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1 - Dynamique de la recherche

Prescrire de l’archéologie préventive sur des sites de la Seconde Guerre mondiale en France. Une politique qui va de soi ?

Prescribing preventive archaeology on Second World War sites in France. A self-evident policy?
Prescripción de arqueología preventiva en yacimientos de la Segunda Guerra Mundial en Francia. ¿Una política evidente?
Vincent Carpentier et François Fichet de Clairfontaine
p. 232-243

Résumés

Si la légitimité de l’archéologie de la Seconde Guerre mondiale est encore discutée et que les chercheurs français engagés dans l’étude des grands conflits du XXe siècle restent peu nombreux, ces derniers sont parvenus néanmoins à jeter les fondations d’un questionnement novateur sur ces vestiges particuliers. L’examen des opérations menées à travers le territoire national met en lumière d’importantes disparités d’une région à l’autre, en même temps que la part déterminante de l’archéologie préventive dans l’émergence de cette spécialité. S’en dégagent trois grandes catégories de site qui font l’objet de la plupart des prescriptions : des lieux d’internement, des zones de stationnement de troupes en lien avec les phases de combat et des ouvrages défensifs du Mur de l’Atlantique. Les problématiques qui en découlent sont aujourd’hui mieux maîtrisées et contribuent au renouvellement des connaissances relatives au conflit, en mettant l’accent sur la matérialité des combats et l’histoire des comportements.

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Texte intégral

  • 1 Voir aussi V. Carpentier, B. Labbey et V. Tessier, « Apports récents du diagnostic à l’archéologie (...)

1Depuis un peu plus de vingt ans, l’archéologie de la Seconde Guerre mondiale connaît une lente mais sûre évolution, à la fois dans sa prise en compte par les services régionaux de l’archéologie (SRA) et dans la conduite des recherches. Sans vouloir revenir en détail sur les premiers pas et les raisons de ce lent mouvement (Fichet de Clairfontaine, Prestreau à paraître ; Carpentier, Marcigny 2019)1, on soulignera que sa légitimité était et reste discutée. En premier lieu en raison de la pléthore d’archives papier, photographiques, sonores, cinématographiques, du patrimoine mobilier surabondant ou des innombrables vestiges immobiliers du passé récent qui marquent toujours fortement les paysages (entre autres le long des côtes de la Manche et de l’Atlantique). Ensuite, parce que les survivants ont alimenté chroniques, interviews et enquêtes, tout aussi nombreuses, et que, alors même qu’ils disparaissent peu à peu, leurs témoignages et contributions constituent une mine d’informations plus qu’appréciable. Que pourrait apporter l’archéologie sur des faits contemporains que l’historien ignore encore, sur le champ de la recherche préventive comme programmée ?

2Si l’on prend pour exemple la région Normandie et plus particulièrement l’ancienne Basse-Normandie (Calvados, Orne et Manche), elle fut animée d’intenses combats qui ont profondément marqué ses paysages urbains comme ruraux, et les découvertes de vestiges de guerre y sont légion depuis la fin même des années 1940 (Carpentier, Marcigny, 2019). Très tôt, les premiers explorateurs (collectionneurs, passionnés de l’histoire du conflit, responsables ou directeurs de musées de militaria) ont amplement arpenté ses côtes et ses campagnes afin d’enrichir leurs fonds, et force est de constater que, longtemps, l’exploration des champs de bataille a été délaissée par les archéologues au bénéfice d’autres acteurs. Cette situation se retrouve un peu partout en France, jusqu’au début des années 2000, avec au mieux quelques archéologues, du reste bien esseulés, ou des bénévoles « éclairés » engagés dans l’étude d’éléments du mur de l’Atlantique (la « Bunker archéologie » de Paul Virilio par exemple : Virilio 1975) ou dans celle de sites de crashes aériens (Association normande du souvenir aérien 39-45 ; association Aérorecherche de Gilles Collaveri : Collaveri 2013 ; Gilles Moreau en Bourgogne : Moreau 2002 ; etc.). Outre les raisons données plus haut, on arguera que les priorités scientifiques privilégiaient alors l’étude des périodes plus anciennes et qu’un manque de réelle formation ou de sensibilisation sur le « passé contemporain » grevait les démarches. Par voie de conséquence, les bilans scientifiques régionaux (BSR) des années 1992-2000 ne mentionnent quasiment aucune découverte intéressant la période 1939-1945, l’existence de vestiges étant au mieux brièvement évoquée, et ceux-ci rarement décrits dans les notices [ill. 1].

1. Évolution par type d’intervention des occurrences de vestiges de la Seconde Guerre mondiale dans les BSR de la région Normandie (réunie), de 1998 (première occurrence) à 2019 (dernière livraison du BSR pour cette région).

1. Évolution par type d’intervention des occurrences de vestiges de la Seconde Guerre mondiale dans les BSR de la région Normandie (réunie), de 1998 (première occurrence) à 2019 (dernière livraison du BSR pour cette région).

V. Carpentier, Inrap.

Une patiente émergence

  • 2 Les informations relatives aux opérations préventives reposent sur le dépouillement des BSR, l’anal (...)
  • 3 Saint-Remy-la-Calonne (Meuse), responsable d’opération (RO) : F. Adam, Afan.
  • 4 RO : J.-P. Legendre, SRA de Lorraine.
  • 5 Fouille à la Pièce du Pressoir, RO : C. Marcigny, Afan.
  • 6 RO : N. Coulthard, service départemental
  • 7 Diagnostic à la Motterie, RO : F. Tournier, Inrap, 2006 ; fouille, RO : R. Early, Oxford Archéologi (...)

3Parmi toutes les raisons qui, depuis la fin des années 1990, ont conduit les SRA, associés aux acteurs de l’archéologie de terrain et tout particulièrement à l’Inrap, à prêter une attention accrue aux sites de combat et à ceux de la vie quotidienne contemporains des années 1939-1945, le développement exponentiel de la recherche préventive, à commencer par la réalisation de diagnostics imposant de documenter tout vestige mis au jour pendant une opération, est sans doute la principale2. Mais, pour essentielle qu’elle soit, elle n’est pas suffisante. Il fallait encore que les vestiges mis au jour soient bel et bien considérés comme de la documentation archéologique à part entière ; plusieurs SRA insistèrent sur la nécessité de les inventorier et si possible de les contextualiser dans les rapports d’opération. Il fallait aussi que des archéologues « volontaires » se saisissent pleinement de ce nouveau sujet d’enquête (Yves Roumegoux, Jean-Pierre Legendre, F. Fichet de Clairfontaine, Emmanuel Ghesquière, Cyril Marcigny ou V. Carpentier…). Bravant quelquefois les réticences de leur hiérarchie, ils ont peu à peu forcé l’attention de leurs collègues, malgré les vives critiques sur l’opportunité scientifique de la démarche, sur son coût alors qu’il reste tant à faire pour les périodes antérieures, jusqu’au risque de mise en danger, logiquement mis en avant en arguant de la dangerosité des sites susceptibles de conserver des munitions actives. Il fallait enfin que quelques découvertes emblématiques viennent soutenir la démarche. Ainsi, pour la Première Guerre mondiale, celle de la tombe d’Alain-Fournier avait pu servir de « détonateur » en 19913 (Adam 2006). Pour le conflit suivant, on signalera l’effet levier de la fouille, en 1997, des vestiges d’un Lancaster RA 502 de la Royal Air Force (RAF) crashé à Fléville-devant-Nancy en Meurthe-et-Moselle4 (Legendre 2011a) ou la mise au jour, en 1998, à Mosles (Calvados), à l’occasion de la fouille d’un site de l’âge du Fer, d’un camp britannique de prisonniers allemands créé en 19445 : cette découverte sera intégrée à la notice publiée dans le BSR de l’année 1998, les témoins étant bien considérés comme des vestiges archéologiques (Marcigny 1999). Au cours de cette même année 1998, un abri sans doute allemand de 1944 était aussi étudié à Touffréville (Calvados)6 (Carpentier, Marcigny 2019) [ill. 2 : a]. Il faudra toutefois attendre 2006 pour que la première prescription de fouille préventive soit prise en France sur un site de la Seconde Guerre mondiale, en l’occurrence sur le camp de prisonniers de guerre allemands de La Glacerie (Manche)7 (Early 2013 ; Fichetde Clairfontaine 2013 ; 2016) [ill. 2 : b]. Elle marquera d’autant plus les esprits que, au même moment, des historiens s’emparaient eux aussi du sujet de ces camps (Peschanski 2002 ; Schneider 2013 ; Théofilakis 2014).

2a. Abri enterré de Touffréville, probablement allemand car très similaire à des positions de la Wehrmacht sur le front de l’Est.

2a. Abri enterré de Touffréville, probablement allemand car très similaire à des positions de la Wehrmacht sur le front de l’Est.

Des témoignages de vétérans britanniques évoquent l’existence de tels abris souterrains à cet endroit précis du front de Normandie, à l’est de Caen, où les combats se sont prolongés du 6 juin au 21 août 1944.

N. Coulthard, service départemental de l’archéologie du Calvados

2b. Une des cabanes de fortune du camp de prisonniers allemands de La Glacerie, près de Cherbourg.

2b. Une des cabanes de fortune du camp de prisonniers allemands de La Glacerie, près de Cherbourg.

Celle-ci comporte des vestiges de plancher ainsi que les restes d’un poêle de fortune bricolé à partir de matériaux de récupération par les détenus eux-mêmes, qui étaient employés au déminage, au déblaiement des ruines ou dans les fermes des environs.

R. Early, SRA.

2c. Camp de prisonniers allemands « Fronstalag 230 » de la Chauvinerie (Poitiers) mis au jour lors de deux diagnostics conduits en 2008 et 2011.

2c. Camp de prisonniers allemands « Fronstalag 230 » de la Chauvinerie (Poitiers) mis au jour lors de deux diagnostics conduits en 2008 et 2011.

Au nombre des vestiges du camp, des allées en calcaire compactées par les détenus eux-mêmes, à l’aide de rouleaux à main.

S. Leconte, Inrap.

2d. Camp d’internement de Gurs (Pyrénées-Atlantiques).

2d. Camp d’internement de Gurs (Pyrénées-Atlantiques).

Il fut ouvert en 1939 par les autorités françaises afin d’y regrouper les réfugiés de la guerre civile espagnole, puis servit sous l’Occupation à l’internement de détenus politiques ou juifs. Après son démantèlement en 1946, il tomba dans l’oubli jusqu’à la création d’un mémorial national en 1994, rénové en 2007. Cette baraque en bois de 30 mètres sur 6, l’une des trois cents que comportait le camp, destinée à loger une soixantaine d’internés, a été reconstituée à partir des ultimes vestiges présents sur le site et des documents d’archives.

Iñaki LL, Wikipédia.

2e. Une des baraques du camp de Rivesaltes avant la création du mémorial, inauguré en 2015.

2e. Une des baraques du camp de Rivesaltes avant la création du mémorial, inauguré en 2015.

Ce camp fut surnommé par Serge Klarsfeld « le Drancy de la zone libre » en raison de son rôle dans la déportation des juifs étrangers du Sud de la France en 1942. Il accueillit plusieurs catégories d’internement depuis sa fondation en 1935 jusqu’à son déménagement en 2007.

J.-P. Legendre, Drac Grand Est, SRA.

2f. Camp d’internement du Vernet (Ariège).

2f. Camp d’internement du Vernet (Ariège).

Il fut ouvert en 1939 pour y interner les combattants de la guerre d’Espagne (républicains et membres des Brigades internationales) puis utilisé de 1942 à 1944 pour le regroupement et la déportation des juifs. Il a donné lieu en 2022 à un diagnostic qui a permis de restituer son plan et de fouiller une vaste fosse-dépotoir d’où ont été exhumés de nombreux objets en rapport avec le quotidien des détenus.

DAO : L. Cordier, Inrap.

  • 8 Cf. article Le Boulaire/Varenne dans ce numéro p. 241.

4En 2013, la ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filipetti, déclarait que les vestiges des conflits armés du xxe siècle devaient « bénéficier d’une prise en compte et d’une protection identique à celle des autres éléments du patrimoine archéologique » (Legendre 2021). De fait, les événements étant entrés dans le champ de l’histoire, leurs vestiges devaient donc relever du champ patrimonial. Il n’est pas anodin de constater que l’archéologie des périodes moderne et contemporaine a depuis constitué un volet spécifique de la programmation du Conseil national de la recherche archéologique (CNRA) en 2016, un sous-chapitre étant titré « Archéologie des contextes militaires » (CNRA 2016, axe 14, p. 185-195). Depuis le milieu des années 2000, les opérations conduites sur des vestiges liés au dernier conflit mondial se sont multipliées, bien qu’elles restent très limitées en nombre. L’examen que nous avons pu faire des procès-verbaux des Cira/CTRA comme des BSR sur les années 2000-2020 permet de juger de la situation et des évolutions par région. Elles s’avèrent très variables d’une région à l’autre, certes en fonction de la densité des combats et de leur impact sur chaque territoire, mais aussi de l’intérêt porté à ce champ de la recherche. Actuellement, celui-ci se développe principalement dans les régions pionnières de l’Ouest (Normandie et Pays de la Loire)8, dans le Sud-Ouest (Nouvelle-Aquitaine et Occitanie) ainsi qu’en Grand Est, et plus particulièrement dans l’ex-région Lorraine comme en Champagne-Ardenne. Elle demeure plus mesurée en Île-de-France, dans les Hauts-de-France et en Corse comme en Paca, avec pour chacune en moyenne deux opérations recensées les cinq dernières années et ayant livré des informations. Pour la Provence, Xavier Delestre reconnaît que « l’exploration archéologique des sites militaires en est encore à ses prémices » (Delestre 2020, p. 84). Ailleurs, en Centre - Val de Loire, Bretagne, Bourgogne - Franche-Comté et Auvergne - Rhône-Alpes, cette archéologie est quasi absente des récents bilans (hormis dans le cadre de prospections-inventaires ou de demandes de sondages sur des sites de crash d’avion), mais des projets devraient se développer dans les années à venir (par exemple en Bretagne). L’examen des BSR démontre qu’à peine une vingtaine de notices, une trentaine dans les meilleures années, sur les 1 700 à 1 800 publiées par an, mentionnent des découvertes depuis 2005. Il s’agit souvent d’une simple évocation, rarement d’une description détaillée des structures ou mobiliers mis au jour. Les procès-verbaux des Cira/CTRA attestent en outre de l’émergence d’études spécifiques aux contextes militaires, quoiqu’encore limités voire dérisoires, selon les interrégions. Yves Desfossés note ainsi, pour le bilan 2017-2020 de la CTRA Ouest, que vingt-trois dossiers relatifs à l’archéologie des conflits contemporains ont été examinés, soit de cinq à six par an, 87 % d’entre eux concernant la seule région Normandie et le reste les Pays de la Loire, et la moitié des dossiers relevant de la recherche programmée. Cependant, sept dossiers de diagnostic auront également été instruits autour de ce thème pour la réalisation de fouilles préventives, soit une moyenne de deux par an, chiffre qui semble en progression.

La part déterminante de l’archéologie préventive

  • 9 Responsable : C. Billard (SRA de Normandie).
  • 10 RO : J. Brangé, université de Strasbourg, 2020.
  • 11 Responsables : M. Landolt (SRA Grand Est) et J. Brangé, 2020-2022.
  • 12 RO : F. Allegrini, service archéologique de la collectivité de Corse, 2021 ; information de L. Sevè (...)
  • 13 Responsables : C. Marcigny (Inrap) et L. Dujardin (Umr 6273 « Craham »).

5Force est de noter que la recherche préventive est de plus en plus souvent la principale pourvoyeuse de données, selon les régions à plus de 60 % voire 80 % du total des opérations. Si l’on remarque un certain équilibre, dans l’Ouest de la France, entre fouilles programmées et fouilles préventives, l’évolution semble annoncer une prééminence du domaine préventif, ce qui se constate aussi en Occitanie comme en Grand Est. Au crédit de la recherche programmée, il faut souligner l’importance de plusieurs projets d’étude, au premier rang desquels le projet collectif de recherche (PCR) « Patrimoine des vestiges de la Seconde Guerre mondiale en Basse-Normandie »9, ainsi que la prospection thématique10 et le PCR11 conduits sur le site concentrationnaire alsacien de Natzweiler-Struthof. On pourra aussi saluer les acquis des prospections thématiques conduites sur les sites d’enfermement en Lorraine par J.-P. Legendre, Stéphanie Jacquemot, Philippe Wilmouth et Michaël Landolt (Jacquemot, Legendre 2011 ; Landolt, 2018) ainsi que, en Corse, la prospection-inventaire menée sur les fortifications défensives italiennes et allemandes de l’île12. En Paca, plusieurs programmes, dirigés par des archéologues appartenant aussi bien au SRA ou aux collectivités qu’aux opérateurs (dont l’Inrap au premier chef), permettent d’alimenter la carte archéologique, d’esquisser de futures problématiques de recherche et de constituer des dossiers de protection au titre des monuments historiques ; ce fut le cas récemment des campagnes de prospection thématique réalisées par Guilhem Castellvi, en 2014-2016, sur les aménagements défensifs mis en place par la Wehrmacht sur le littoral des Pyrénées-Orientales. Sur la base de ce travail a pu être protégé, en 2019, un blockhaus-point d’appui situé à Torreilles. Enfin, il importe de saluer d’autres recherches portant sur les cultures matérielles en temps de guerre, notamment le programme d’étude de la carrière-refuge de la brasserie Saingt, à Fleury-sur-Orne dans le Calvados, achevé en 201913 (Carpentier et al. 2016).

  • 14 RO : J. Brodeur, Inrap.
  • 15 RO : S. Barbeau, Inrap. Cf. Adam Nossiter, « ‘Archaeology of D-Day’ Aims to Preserve What the Soldi (...)
  • 16 Fouille à la Main Delle, RO : A. Lefort, Inrap.
  • 17 Diagnostic à la Tour, RO : K. Monteil, Inrap, 2020.

6Concernant le champ préventif, on ne peut que constater que la majeure partie des diagnostics ayant livré des vestiges de la Seconde Guerre mondiale n’avaient pas été initialement prescrits sur cette motivation. Le plus souvent, les découvertes « inattendues » demeurent assez réduites ou modestes (quelques trous d’homme, des dépotoirs, des cratères d’obus, etc.). Mais elles peuvent parfois être saisissantes, notamment à l’occasion de la mise au jour de corps de soldats, comme à Avrillé (Maine-et-Loire) en 200414 (Brodeur, Stefanini 2014), ou à Maltot (Calvados), au pied de la cote 112, en 201915 [ill. 3] (Barbeau et al. à paraître). Ce peuvent être aussi les vestiges d’un atelier de réparation mécanique de chars, comme à Bourguébus (Calvados) [ill. 4], en 201316, ou des dépôts de matériel de guerre comme à Brignoles (Var), où des armes (une vingtaine de fusils français et anglais et un canon de mitrailleuse italienne) ont été retrouvées dans une fosse-dépotoir, créée sans doute à la suite d’une opération de démilitarisation de la ville menée à la fin du conflit17 (Delestre 2020).

3. Sépultures de soldats des deux camps, allemand et britannique, mises au jour à Maltot (Calvados), au pied de la cote 112.

3. Sépultures de soldats des deux camps, allemand et britannique, mises au jour à Maltot (Calvados), au pied de la cote 112.

Ce grenadier allemand (a), retrouvé couché sur le ventre dans une simple fosse, a été, comme cela est régulièrement observé en Normandie, oublié après la guerre. Les corps des soldats britanniques (b), en revanche, ont été inhumés dans des tombes provisoires signalées en surface, puis relevées au terme des combats afin d’être réinhumés dans des cimetières militaires. Dans ce cas, les archéologues ne retrouvent que des restes partiels, souvent d’extrémités (mains, pieds), accompagnés de matériel, ainsi que des enveloppes souples, toiles ou bâches, dans lesquelles les corps étaient enveloppés.

R. Lefebvre et V. Carpentier, Inrap.

4. Fosse mise au jour à Bourguébus (Calvados), en secteur canadien, dans l’emprise d’un vaste établissement enclos de l’âge du Fer.

4. Fosse mise au jour à Bourguébus (Calvados), en secteur canadien, dans l’emprise d’un vaste établissement enclos de l’âge du Fer.

Elle correspond à un atelier mécanique temporaire pour la réparation d’un char Sherman.

A. Lefort, Inrap.

  • 18 Diagnostics aux Cailloux et aux Groseilliers, RO : L. Vermard, Inrap, 2007 et 2013.
  • 19 Diagnostics dans la Zac des Montgorges, RO : S. Leconte, Inrap, 2008 et 2011.
  • 20 Fouille du camp 412, responsable d’opération : F. Lemaire, Inrap.
  • 21 Fouille au Champ de Manœuvre, parc d’activités de la Husselle, RO : N. Garmond, service archéologiq (...)
  • 22 Diagnostic et fouille sur la déviation de Gondreville et Vaumoise, RO : G. Desplanque, pôle archéol (...)
  • 23 Diagnostic rue du Stade, RO : A. Levillayer, Grand Patrimoine de Loire-Atlantique ; information d’I (...)

7Certains diagnostics peuvent encore révéler des camps « oubliés » de prisonniers, à l’instar de ceux de La Glacerie, dans la Manche, (Early 2013), de Vandœuvre-lès-Nancy en Meurthe-et-Moselle (Legendre 2011b), de Stenay dans la Meuse18 (Vermard, Adam 2014), de Poitiers dans la Vienne19 [ill. 2 : c] (Leconte 2014), de Miramas (Bouches-du-Rhône)20, de Bétheny dans la Marne21 (Garmond 2015) ou de Coyolles dans l’Aisne22 (Desplanque et al. 2018), etc. [ill. 2 : d, e]. On constatera, à ce sujet, à quel point la mémoire peut être volatile et ne conserver que peu de traces, sinon aucune, de sites pourtant récents et qui, pour certains, ont accueilli plusieurs dizaines de milliers de détenus jusqu’à la fin des années 1940. Bien d’autres vestiges ressurgissent de ce passé enfoui, comme en 2019 à Chaumes-en-Retz (Loire-Atlantique), où une opération motivée par l’existence de l’aqueduc antique d’Arthon-en-Retz a mis en évidence une position de tir des forces françaises lors des combats de la poche de Saint-Nazaire en décembre 194423. On le devine, enrichir la carte archéologique de ces nombreuses données relatives à des aménagements réalisés pendant les conflits armés du xxe siècle constituerait une aide appréciable à leur gestion, même si cela n’écarte pas le risque de maîtriser insuffisamment l’intérêt scientifique des découvertes lors de leur mise au jour.

  • 24 Diagnostic à la Gendarmerie, RO : F. Delahaye, Inrap, 2012.
  • 25 Diagnostic 39 rue de la Mer, RO : J.-Y. Lelièvre, service départemental de l’archéologie du Calvado (...)
  • 26 Diagnostic place du 9e Bataillon, RO : J.-Y. Lelièvre, service départemental de l’archéologie du Ca (...)
  • 27 1 route de Nielles, responsable d’opération : B. Labbey, Inrap.
  • 28 Hameau de Conteville, RO : B. Labbey, Inrap, 2019 ; information C. Billard.
  • 29 Quartier du Petit Maroc, RO : A. Le Boulaire, Inrap.
  • 30 RO : A. Le Boulaire, Inrap.
  • 31 RO : A. Le Boulaire, Inrap, 2020 ; information d’I. Bollard-Raineau.
  • 32 RO : A. Bolly, Archéologie Alsace.

8L’analyse des diagnostics réalisés en France ces dernières années, ainsi que celle de leur motivation, suggère cependant une augmentation significative des prescriptions ayant pour objectif l’étude de sites en contexte militaire. C’est le cas en Normandie [ill. 1], avec le diagnostic conduit en 2013 auprès de La Glacerie24, l’opération réalisée en 2019 sur la batterie de Longues-sur-Mer (Calvados)25, ou celle conduite sur l’extension du musée de la batterie de Merville-Franceville-Plage (Calvados) qui a vu la mise au jour d’un encuvement demeuré enfoui depuis la guerre26 (Lelièvre 2021). On peut aussi mentionner les diagnostics récemment prescrits à Cherbourg, sur une aire de dépôt de carburants de 194127, ou à Paluel (Seine-Maritime), sur un important point d’appui allemand comprenant une station radar28. En Pays de la Loire, ces cinq dernières années ont mené les archéologues à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), notamment en 2015, lors du diagnostic d’un bunker appartenant aux défenses portuaires29, ou, en 2019, en presqu’île de Guérande (Loire-Atlantique), sur plusieurs éléments du mur de l’Atlantique. Pour 2021, on recense deux nouveaux diagnostics motivés par l’analyse du système de défense allemand : à Saint-Nazaire, rue du Fort-de-l’Ève, pour l’étude d’un aménagement de la forteresse portuaire30, ainsi qu’au Mans, au sein de la cité administrative, sur des blockhaus du centre de commandement de la 7e armée allemande31. D’autres exemples peuvent être reconnus ailleurs en France, au nombre desquels le diagnostic, combien emblématique, conduit en 2018 à Natzwiller (Bas-Rhin) sur le site du camp de concentration de Natzweiler-Struthof32.

  • 33 RO : C.-C. Besnard-Vauterin, Inrap.
  • 34 RO : C. Riche, Inrap.

9Après l’examen de la documentation disponible, on constate que les recherches ne vont en général pas au-delà de la phase de diagnostic, celle-ci étant alors jugée suffisante. Il est vrai que, souvent, les vestiges ne présentent qu’un faible intérêt ou s’avèrent si modestes qu’un diagnostic suffit à leur étude (un dépotoir ou un trou d’homme par exemple). Par ailleurs, l’examen des rapports des fouilles préventives achevées montre que nombre de sites n’ont été parfois révélés et identifiés qu’au moment même de la fouille, motivée quant à elle par l’analyse d’une autre phase d’occupation. Ainsi en est-il en 2011 avec l’étude de l’aérodrome de Coulombs, aménagé par la RAF en 1944 sur l’occupation antique du Bas-des-Prés, à Bretteville-l’Orgueilleuse (Calvados)33 (Carpentier, Macigny 2019, p. 84) : on attendait surtout les vestiges d’une villa antique ! Plus récemment, en 2020, une position de défense antiaérienne allemande fut mise au jour lors de la fouille du site préhistorique des Hautes Novales à Saint-Aubin-lès-Elbeuf (Seine-Maritime)34.

  • 35 Les Hauts de l’Orne et rue Louise-Michel, RO : E. Ghesquière, Inrap, 2014 et 2016.
  • 36 Zac Terre d’avenir, RO : V. Carpentier, Inrap, 2017.
  • 37 RO : B. Labbey, Inrap.
  • 38 Cf. Pierre Barthélémy, « Archéologie : un vaste site fortifié de la Luftwaffe ressort de terre près (...)
  • 39 RO : C. Beurion, Inrap, 2018.

10Quoi qu’il en soit, dans la plupart des régions, on ne recense au mieux qu’une seule fouille préventive menée à ce jour sur un site de contexte militaire, comme à Miramas (Bouche-du-Rhône). A contrario, dans les régions « pionnières » de l’Ouest, du Sud-Ouest et de l’Est, de plus en plus de prescriptions de fouille préventive motivées sont dénombrées. En Normandie, après La Glacerie et plus récemment le camp canadien de Fleury-sur-Orne (Calvados)35, on peut mentionner l’opération préventive menée à Blainville-sur-Orne (Calvados) sur une position rattachée à la tête de pont britannique sur l’Orne36 ou en 2020, la fouille réalisée à Bretteville-sur-Odon (Calvados), sur près de 2,2 ha37. Cette dernière a concerné un point d’appui de la défense antiaérienne de la Luftwaffe situé dans le périmètre de l’aéroport de Caen-Carpiquet38. Alors que les sites de crash d’avion sont généralement étudiés par des associations de bénévoles ou par des organismes dépendant des ex-puissances belligérantes (États-Unis, Grande-Bretagne et Allemagne principalement), il faut ici signaler le diagnostic conduit au Val-de-Reuil (Eure) sur un gisement de cette nature39, tandis que l’une des fouilles de Fleury-sur-Orne a également permis de reconnaître les vestiges d’un crash militaire.

  • 40 RO : A. Le Boulaire, Inrap.
  • 41 RO : A. Le Boulaire, Inrap.
  • 42 RO : M. Sassi, Archeodunum, 2019.
  • 43 RO : A. Le Boulaire, Inrap ; information d’I. Bollard-Raineau.

11En Pays de la Loire également, dans le département de la Loire-Atlantique, plusieurs prescriptions de fouille ont inclus dans leurs objectifs l’étude de sites de la Seconde Guerre mondiale, comme en 2015 à Savenay, sur le camp de la Touchelais, comprenant l’étude du camp du corps expéditionnaire britannique devenu camp de prisonniers de guerre français (Frontstalag 182) et les vestiges d’un hôpital militaire allemand40. En 2015, la zone d’aménagement concerté (Zac) des Six Croix, à Donges, fut à son tour concernée par la fouille d’un bunker de la position de la Rovenais-Condé41. On pourra également mentionner la fouille de la zone d’activité de Brais à Saint-Nazaire, incluant l’étude d’un bunker42 ou, plus récemment, en 2021, celle d’une station radio de la Luftwaffe à la Belle Étoile, commune de Grandchamp-des-Fontaines43.

  • 44 RO : G. Seguin, Éveha.
  • 45 RO : D. Colonge et C. Dunikowski, Inrap.
  • 46 Saverdun, RO : L. Cordier, Inrap, 2022.
  • 47 Informations de Didier Delhoume, conservateur régional de l’archéologie d’Occitanie.

12D’autres régions ne sont pas en reste, et il faut évoquer par exemple l’importante opération menée de novembre 2021 à février 2022 sur le site de la Zac aéroportuaire de Tarbes à Azereix (Hautes-Pyrénées)44, intervenue à la suite d’un diagnostic réalisé en 2020, qui avait permis de mettre en évidence des vestiges d’aménagements défensifs des années 1940, attribués à la Luftwaffe, dans l’ancien aéroport de Tarbes45. Dans ce même cadre, à la suite d’un récent diagnostic conduit par l’Inrap sur un secteur du camp d’internement du Vernet (Ariège)46, en fonctionnement entre 1939 et 1944 [ill. 2 : f], une prescription de fouille serait susceptible d’être prise qui devrait concerner une zone de rejet-dépotoir.47

13Les analyses que l’on peut faire sur ces diverses interventions démontrent que la recherche archéologique menée en France dans le cadre de fouilles préventives se déploie aujourd’hui préférentiellement sur trois types de site : des lieux d’internement ; des zones de stationnement de troupes à différentes échelles en lien avec les phases de combat ; des ouvrages défensifs du Mur de l’Atlantique.

Les lieux d’enfermement

14Depuis la découverte du camp de La Glacerie en 2006, les travaux sur des camps d’internement militaire se sont multipliés (cf. supra). Toutes ces fouilles ont vu la redécouverte de sites oubliés et ont mis en lumière les conditions de vie et de détention des prisonniers de l’Axe sur le sol français, jusqu’à la fin de la décennie 1940. Ces études peuvent être rapprochées d’autres portant sur des sites de même nature à l’échelle internationale. Entre autres originalités, on relève ici l’importance toute particulière du mobilier et notamment des petits objets « bricolés », depuis le réchaud confectionné dans une caisse de ration métallique jusqu’à des bijoux, tableaux et autres ustensiles parfois vendus ou échangés hors des camps. Ainsi, à Stenay ou à Miramas, tout comme dans d’autres camps de prisonniers alliés – en Norvège par exemple (Romsdal : Jasinski 2013 ; Sværholt : Grabowski et al. 2014) –, les fouilles ont montré que les détenus collectaient et recyclaient systématiquement divers matériaux, toiles d’uniforme, cuir de brodequins américains, sangles ou musettes, en vue de servir à la confection de galoches et autres accessoires du quotidien [ill. 5].

5a. Cadre porte-photo en forme de cœur, réalisé à partir de tôles récupérées (site de Coyolles, Aisne).

5a. Cadre porte-photo en forme de cœur, réalisé à partir de tôles récupérées (site de Coyolles, Aisne).

La fouille de ce camp de prisonniers allemands, en 2014, a vu la mise au jour d’une exceptionnelle collection d’objets en lien avec le séjour et les activités des détenus. Parmi les nombreux objets recueillis, plusieurs témoignent d’activités de « bricolage » mises en œuvre à des fins de troc ou de revente auprès des populations des environs. D’autres matériaux étaient recyclés, notamment pour la confection de vêtements et de chaussures.

G. Desplanque, service départemental de l’archéologie de l’Aisne.

5b. Poêles confectionnés par les détenus dans des bidons recyclés, sur le vaste camp de Miramas (Bouches-du-Rhône).

5b. Poêles confectionnés par les détenus dans des bidons recyclés, sur le vaste camp de Miramas (Bouches-du-Rhône).

Les témoins de « bricolages » de fortune sont également nombreux sur ce site.

D. Bossut, Inrap.

5c. Vestiges d’un vaste camp de repos canadien et abords d’un immense camp de prisonniers allemands ouvert au sud de l’agglomération caennaise, mis au jour à Fleury-sur-Orne (Calvados).

5c. Vestiges d’un vaste camp de repos canadien et abords d’un immense camp de prisonniers allemands ouvert au sud de l’agglomération caennaise, mis au jour à Fleury-sur-Orne (Calvados).

Ont séjourné dans ce camp quelque 10 000 détenus, de 1944 à 1948. Au nombre des installations reconnues, ce réseau de drainage sanitaire comprenant plusieurs conduites enterrées formées de caisses de munitions en remploi, percées et disposées bout à bout. Elles formaient une patte d’oie reliée à une fosse de décantation. Ce type d’aménagement sanitaire, parfois évoqué par les archives de la Croix-Rouge, revêtait une importance cruciale face aux risques d’épidémie.

V. Carpentier, Inrap ; d. N. Garmond, service archéologique du Grand Reims.

5d. Cabane à usage de douche, recouverte d’une toile de tente, mise au jour sur le camp de prisonniers allemands de Bétheny (Marne).

5d. Cabane à usage de douche, recouverte d’une toile de tente, mise au jour sur le camp de prisonniers allemands de Bétheny (Marne).

Elle a été découverte en 2013 près de Reims, où les fouilles se poursuivent actuellement. Il s’agit là encore de l’un des rares témoins des pratiques d’hygiène collective mises en œuvre au sein de ces sites d’internement.

H. Paitier, Inrap.

5e. Redécouverte, chez des particuliers établis au voisinage du camp de La Glacerie (Manche), de portraits peints par un détenu et cédés en échange de quelques fournitures ou en guise de remerciement.

5e. Redécouverte, chez des particuliers établis au voisinage du camp de La Glacerie (Manche), de portraits peints par un détenu et cédés en échange de quelques fournitures ou en guise de remerciement.

Les interventions archéologiques sur des sites d’internement oubliés réactivent quelquefois les mémoires locales. Ce fut le cas à la suite de la fouille du de La Glacerie.

H. Paitier, Inrap.

5f. Lot de galoches fabriquées par les détenus au camp de Stenay (Meuse).

5f. Lot de galoches fabriquées par les détenus au camp de Stenay (Meuse).

Cette découverte illustre assez bien à la fois le dénuement des prisonniers et les pratiques de confection à partir de matériaux recyclés.

F. Adam, Inrap.

5g. « Botte d’hiver » du camp de Bétheny.

5g. « Botte d’hiver » du camp de Bétheny.

Ce brodequin enveloppé dans une toile réglementaire de fabrication hongroise, à la manière d’une « chaussette russe », évoque les rigueurs de l’internement au cours des rudes hivers champenois.

N. Garmond, service archéologique du Grand Reims.

  • 48 RO : S. Ziegler, conseil général de l’Oise, 2007.
  • 49 Light Detection And Ranging (détection et télémétrie par la lumière).
  • 50 Mémoire de master 1 recherche de J. Brangé : « Étude architecturale de l’ancien camp de Natzweiler- (...)

15Ces études de camps de prisonniers de guerre peuvent être mises en parallèle avec d’autres recherches menées en France sur plusieurs sites dédiés quant à eux à l’internement de civils. J.-P. Legendre a été l’un des premiers archéologues à en dresser l’inventaire, révélant une catégorie de vestiges bâtis et immobiliers peu renseignée par ailleurs, qui comprend de nombreux lieux d’incarcération et camps de regroupement ou de transit, la plupart à l’état d’abandon, pour lesquels il est apparu urgent de mettre en place des solutions adaptées de protection (Legendre 2017). Retenons parmi ces sites ceux en rapport avec la Retirada espagnole, dès avant le déclenchement même du conflit (Argelès, Barcarès, Gurs ou Saint-Cyprien dans les Pyrénées-Orientales ; Agde dans l’Hérault ; Bram dans l’Aude ; Septfonds en Tarn-et-Garonne), dont beaucoup furent réutilisés par le gouvernement de Vichy tandis que d’autres furent construits dans tout le pays afin d’y incarcérer des juifs avant leur déportation (Beaune-la-Rolande et Pithiviers dans le Loiret ; Compiègne dans l’Oise ; Drancy en Seine-Saint-Denis), des Tsiganes (Montreuil-Bellay en Maine-et-Loire), des militants communistes (Rieucros et Le Vernet en Ariège) et toutes sortes d’opposants, résistants ou suspects arrêtés à titre préventif (Peschanski 2002). Au tournant du xxie siècle, au terme d’une longue période d’oubli, des mesures de protection et de reconnaissance publiques furent édictées à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales, en 2000), aux Milles à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône, en 2004), à Drancy (en 2005) ou à Montreuil-Bellay (en 2010). À cette occasion, des études archéologiques de bâti furent conduites sur plusieurs sites d’internement français convertis en mémoriaux : Drancy (Pouvreau dir. 2013 ; Pouvreau 2014), Compiègne Royallieu48 (Ziegler 2007), le fort de Romainville (Fontaine et al. 2012 ; Fontaine 2013) ou la prison de Fresnes, célèbre surtout pour ses graffitis carcéraux sauvés de l’oubli par Henri Calet dès la fin de la guerre (Calet 1945 ; Schmitt 2011). En Alsace-Moselle annexée, J.-P. Legendre et M. Landolt ont mené des investigations sur une série de camps de travail forcé et d’internement politique pour Ostarbeiter (déportés civils « travailleurs de l’Est ») (Legendre, Wilmouth 2011). Enfin, l’Alsace vit ériger sur son sol le seul véritable camp de concentration nazi présent sur l’actuel territoire français : le « KL Natzweiler », où plusieurs opérations archéologiques préventives puis programmées ont mis au jour, de 2018 à 2021, de nombreux objets en lien avec la période concentrationnaire et la Libération ; surtout, à l’occasion des recherches programmées de M. Landolt et J. Brangé en 2020 et 2021, intégrant prospections géophysiques, carto- et photo-interprétation, recherches en archives, couvertures LiDAR49 et sondages ponctuels, a été réalisé le premier inventaire exhaustif des aménagements du camp et dressée leur cartographie50. Plusieurs vestiges d’installations bâties et industrielles ont également été identifiés, ainsi que des tunnels conservés aux abords de la carrière et des séries de graffitis inédites. Ces fouilles se poursuivent dans le cadre du PCR dirigé par M. Landolt, tandis que J. Brangé continue les recherches sur les camps annexes du Struthof situés dans l’actuel territoire français, en parallèle d’un programme de recherche européen qui leur est dédié outre-Rhin depuis 2017 par l’université de Bade-Wurtemberg (Hausmair, Bollacher 2018 ; 2019).

Les champs de bataille et les dispositifs défensifs

  • 51 RO : V. Carpentier, Inrap, 2016.

16Les zones d’affrontement, en Normandie notamment, ont livré elles aussi un grand nombre de vestiges, tantôt directement liés aux combats proprement dits (abris de combattants, positions d’artillerie, zones de parachutages…), tantôt à leurs conséquences (sépultures provisoires, cratères de bombe, destructions…). Dans certains secteurs, les archéologues normands sont désormais en mesure d’aborder l’échelle historiquement pertinente du théâtre d’opérations, dont l’étendue spatiale atteint, au cours du xxe siècle, une envergure inédite dans l’histoire de l’humanité ; les sites localisés autour de Caen, secteur où l’aménagement est particulièrement dynamique, sont à ce jour les mieux documentés : sites d’atterrissage et de combat de la 6e division aéroportée britannique et des unités rattachées ; villages où, comme à Anguerny51, de récentes fouilles ont mis au jour divers témoins des âpres combats livrés par les troupes anglo-canadiennes ; aires de bombardements aériens (carpet-bombings) ; vestiges d’immenses camps de regroupement comme, à Fleury-sur-Orne, au sud de Caen, celui de la 2e division d’infanterie canadienne, dans l’emprise duquel ont été fouillées des positions d’artillerie allemandes et alliées ainsi que nombreux abris creusés dans le sol par les fantassins et artilleurs canadiens, côtoyant les vestiges d’un vaste camp de prisonniers allemands ainsi que des carrières-refuges de civils fuyant les bombardements (Carpentier, Labbey à paraître). En 2014, ces vestiges ont constitué le second enjeu de la prescription des fouilles préventives.

17Quelques rares autres sites comparables ont été ou sont appelés à être fouillés en France. Pour le Grand Est, on peut ainsi évoquer l’étude de la Labor Service Company 8845, occupant la ferme du château du Charmois, à Vandœuvre-lès-Nancy en Meurthe-et-Moselle (Jacquemot, Legendre 2011, p. 186-221) ; d’autres lieux devraient également être concernés, comme le camp de Bazancourt (Marne), qui a fait l’objet d’une récente proposition de prescription de fouille préventive examinée par la CTRA Est en novembre 2019. Le cas de la Normandie reste pour l’heure le plus éclairant. Il y a bien été démontré à la fois le potentiel qu’offre le croisement des données archéologiques avec les sources historiques qui s’y rapportent et le caractère d’urgence de cette prise en compte des vestiges du conflit, dont la plupart se situent dans des espaces aujourd’hui densément urbanisés, où ils ont a priori tous disparu au moins depuis les années 1980, sans aucun suivi archéologique (Carpentier et al. 2018). En quelques années seulement, l’interprétation de ces découvertes a requis l’établissement de référentiels neufs à partir de sources historiques et militaires variées – archives et histoires officielles, manuels d’instruction militaire, couvertures photographiques de la RAF ou de l’US Army Air Force (USAAF) –, complétées par les récits, témoignages oraux, correspondances et photographies privées, etc. Dans le cadre de ce travail préliminaire, un dialogue fructueux a pu être établi avec les historiens spécialistes du conflit, et il est donc remarquable, ce que souligne Yves Desfossés dans le bilan de la CTRA Ouest 2017-2021, de constater l’émergence, en France, de cette Battlefield Archaeology bien davantage représentée jusqu’alors dans la recherche anglo-saxonne.

  • 52 RO : Pascal Couanon, SRA de Normandie, 2020.
  • 53 Voir aussi le mémoire de master 1 de L. Aymard : « Sites de crashs et archéologie contemporaine en (...)
  • 54 Tel ce pilote de planeur britannique de la 6e division aéroportée, disparu le 6 juin 1944, qu’il a (...)

18Par ailleurs, les découvertes de restes ou de corps de soldats oubliés, comme à Maltot et Éterville52 (Calvados) mais aussi en Pays de la Loire – par exemple sur le tracé d’un fossé antichar identifié à Avrillé (Maine-et-Loire) –, permettent aujourd’hui de réinterroger bien sûr la violence des combats mais aussi et surtout les gestes particuliers qui ont accompagné l’ensevelissement des cadavres (entre respect et vengeance). Il importe donc, quand cela est possible, que l’archéologie puisse accompagner les découvertes, très souvent fortuites bien qu’évidentes dès que l’on se situe sur une zone de combats intenses. Encore trop peu abordée, la question de la culture matérielle en temps de guerre, des comportements des civils dans la violence de guerre a également fait une timide apparition, et on saluera d’autant plus l’intérêt de l’étude de la carrière-refuge Saingt à Fleury-sur-Orne. Pour finir, on notera tout l’intérêt des réflexions en cours sur l’opportunité d’une archéologie à part entière du crash d’avion. On ne peut en effet évacuer l’analyse de tels sites en formulant le postulat que les avions comme les épisodes de crash sont déjà suffisamment bien connus grâce à d’autres sources. Plusieurs exemples ont au contraire clairement démontré que l’historique des faits reste souvent à réécrire (Legendre 2011a ; Roumegoux 2018)53, et qu’il est possible d’identifier individuellement des membres d’équipage portés disparus depuis la guerre à la lumière d’informations précises concernant la localisation et l’identification des épaves d’aéronefs54 [ill. 6].

6a. Fouille d’une association de mémoire américaine sur le site du crash d’un bombardier B17 de l’USAAF à Néron (Eure-et-Loir).

6a. Fouille d’une association de mémoire américaine sur le site du crash d’un bombardier B17 de l’USAAF à Néron (Eure-et-Loir).

Fouille réalisée dans le but d’y retrouver des restes humains susceptibles de permettre d’identifier des pilotes disparus par leur ADN. Les terres décapées en surface dans le périmètre du crash sont passées au tamis (responsables d’opération : Adam Frecchia et Tiffany Saul, Defense POW/MIA Accounting Agency, 2021).

Libre de droits.

6b. Partie de carlingue immatriculée grâce à laquelle l’identification de l’appareil et de son équipage a été confirmée, sur le site du crash d’un avion allemand tombé dans les marais de Saint-André-de-Bohon (Manche).

6b. Partie de carlingue immatriculée grâce à laquelle l’identification de l’appareil et de son équipage a été confirmée, sur le site du crash d’un avion allemand tombé dans les marais de Saint-André-de-Bohon (Manche).

Cette intervention a permis d’exhumer diverses pièces intactes de l’aéronef. Responsable d’opération : Franck Lejeune, Association normande pour le souvenir aérien, 2010.

C. Marcigny, Inrap.

6c. Trois vétérans de la RAF : Vic Cassapi, Bill Anderson et Allan Jarnell.

6c. Trois vétérans de la RAF : Vic Cassapi, Bill Anderson et Allan Jarnell.

Ils sont de retour, le 24 octobre 1998, cinquante-trois ans après, sur le site du crash de leur appareil, un bombardier Lancaster dont les vestiges ont été fouillés et identifiés par J.-P. Legendre. En marge du monument commémoratif inauguré en hommage à leurs camarades disparus, ils examinent l’un des vestiges de leur avion retrouvé en fouille.

J.-P. Legendre, Drac Grand Est, SRA.

  • 55 Outre le diagnostic déjà cité (n. 26), un autre a été mené au 34 avenue Alexandre-de-Lavergne ; RO  (...)
  • 56 RO : G. Bellan et C. Marcigny, 2019 ; observations archéologiques de V. Carpentier et B. Labbey.

19D’autre part, après avoir été longtemps cantonnées à de simples opérations d’inventaire, des recherches se développent aujourd’hui sur de grands ouvrages défensifs et logistiques, s’intéressant notamment aux installations du Mur de l’Atlantique (blockhaus, stations radar, postes de tir, batteries, stations antiaériennes, etc.), disséminées tout au long des côtes françaises et plus particulièrement en Normandie, Pays de la Loire, Nouvelle-Aquitaine (par exemple autour du bassin d’Arcachon) et Occitanie. Citons, parmi les récentes avancées en Normandie, plusieurs opérations de diagnostic et de prospection conduites par l’Inrap ou les services des collectivités sur les grandes batteries côtières (Merville-Franceville-Plage, pointe du Hoc, Longues-sur-Mer), qui comptent parmi les sites de la Seconde Guerre mondiale les plus visités au monde. Ces travaux s’accompagnent d’un important dépouillement bibliographique et archivistique, couplé à des relevés topographiques et à des observations relatives à l’état de conservation des ouvrages. Ces recherches ont aussi d’ores et déjà permis de redécouvrir plusieurs sites ou aménagements oubliés, et démontré l’hétérogénéité de ce « mur » de l’Atlantique, trop souvent regardé à tort comme un tout cohérent. Tandis que la cartographie lacunaire de la batterie de Longues a été complétée, deux diagnostics menés à Merville ont également précisé le plan de la batterie55 ; sur le site de la pointe du Hoc, à l’ouest d’Omaha Beach, une équipe de l’Inrap a réalisé, à la requête de l’American Battle Monuments Commission en charge de la gestion du site depuis 1979, une prospection archéologique pluridisciplinaire, incluant recherches au sol, études d’archives, photo-interprétation, relevés LiDAR et prospection électromagnétique, préalablement à l’ouverture d’un nouveau cheminement de visite56. Pour la première fois, la chronologie et le degré d’achèvement de la batterie à la date du 6 juin 1944, de même que la localisation et l’impact des cratères issus des bombardements aériens et navals des forces alliées, ont pu être étudiés précisément sur le terrain et confrontés aux archives et données historiques. On mesure l’intérêt partagé de telles démarches, qui se développent parallèlement à des projets visant à la conservation et à la protection de ces vestiges, dont beaucoup sont aujourd’hui menacés par l’aménagement, la montée des eaux et l’érosion des côtes. Il en va de même des prospections conduites dans les massifs forestiers de l’Ouest français, qui révèlent les vestiges oubliés de nombreuses constructions et réseaux logistiques de l’armée allemande, dont le détail est peu ou non documenté par ailleurs (Passmore et al. 2017).

20Il est aujourd’hui évident qu’il existe bien une archéologie nationale de la Seconde Guerre mondiale, plus mature, et qui peu à peu en vient à développer des problématiques scientifiques mieux maîtrisées. On le doit tant aux agents des SRA qu’à de nombreux chercheurs, en particulier de l’Inrap, de collectivités comme d’organismes privés (Éveha, Archéodunum…) ou, quoique plus rarement, des universités (Caen, Dijon, Strasbourg…). Les services de l’État même se montrent de plus en plus ouverts aux questionnements engagés autour de l’archéologie du « passé contemporain », et le développement de prescriptions de diagnostic comme de fouille préventive motivées par la présence de vestiges de contexte militaire l’atteste assez clairement. S’il reste du chemin à parcourir pour dépasser aussi les réticences, s’il reste à mieux assurer la formation des archéologues (ce que plusieurs universités tendent à faire, à Dijon par exemple), ce champ de recherche ne peut plus aujourd’hui être réduit au rang de simple auxiliaire de la discipline historique.

21On ne peut plus non plus résumer l’archéologie de la Seconde Guerre mondiale au seul inventaire de données, à une simple (même si indispensable) démarche mémorielle ou patrimoniale. Les données acquises depuis une vingtaine d’années ont souvent contribué au renouvellement profond des approches, certes plus « au ras du sol » comme l’écrit Gabriel Moshenska (Moshenska 2016), mais aptes à réinterroger une histoire quelquefois trop bien ficelée par le discours historisant comme à dépasser les mythes guerriers étroitement associés aux grands champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale, à l’image de celui du « Jour le plus long », en Normandie (Carpentier et al. 2021). L’archéologie des conflits nous rapproche ainsi davantage de la matérialité et du quotidien des combats en venant interroger l’histoire des comportements, dans ce contexte si singulier qu’est la violence de guerre dans la première moitié du xxe siècle (Audoin-Rouzeau et al. dir. 2002) : techniques d’assaut et de défense – notamment les différents types d’abris de combattants, ces innombrables « trous d’homme » au sujet desquels une typologie commence d’être esquissée en Normandie –, mais aussi pratiques en rapport avec le traitement des corps (sépultures provisoires), l’hygiène ou l’alimentation des troupes, dont certains aspects originaux ont d’ores et déjà été soulignés – comme la consommation d’alcool perçue à travers les contenants abandonnés dans les positions et dépotoirs militaires (Carpentier 2020). Ce faisant, l’archéologie s’invite désormais à un débat qui, outre l’histoire elle-même, fait appel à d’autres sciences. Par le biais de cette approche interdisciplinaire, elle confronte les sources textuelles, orales et photographiques ou cinématographiques avec celles du sol, qui conserve diverses traces et composantes mémorielles du conflit, en lien notamment avec sa dimension anthropologique, dévoilée par le décryptage de faits et de comportements spécifiques, tant des soldats que des civils. Cette recherche prometteuse, qui en France n’en est qu’à ses prémices, s’inscrit dans un contexte international aussi riche qu’hétérogène, depuis les vastes prospections conduites sur ce thème par les chercheurs anglo-saxons depuis les années 1980 jusqu’aux travaux menés actuellement sur les théâtres américains et japonais de la guerre du Pacifique, les épaves sous-marines, les lignes de front et charniers du front de l’Est, les camps de concentration et d’extermination du IIIe Reich (Carpentier à paraître). Il n’est guère douteux qu’elle connaîtra encore de passionnants développements dans un proche avenir.

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Bibliographie

Pour les opérations archéologiques citées dans cet article, les références, notices et documents liés des rapports sont consultables sur le catalogue des fonds documentaires de l’Inrap : https://dolia.inrap.fr, ou dans les SRA.

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Notes

1 Voir aussi V. Carpentier, B. Labbey et V. Tessier, « Apports récents du diagnostic à l’archéologie de la Seconde Guerre mondiale : quelques exemples et réflexions pour la région Normandie », 2e séminaire scientifique et technique (SST) de l’Inrap, Caen, 28-29 septembre 2017 : https://sstinrap.hypotheses.org/3863.

2 Les informations relatives aux opérations préventives reposent sur le dépouillement des BSR, l’analyse des procès-verbaux de plusieurs commissions interrégionales et territoriales de la recherche archéologique (Cira/CTRA) du Sud-Ouest et de l’Est et les échanges avec les conservateurs régionaux de l’archéologie de Normandie, Pays de la Loire, Bretagne, Provence - Alpes - Côte d’Azur (Paca), Auvergne - Rhône-Alpes, Île-de-France, Bourgogne - Franche-Comté, Corse et Occitanie.

3 Saint-Remy-la-Calonne (Meuse), responsable d’opération (RO) : F. Adam, Afan.

4 RO : J.-P. Legendre, SRA de Lorraine.

5 Fouille à la Pièce du Pressoir, RO : C. Marcigny, Afan.

6 RO : N. Coulthard, service départemental

de l’archéologie du Calvados.

7 Diagnostic à la Motterie, RO : F. Tournier, Inrap, 2006 ; fouille, RO : R. Early, Oxford Archéologie Grand Ouest, 2009.

8 Cf. article Le Boulaire/Varenne dans ce numéro p. 241.

9 Responsable : C. Billard (SRA de Normandie).

10 RO : J. Brangé, université de Strasbourg, 2020.

11 Responsables : M. Landolt (SRA Grand Est) et J. Brangé, 2020-2022.

12 RO : F. Allegrini, service archéologique de la collectivité de Corse, 2021 ; information de L. Sevègnes, conservateur régional de l’archéologie de Corse.

13 Responsables : C. Marcigny (Inrap) et L. Dujardin (Umr 6273 « Craham »).

14 RO : J. Brodeur, Inrap.

15 RO : S. Barbeau, Inrap. Cf. Adam Nossiter, « ‘Archaeology of D-Day’ Aims to Preserve What the Soldiers Left Behind », The New York Times, 5 juin 2019 : https://www.nytimes.com/2019/06/05/world/europe/d-day-normandy-commemoration.html.

16 Fouille à la Main Delle, RO : A. Lefort, Inrap.

17 Diagnostic à la Tour, RO : K. Monteil, Inrap, 2020.

18 Diagnostics aux Cailloux et aux Groseilliers, RO : L. Vermard, Inrap, 2007 et 2013.

19 Diagnostics dans la Zac des Montgorges, RO : S. Leconte, Inrap, 2008 et 2011.

20 Fouille du camp 412, responsable d’opération : F. Lemaire, Inrap.

21 Fouille au Champ de Manœuvre, parc d’activités de la Husselle, RO : N. Garmond, service archéologique de Reims Métropole.

22 Diagnostic et fouille sur la déviation de Gondreville et Vaumoise, RO : G. Desplanque, pôle archéologique du département de l’Aisne, 2013 et 2014.

23 Diagnostic rue du Stade, RO : A. Levillayer, Grand Patrimoine de Loire-Atlantique ; information d’I. Bollard-Raineau, conservatrice régionale de l’archéologie des Pays de la Loire.

24 Diagnostic à la Gendarmerie, RO : F. Delahaye, Inrap, 2012.

25 Diagnostic 39 rue de la Mer, RO : J.-Y. Lelièvre, service départemental de l’archéologie du Calvados.

26 Diagnostic place du 9e Bataillon, RO : J.-Y. Lelièvre, service départemental de l’archéologie du Calvados, 2019.

27 1 route de Nielles, responsable d’opération : B. Labbey, Inrap.

28 Hameau de Conteville, RO : B. Labbey, Inrap, 2019 ; information C. Billard.

29 Quartier du Petit Maroc, RO : A. Le Boulaire, Inrap.

30 RO : A. Le Boulaire, Inrap.

31 RO : A. Le Boulaire, Inrap, 2020 ; information d’I. Bollard-Raineau.

32 RO : A. Bolly, Archéologie Alsace.

33 RO : C.-C. Besnard-Vauterin, Inrap.

34 RO : C. Riche, Inrap.

35 Les Hauts de l’Orne et rue Louise-Michel, RO : E. Ghesquière, Inrap, 2014 et 2016.

36 Zac Terre d’avenir, RO : V. Carpentier, Inrap, 2017.

37 RO : B. Labbey, Inrap.

38 Cf. Pierre Barthélémy, « Archéologie : un vaste site fortifié de la Luftwaffe ressort de terre près de Caen », Le Monde, 11 juillet 2020 : https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/07/11/une-base-de-la-luftwaffe-ressort-de-terre-pres-de-caen_6045903_1650684.html.

39 RO : C. Beurion, Inrap, 2018.

40 RO : A. Le Boulaire, Inrap.

41 RO : A. Le Boulaire, Inrap.

42 RO : M. Sassi, Archeodunum, 2019.

43 RO : A. Le Boulaire, Inrap ; information d’I. Bollard-Raineau.

44 RO : G. Seguin, Éveha.

45 RO : D. Colonge et C. Dunikowski, Inrap.

46 Saverdun, RO : L. Cordier, Inrap, 2022.

47 Informations de Didier Delhoume, conservateur régional de l’archéologie d’Occitanie.

48 RO : S. Ziegler, conseil général de l’Oise, 2007.

49 Light Detection And Ranging (détection et télémétrie par la lumière).

50 Mémoire de master 1 recherche de J. Brangé : « Étude architecturale de l’ancien camp de Natzweiler-Struthof (67) : croisement des données archivistiques et archéologiques », université de Strasbourg, 2020.

51 RO : V. Carpentier, Inrap, 2016.

52 RO : Pascal Couanon, SRA de Normandie, 2020.

53 Voir aussi le mémoire de master 1 de L. Aymard : « Sites de crashs et archéologie contemporaine en France. Bilan et préconisations pour une archéologie des crashs d’avions de la Seconde Guerre mondiale en France », université de Franche-Comté, 2021.

54 Tel ce pilote de planeur britannique de la 6e division aéroportée, disparu le 6 juin 1944, qu’il a été possible d’identifier en 2017 grâce à de tels éléments mis en rapport, plus de soixante-dix ans après, avec une simple photographie : voir V. Carpentier, « Sergeant Terence Collins » : http://www.pegasusarchive.org/normandy/Biog2/Terence_Collins_1.htm.

55 Outre le diagnostic déjà cité (n. 26), un autre a été mené au 34 avenue Alexandre-de-Lavergne ; RO : V. Carpentier, Inrap, 2017.

56 RO : G. Bellan et C. Marcigny, 2019 ; observations archéologiques de V. Carpentier et B. Labbey.

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Table des illustrations

Titre 1. Évolution par type d’intervention des occurrences de vestiges de la Seconde Guerre mondiale dans les BSR de la région Normandie (réunie), de 1998 (première occurrence) à 2019 (dernière livraison du BSR pour cette région).
Crédits V. Carpentier, Inrap.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/13193/img-1.jpg
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Titre 2a. Abri enterré de Touffréville, probablement allemand car très similaire à des positions de la Wehrmacht sur le front de l’Est.
Légende Des témoignages de vétérans britanniques évoquent l’existence de tels abris souterrains à cet endroit précis du front de Normandie, à l’est de Caen, où les combats se sont prolongés du 6 juin au 21 août 1944.
Crédits N. Coulthard, service départemental de l’archéologie du Calvados
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/13193/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 774k
Titre 2b. Une des cabanes de fortune du camp de prisonniers allemands de La Glacerie, près de Cherbourg.
Légende Celle-ci comporte des vestiges de plancher ainsi que les restes d’un poêle de fortune bricolé à partir de matériaux de récupération par les détenus eux-mêmes, qui étaient employés au déminage, au déblaiement des ruines ou dans les fermes des environs.
Crédits R. Early, SRA.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/13193/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 888k
Titre 2c. Camp de prisonniers allemands « Fronstalag 230 » de la Chauvinerie (Poitiers) mis au jour lors de deux diagnostics conduits en 2008 et 2011.
Légende Au nombre des vestiges du camp, des allées en calcaire compactées par les détenus eux-mêmes, à l’aide de rouleaux à main.
Crédits S. Leconte, Inrap.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/13193/img-4.jpg
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Titre 2d. Camp d’internement de Gurs (Pyrénées-Atlantiques).
Légende Il fut ouvert en 1939 par les autorités françaises afin d’y regrouper les réfugiés de la guerre civile espagnole, puis servit sous l’Occupation à l’internement de détenus politiques ou juifs. Après son démantèlement en 1946, il tomba dans l’oubli jusqu’à la création d’un mémorial national en 1994, rénové en 2007. Cette baraque en bois de 30 mètres sur 6, l’une des trois cents que comportait le camp, destinée à loger une soixantaine d’internés, a été reconstituée à partir des ultimes vestiges présents sur le site et des documents d’archives.
Crédits Iñaki LL, Wikipédia.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/13193/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 968k
Titre 2e. Une des baraques du camp de Rivesaltes avant la création du mémorial, inauguré en 2015.
Légende Ce camp fut surnommé par Serge Klarsfeld « le Drancy de la zone libre » en raison de son rôle dans la déportation des juifs étrangers du Sud de la France en 1942. Il accueillit plusieurs catégories d’internement depuis sa fondation en 1935 jusqu’à son déménagement en 2007.
Crédits J.-P. Legendre, Drac Grand Est, SRA.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/13193/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 799k
Titre 2f. Camp d’internement du Vernet (Ariège).
Légende Il fut ouvert en 1939 pour y interner les combattants de la guerre d’Espagne (républicains et membres des Brigades internationales) puis utilisé de 1942 à 1944 pour le regroupement et la déportation des juifs. Il a donné lieu en 2022 à un diagnostic qui a permis de restituer son plan et de fouiller une vaste fosse-dépotoir d’où ont été exhumés de nombreux objets en rapport avec le quotidien des détenus.
Crédits DAO : L. Cordier, Inrap.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/13193/img-7.jpg
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Titre 3. Sépultures de soldats des deux camps, allemand et britannique, mises au jour à Maltot (Calvados), au pied de la cote 112.
Légende Ce grenadier allemand (a), retrouvé couché sur le ventre dans une simple fosse, a été, comme cela est régulièrement observé en Normandie, oublié après la guerre. Les corps des soldats britanniques (b), en revanche, ont été inhumés dans des tombes provisoires signalées en surface, puis relevées au terme des combats afin d’être réinhumés dans des cimetières militaires. Dans ce cas, les archéologues ne retrouvent que des restes partiels, souvent d’extrémités (mains, pieds), accompagnés de matériel, ainsi que des enveloppes souples, toiles ou bâches, dans lesquelles les corps étaient enveloppés.
Crédits R. Lefebvre et V. Carpentier, Inrap.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/13193/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 834k
Titre 4. Fosse mise au jour à Bourguébus (Calvados), en secteur canadien, dans l’emprise d’un vaste établissement enclos de l’âge du Fer.
Légende Elle correspond à un atelier mécanique temporaire pour la réparation d’un char Sherman.
Crédits A. Lefort, Inrap.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/13193/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 599k
Titre 5a. Cadre porte-photo en forme de cœur, réalisé à partir de tôles récupérées (site de Coyolles, Aisne).
Légende La fouille de ce camp de prisonniers allemands, en 2014, a vu la mise au jour d’une exceptionnelle collection d’objets en lien avec le séjour et les activités des détenus. Parmi les nombreux objets recueillis, plusieurs témoignent d’activités de « bricolage » mises en œuvre à des fins de troc ou de revente auprès des populations des environs. D’autres matériaux étaient recyclés, notamment pour la confection de vêtements et de chaussures.
Crédits G. Desplanque, service départemental de l’archéologie de l’Aisne.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/13193/img-10.jpg
Fichier image/jpeg, 196k
Titre 5b. Poêles confectionnés par les détenus dans des bidons recyclés, sur le vaste camp de Miramas (Bouches-du-Rhône).
Légende Les témoins de « bricolages » de fortune sont également nombreux sur ce site.
Crédits D. Bossut, Inrap.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/13193/img-11.jpg
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Titre 5c. Vestiges d’un vaste camp de repos canadien et abords d’un immense camp de prisonniers allemands ouvert au sud de l’agglomération caennaise, mis au jour à Fleury-sur-Orne (Calvados).
Légende Ont séjourné dans ce camp quelque 10 000 détenus, de 1944 à 1948. Au nombre des installations reconnues, ce réseau de drainage sanitaire comprenant plusieurs conduites enterrées formées de caisses de munitions en remploi, percées et disposées bout à bout. Elles formaient une patte d’oie reliée à une fosse de décantation. Ce type d’aménagement sanitaire, parfois évoqué par les archives de la Croix-Rouge, revêtait une importance cruciale face aux risques d’épidémie.
Crédits V. Carpentier, Inrap ; d. N. Garmond, service archéologique du Grand Reims.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/13193/img-12.jpg
Fichier image/jpeg, 805k
Titre 5d. Cabane à usage de douche, recouverte d’une toile de tente, mise au jour sur le camp de prisonniers allemands de Bétheny (Marne).
Légende Elle a été découverte en 2013 près de Reims, où les fouilles se poursuivent actuellement. Il s’agit là encore de l’un des rares témoins des pratiques d’hygiène collective mises en œuvre au sein de ces sites d’internement.
Crédits H. Paitier, Inrap.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/13193/img-13.jpg
Fichier image/jpeg, 856k
Titre 5e. Redécouverte, chez des particuliers établis au voisinage du camp de La Glacerie (Manche), de portraits peints par un détenu et cédés en échange de quelques fournitures ou en guise de remerciement.
Légende Les interventions archéologiques sur des sites d’internement oubliés réactivent quelquefois les mémoires locales. Ce fut le cas à la suite de la fouille du de La Glacerie.
Crédits H. Paitier, Inrap.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/13193/img-14.jpg
Fichier image/jpeg, 655k
Titre 5f. Lot de galoches fabriquées par les détenus au camp de Stenay (Meuse).
Légende Cette découverte illustre assez bien à la fois le dénuement des prisonniers et les pratiques de confection à partir de matériaux recyclés.
Crédits F. Adam, Inrap.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/13193/img-15.jpg
Fichier image/jpeg, 166k
Titre 5g. « Botte d’hiver » du camp de Bétheny.
Légende Ce brodequin enveloppé dans une toile réglementaire de fabrication hongroise, à la manière d’une « chaussette russe », évoque les rigueurs de l’internement au cours des rudes hivers champenois.
Crédits N. Garmond, service archéologique du Grand Reims.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/13193/img-16.jpg
Fichier image/jpeg, 136k
Titre 6a. Fouille d’une association de mémoire américaine sur le site du crash d’un bombardier B17 de l’USAAF à Néron (Eure-et-Loir).
Légende Fouille réalisée dans le but d’y retrouver des restes humains susceptibles de permettre d’identifier des pilotes disparus par leur ADN. Les terres décapées en surface dans le périmètre du crash sont passées au tamis (responsables d’opération : Adam Frecchia et Tiffany Saul, Defense POW/MIA Accounting Agency, 2021).
Crédits Libre de droits.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/13193/img-17.jpg
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Titre 6b. Partie de carlingue immatriculée grâce à laquelle l’identification de l’appareil et de son équipage a été confirmée, sur le site du crash d’un avion allemand tombé dans les marais de Saint-André-de-Bohon (Manche).
Légende Cette intervention a permis d’exhumer diverses pièces intactes de l’aéronef. Responsable d’opération : Franck Lejeune, Association normande pour le souvenir aérien, 2010.
Crédits C. Marcigny, Inrap.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/13193/img-18.jpg
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Titre 6c. Trois vétérans de la RAF : Vic Cassapi, Bill Anderson et Allan Jarnell.
Légende Ils sont de retour, le 24 octobre 1998, cinquante-trois ans après, sur le site du crash de leur appareil, un bombardier Lancaster dont les vestiges ont été fouillés et identifiés par J.-P. Legendre. En marge du monument commémoratif inauguré en hommage à leurs camarades disparus, ils examinent l’un des vestiges de leur avion retrouvé en fouille.
Crédits J.-P. Legendre, Drac Grand Est, SRA.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/docannexe/image/13193/img-19.jpg
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Pour citer cet article

Référence papier

Vincent Carpentier et François Fichet de Clairfontaine, « Prescrire de l’archéologie préventive sur des sites de la Seconde Guerre mondiale en France. Une politique qui va de soi ? »Archéopages, Hors-série 6 | -1, 232-243.

Référence électronique

Vincent Carpentier et François Fichet de Clairfontaine, « Prescrire de l’archéologie préventive sur des sites de la Seconde Guerre mondiale en France. Une politique qui va de soi ? »Archéopages [En ligne], Hors-série 6 | 2022, mis en ligne le 03 août 2023, consulté le 14 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/13193 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/archeopages.13193

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Auteurs

Vincent Carpentier

Inrap, UMR 6273 « Craham »

Articles du même auteur

François Fichet de Clairfontaine

Ministère de la Culture, inspection générale des Patrimoines, UMR 6273 « Craham »

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Droits d’auteur

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