’animal n’est un critère que dans le cas où l’objet doit être réalisé d’une seule pièce, sans ou avec le moins de coutures possible, comme les outres. Le « patron » de la pièce à confectionner peut donc être pensé très tôt dans la chaîne opératoire.

3 On estime qu’il faut trois kilogrammes de sel pour traiter une peau de chèvre.

4 Les déchets osseux de tannerie regroupent chevilles osseuses, phalanges et métapodes (pieds), vertèbres caudales et, pour les bovins, fragments de frontaux. Les cornes des bovins sont sectionnées à la base ou laissées en place et circoncises lors du dépeçage. Les artisanats de la corne et de l’os (tabletterie) se ravitaillent donc à l’abattoir ou chez les tanneurs, de même que les fabricants de colle selon qu’ils utilisent les diaphyses d’os longs (colle d’os) ou les rejets de tannerie (colle de peau).

5 Le document douanier de Zaraï mentionne la tarification appliquée aux produits lorsqu’ils franchissent un péage, une douane ou un octroi (portus). L’édit de Dioclétien informe non du prix réel et fixe, mais maximal, d’un grand nombre de produits courants ou de luxe : il distingue notamment la peau « non apprêtée » (pellis infecta) de la peau « achevée » (confecta).

6 Ce composé chimique a fait l’objet d’un traité par Théophraste, dont nous ne possédons plus que le titre (Sur le sel, le natron et l’alun) grâce à Diogène Laërte, et Dioscoride n’en mentionne que l’emploi médical pour nettoyer et cicatriser les plaies, en raison de ses vertus échauffante et astringente.

7 La fin d’activité des huit cuves de l’atelier de Saepinum a vraisemblablement lieu au cours du IVe s. ; la tannerie de Salapia (Pouilles) fonctionne de la seconde moitié du IIe s. - début du IIIe siècle jusqu’au milieu du Ve s. au plus tôt.

8 Nous entendons ici par « fourrure » une peau qui, après traitement, a conservé l’intégralité et la qualité de son pelage, non une peau rudimentaire qui, à la suite d’un traitement sommaire, présente des poils résiduels, dont il a été question plus haut.

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Table des illustrations

Titre 1. Dessin d’après une amphore attique à figures rouges attribuée au Peintre de Pan, vers 470-460 av. n. è.
Crédits Boston, Museum of Fine Arts, n° 01.8109. J.-C. Adenis, d’après cliché.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/15701/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 172k
Titre 2. Stèle dite « des bouchers » représentant la dépouille d’un jeune bovin castré, suspendu par les jarrets (non visibles), tête et bas de pattes sectionnés.
Légende Après incision le long du ventre et sur la partie médiane des membres, la peau est décollée et retroussée du haut vers le bas.
Crédits Musée archéologique de Dijon, Arb67/François Perrodin.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/15701/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 548k
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Pour citer cet article

Référence papier

Benoit Dercy, « Peaux sur peau. Fabrication et usages des vêtements en peaux et cuir dans le monde gréco-romain (VIIIe s. av. n. è.- IVe s. de n. è.) »Archéopages, 49 | 2023, 18-25.

Référence électronique

Benoit Dercy, « Peaux sur peau. Fabrication et usages des vêtements en peaux et cuir dans le monde gréco-romain (VIIIe s. av. n. è.- IVe s. de n. è.) »Archéopages [En ligne], 49 | 2023, mis en ligne le 08 janvier 2024, consulté le 19 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/15701 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/archeopages.15701

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Auteur

Benoit Dercy

Musée d’Archéologie nationale, Domaine national de Saint-Germain-en-Laye

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