• 1 Coordinateurs : Gilles Martin, André Delpuech.
• 2 Responsable d’opération : Gilles Deborde, Afan.

1Créé en 1830, le musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Troyes accueille, dès l’origine, les découvertes archéologiques locales, puis le mobilier issu des premières fouilles entreprises dans l’Aube. La détermination et l’entregent des membres de la Société académique de l’Aube, gestionnaire du musée, participent en cela de l’engouement pour l’archéologie caractéristique du xix^e siècle. D’importantes collections sont ainsi rassemblées qui forment aujourd’hui encore le socle du fond archéologique du musée troyen. De plus, l’accueil régulier du produit des fouilles auboises n’a jamais cessé tout au long du xx^e siècle et le musée s’est toujours efforcé de présenter le résultat des opérations récentes, telles les plus belles découvertes issues des fouilles réalisées de 1988 à 1993 par l’Afan avant l’aménagement de l’autoroute A51 ou celles dues aux transformations de l’urbanisme troyen. L’exploration de la vaste domus dite de Chaillouet, entre 1994 et 1995, en témoigne2. Depuis 2015, la ville de Troyes, avec le soutien de l’État, de la région Grand Est, du département de l’Aube et de l’agglomération Troyes Champagne Métropole, a entrepris la rénovation de l’ensemble des musées de France dont elle a la charge.

• 3 Maîtrise d’œuvre : cabinet Chartier-Corbasson ; muséographie : Duck Scéno.

2Dans ce cadre a débuté la complète réfection des salles d’archéologie créées de 1976 à 1977. Tout en demeurant réparties dans les sous-sols de l’ancienne abbaye Saint-Loup, siège du musée depuis toujours, elles vont ainsi connaître une totale transformation3. En 2021, l’essentiel du parcours de visite et les modalités techniques de la présentation au public des objets et ensembles retenus ont été entièrement conçus. Ce parcours, chronologique, s’appuie largement sur les plus récentes découvertes effectuées sur le territoire de l’Aube comme sur les études produites à leurs suites, dont une bonne part est le fait des archéologues de l’Inrap. Il procède du projet scientifique et culturel des musées de Troyes voté en 2011, dans le souci d’offrir aux visiteurs le moyen d’appréhender la succession des civilisations préhistoriques, protohistoriques et antiques présentes dans l’Aube, depuis les origines de l’Homme.

• 4 Comité scientifique pluri-institutionnel.
• 5 Sous le commissariat scientifique de Luc Baray, CNRS.

3Cette mutation des salles dédiées à l’archéologie auboise implique un fructueux travail de repérages, de recherches et d’échanges entre conservation des musées et archéologues du service régional de l’archéologie (SRA) ou des différents opérateurs, dont l’Inrap, en charge des fouilles les plus fécondes. La sélection des thèmes, puis des objets, procède directement, non seulement des fouilles elles-mêmes, mais surtout des publications (rapports, articles ou ouvrages) comme du récent travail mené à l’occasion des deux expositions organisées en 2018, l’une par le département de l’Aube et l’Inrap, Arkéaube. Des premiers paysans au prince de Lavau4, l’autre par les musées de Sens et Troyes, et reprise par le musée départemental de Nemours, Les Sénons. Histoire et archéologie d’un peuple gaulois5.

• 6 Sous la responsabilité de Bastien Dubuis, Inrap.
• 7 En l’occurrence, leur Centre de recherche et de restauration (C2RMF).

4De telles recherches se poursuivent d’ailleurs activement. C’est tout particulièrement vrai du mobilier de la tombe princière de Lavau qui fait l’objet d’un projet collectif de recherche exemplaire6, manifestant cette nécessaire collaboration entre les musées de France7 et le monde de l’archéologie : sous-direction de l’archéologie, Inrap, université de Bourgogne, collègues européens… Par ailleurs, à la fin de l’année 2021, le département de l’Aube a fait paraître les actes du fructueux colloque L’Aube, un espace clé sur le cours de la Seine, tenu des 17 au 19 septembre 2019, synthèse particulièrement bienvenue qui, loin de s’en tenir aux limites chronologiques et géographiques de l’exposition départementale, étend ses réflexions du Paléolithique au Moyen Âge dans l’ensemble de la Champagne et de la vallée de la Seine (Dohrmann et al. 2021). Les résultats déjà obtenus comme ceux attendus ne peuvent que nourrir l’apparat critique qui, dans ce parcours muséal, accompagnera les témoins de ces temps lointains mais appréciés de nos contemporains.

• 8 Fouille 2014-2015, sous la responsabilité de B. Dubuis, Inrap. Voir l'article « Expérimentations te (...)

8La tombe princière de Lavau8 sera l’un des points d’orgue de ces salles archéologiques rénovées. Elle aussi sera présentée au sein de sa nécropole, née au Bronze final et qui perdure jusqu’à l’époque romaine. Sans négliger la nécessaire mise en valeur des mobiliers d’exception dont le défunt avait su s’entourer, la présentation de ce tombeau sera le point focal permettant d’évoquer un moment clef d’une civilisation particulièrement brillante, lors de la transition Hallstatt-La Tène au milieu du v^e siècle avant notre ère. Ces salles n’ouvrant qu’à l’horizon 2026, l’ensemble des publications scientifiques en cours d’élaboration pourront être mis à profit, en accord avec l’équipe des chercheurs, pour nourrir les multiples propos mis à disposition des publics, au travers des objets eux-mêmes, de leur agencement dans les salles, et des outils de médiation qui les accompagneront, ponctuellement ou en permanence, matériels comme immatériels.