Éditorial
Texte intégral
1Le vingtième anniversaire de la création de l’Inrap nous permet d’observer, avec un peu de recul, les grands succès et les transformations de l’archéologie préventive en France.
2Depuis 2002, la multiplication des chantiers d’infrastructure est l’un de ces bouleversements : grands ou petits, qu’ils concernent la construction d’une autoroute, le réaménagement de centres anciens, la reconquête des friches industrielles ou la construction d’un lotissement pavillonnaire, ces chantiers se développent souvent dans des territoires où les occupations humaines ont été très denses au cours des millénaires passés. Ce n’est pas sans conséquences sur la conservation du patrimoine archéologique.
3Ces vingt dernières années, les différents acteurs de la chaîne de l’archéologie (ministère, directions régionales des affaires culturelles, Inrap, services des collectivités territoriales habilités) ont continuellement adapté leur organisation à la nouvelle donne de l’aménagement du territoire. Par un dialogue constructif entre eux, ils ont pu mobiliser des équipes d’archéologues dans des délais contraints et dans des conditions parfois difficiles. Par une démarche constante d’innovation, ils assurent la conservation d’un patrimoine fragile et enrichissent la connaissance scientifique tout en permettant la réalisation de projets porteurs de développement et d’attractivité.
4Car ce sont des pans entiers du patrimoine archéologique, inédits ou peu documentés, qui sont aujourd’hui mieux connus. Par l’usage de technologies plus sophistiquées, les sites de la Préhistoire ancienne sont mieux détectés tandis que de nouvelles zones géographiques encore non explorées ont fait l’objet d’investigations. Je pense aussi à l’archéologie funéraire, dont les protocoles et les enjeux ont été profondément renouvelés.
5Les pages qui suivent nous plongent dans des champs nouveaux de la connaissance archéologique. C’est le cas des gisements du Paléolithique ancien, qui n’étaient jusqu’ici que rarement appréhendés en dehors des fouilles programmées. C’est le cas aussi pour la recherche sur les agglomérations gauloises et romaines, qui s’est profondément renouvelée, ou pour la collecte des données paléoenvironnementales, qui nous permet de comprendre les paysages de nos ancêtres.
6Admirons également certaines des plus belles découvertes de ces vingt dernières années : je pense à la tombe du prince gaulois de Lavau, qui a renouvelé notre perception de l’aristocratie celte, à la nécropole antique de La Robine à Narbonne, qui nous a révélé des rites funéraires inédits en Gaule. L’étude de certains monuments contribue aussi à enrichir notre connaissance du patrimoine en documentant avec précision des sites prestigieux : l’oppidum de Gergovie, l’amphithéâtre de Nîmes, Le Mont-Saint-Michel et Notre-Dame de Paris ont été l’objet d’opérations préventives liées à des projets de restauration et de valorisation. Toutes ces découvertes nous permettent en outre d’envisager de nouvelles formes de médiation entre les archéologues, les musées et le grand public.
7Je félicite et remercie pour leurs contributions à ce hors-série la centaine d’auteurs, archéologues de l’Inrap, du ministère de la Culture et d’autres institutions. Ce numéro est un modeste reflet de leur immense travail. Il permet de nous rendre compte de la richesse et de la diversité de la recherche en archéologie préventive menée sur notre territoire, de son extraordinaire capacité à innover et de son apport essentiel à l’enrichissement de notre patrimoine national.
Pour citer cet article
Référence papier
Jean-François Hebert, « Éditorial », Archéopages, Hors-série 6 | -1, 2.
Référence électronique
Jean-François Hebert, « Éditorial », Archéopages [En ligne], Hors-série 6 | 2022, mis en ligne le 07 juillet 2023, consulté le 12 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/11082 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/archeopages.11082
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