1En 20 ans, la définition de l’archéologie et sa pratique ont considérablement évolué et ont fait évoluer les prescriptions. Parmi les situations complexes que les services régionaux de l’archéologie et les équipes de l’Inrap ont à gérer, nous en avons retenu quelques-unes.

La détection des sites préhistoriques

2La vigilance de l’équipe Inrap sur le site Haut Moyen Âge de Louviers (Eure) a conduit à reconsidérer l’importance de l’occupation tardiglaciaire, un bivouac du magdalénien final bien conservé [ill. 1]. Suite à un arrêté de découverte exceptionnelle, Bruno Aubry a pu identifier, en 2020, foyers, fonds de cabanes, amas de débitage, faune, galets ocrés. Les analyses sont en cours.

3Dans la vallée du Doubs, à Choisey (Jura), c’est grâce à la prescription de géomorphologie pour une étude de paléoenvironnement qu’ont pu être repérées en 2020 et 2021, la quarantaine de concentrations lithiques mésolithiques [ill. 2]. Les fonds de vallée sont des contextes attractifs pour ces populations, mais la réactivation de la plaine au Néolithique aurait pu effacer toute trace antérieure.

La multiplication des études funéraires

4Sur le site médiéval de Bondoufle (Essonne) a été testé en 2021 un protocole de prélèvement d’ADN ancien (à partir de dents ou d’os temporal) élaboré avec le SRA Île-de-France et le MNHN dans le cadre du projet de banque d’échantillons et de données nationales archéogénétique (beDNA) [ill. 3]. Ces travaux et expérimentations faciliteront l’engagement de recherches aux objectifs divers ; par exemple, établir des liens de parenté entre les inhumés d’une sépulture collective ou de tout autre ensemble funéraire (anthropologues : Paulette Lawrence-Dubovac, Inrap ; Pauline Ehrhardt, MNHN).

L’exiguïté des emprises urbaines

5Dans une ville archéologiquement bien documentée par l’Inrap depuis une dizaine d’années comme Dijon, Christophe Gaston a pu rapidement identifier les séquences d’occupation de l’Antiquité à l’époque moderne observables sous la cour de la Préfecture, et faire le lien avec les connaissances déjà acquises sur le développement urbain (mur et cellier antiques ; enceinte médiévale ; probable glacière médiévale  ; blocs de la halle médiévale  ; puits, four et murs parcellaires modernes  ; caves) [ill. 4].

La restauration des églises

6L’équipe menée par Boris Dottori lors des opérations sur l’église Saint-Guillaume de Strasbourg depuis 2017 a documenté les états antérieurs, les particularités architecturales et les réaménagements de cette église conventuelle du xiii^e siècle passée à la Réforme au xvi^e siècle : édifice initial à abside, narthex à pignons, allongement de la nef, soutènement du jubé, tribune transversale, chapelles… Sous le sol actuel, un pavement en dalles de terre cuite recouvrait une cinquantaine de tombes médiévales [ill. 5].

La continuité écologique des cours d’eau

7Les divers seuils aménagés jusqu’au milieu du xix^e siècle sur la Gère, à Vienne (Isère), pour alimenter les industries, ont été fouillés en 2022. Le seuil Redsdikian est le dernier construit, selon les datations dendrologiques (mise en œuvre 1865 ±30 après J.-C. ; derniers aménagements 1931 ±30 après J.-C.). Mais un autre groupe de pieux bien antérieur (1637 ±30 après J.-C.) est en place en amont [ill. 6], ainsi que de très nombreux pieux épars (responsable : Emmanuelle Miejac).