Texte intégral
- 1 AATun, f. XXXI, Ghardimaou, no 7 ; Desanges et alii 2010, p. 258-259.
- 2 L’intérêt de Thuburnica avait été signalé par Carton, Chenel 1891 ; Carton 1907 ; 1908 ; Le Glay (...)
- 3 Khanoussi 1984 ; Ben Zina Ben Abdallah 2000, p. 40-41 ; Ferchiou 1986 ; Beschaouch 1988 (1990).
- 4 M. Chaouali a de même pu recueillir bien d’autres documents, parfois bien frustes, mais d’un gran (...)
1L’antique Thuburnica (aujourd’hui Sidi Ali Bel Kassem) est située sur la frange septentrionale des riches plaines (les campi magni des anciens) de la moyenne vallée de la Majrada, sur la rive droite de l’oued Henja, au nord-ouest de la Tunisie. Elle est distante de 8 km à l’ouest de Simitthus, sur la voie Carthage – Hippo Regius1. Ses principaux monuments ont été identifiés depuis la fin du xixe siècle2. En dépit d’un arrêt des fouilles depuis le début du siècle dernier, le site continue à livrer des documents de grande valeur3. Nous mettons ici à contribution une des inscriptions latines que l’un de nous a eu l’occasion de découvrir lors d’une mission d’inventaire épigraphique et archéologique4.
- 5 Ptol., IV, 3, 7, p. 644 ; Plin., nat., V, 29 ; cf. Desanges 1980, p. 293-295.
- 6 Quoniam 1950 = AE 1951, 81 : C(aio) M(ario) C(ai) f(ilio / co(n)s(uli) VII condi/tori coloniae / (...)
- 7 Beschaouch 1988 (1990).
- 8 Lassère 1977, p. 120.
2Désignée par Ptolémée comme colonie, la ville figure dans la liste plinienne sous le nom complet d’oppidum ciuium Romanorum Thuburnicense5 et est colonie dès le règne d’Auguste. Une intéressante inscription du iie siècle rappelle que le général romain Marius, sept fois consul, est le conditor coloniae6. A. Beschaouch y a remarqué la présence de citoyens inscrits dans treize tribus différentes, ce qui est inhabituel pour une petite cité7 et conduit certains spécialistes à parler d’un peuplement de vétérans romains et de leurs descendants8.
- 9 Les monuments de Thuburnica se trouvent aujourd’hui dans le périmètre clôturé d’une caserne.
3Dans l’état actuel des connaissances, il est difficile de préciser les circonstances précises de la mise au jour de notre nouvelle inscription. Exposée à l’air libre sans protection ni abri, elle était couverte d’une mince couche de lichen au moment de sa découverte. Elle est maintenant de plus en plus menacée par les effets naturels et humains9.
4Elle devait initialement être intégrée dans un monument plus vaste et fut par la suite retaillée de manière parfaitement rectangulaire pour un éventuel réemploi dans un bâtiment tardif, ce qui lui a fait perdre ses parties haute et droite. Sous forme de plaque rectangulaire, cette inscription mesure environ 49,5 cm de longueur pour 34 de hauteur et 18 d’épaisseur. Le champ épigraphique, encadré d’une moulure à deux rebords de 2,5 cm, abrite un texte de quatre lignes de facture soignée avec des lettres capitales d’environ 5 cm de hauteur. Les points de séparation se répartissent comme suit : 2 à la deuxième ligne, 1 à la troisième et 3 à la quatrième. En haut il faut noter la présence d’une ligne presque totalement détruite, mais où l’on voit encore le bas d’une haste verticale au-dessus du E de EXORNATO à la première ligne. On observe aussi les vestiges d’une haste verticale après le P à la fin de la deuxième ligne et peut-être ceux de la barre horizontale d’un T après DIVO à la fin de la dernière ligne.
Fig. 1 : La nouvelle inscription de Thuburnica
(photo M. Chaouali ; infographie Chr. Bailly, UMR 8546 AOROC)
5On peut lire :
- - - - - -
+[- - -]
exornato [- - -]
uice (quartae) mil(itiae) p+[- - -]
Gallicae in [- - -]
to a diuo +[- - -]
6Malgré la mutilation de la pierre, le sens général n’est pas très difficile à appréhender. On comprend qu’il s’agit d’un hommage en l’honneur d’un notable appartenant à l’ordre équestre dont le nom devait prendre place au début du texte. Les lacunes que nous cherchons à combler en haut et à droite du document correspondent aux principales étapes de la carrière suivie par ce chevalier anonyme. Elles laissent cependant ouvertes de multiples possibilités de restitution parmi lesquelles il n’est pas toujours facile de choisir dans l’incertitude où nous sommes quant à la destination du monument.
- 10 Ainsi dans l’ordre sénatorial lato clauo exornato (CIL III, 384 ; VIII, 7041 ; RIB 1329) et en co (...)
- 11 Cf. AE 1964, 225 = ILAlg II, 3, 7653 à Cuicul, CIL VIII, 20685 à Saldae, IAM II, 1, 427 à Volubil (...)
- 12 Cf. par exemple AE 1988, 163 = Suppl It 8, Barium, 3.
7À la première ligne conservée on lit sans ambiguïté exornato. Ce participe est, comme le simple ornatus, souvent utilisé pour désigner une nomination à un grade ou à une dignité10. La moitié des attestations concernent l’accession à l’ordre équestre, et il est donc statistiquement assez tentant de restituer comme complément equo publico, surtout en Afrique où l’expression compte une cinquantaine d’occurrences11. Ce complément devait figurer plutôt à la ligne précédente, avant exornato, car si on peut le trouver après le participe dans certains textes italiens12, il le précède toujours dans les inscriptions africaines. La restitution reste cependant hypothétique, car il y a d’autres compléments possibles sur lesquels nous reviendrons.
- 13 Cf. Bérard 1995 ; AE 1995, 1021 ; ILAlp I, 28.
8À la seconde ligne uice (quartae) mil(itiae ?) est une expression beaucoup plus rare. On ne la retrouve en effet que dans trois autres inscriptions, et elle n’a été comprise qu’avec la découverte, au début des années 1990, du cursus d’un procurateur des Alpes Atrectiennes honoré par ses administrés dans sa capitale d’Aime-en-Tarentaise13 :
9T. Flauio Fabia / Gemino, / equo publ(ico), praef(ecto) coh(ortis) / primae Thracum equi/tatae, tribun(o) cohor(tis) p[ri]/mae Dalmatarum / (milliariae), trib(uno) / eiusd(em) cohor(tis) uice ter[ti]ae, / donis militarib(us) dona[t]o / ab Imp. Seuero Aug. in expe/ditione Parthic(a), proc(uratori) ad / census acceptandos in / prouincia Belgica, / proc(uratori) Alpium Atrectiana/rum et uallis Poeninae, / curatori rei p(ublicae) Augu[s]tanor(um) / Praetorianorum, F(oro) Cl(audienses) C(eutrones).
- 14 Cf. Bérard 1995; PME, F 49a (H. Devijver) : ILAlp I, 28 (B. Rémy) ; Faoro 2011, p. 236.
10Après avoir été préfet d’une cohorte de Thraces, T. Flauius Geminus a commandé une cohorte milliaire, la I Dalmatarum, avec comme c’est l’usage le titre de tribun, qui montre qu’il s’agissait d’une seconde milice, équivalente à un tribunat légionnaire. L’originalité du cursus est qu’au lieu de commander ensuite une aile de cavalerie, il a été maintenu à la tête de la cohorte I Dalmatarum uice ter[ti]ae, c’est-à-dire en place d’une troisième milice : l’expression, dont la lecture est sûre, même si la fin de la ligne et la désinence ont ensuite été endommagées lors du transport de la base, signifie donc qu’il avait rang de préfet d’aile14.
11Comme la suite du texte précise que Geminus a été décoré dans une guerre parthique qui ne peut être que celle de 195, il est possible qu’il ait reçu en même temps ses décorations et sa promotion à la troisième milice, et les circonstances particulières d’une campagne pourraient même expliquer cette promotion exceptionnelle dans la même unité. Mais cela reste une hypothèse, car nous ne savons pas si la cohorte I Dalmatarum, qui était cantonnée en Dalmatie, a participé à la campagne de 195 : Geminus a pu aussi être promu quand l’unité était dans sa garnison dalmate, éventuellement après son retour en Europe, dans les années 196-197, et il pourrait aussi avoir été décoré à la tête de la I Thracum, surtout s’il s’agissait d’une des cohortes appartenant aux armées de Pannonie, qui ont pu elles aussi être engagées dans la campagne orientale. Quelles qu’aient été les circonstances exactes, qui nous échappent, il s’agit clairement d’une promotion pour cet officier fidèle à la cause sévérienne, qui fut immédiatement après nommé procurateur pour le cens gaulois de 197-198 avant de parvenir à la procuratèle des Alpes Atrectiennes.
- 15 Cf. CIL III, 1979-1980, 8570 ; Jeličić-Radonić 2007, p. 53-54, avec photographies ; Rossignol 201 (...)
- 16 CIL III, 6374 = 8655 = ILS 2617 ; Jeličić-Radonić 2007, p. 53, fig. 3b.
12La découverte du cursus de T. Flauius Geminus a permis de réinterpréter deux inscriptions dans lesquelles apparaît une expression analogue qui n’avait pas été comprise. La première est une des dédicaces qui commémorent la construction des murailles de Salone, en 170, par les soins d’unités militaires qui avaient en charge chacune un secteur de la muraille, des vexillations des IIe et IIIe légions Italicae et les deux cohortes milliaires de Dalmates levées par Marc Aurèle pour renforcer la garnison de la province15. Ces dernières sont normalement placées sous le commandement de leur tribun, mais la titulature de celui de la IIe présente une particularité16 :
13Imp. Caes. M. Au/rel(io) Antonino / Aug., pont(ifice) max(imo), tr(ibunicia) / pot(estate) XXIIII, co(n)s(ule) III, p(atre) p(atriae), / coh(ors) II (milliaria) Del(matarum) ped(es) DCCC, / in his turris I, sub cur(a) / L. Annaei Seruiliani, trib(uni) / uice tertia.
- 17 Cf. la photographie publiée par J. Radonić (2007, p. 53, fig. 3b).
- 18 Cf. PME, A 117 (H. Devijver), qui lui suppose une origine italienne.
- 19 Cf. dans le même sens B. Rossignol (2016, p. 269, n. 123), qui propose de lire trib(uni) / uice t (...)
14Il ne faut pas corriger le numéro de l’unité, comme le propose le CIL, qui attribue l’inscription à la Ire cohorte, car les deux cohortes milliaires ont dû travailler parallèlement à la construction des murailles. La lecture uice tertia, centrée à la dernière ligne, est absolument certaine17 et est reproduite, en général sans commentaire ni traduction, dans la majorité des études qui citent l’inscription. Selon la notice du CIL, l’expression voudrait dire que la cohorte avait construit trois secteurs de muraille longs chacun de 800 pieds, mais ce sens n’est guère satisfaisant et peut être amélioré si on rapproche le texte de celui de la nouvelle inscription d’Aime, qui présente la même expression, mais avec un génitif, uice tertiae (militiae). Il est difficile de supposer une erreur du lapicide sur une inscription aussi soignée, qui présente même une hedera ornans après l’ablatif tertia, mais on pourrait peut-être envisager que la formule ait le même sens avec une syntaxe différente. Même si cela demeure une hypothèse, le reste de la carrière de L. Annaeus Seruilianus étant totalement inconnu18, on admettra donc que ce tribun commandait la IIe cohorte milliaire des Dalmates comme troisième milice, c’est-à-dire avec le rang de préfet d’aile19. Le fait qu’il s’agisse de l’unité jumelle de celle de T. Flauius Geminus, qui appartenait elle aussi à l’armée de Dalmatie, mérite d’être noté, mais ne suffit pas à expliquer l’originalité de la formulation, puisqu’on connaît pour ces deux cohortes milliaires de nombreux autres tribuns pour lesquels l’inscription ne mentionne pas uice tertia.
- 20 Goodchild, Reynolds 1962, p. 38-39 ; AE 1969/1970, 637 ; cf. PME D 35 (H. Devijver) ; Burnand 200 (...)
15La seconde inscription est une dédicace de Cyrène, que la cohors I Macedonica, qui y tenait garnison, a élevée à Gordien III, l’exécution matérielle étant assurée par son préfet, Drusinius Lupulus 20 :
16[I]mp. C[a]es. M. Antonio Gordiano / [P]io F[elici Aug., pon]tifici / max[imo --- coh(ors) I ?] Mac(edonica) / [G]or[di]ana [e]q(uitata), / d[euo]ta [n]umini / maiestatique eius, / dedicante Caecilio Felice / u(iro) e(gregio) proc(uratore) eius, / [c]ur[a]nte Drusinio Lupulo, / [pr]aef(ecto) uic(e) II coh(ortis) eiusdem / ex euok(ato).
- 21 Cf. Birley 1981, p. 26-27.
17Drusinius Lupulus, qui est un des rares officiers équestres sortis du rang21, est présenté comme [pr]aef(ectus) uic(e) II coh(ortis) eiusdem ex euokato. Selon les premiers éditeurs, la précision uic(e) II voudrait dire qu’il a effectué deux fois le temps de commandement habituel. On peut comprendre plutôt qu’il avait commandé la cohorte en place de deuxième milice, c’est-à-dire avec rang de tribun, même s’il ne porte pas ce titre. Mais on ne sait s’il faut développer uic(e) (secunda), comme dans l’inscription de Salone, ou uic(e) (secundae), comme dans celle d’Aime.
18La même incertitude se retrouve dans la nouvelle inscription de Thuburnica, où l’expression est également écrite en chiffres (IIII) et non en lettres. C’est néanmoins une précieuse confirmation de l’interprétation proposée pour le texte de Cyrène, car on envisage encore plus difficilement un commandement prolongé quatre fois.
- 22 RIB 1791 = CLE 24, avec le commentaire d’E. Birley (1986, p. 78-79) ; cf. M. G. Jarrett (1972, p. (...)
- 23 AE, 1956, 124 ; cf. Pflaum 1955 ; Alföldy 1974 ; PME, V 23 (H. Devijver) ; PIR2 V 125.
19À côté de ces trois inscriptions qui ont permis de mettre en évidence la formule uice tertiae ou secundae (militiae), quelques autres montrent une situation analogue exprimée en des termes un peu différents. On peut citer notamment celle de M. Caecilius Donatianus, un officier d’origine probablement africaine qu’une inscription métrique de Bretagne présente comme militans tribunus in praefecto dono principis, donc commandant une cohorte avec rang de tribun et non de préfet, c’est-à-dire uice secundae militiae22. Mais l’exemple le plus caractéristique est sans doute celui du célèbre M. Valerius Maximianus, qui, décoré comme préfet d’une aile quingénaire pendant les guerres marcomanniques, fut, avant d’obtenir plus tard le commandement d’une aile milliaire, promu à la quatrième milice dans la même unité : et in eadem ala quartae militiae honor(em) adeptus23. Il a donc commandé une aile quingénaire, l’ala I Arauacorum, uice quartae militiae, ce qui constitue le meilleur parallèle pour la nouvelle inscription de Thuburnica et invite à restituer le grade de préfet d’aile dans une des lacunes de celle-ci. On remarquera que, comme T. Flauius Geminus, Maximianus a reçu en même temps des décorations, dont la promotion dans la même unité apparaît comme un complément.
- 24 Cf. Bérard 1995, p. 350-351 ; le cas d’Octauius Faustinianus (AE 1966, 286 = 1983, 766) est plus (...)
- 25 CIL III, 1193 = IDR III, 5, 542 ; cf. PME I 49 (H. Devijver).
- 26 Cf. Pflaum 1960-1961, I, p. 492 ; Birley 1966, suivi par Jarrett 1972, p. 187, no 74 ; Maxfield 1 (...)
- 27 Ainsi Spaul 1994, p. 74-76 ; cf. aussi AE, 1967, 644.
- 28 IDR III, 5, 542, qui réfute justement une suggestion d’I. I. Russu (1985), qui attribuait le curs (...)
20À ces exemples déjà réunis pour expliquer le cas de Flauius Geminus24, il faut peut-être ajouter celui de C. Iulius Corinthianus, un Africain qui après avoir été décoré dans une campagne parthique a effectué sa troisième milice comme préfet de l’ala Campagonum en Dacie supérieure25. L’inscription, malheureusement perdue, indique ensuite i<t ?>em (milliariae), qu’on interprète en général à la suite d’H.-G. Pflaum et d’E. Birley comme une quatrième milice effectuée à la tête de l’ala I Batauorum milliaria, qui était également cantonnée en Dacie, bien que l’absence du nom de l’unité soit très étrange26. On a aussi supposé que Corinthianus avait commandé l’ala Campagonum au moment où elle devenait milliaire27, mais aucun autre document n’atteste formellement cet effectif, très improbable dans une province qui possédait déjà une aile milliaire. Le dernier éditeur, I. Piso, a proposé une solution plus intéressante selon laquelle l’officier aurait seulement eu l’honos quartae militiae, sans commandement effectif28. L’idée est judicieuse, même si le texte de l’inscription est sans doute corrompu, et ce pourrait être un autre exemple de préfet d’aile uice quartae, c’est-à-dire promu à la quatrième milice, mais en restant dans son unité quingénaire, l’ala Campagonum.
- 29 CIL VI, 31856 = 41271 ; cf. Pflaum 1960-1961, no 180 ; PME I, 136 (H. Devijver) ; Filippini, Greg (...)
- 30 SEG VII, 145 = ILS 8869 = IGLS 17/1, 11.
- 31 Ainsi Pflaum 1960-1961, p. 459 ; Birley 1966, p. 354 ; PME I, 136 (H. Devijver) ; G. Alföldy, ad (...)
- 32 Cf. Spaul 1994, p. 215-216, avec en particulier, pour le Norique CIL III, 5531 et 5632 ; AE 1953, (...)
21Un autre exemple intéressant est celui du futur préfet du prétoire L. Iulius Vehilius Iulianus, qui après deux milices fut successivement préfet de l’ala Herculiana, en garnison à Palmyre, avec laquelle il fut décoré dans la guerre parthique de Lucius Verus, et de l’ala Tampiana, cantonnée dans le Norique et avec laquelle il a pu participer à la guerre germanique de 168-16929. Une inscription de Palmyre datée d’octobre 167 nous apprend qu’il fut nommé à la quatrième milice alors qu’il était préfet de l’ala Herculiana30. On considère généralement que l’inscription fut élevée au moment où il quittait Palmyre pour le Norique et que cette quatrième milice était le commandement de l’ala Tampiana, à laquelle on attribue en conséquence un effectif milliaire31. C’est incontestablement l’hypothèse la plus logique, mais il n’est peut-être pas impossible qu’il ait commandé pendant un temps l’ala Herculiana uice quartae militiae. Il n’est d’ailleurs pas exclu qu’il ait également commandé l’ala Tampiana uice quartae, aucun autre document ne donnant un effectif milliaire à cette unité32. Quoi qu’il en soit, il faut noter que la quatrième milice apparaît une nouvelle fois en association avec des décorations, puisque le futur préfet du prétoire a été décoré dans la guerre parthique de Lucius Verus, ainsi que dans la seconde guerre germanique de Marc Aurèle et de Commode.
- 33 Pour un exemple inverse de préfet d’aile milliaire qui n’a pas commandé avant d’unité quingénaire (...)
- 34 Comme l’a bien souligné E. Birley (1966), avec, p. 352, un total de 9 unités et, p. 353-354, une (...)
22Plus généralement, il faudrait examiner tous les cas d’itération de la préfecture d’aile en se demandant si on ne pourrait pas y trouver d’autres exemples de quatrième milice cachée33 : ce serait d’autant moins étonnant que, le nombre d’ailes milliaires étant fort restreint34, il pouvait être tentant d’octroyer l’honneur à des préfets qu’on maintenait à la tête de leur unité quingénaire.
- 35 Cf. Spaul 1994, p. 126-129 ; PME VI, p. 16 ; Weiss 2006, p. 281 ; Dana 2016, p. 156-159.
23À la troisième ligne l’adjectif Gallicae doit appartenir au nom d’une unité auxiliaire, la mention d’une expeditio Gallica paraissant assez improbable au génitif et la légion IIIe Gallica n’offrant pas de poste pour un officier parvenu à la quatrième milice. Parmi les unités qui ont porté cette épithète, la plus intéressante est l’ala I ueterana Gallica, qui a longtemps appartenu à l’armée de Syrie avant d’être transférée en Égypte à l’époque d’Hadrien35. Il s’agit en effet d’une aile quingénaire que l’anonyme aurait donc pu commander en place de quatrième milice.
- 36 Voir par exemple CIL VIII, 15529 = Dougga histoire 2000, p. 135 (praefecto / [alae I Bospor]anae (...)
24Si on retient son nom, on est conduit à restituer à la fin de la deuxième ligne pr[aef(ecto) alae I ---], avec ou sans l’épithète uet(erana). La restitution est d’autant plus tentante que le P et la haste verticale du R sont lisibles sur la pierre. Mais elle pose problème, car, à en juger d’après les trois parallèles que nous avons examinés, le titre de praefectus devrait figurer plutôt avant uice (quartae) mil(itiae). C’est incontestablement une difficulté, mais qui n’est peut-être pas rédhibitoire si on considère que nous n’avons au total que trois parallèles pour l’expression, dont seul celui d’Aime présente un cursus complet, et qu’il serait sans doute imprudent d’en tirer une règle trop rigide. Un argument supplémentaire en faveur de cette restitution vient de la préposition in qui suit l’adjectif Gallicae : elle pourrait introduire, comme cela arrive souvent36, le nom de la province dans laquelle l’unité était cantonnée, par exemple in [Syria] ou in [Aegypto], en fonction de la date de l’inscription.
- 37 Voir supra, note 11. Cf. aussi CIL VIII, 1440 et AE 1992, 1796, avec equestri dignitate exornato.
- 38 Pour des alternatives possibles, voir supra, note 10.
- 39 Cf. CIL VIII, 9327 (tribus militiis perfunctus) ; XIV, 5341 (functo tribus m[ilitiis equestribus (...)
- 40 Cf. CIL III, 1198 (omnibus equestribus militiis perfuncto), 6054 = 6756 (omnibus equestribus mili (...)
- 41 Cf. CIL VIII, 9760 (militiis equestribus exornato), 11543 ([equestribus mili]tiis exornato), 2183 (...)
25Une difficulté plus sérieuse est que cette préfecture d’aile avec rang de quatrième milice vient juste après le participe exornato, qui figure à la ligne précédente. Si celui-ci s’applique, comme c’est souvent le cas, à l’octroi du cheval public et donc à l’accession à l’ordre équestre37, on ne dispose avant uice IIII mil(itiae) que d’un petit espace qui se limite à la lacune de la fin de la première ligne : quelle que soit la longueur de celle-ci, c’est trop peu pour y placer les deux et sans doute trois unités que l’officier a dû commander avant d’être promu à la quatrième milice. Pour sortir de la difficulté, la meilleure solution est de supposer qu’exornato ne se rapporte pas à l’octroi du cheval public, bien que ce soit l’emploi le plus fréquent, mais était construit avec un autre complément38, et le plus logique serait que celui-ci désigne l’ensemble des milices équestres. Parmi les solutions possibles, on peut songer à [tribus militiis], dont on a quelques attestations39, ou peut-être plutôt [equestribus militiis], dont les exemples sont plus nombreux40, notamment en Afrique41. Ces formules résumées figurent surtout dans les cursus de chevaliers qui ont fait de belles carrières, principalement de procurateurs, mais on en trouve aussi pour des notables municipaux, en particulier en Afrique ; et il n’est au demeurant pas exclu que l’anonyme, dont le cursus n’est pas entièrement conservé, ait été ensuite procurateur.
26Il est difficile de préciser les mots exacts et leurs éventuelles abréviations dans l’ignorance où nous sommes de la largeur de la lacune. Mais on pourrait restituer une de ces formules, avec donc au moins le mot militiis, sans doute accompagné d’un ou plusieurs qualificatifs, dans la lacune de la fin de la première ligne, après le participe exornato, ou plus probablement à la ligne précédente, avant celui-ci. Dans le second cas, qui est le plus conforme à l’ordre habituel du latin, on pourrait placer dans la seconde moitié de la première ligne le nom d’un empereur (ab Imp. ou a diuo ---) ou une formule de liaison comme item, eodemque tempore, adlecto etc. Le choix de n’indiquer le nom de l’unité que pour la quatrième milice peut s’expliquer sans difficulté par le fait que c’était un honneur beaucoup plus recherché, mais il est aussi possible, comme nous le verrons, que l’anonyme s’y soit particulièrement distingué.
27La quatrième et dernière ligne fait état d’un honneur octroyé par un empereur divinisé. Compte tenu de la mention d’une quatrième milice, qui n’apparaît guère avant le milieu du iie siècle, on peut penser à Hadrien, Antonin, Marc Aurèle ou Septime Sévère. Si la trace horizontale qu’on devine au milieu de l’interligne à droite et au-dessus du O est l’extrémité gauche d’un T, on pourrait envisager aussi T[raiano], et ce serait alors une des plus anciennes attestations de quatrième milice. Mais la lecture n’est pas sûre, d’autant que les deux autres T de l’inscription ne débordent pas dans l’interligne.
- 42 Cf. Pflaum 1968, nos 3-4, 7, 9-13, 15-29, 32, 34.
- 43 Cf. Pflaum 1968, p. 193-194, avec une dizaine d’exemples de milices effectuées après l’inscriptio (...)
- 44 Voir supra, notes 39-41.
- 45 Cf. CIL II2, 14, 1171 pour un flamine d’Espagne citérieure, adlecto in equite(m) a Tito Imp., ou (...)
28Pour les deux lettres conservées au début de la ligne, une des restitutions les plus logiques est le participe [adlec]/to, qui est employé pour de nombreuses nominations. On le trouve notamment pour l’inscription dans les cinq décuries de juges, particulièrement en Afrique, où la liste dressée par H.-G. Pflaum n’en compte pas moins de 25 exemples sur un total de 35 juges répertoriés, et on notera que pour 15 d’entre eux la formule comprend le nom de l’empereur qui a accordé cet honneur42. La titulature, dont la longueur peut varier suivant les abréviations, s’inscrirait sans difficulté dans la seconde partie de la troisième ligne, où, au lieu du nom d’une province, on pourrait lire par exemple in [quinque decur(ias) adlec]/to. Si une telle restitution peut s’appuyer sur de nombreux parallèles, elle paraît difficilement compatible avec un cursus direct qui commencerait par l’octroi du cheval public, car l’analyse des parallèles montre que la nomination comme juge intervient presque toujours avant l’exercice des milices43. Elle serait en revanche mieux à sa place dans un cursus descendant où le participe exornatus se rapporterait justement aux milices et non à l’accession à l’ordre équestre44. Mais elle reste hypothétique, puisque la mention des décuries de juges doit être entièrement restituée et que le participe adlectus peut s’appliquer à d’autres types de nomination, comme par exemple l’admission dans l’ordre équestre ou une promotion à l’intérieur de celui-ci45.
- 46 I Eph VII, 2, 4112 ; cf. PME, F 52bis.
29Si adlectus est le plus courant, d’autres participes sont également envisageables. On pense en particulier à [dona]to, qui pourrait se rapporter à des décorations obtenues à la tête de l’ala Gallica : la mention de l’empereur serait dans ce cas encore plus justifiée que pour la nomination parmi les juges, comme le montrent de nombreux parallèles, dont l’inscription d’un autre préfet de l’ala ueterana Gallica, Flauius Iuncus, décoré dans la guerre parthique de Trajan46, et la promotion dans la même unité uice quartae militiae aurait été accompagnée de décorations, comme dans les cursus de T. Flauius Geminus, M. Valerius Maximianus, C. Iulius Corinthianus et peut-être L. Iulius Vehilius Iulianus. Le mot donis, avec ou sans l’adjectif militaribus, pouvait sans difficulté figurer à la fin de la troisième ligne, après sans doute le nom de la province où opérait l’unité, ou encore à la fin de la quatrième, après le nom de l’empereur. Dans ce cas de figure, les quatre lignes que nous avons conservées de l’inscription se rapporteraient toutes aux services militaires de l’anonyme, qui auraient été particulièrement brillants.
30La place disponible dans la lacune ne permet malheureusement pas de trancher, d’une part parce que la longueur de celle-ci est inconnue et d’autre part parce que les deux types de formulaires envisagés (in quinque decurias iudicum adlecto et donis militaribus donato) sont l’un et l’autre susceptibles de diverses abréviations. La fonction de juge s’inscrit dans un type de carrière assez banal et épigraphiquement bien attesté, notamment en Afrique, et il en irait de même si la dernière ligne se rapportait seulement à la nomination dans l’ordre équestre. L’éventualité de décorations constitue une alternative intéressante, qui nous orienterait vers un parcours plus extraordinaire. Mais c’est de toutes façons le cas avec la nomination uice quartae militiae, honneur exceptionnel qu’on ne connaissait jusqu’ici que par quelques cursus hors norme comme celui de Valerius Maximianus.
- 47 Un bon exemple de cette souplesse est fourni par une inscription de Lepcis Magna dans laquelle le (...)
31Une restitution comme p[raef(ecto) alae I] à la ligne 2 supposerait une lacune de 9 lettres, qu’on pourrait retrouver à la ligne suivante avec soit in [V dec(urias) adlec]/to, soit in [Syria, dona]/to. Ce sont probablement parmi les restitutions les plus courtes qu’on puisse envisager, et d’autres compléments sont naturellement possibles. En tout état de cause, la lacune paraît avoir été au moins équivalente au texte conservé, qui compte de 8 à 10 lettres aux trois premières lignes. Cela implique une inscription assez large, d’environ au moins 1 m, mais peut-être plus, et pose donc la question de la nature du monument. En l’absence de toute donnée archéologique, il est impossible d’en dire plus, et ces suggestions avancées exempli gratia doivent être considérées comme parfaitement hypothétiques. La perte du début du texte nous empêche aussi de connaître le nom de cet officier brillant et de savoir s’il poursuivit plus loin sa carrière. Mais ce qui nous en reste a le grand mérite d’apporter un premier cas de promotion uice (quartae) mil(itiae), qui confirme les rares exemples dont on disposait pour les deuxième et troisième milices et témoigne une fois de plus de la grande souplesse des pratiques administratives romaines47.
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Notes
AATun, f. XXXI, Ghardimaou, no 7 ; Desanges et alii 2010, p. 258-259.
L’intérêt de Thuburnica avait été signalé par Carton, Chenel 1891 ; Carton 1907 ; 1908 ; Le Glay 1961, p. 274-285.
Khanoussi 1984 ; Ben Zina Ben Abdallah 2000, p. 40-41 ; Ferchiou 1986 ; Beschaouch 1988 (1990).
M. Chaouali a de même pu recueillir bien d’autres documents, parfois bien frustes, mais d’un grand intérêt que le hasard des fouilles anciennes mettait au jour.
Ptol., IV, 3, 7, p. 644 ; Plin., nat., V, 29 ; cf. Desanges 1980, p. 293-295.
Quoniam 1950 = AE 1951, 81 : C(aio) M(ario) C(ai) f(ilio / co(n)s(uli) VII condi/tori coloniae / Q(uintus) F[urfani]us Q(uinti) f(ilius) Lem(onia) / Bellicus omnibus / honoribus in col(onia) sua / func[tu]s flam(en) Aug(usti) perp(etuus) / nomine Caniniae L(uci) f(iliae) / Tertiae flam(iniciae) Aug(usti) [p]erp(etuae) / uxoris suae d(ecreto) d(ecurionum) / pec(unia) sua fe[cit]. D’autres villes de la région sont elles aussi mariennes, comme Thibaris qui portait, à la fin du iiie siècle apr J.-C., le nom municipium Marianum Thibaritanum (CIL VIII, 26181), Vchi Maius, qui, promue au rang de colonie sous Sévère Alexandre, fut nommée colonia Alexandriana Augusta Vchi Maius (CIL VIII, 15447 ; 26246 ; 26262), puis, à partir de l’époque de Gordien III, colonia Mariana Augusta Alexandriana Vchitanorum Maiorum (CIL VIII, 15454 = 26270 ; 15455 ; 15450 ; 26275), Mustis, qui était inscrite dans la tribu Cornelia, celle de Marius (Beschaouch 1968, p. 150-151 et no 136) ; Gascou 1972, p. 16-26.
Beschaouch 1988 (1990).
Lassère 1977, p. 120.
Les monuments de Thuburnica se trouvent aujourd’hui dans le périmètre clôturé d’une caserne.
Ainsi dans l’ordre sénatorial lato clauo exornato (CIL III, 384 ; VIII, 7041 ; RIB 1329) et en contexte municipal omnibus honoribus (CIL VIII, 22903 ; XI, 3807, 3809), ornamentis duumuiralibus (CIL, XII, 1750 ; ILN, Vienne, 317) ou flamonii (CIL XII, 408), etc.
Cf. AE 1964, 225 = ILAlg II, 3, 7653 à Cuicul, CIL VIII, 20685 à Saldae, IAM II, 1, 427 à Volubilis et CIL VIII, 5532 = ILAlg II, 2, 4693 à Thibilis (= Jarrett 1972, nos 42, 70, 111, 120) ; mais la grande majorité des exemples répertoriés dans la base EDCS concerne de simples chevaliers qui n’ont été ni officiers ni procurateurs (par exemple Q. Calpurnius Rogatianus à Dougga : CIL VIII, 26594 et ILTun, 1514 = Dougga architecture 2, 2016, p. 470-471).
Cf. par exemple AE 1988, 163 = Suppl It 8, Barium, 3.
Cf. Bérard 1995 ; AE 1995, 1021 ; ILAlp I, 28.
Cf. Bérard 1995; PME, F 49a (H. Devijver) : ILAlp I, 28 (B. Rémy) ; Faoro 2011, p. 236.
Cf. CIL III, 1979-1980, 8570 ; Jeličić-Radonić 2007, p. 53-54, avec photographies ; Rossignol 2016, p. 267-269; 2020, p. 327-328.
CIL III, 6374 = 8655 = ILS 2617 ; Jeličić-Radonić 2007, p. 53, fig. 3b.
Cf. la photographie publiée par J. Radonić (2007, p. 53, fig. 3b).
Cf. PME, A 117 (H. Devijver), qui lui suppose une origine italienne.
Cf. dans le même sens B. Rossignol (2016, p. 269, n. 123), qui propose de lire trib(uni) / uice tertia(e) (militiae).
Goodchild, Reynolds 1962, p. 38-39 ; AE 1969/1970, 637 ; cf. PME D 35 (H. Devijver) ; Burnand 2000, p. 546-547, qui note justement que l’onomastique permet de supposer une origine rhénane de l’officier.
Cf. Birley 1981, p. 26-27.
RIB 1791 = CLE 24, avec le commentaire d’E. Birley (1986, p. 78-79) ; cf. M. G. Jarrett (1972, p. 165, no 35) qui suppose qu’aucun poste de seconde milice n’était vacant ; Devijver 1991, p. 196, no 104 ; PME, C 13.
AE, 1956, 124 ; cf. Pflaum 1955 ; Alföldy 1974 ; PME, V 23 (H. Devijver) ; PIR2 V 125.
Cf. Bérard 1995, p. 350-351 ; le cas d’Octauius Faustinianus (AE 1966, 286 = 1983, 766) est plus incertain, la préfecture d’aile milliaire venant après deux secondes milices (cf. PME, F 105 et Suppl. I, O 5bis).
CIL III, 1193 = IDR III, 5, 542 ; cf. PME I 49 (H. Devijver).
Cf. Pflaum 1960-1961, I, p. 492 ; Birley 1966, suivi par Jarrett 1972, p. 187, no 74 ; Maxfield 1981, p. 478 ; PME I 49 (H. Devijver).
Ainsi Spaul 1994, p. 74-76 ; cf. aussi AE, 1967, 644.
IDR III, 5, 542, qui réfute justement une suggestion d’I. I. Russu (1985), qui attribuait le cursus à une autre ala milliaria qui aurait appartenu à l’armée de Dacie Porolissensis.
CIL VI, 31856 = 41271 ; cf. Pflaum 1960-1961, no 180 ; PME I, 136 (H. Devijver) ; Filippini, Gregori 2014, p. 92.
SEG VII, 145 = ILS 8869 = IGLS 17/1, 11.
Ainsi Pflaum 1960-1961, p. 459 ; Birley 1966, p. 354 ; PME I, 136 (H. Devijver) ; G. Alföldy, ad CIL, VI, 41271 ; Filippini, Gregori 2014 ; Rossignol 2020, p. 268, 332 etc.
Cf. Spaul 1994, p. 215-216, avec en particulier, pour le Norique CIL III, 5531 et 5632 ; AE 1953, 128.
Pour un exemple inverse de préfet d’aile milliaire qui n’a pas commandé avant d’unité quingénaire voir supra, note 24.
Comme l’a bien souligné E. Birley (1966), avec, p. 352, un total de 9 unités et, p. 353-354, une liste de la quinzaine de cas de quatrième milice connus.
Cf. Spaul 1994, p. 126-129 ; PME VI, p. 16 ; Weiss 2006, p. 281 ; Dana 2016, p. 156-159.
Voir par exemple CIL VIII, 15529 = Dougga histoire 2000, p. 135 (praefecto / [alae I Bospor]anae in Syria) ; VIII, 7079 = ILAlg II, 671 à Cirta (praef. coh. IIII Bracaraug. / in Iudaea) etc.
Voir supra, note 11. Cf. aussi CIL VIII, 1440 et AE 1992, 1796, avec equestri dignitate exornato.
Pour des alternatives possibles, voir supra, note 10.
Cf. CIL VIII, 9327 (tribus militiis perfunctus) ; XIV, 5341 (functo tribus m[ilitiis equestribus ?]) ; AE 2011, 267 (ornato tribus militiis) ; ILTun 250 (equestrib. trib. honorib. functo) ; I Eph VI, 1995 ([tribus ?] militiis perfuncto).
Cf. CIL III, 1198 (omnibus equestribus militiis perfuncto), 6054 = 6756 (omnibus equestribus militiis perfuncto), 6055 = 6757 (omnibus militiis equestribus ornato), 7543 (equestribus honoratus militiis), 12372 (omnibus equestribus militiis functo) ; V, 8659 (omnibus equestribus militiis functo) ; XII, 1856 (militiis equestribus perfuncto) ; XIV, 4250 (equestribus militiis functo) ; AE 2002, 1393 (militiis equestribus ornato) etc ; cf. aussi X, 1493 = 2003, 330 (exornato militiae ?).
Cf. CIL VIII, 9760 (militiis equestribus exornato), 11543 ([equestribus mili]tiis exornato), 21830 ([omnib]us equestribus militiis functo) ; cf. Devijver 1991, p. 178, et IAM II, 1, 307 (intra iuuentam per tres militias exornatus).
Cf. Pflaum 1968, nos 3-4, 7, 9-13, 15-29, 32, 34.
Cf. Pflaum 1968, p. 193-194, avec une dizaine d’exemples de milices effectuées après l’inscription dans les décuries (nos 3-4, 7-8, 13, 15, 24, 27-28), contre un seul (no 25) où les milices sont antérieures à la nomination parmi les juges ; Demougin 1975, p. 198-199 ; Devijver 1991, p. 175, qui note que l’honneur, parfois contemporain de l’octroi du cheval public, était comme une préparation à la carrière des milices ; Mokni 2018, p. 89-103, qui souligne que l’inscription dans les décuries était souvent assimilée à l’obtention du rang équestre ; cf. aussi à Nîmes CIL XII, 3183-3184 (= Burnand 1974, p. 59-72, no 6 et 8).
Voir supra, notes 39-41.
Cf. CIL II2, 14, 1171 pour un flamine d’Espagne citérieure, adlecto in equite(m) a Tito Imp., ou AE 1956, 124 pour M. Valerius Maximianus, allecto ab Imp. M. Antonino Aug. et misso in procinctu Germanic. exped. ; pour des centurions AE 1949, 38 (adlectus in comitatu Imp. Commodi Aug.) et à Thuburnica même CIL VIII, 14698 pour C. Octauius Honoratus, (centurio) adlectus ex eq(uite) R(omano) a diuo Pio.
I Eph VII, 2, 4112 ; cf. PME, F 52bis.
Un bon exemple de cette souplesse est fourni par une inscription de Lepcis Magna dans laquelle le tribun légionnaire [A]uitius Rufus est présenté comme proximus militiae tertiae (IRT 96 ; cf. Pflaum 1970, p. 368-369 ; PME, A 266 [H. Devijver]) ; Di Vita-Evrard 1987, p. 523-524 et n. 59). On admet généralement qu’il avait été inscrit sur une liste d’aptitude sans avoir encore reçu d’affectation dans une unité, bien qu’il ne soit pas sûr que la formule ait une valeur officielle.
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