26 février 2020
INHA, Paris

Directrice de thèse
Anne Nissen, Professeure, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Membres du jury

Présidente et examinatrice
Aline Durand, Professeure, Université du Mans

Tutrice
Danielle Arribet-Deroin, Maître de conférences, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Rapporteurs
Philippe Fluzin, Directeur de recherche, CNRS
Dries Tys, Professeur, Vrije Universiteit Brussel

Examinateurs
Catherine Verna, Professeure, Université Paris 8 Vincennes
Christophe Petit, Professeur, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Consultable
Sous format papier à la bibliothèque de l’Université Paris 1 ; en cours de publication.

1Les opérations d’archéologie préventive réalisées dans le nord de la France depuis une dizaine d’années ont permis de mettre au jour des traces d’activités sidérurgiques utilisant le charbon de terre comme ressource énergétique. Ces découvertes régionales ont permis de démontrer que cette pratique apparaissait dès la fin du II^e siècle dans le nord de la Gaule. L’étude des sources écrites, principalement médiévales, et la reprise de données archéologiques anciennes ont montré qu’outre le travail du fer, les activités de brasserie, de fabrication de chaux, de chauffage ou de teinturerie utilisaient également cette ressource fossile. La mise en évidence de l’usage de ce combustible dans ces productions artisanales a soulevé de nombreuses questions. Quels sont les événements et les causes qui ont abouti à un tel usage et quelles en ont été les conséquences ?

2L’histoire de ces territoires est marquée par une forte expansion économique et démographique durant le Haut-Empire et tout au long du second Moyen Âge. Le développement des centres urbains a provoqué des besoins en matière d’espaces habitables, agricoles ou artisanaux. Il s’est en partie fait au détriment des zones forestières et a entraîné des manques réguliers en bois ainsi qu’une inflation des prix. Les artisanats les plus dépendants de cette ressource se sont alors retrouvés dans l’obligation de se tourner vers un combustible alternatif afin de pouvoir répondre à leurs besoins énergétiques. Des analyses archéométriques, associées aux données textuelles, ont permis de cerner trois possibles zones d’approvisionnement pour le nord de la France – les îles Britanniques, le Borinage (région occidentale du Hainaut) et le Boulonnais. Les recherches ont également porté sur les circuits commerciaux (mode de circulation, organisation du commerce…) empruntés par cette matière.

3La question de son utilisation est abordée par le biais de la métallurgie du fer. Les études paléométallurgiques réalisées sur un corpus de 26 sites couvrant l’ensemble des périodes chronologiques concernées ont permis de comprendre les effets que peuvent avoir une telle utilisation. Les analyses effectuées sur les restes scoriacés ont mis en évidence le fait que l’emploi de ce combustible dans les activités de forge aboutissait à la formation d’un déchet caractéristique. De nombreux éléments constitutifs du charbon se retrouvent en proportions plus ou moins élevées dans la composition des scories. À la suite de ces observations, une nouvelle classification pour ces déchets a été établie permettant une meilleure identification de ces pratiques lors des fouilles. Outre cette caractérisation des déchets, les études portant sur les contextes de découverte ont montré que l’utilisation de ce combustible en forge ne provoquait que de très légères modifications dans les procédés techniques, mais que ces ateliers, du fait des nuisances induites, se retrouvaient exclus des centres urbains.