La céramique gallo-romaine du Haut-Empire produite chez les Ménapiens, Atrébates et Nerviens : dynamiques économiques et identités territoriales
Entrées d’index
Mots-clés :
Ménapiens, Atrébates, Nerviens, argile, céramique commune tournée, céramique gallo-romaine, art, économie, terroir, transfert de technologieKeywords:
Early Roman Empire, Menapii, Atrebates, Nervii, common wheel thrown ceramics, clay, Gallo-Roman pottery, economic life, art, terroir, technology transferIndex géographique :
Gaule BelgiquePalabras claves:
Alto Imperio, Menapienses, ceramica comune tornita, Atrebatos, Nervienses, arcilla, vida económica, cerámica galo romana, arte, región, transferencia tecnológicaTexte intégral
21 juin 2019
Université Paris Nanterre
Directeur de thèse
Paul Van Ossel, Professeur émérite, Université Paris Nanterre
Membres du jury
Présidente
Pascale Ballet, Université Paris Nanterre
Rapporteurs
Martine Joly, Professeure, Université Toulouse Jean-Jaurès
François Réchin, Professeur, Université de Pau et des Pays de l’Adour
Examinateurs
Pascale Ballet, Université Paris Nanterre
François Villeneuve, Université Paris I, Panthéon-Sorbonne
Cécile Batigne, Laboratoire ArAr, Archéologie et Archéométrie, Lyon
Thèse en cours de publication, non consultable.
1Historiquement, la compréhension de l’économie romaine se concentre sur l’espace méditerranéen, en étudiant principalement la diffusion des amphores. Cette approche ne porte que peu d’attention aux échanges régionaux dans les provinces les plus éloignées de l’Empire que sont la Gaule Belgique, les Germanies ou la Britannia. Or, l’examen des céramiques locales qui ont permis un essor économique majeur de l’arrière-pays du limes rhénan est important pour la connaissance des dynamiques sociétales.
2Pour comprendre ce processus, les civitates des Ménapiens, Atrébates et Nerviens, circonscrites entre les hauts-plateaux du Bassin parisien et les basses terres de la Flandre sablonneuse, ont été retenues. Les échantillons d’une trentaine d’ateliers ont été analysés par macroscopie, pétrographie et chimie (matières premières et céramiques) tout en faisant référence à leur typochronologie. S’y ajoutent les données issues de 107 sites de consommation qui ont permis d’estimer la portée de diffusion d’un produit grâce à un système d’analyse par géoréférencement. Un dépouillement bibliographique, couvrant les Pays-Bas, l’Angleterre, la Belgique et l’Allemagne, a fourni des données supplémentaires concernant la circulation des produits (sans que l’on sache si cette circulation était liée au contenant ou au contenu).
3Deux axes de recherche principaux ont retenu notre attention : l’installation de l’atelier et l’analyse de la diffusion, donc des réseaux d’échange.
4L’étude des sélections de matière première, du type de four, des évolutions techniques, du transfert de connaissances ou encore de l’identité des fabricants a permis de mettre en évidence deux faits. D’une part, que l’installation de potiers allobroges dans la nouvelle capitale de cité, Bavay, amène à l’émergence d’un faciès inspiré de formes méditerranéennes, ainsi qu’à l’emploi de fours à deux volumes. D’autre part, que des groupes de potiers conservent une tradition protohistorique, utilisant des fours à un volume pour un répertoire à surface sombre.
5Les cartes de diffusions montrent l’organisation du commerce au niveau local et régional illustrant partages, complémentarité, concurrence et dominance de quelques produits phares, pour lesquels le choix de l’argile est déterminant. Ainsi, les fabricants du groupe de Bavay et de Noyon se partagent le marché des mortiers et des cruches à pâte calcaire, poussant les autres officines à chercher des produits différents. Celles disposant de matière première kaolinitique adaptée aux chocs thermiques contrôlent le marché des céramiques culinaires. Toutefois, une concurrence peut exister entre ateliers proposant des produits similaires. Les ateliers de Beuvraignes accaparent au IIe siècle le marché ambien, auparavant dominé par ceux de l’Arrageois.
6À ces observations s’ajoute la forte dichotomie entre les terres basses, où la tradition de modelage se poursuit pendant tout le Haut-Empire, et les plateaux limoneux où les potiers utilisent le tournage dès le début ou milieu du Ier siècle de notre ère. Ce choix de conserver les anciennes techniques, en partie culturel, est également conditionné par une gestion du territoire liée à des productions vivrières comme le sel ou des préparations à base de viandes. La création d’une typologie pour ces régions, puis la cartographie des services identifiés amènent à la délimitation de zones distinctes, qui se révèlent devenir plus tard les pagi francs au sein de terroirs toujours existants comme la Pévèle, l’Ostrevent, le Ferrain, le Mélantois…
7Dès lors, se dessine une image très complexe de choix techniques et de traditions qui jouent un rôle important dans les dynamiques régionales. Cette analyse de la chaîne opératoire et du commerce est uniquement envisageable grâce à la méthode d’identification par macroscopie. Son application par un plus grand nombre de chercheurs et la création d’un site web interactif permettront d’alimenter les cartes de diffusion et de faire avancer davantage notre compréhension des marchés intermédiaires de l’Empire.
Pour citer cet article
Référence papier
Sonja Willems, « La céramique gallo-romaine du Haut-Empire produite chez les Ménapiens, Atrébates et Nerviens : dynamiques économiques et identités territoriales », Archéopages, 48 | 2021, 113.
Référence électronique
Sonja Willems, « La céramique gallo-romaine du Haut-Empire produite chez les Ménapiens, Atrébates et Nerviens : dynamiques économiques et identités territoriales », Archéopages [En ligne], 48 | 2021, mis en ligne le 27 avril 2023, consulté le 17 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/10716 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/archeopages.10716
Haut de pageDroits d’auteur
Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Haut de page