Navigation – Plan du site

AccueilNuméros59Dans quelle mesure Hadrumète fut-...

Dans quelle mesure Hadrumète fut-elle une capitale régionale avant le ive siècle ?

Claude Lepelley
p. 131-136

Résumés

Le rôle régional d’Hadrumète fut modeste avant Dioclétien, sauf probablement pour la gestion des biens impériaux inclus dans la vaste regio Hadrumetina, dont l’étendue a pu préfigurer les contours de la province tardo-antique de Byzacène, même si elle fut l’un des chefs-lieux des conuentus judiciaires du proconsul d’Afrique. Il a fallu attendre la partition de la province proconsulaire d’Afrique en 303, pour que qu’Hadrumète obtienne la préséance administrative et politique correspondant à son importance démographique et économique.

Haut de page

Notes de la rédaction

Cet article inédit est une communication que Cl. Lepelley a donnée à Sousse le 5 mars 2009 dans le cadre du colloque Sousse à travers les âges. Il a été révisé par Chr. J. Goddard. Les corrections ont été limitées à l’uniformisation de la bibliographie et des notes en bas de page. Il s’ajoute aux deux articles inédits qu’avec H. Inglebert, V. Fauvinet-Ranson et X. Dupuis, nous avons fait paraître en 2020 et 2021 (Lepelley 2020 ; 2021.). Une liste complète de ses publications et communications inédites figure dans le volume d’hommage à son œuvre : L’automne 2021, p. 539-550. X. Dupuis, V. Fauvinet-Ranson, Chr. J. Goddard, FrHurlet, H. Inglebert.

Texte intégral

  • 1 Foucher 1964, p. 16.
  • 2 Voir infra, note 3. C’est, de même, loin de Sousse (à Sufetula, à Segermes, et jusqu’en Algérie, (...)

1Louis Foucher fut assurément le meilleur connaisseur de l'histoire et de l'archéologie hadrumétines. Or il a écrit ceci : « Textes conservés et documents archéologiques ne permettent sans doute pas d'écrire une histoire de l'antique Hadrumète »1. Ce constat pessimiste peut surprendre dans la préface d'un gros et savant ouvrage consacré à la ville antique, riche de multiples références et observations de première main sur un patrimoine archéologique considérable. Pourtant, la réflexion désabusée de Foucher exprime un sentiment de frustration dont ne peut se défendre celui qui étudie l’histoire de l’antique Hadrumète. La raison en est simple : c'est la permanence urbaine. Si on ignore jusqu'à 1'emplacement du forum si on ne peut connaître le plan du quadrillage des rues de la ville romaine, c'est que ces ruines ont été recouvertes par la magnifique médina de Sousse, sans oublier que bien des pierres antiques ont disparu, remployées dans des édifices ultérieurs. Les inscriptions révélant des institutions publiques sont en nombre décevant. Voici un exemple révélateur : le document épigraphique qui nous informe le mieux sur l’histoire municipale d’Hadrumète sous le Haut-Empire a été découvert, non à Sousse, mais à Rome : nous y reviendrons2.

1. Hadrumète, une cité du Byzacium parmi d’autres

  • 3 Loi agraire de 111 avant l’ère chrétienne, FIRA, I, p. 117-118.
  • 4 Plin., nat., V, I, 46, 25.
  • 5 Christol 2006, p. 2078. La Guerre d’Afrique (97, 2) révèle que César déclara Lepti Minus immunis,(...)

2Il est donc difficile d’évaluer dans quelle mesure Hadrumète eut un rôle de capitale régionale, en tout cas avant de devenir la capitale de la province de Byzacène quand celle-ci fut créée par la partition de la Proconsulaire sous Dioclétien. Les documents concernant le Byzacium depuis les guerres puniques révèlent non une structure unitaire, mais des cités dont aucune ne pouvait se prévaloir d’une réelle prééminence. Dès l’issue des guerres puniques, sept villes africaines furent déclarées libres, dont quatre dans le Byzacium : Hadrumète, Lepti Minus, Thapsus et Acholla3. Pline l’Ancien énumère quatre villes (oppida) libres pour le Byzacium : Leptiminus, Hadrumète, Ruspina et Thapsus4. Michel Christol, constatant que Lepti Minus est citée par Pline avant Hadrumetum, suggère que cette cité reçut la préséance pour avoir pris le parti de César lors de la guerre civile, alors qu’Hadrumète était tenue par les Pompéiens5.

  • 6 CIL VI, 1687 = ILS 1611. Cette tablette fut trouvée au xvie siècle à Rome, avec cinq autres conce (...)
  • 7 Gascou 1972a, p. 72. La plus ancienne colonie honoraire africaine semble être Hippo Regius, promu (...)
  • 8 Pflaum 1978, p. 381.

3On retrouve cette rivalité, ou plutôt cette émulation, entre Hadrumète et Lepti Minus pour leur élévation au rang colonial. Pour Hadrumète, cette promotion due à Trajan est clairement attestée dans la titulature coloniale de la ville, Colonia Concordia Vlpia Traiana Augusta Frugifera Hadrumetina, révélée par une table de patronat trouvée à Rome, datée du 13 mars 321 et offerte par les Hadrumétins au gouverneur de Byzacène Q. Aradius Valerius Proculus6. Les promotions au rang de colonie honoraire se sont multipliées en Afrique à partir du règne de Marc Aurèle et elles sont donc alors devenues banales. Sous Trajan, elles étaient encore exceptionnelles ; il s’agissait alors, a écrit J. Gascou, d’une faveur insigne7 : non pas une fondation coloniale avec expropriation des habitants pour installer des vétérans, mais l’attribution à tous les citoyens de la cité de toutes les prérogatives de la romanité. Une telle promotion, a écrit H.-G. Pflaum, était accordée sur leur demande « à des cités qui la méritaient par leur développement social et économique8 ».

  • 9 Ptol., Geogr., IV, 3.
  • 10 Il s’agit assurément d’une curie municipale, soit une division électorale du peuple de la cité, e (...)
  • 11 Gascou 1972b, p. 141 ; 2003, p. 234-235.
  • 12 Mattingly et alii 2001, p. 66-89.

4Il se révèle que Lepti Minus reçut de Trajan la même faveur. Le géographe Ptolémée, qui transmet des données remontant à Trajan, qualifie cette cité de colonie9. De plus, une inscription fragmentaire (CIL VIII, 22901) révèle la présence à Lepti Minus d’une curia Vlpia10, comme à Lepcis Magna, qui était une colonia Vlpia Traiana Fidelis11. L’antique Lepti Minus, aujourd’hui Lemta, n’est qu’à une trentaine de kilomètres au sud-est de Sousse. Or on sait aujourd’hui qu’il s’agissait sous l’Empire d’une ville importante. Depuis 1990, une prospection systématique du site, avec utilisation des méthodes géophysiques et fouilles ponctuelles, a été menée par une équipe tuniso-américano-canadienne, et elle a révélé un grand développement économique à l’époque impériale. La ville et ses faubourgs s’étendaient sur 125 hectares. De nombreuses installations de métallurgie du fer ont été repérées (scories, restes de fonte et de forgeage) ainsi que des fours de poterie pour la céramique commune ou des amphores à salaisons et à huile12. Ainsi se révèle un enrichissement qui explique la précocité de la promotion de Lepti Minus au rang de colonie honoraire.

  • 13 Dio LIII, 14, 7.
  • 14 G. Wilmanns, dans CIL VIII (1881), p. XV ; Merlin, Poinssot 1912, p. 123 ; ILAlg. I, p. IX ; Roma (...)
  • 15 Chastagnol 1958 p. 7-19 = 1987, p. 67-82. Malgré son titre, cette étude traite aussi des légats d (...)
  • 16 Le dernier partisan de l’existence d’un légat d’Hadrumète a été B.E. Thomasson (1982, p. 13-19).
  • 17 Depuis, G. Di Vita-Évrard (1986) a montré que les limites des diocèses » des légats de Carthage e (...)

5Quoi qu’il en soit, on ne constate ici nulle préséance, pas plus pour Hadrumète que pour Lepti Minus. Les historiens ont longtemps cru que la première était la résidence d’un légat du proconsul d’Afrique, mais il s’est révélé que cette hypothèse qu’aucun texte n’attestait était fallacieuse. Dion Cassius dit que les légats étaient choisis par le proconsul, mais soumis à l’approbation impériale, et que les proconsuls de province prétorienne n’avaient qu’un seul légat, alors que les deux proconsuls consulaires, soit celui d’Asie et celui d’Afrique, en possédaient trois13. Avant Caligula, le proconsul d’Afrique commandait l’armée et l’un de ses trois légats était préposé à la IIIe légion Auguste. Après la réforme de Caligula, 1’armée d’Afrique fut confiée à un légat impérial propréteur. Les historiens (ainsi G. Wilmanns, St. Gsell, A. Merlin, L. Poinssot, P. Romanelli et J. Reynolds dans un premier temps) ont pensé que le proconsul avait pourtant gardé trois légats14. Ceux de Carthage et d’Hippone sont attestés par les inscriptions ; le troisième aurait résidé à Hadrumète et il aurait eu le Byzacium sous sa juridiction. Dans une étude qui a fait date, A. Chastagnol a montré qu’après Caligula existaient toujours trois légats, mais que le proconsul n’en avait plus que deux sous son autorité (celui de Carthage et celui d’Hippone), le troisième, qui commandait la IIIe légion, ne dépendant que de l’empereur15. Cette démonstration fut presque unanimement approuvée16. Ainsi disparaissait le prétendu légat d’Hadrumète, imaginé par les modernes, alors qu’aucune source ne le mentionnait17.

2. Hadrumète, siège d’un procurateur des biens impériaux

  • 18 Christol 1999 ; 2006.
  • 19 Le chevalier T. Iulius Sabinus Victorianus fut procurator Augusti patrimonii regionis Leptiminens (...)
  • 20 Segermes : CIL VIII, 23068 = ILS 9012 (dédicace à un procurateur de la regio Hadrumetina, gravée (...)
  • 21 ILAlg I, 2035 et Pflaum 1960-1961, p. 657.

6On l’a constaté, paraissent manquer les indices révélant une autorité régionale ou simplement supra-municipale, établie à Hadrumète avant la création de la province de Byzacène. Il est cependant une fonction qui est bien attestée : elle est le siège d’une administration procuratorienne régionale des biens impériaux pour une regio Hadrumetina. Cette question a été traitée dans de savantes études de M. Christol, aux conclusions desquelles je souscris et auxquelles je renvoie18. Selon cet historien, qui reprend, en les complétant et en les amendant, les travaux d’H.-G. Pflaum, ce fut sous Trajan que la procuratelle d’Afrique fut scindée en trois régions, Carthage, Théveste-Hippone et Hadrumète. On retrouve donc ici une concurrence entre Hadrumetum et Lepti Minus, puisque des inscriptions attestent l’existence d’une regio Leptitana gérée par un procurateur équestre. Mais il se révèle que seul relevait de cette administration le patrimonium, soit les biens impériaux acquis depuis longtemps19. Le procurateur de la regio Hadrumetina gérait les biens considérés comme possessions privées du Prince (ratio priuata) et cette regio s’étendait bien au-delà de l’antique Byzacium : elle est attestée au nord à Segermes, à l’ouest à Sufetula, sièges, selon M. Christol, de subdivisions de la vaste regio Hadrumetina20. Pour M. Christol, cette regio s’étendit vers l’ouest, au-delà de la Fossa Regia ainsi qu’au sud des monts de la Dorsale, et elle finit, au iiie siècle, par correspondre à peu près à 1’étendue de la future province de Byzacène. Un tractus Bizacenus (sic) est attesté par une inscription de Madaure datable du iiie siècle21 ; on suppose qu’il coïncidait avec la regio Hadrumetina.

3. Hadrumète, chef-lieu de conuentus judiciaire

  • 22 Sur cette question, voir Lepelley 1990-1992 = 2001. Nous apportons ici un complément (avec une re (...)

7Les gouverneurs des provinces romaines devaient accomplir une tournée annuelle au cours de laquelle ils présidaient des assises judiciaires (conuentus) et réglaient diverses affaires administratives. Le gouverneur faisait étape dans les cités choisies par l’autorité impériale comme sièges de conuentus. Pour l’Afrique, les inscriptions sont muettes sur cette importante institution, que nous ne connaissons que par les documents littéraires, le plus souvent chrétiens, qui nous permettent de connaître pour la Proconsulaire, en plus de Carthage, cinq sièges de conuentus : Utique, Thysdrus, Hadrumète, Sabratha et Théveste22. Il en existait assurément d’autres : il paraît ainsi évident qu’un conuentus se tenait à Hippone, bien que les sources n’en parlent pas. Le court traité de Tertullien Ad Scapulam nous fait connaître trois conuentus, ceux d’Utique, de Thysdrus et d’Hadrumète.

  • 23 Il pourrait aussi s’agir de son parent C. Iulius Scapula Lepidus Tertullus, consul suffect vers 1 (...)
  • 24 Tert., Scap., III, 3, éd. E. Dekkers, CCL 2, p. 1129.
  • 25 Date astronomique absolue établie après consultation des astronomes de l’observatoire de Berlin p (...)

8Ce texte se présente comme une lettre ouverte adressée au proconsul P. Iulius Scapula Tertullus Priscus, consul ordinaire en 19523, proconsul d’Afrique en 212-213, et probablement déjà en 211. Issu d’une famille où l’on connaît plusieurs consulaires, Scapula était un farouche ennemi du christianisme. Tertullien lui rappelait que des gouverneurs persécuteurs avaient été punis sévèrement par la justice divine. Un prodige terrifiant aurait dû mettre en garde Scapula : quand il rendait la justice à Utique, la lumière du soleil s’éteignit24. On a pu calculer que ceci se passa le 14 août 212, dans la matinée, moment où une éclipse presque totale du soleil fut visible dans le nord de la Tunisie25. Ainsi est attesté qu’Utique était l’un des sièges d’assises du proconsul, un chef-lieu de conuentus.

  • 26 Les éditeurs transcrivent, d’après les manuscrits, adeo portentum fuit, ce qui est difficilement (...)

Nam et sol ille in conuentu Vticensi extincto paene lumine a Deo26 portentum fuit, ut non potuerit ex ordinario deliquio hoc pati, positus in suo hypsomate et domicilia : habetis astrologos !

« Car même ce soleil, quand sa lumière s’est presque éteinte lors des assises d’Utique, s’est fait prodige envoyé par Dieu : il ne pouvait pas supporter cela depuis son cours ordinaire, situé à son zénith et dans son domicile : vous avez des astrologues ! »

  • 27 Tert., Scap., IV, 3, éd. E. Dekkers, CCL 2, p. 1130.
  • 28 SHA, trig. tyr., 8, VII, 6, dit simplement que la proclamation de Gordien eut lieu à Thysdrus, d’ (...)

9Tertullien relate que certains proconsuls étaient bienveillants envers les chrétiens. Ainsi Cingius Severus (proconsul vers 196-197) souffla lui-même à Thysdrus à des chrétiens inculpés une formule leur permettant d’être relaxés27. Le conuentus de Thysdrus est attesté également par la vie des Gordiens dans l’Histoire Auguste : en 238, le vieux proconsul Gordien se reposait dans cette ville après y avoir rendu la justice (post iuris dictionem), quand les iuuenes insurgés vinrent le réveiller et le contraindre à accepter la pourpre impériale28.

  • 29 Suet., Vespas., 4.
  • 30 Tert., Scap., III, 4-5, éd. E. Dekkers, CCL 2, p. 1129.

10Les choses sont moins précises pour le conuentus d’Hadrumète. Suétone nous apprend que le futur empereur Vespasien, quand il était proconsul, dut affronter à Hadrumète une seditio quadam, une émeute au cours de laquelle il reçut une pluie de raves29. Il est assurément probable qu’il faisait étape dans la ville au cours de sa tournée judiciaire et qu’Hadrumète était donc chef-lieu de conuentus, ce que Tertullien atteste pour le début du iiie siècle dans un passage de l’Ad Scapulam30 :

  • 31 Les manuscrits, suivis par les éditeurs, donnent Adrumeticum ; l’ethnique des habitants d’Hadrumè (...)

Caecilius Capella in illo exitu Byzantino : « Christiani gaudete ! » exclamauit. Sed qui sibi uidentur impune tulisse, uenient in diem diuini iudicii. Tibi quoque optamus admonitionem solam fuisse, quod, cum Adrumeticum31 Mauilum idem Caecilius ad bestias damnasset, statim haec uexatio subsecuta est, nunc ex eadem causa interpellatio sanguinis. Sed memento de cetero !

« Caecilius Capella s’écria, lors de son fameux trépas byzantin : “Réjouissez-vous, chrétiens !”. Mais ceux qui semblent avoir supporté impunément pour eux [d’avoir persécuté], ils viendront au jour du jugement divin. Nous souhaitons que te suffise aussi cet avertissement : alors que le même Caecilius avait condamné aux bêtes l’Hadrumétin Mavilus, immédiatement s’ensuivit cette peine, et maintenant s’ensuit l’appel du sang pour la même cause. Mais souviens-toi du reste ! ».

  • 32 Dans Corpus Christianorum, Series Latina (CCL), 2, p. 1127-1132 (p. 1129 pour le passage commenté (...)
  • 33 Tert., Scap., éd. V. Bulbart, CSEL 76, p. 9-16.
  • 34 Maiulus est l’orthographe donnée pour le nom du martyr par le calendrier de Carthage (éd. De Ross (...)

11Ce bref texte a une histoire philologique complexe. Les éditeurs, depuis 1’époque humaniste jusqu’au milieu du xxe siècle, ont utilisé un manuscrit médiocre, omettant les mots idem Caecilius et écrivant non cum […] damnasset, mais cum […] damnasses (« alors que tu avais condamné »), comme si Tertullien s’adressait ici à Scapula, qui aurait donc condamné lui-même Mauilus (ou plutôt Maiulus). Ce n’est qu’en 1954 que fut publiée par E. Dekkers une édition critique, fondée sur le meilleur manuscrit32. Dès 1957, une autre bonne édition parut, par les soins de V. Bulbart confirmant celle d’E. Dekkers pour le présent passage33. Désormais, le sens de ce texte paraissait clair : un proconsul d’Afrique nommé Caecilius Capella, connu par ce seul document, tint ses assises à Hadrumète, et il condamna un chrétien nommé Maiulus (et non Mauilus)34 au cruel supplice de l’exposition aux bêtes. Immédiatement (statim) s’ensuivit la punition (uexatio) du persécuteur, qui s’écria : « Réjouissez-vous, chrétiens ! » (de la mort de votre ennemi), quand il se vit châtié par un trépas (exitus) « byzantin ». Seul ce dernier terme restait obscur, et nous présenterons plus loin l’explication qui me semble s’imposer.

  • 35 Frend 1965, p. 320 et 333 ; Birley 1971, p. 272 ; Vössing 1997, p. 131, n. 452.
  • 36 Barnes 1971, p. 268 ; Duval 1982, p. 711-712.

12Les historiens (ainsi W.H.C. Frend, A.R. Birley et K. Vössing) se sont le plus souvent ralliés à la lecture de E. Dekkers et donc à 1’existence du proconsul persécuteur Caecilius Capella, en fonction, selon A.R. Birley, à une date imprécise, entre 184 et 19235, mais ils ont eu le tort de ne pas tenir compte de la découverte d’E. Dekkers, T.D. Barnes et Y. Duval36.

  • 37 Lepelley 2001, p. 64, n. 46.
  • 38 A. Stein (PIR2, C, 27) qui ne pouvait connaître la découverte d’E. Dekkers, c’est-à-dire le proco (...)
  • 39 On retrouve toujours ce type d’erreur : la secrétaire qui dactylographiait, dans les années 1970, (...)
  • 40 Il faut donc lire de la façon suivante le texte déjà cité plus haut : Caecilius Capella in illo e (...)
  • 41 Tertullien écrit « in illlo exitu » : le démonstratif ille est emphatique, c’est pourquoi j’ai tr (...)

13Mais pourquoi la mort du persécuteur est-elle qualifiée par Tertullien, selon les manuscrits, de « byzantine » (in illo exitu Byzantino) ? Les commentateurs, et j’en fait partie37, ont pensé à la guerre civile entre Septime Sévère et son compétiteur dont un épisode se passa en 194-195 à Byzance38. Or un mot du texte s’oppose à cette interprétation : le châtiment du persécuteur advint selon Tertullien aussitôt après (statim) que Capella eut condamné aux bêtes Maiulus. On ignore la date exacte du proconsulat de Capella, mais il est évident qu’un temps plus ou moins long le sépara de la guerre civile de 193-195. De toute manière, si Capella avait dû se rendre à Byzance, son châtiment divin n’aurait pas eu lieu statim, soit immédiatement après la condamnation de Maiulus. Il faut comprendre que les scribes médiévaux qui nous ont transmis ce texte connaissaient l’existence de Byzance, et l’ethnique Byzantinus, mais qu’ils ignoraient totalement le Byzacium, et l’ethnique Byzacenus, d’où leur erreur : ils remplaçaient le terme inconnu par un autre, plus familier, ce qui est une faute banale39. En fait, Capella est mort soudainement, peu après avoir cruellement condamné le martyr Maiulus à Hadrumète, sans avoir eu le temps de quitter le Byzacium pour regagner Carthage : son trépas n’était pas « byzantin » (exitus Byzantinus), mais « Byzacénien » (exitus Byzacenus ou peut-être Byzacianus)40 ; cette rapidité du châtiment du persécuteur frappa assurément les esprits41 et devait être, selon Tertullien, un avertissement salutaire et redoutable pour Scapula. C’est pour nous un beau témoignage sur les assises judiciaires tenues à Hadrumète.

  • 42 Cumont 1902, p. 224.
  • 43 Iul., epist. Byz., I, 2, Lettres et fragments, éd. J. Bidez, Paris (CUF), p. 40 et 66. La démonst (...)

14Cette confusion entre Byzacénien et Byzantin se retrouve pour un autre texte datable, lui, du ive siècle, la lettre (en grec) 54 de l’empereur Julien. D’après les manuscrits, elle est adressée aux Byzantins (Byzantiois). Or le grand historien belge F. Cumont a démontré en 1902 que les destinataires étaient en fait les Byzacéniens (Byzakiois)42. Voici la traduction de ce texte, due à J. Bidez43 :

Τοὺς βουλευτὰς πάντας ὑμῖν ἀποδεδώκαμεν καὶ τοὺς πατρούλους, εἴτε τῇ τῶν Γαλιλαίων ἔδοσαν ἑαυτοὺς δεισιδαιμονίᾳ, εἴτε ὅπως ἄλλως πραγματεύσαιντο διαδρᾶναι τὸ βουλευτήριον, ἔξω τῶν ἐν τῇ μητροπόλει λεγειτουργηκότων.

« [Aux Byzacéniens.] Nous vous rendons tous vos bouleutes [vos décurions]et vos patroboules [ceux dont les pères sont bouleutes, c’est-à-dire les fils de décurions], soit qu’ils aient adopté la superstition des Galiléens [à savoirle christianisme dans le langage polémique de Julien], soit qu’ils aient recouru à quelque autre subterfuge pour échapper à la curie. Nous exemptons toutefois ceux qui se sont acquittés des charges publiques dans la métropole ».

15Comme Cumont l’a démontré, il ne peut s’agir ici des Byzantins, d’abord parce que Byzance s’appelait alors Constantinople, et que sa boulè était désormais le Sénat de la Nouvelle Rome, depuis Constance II, l’égal, théoriquement, du Sénat romain, et qu’on ne cherchait nullement à le déserter, contrairement aux modestes curies municipales. La métropole dont les curiales étaient privilégiés était la capitale de la province, donc en l’occurrence Hadrumète. Cumont citait, à l’appui de sa démonstration, la loi promulguée par Valentinien ier le 12 septembre 364, donc au début de son règne, qu’on lit dans le Code Théodosien (XII, 1, 59) :

Idem AA(ugusti) ad Byzacenos. Qui partes eligit ecclesiae, aut in propinquum bona propria conferendo eum pro se faciat curialem aut facultatibus curiae cedat quam reliquit, ex necessitate reuocando eo, qui neutrum fecit, cum clericus esse coepisset.

« Les deux mêmes Augustes [Valentinien et Valens] aux Byzacéniens. Celui qui choisit d’être membre de l’Église devra, soit donner ses biens personnels à l’un de ses proches qui deviendra curiale à sa place, soit céder ses biens à la curie qu’il abandonne. On devra obligatoirement rappeler à la curie celui qui n’aurait fait ni l’un ni l’autre, même s’il avait déjà commencé à être clerc ».

  • 44 Si le Code Théodosien n’a pas retenu les mesures antichrétiennes de Julien, il a cependant conser (...)
  • 45 Cod. Theod., XII, 1, 49.

16On l’a compris, cette loi amendait dans un sens plus favorable aux chrétiens la mesure de Julien déjà adressée aux Byzacéniens, et qui ne devait pas être retenue dans le code Théodosien44. En fait, Valentinien revenait à la procédure prévue par la loi émise en 361 par Constance II, que Julien avait voulu rendre plus radicale45.

Conclusion

  • 46 Di Vita-Évrard 1985, p. 162-175.

17Redisons en conclusion que le rôle régional, ou au moins supra-municipal, d’Hadrumète fut modeste avant Dioclétien, sauf probablement pour la gestion des biens impériaux inclus dans la vaste regio Hadrumetina. Si l’analyse de M. Christol s’avère exacte, l’étendue de celle-ci préfigura celle de la future province de Byzacène, dont Hadrumète devint la capitale. La partition de la province proconsulaire advint, d’après G. Di Vita-Évrard, durant l’année 30346. En devenant capitale de la nouvelle province de Byzacène, Hadrumète obtenait enfin une préséance administrative et politique correspondant à son importance démographique et économique.

Haut de page

Bibliographie

Automne (L’) 2021, X. Dupuis, V. Fauvinet-Ranson, C.J. Goddard, H. Inglebert (éd.), L’automne de l’Afrique romaine. Hommages à Claude Lepelley, Paris (Hermann Histoire et Archéologie).

Barnes T.D. 1971, Tertullian, Oxford, 1971.

Birley A.R. 1971, Septimius Severus, the African Emperor, London2

Chastagnol A. 1958, «  Les légats du proconsul d’Afrique au Bas-EmpireLibyca 6, p. 7-19, = Chastagnol A. 1987, L’Italie et l’Afrique au Bas-Empire. Études administratives et prosopographiques, Scripta varia, Lille (Université de Lille III, Travaux et recherches), p. 67-82 (addendum, p. 80-82).

Christol M. 1999, « Les subdivisions de l’administration domaniale et financière en Afrique romaine : des limites de la procuratelle d’Hadrumetum à celles de la province de Byzacène », dans X. Dupuis, Cl. Lepelley (éd.), Frontières et limites géographiques de l’Afrique du Nord antique. Hommage à Pierre Salama, Paris, p. 71-86.
https://0-books-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/psorbonne/22649

Christol M. 2005, Regards sur l’Afrique romaine, Paris (Coll. des Hespérides), p. 116-132.

Christol M. 2006, « La procuratelle du patrimoine de Lepti Minus », dans L’Africa Romana XVII 2006, p. 2037-2079.
https://www.dirittoestoria.it/8/Memorie/Africa_Romana/Christol-Procuratelle-patrimoine-Lepti-minus.htm

Cumont F. 1902, « Patróboloi », RPh 26, p. 224-228.
https://www.retronews.fr/journal/revue-de-philologie-de-litterature-et-d-histoire-anciennes/01-janvier-1902/2389/4793068/222

Di Vita-Évrard G. 1985, « L. Volusius Bassus Cerealis, légat du proconsul T. Claudius Aurelius Aristobulus, et la création de la province de Tripolitaine », dans L’Africa romana II 1985, p. 149-177.

Di Vita-Évrard G. 1986, « La Fossa Regia et les diocèses d’Afrique Proconsulaire », dans L’Africa Romana III 1986, p. 31-56.

Duval Y. 1982, Loca Sanctorum Africae, le culte des martyrs en Afrique du ive au viie siècle, I-II, Rome (CEFR 58).

Foucher L. 1964, Hadrumetum, Paris (Publications de l’Université de Tunis, Faculté des Lettres, 1re série X).

Frend W.H.C. 1965, Martyrdom and Persecution in the Early Church. Study of a Conflict from the Macchabees to Donatus, Oxford.

Gascou J. 1972a, La politique municipale des empereurs romains de Trajan à Septime Sévère, Rome (CÉFR 8).
https://www.persee.fr/doc/efr_0000-0000_1972_mon_8_1

Gascou J. 1972b, « Lepti Minus colonie de Trajan ? », AntAfr 6, p. 137-143.
https://www.persee.fr/doc/antaf_0066-4871_1972_num_6_1_934

Gascou J. 2003, «Les statuts des villes africaines : quelques apports dus à des recherches récentes», dans J.-P. Bost, J.-M. Roddaz, F. Tassaux (dir.), Itinéraire de Saintes à Dougga. Mélanges offerts à Louis Maurin, Bordeaux (Ausonius Mémoires, 9), p. 231-246.

Gascou J. 2005, « L’apport de l’épigraphie à la connaissance d’Hippo Regius », dans X. Delestre (éd.), Hippone : Hippo Regius, Aix-en-Provence, p. 183-187.

Lepelley Cl. 1981, Les cités de l’Afrique romaine au Bas-Empire, II. Notices d’histoire municipale, Paris (Études augustiniennes).

Lepelley Cl. 1990-1992, « Les sièges des conventus judiciaires de l’Afrique proconsulaire », BCTH n.s. 23, p. 145-157 = Lepelley C. 2001, Aspects de l’Afrique romaine. Les cités, la vie rurale, le christianisme, Bari (Munera 15), p. 55-68.

Lepelley Cl. 2020, « Témoignages épigraphiques sur le maintien des temples et des statues dans le patrimoine et l’espace public des cités sous l’Empire chrétien », AnTard 28, p. 247-260.

Lepelley Cl. 2021, « Les Romains en Afrique ou l’Afrique romanisée ? Archéologie, colonisation et nationalisme en Afrique du Nord », dans L’automne 2021, p. 521-538.

Leunissen P.M.M. 1989, Konsuln und Konsulare in der Zeit von Commodus bis Severus Alexander (180-235 n. Chr.): Prosopographische Untersuchungen zur senatorische Elite im römischen Keiserreich, Amsterdam (Dutch monographs on ancient history and archaeology 6).

Mattingly D.J. et alii 2001, Mattingly D.J., Stone D., Sterling L.M., Ben Lazreg N., « Leptiminus (Tunisia): A Producer City ? », dans : D.J. Mattingly, J. Salmon éd., Economies beyond Agriculture in the Classical World, London – New-York, p. 66-89.

Merlin A., Poinssot L. 1912, « Une nouvelle inscription de Teboursouk », MSAF 72, p. 109-158.
https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/bpt6k408259r/f113.item.

Pflaum H.-G. 1960-1961, Les carrières procuratoriennes équestres sous le haut-empire romain, I-III, Paris (Institut français d’archéologie de Beyrouth, bibliothèque archéologique et historique 57).

Pflaum H.-G. 1978, « La romanisation de l’Afrique », dans H.-G. Pflaum, Afrique romaine, Scripta varia I, Paris, p. 375-392 (déjà paru : Vestigia 17, 1972, p. 55-72).

Romanelli P. 1925, Leptis Magna, Roma.

Schmidt J. 1891, « Ein Beitrag zur Chronologie der Schriften Tertullians und der Prokonsuln von Afrika », RhM 46, p. 77-98.
http://www.rhm.uni-koeln.de/046/Schmidt.pdf

Thomasson B.E. 1982, « Zur Verwaltungsgeschichte der römischen Provinzen Nordafrikas (Proconsularis, Numidia, Mauretaniae)», dans ANRW II.10.2, p. 13-19.

Vössing K. 1997, Schule und Bildung im Nordafrika der römischen Kaiserzeit, Bruxelles (coll. Latomus 238).

Haut de page

Notes

1 Foucher 1964, p. 16.

2 Voir infra, note 3. C’est, de même, loin de Sousse (à Sufetula, à Segermes, et jusqu’en Algérie, à Madauros) que furent trouvées les inscriptions mentionnant la regio Hadrumetina, circonscription de l’administration des biens impériaux.

3 Loi agraire de 111 avant l’ère chrétienne, FIRA, I, p. 117-118.

4 Plin., nat., V, I, 46, 25.

5 Christol 2006, p. 2078. La Guerre d’Afrique (97, 2) révèle que César déclara Lepti Minus immunis, alors qu’il frappa Hadrumète de lourdes amendes.

6 CIL VI, 1687 = ILS 1611. Cette tablette fut trouvée au xvie siècle à Rome, avec cinq autres concernant Thaenae, Mididi, Cululis (Aïn Jelloula), Zama Regia et la Ciuitas Faustianensis, dans les ruines de la domus des Valerii, sur le Caelius. Deux de ces tablettes ont disparu ultérieurement et les inscriptions ne sont connues que par des copies d’humanistes.

7 Gascou 1972a, p. 72. La plus ancienne colonie honoraire africaine semble être Hippo Regius, promue par Domitien selon J. Gascou (2005, p. 183) et Cl. Lepelley (1981, p. 241, n. 14).

8 Pflaum 1978, p. 381.

9 Ptol., Geogr., IV, 3.

10 Il s’agit assurément d’une curie municipale, soit une division électorale du peuple de la cité, et non de 1’édifice abritant 1’ordre des décurions.

11 Gascou 1972b, p. 141 ; 2003, p. 234-235.

12 Mattingly et alii 2001, p. 66-89.

13 Dio LIII, 14, 7.

14 G. Wilmanns, dans CIL VIII (1881), p. XV ; Merlin, Poinssot 1912, p. 123 ; ILAlg. I, p. IX ; Romanelli 1925, p. 24 : J. Reynolds, J.B. Ward Perkins, dans IRT, p. 3.

15 Chastagnol 1958 p. 7-19 = 1987, p. 67-82. Malgré son titre, cette étude traite aussi des légats du Haut-Empire.

16 Le dernier partisan de l’existence d’un légat d’Hadrumète a été B.E. Thomasson (1982, p. 13-19).

17 Depuis, G. Di Vita-Évrard (1986) a montré que les limites des diocèses » des légats de Carthage et d’Hippone coïncidaient à peu près avec l’antique Fossa Regia, séparant l’Africa Vetus et l’Africa Noua. On constate cependant qu’au sud de Thaenae, donc au-delà de la Fossa Regia, la zone côtière, y compris la Tripolitaine, relevait du légat de Carthage.

18 Christol 1999 ; 2006.

19 Le chevalier T. Iulius Sabinus Victorianus fut procurator Augusti patrimonii regionis Leptiminensis (ILAlg. I, 2035, Madaure). Un procurateur de la regio Lepthiminensis (sic) est attesté sur une inscription fragmentaire de Sabratha (IRT 97). Une nouvelle inscription grecque de Perge (AE 2004, 1484, Pamphylie) gravée sous Caracalla, révèle un ἐπίτροπος ῎Αφρικος διοικήσεως Λεπτειτάνης.

20 Segermes : CIL VIII, 23068 = ILS 9012 (dédicace à un procurateur de la regio Hadrumetina, gravée sous Marc Aurèle et Lucius Verus (161-169)). Sufetula : CIL VIII, 11341= 23219 = ILS 9016 = ILTun 362.

21 ILAlg I, 2035 et Pflaum 1960-1961, p. 657.

22 Sur cette question, voir Lepelley 1990-1992 = 2001. Nous apportons ici un complément (avec une retractatio) pour Hadrumète.

23 Il pourrait aussi s’agir de son parent C. Iulius Scapula Lepidus Tertullus, consul suffect vers 195-197 : cf. Leunissen 1989, p. 217.

24 Tert., Scap., III, 3, éd. E. Dekkers, CCL 2, p. 1129.

25 Date astronomique absolue établie après consultation des astronomes de l’observatoire de Berlin par J. Schmidt (1891). À Utique, l’éclipse occulta les 11/12e du soleil.

26 Les éditeurs transcrivent, d’après les manuscrits, adeo portentum fuit, ce qui est difficilement compréhensible (le soleil « fut à ce point prodige »). La lecture a Deo portentum fuit (l’éclipse du soleil fut un prodige venu de Dieu, envoyé par Dieu) m’a été proposée par Valérie Fauvinet-Ranson et elle me semble s’imposer.

27 Tert., Scap., IV, 3, éd. E. Dekkers, CCL 2, p. 1130.

28 SHA, trig. tyr., 8, VII, 6, dit simplement que la proclamation de Gordien eut lieu à Thysdrus, d’où le nouvel empereur partit pour Carthage.

29 Suet., Vespas., 4.

30 Tert., Scap., III, 4-5, éd. E. Dekkers, CCL 2, p. 1129.

31 Les manuscrits, suivis par les éditeurs, donnent Adrumeticum ; l’ethnique des habitants d’Hadrumète est assurément (H)adrumetinus, et la correction de cette faute de copiste s’impose.

32 Dans Corpus Christianorum, Series Latina (CCL), 2, p. 1127-1132 (p. 1129 pour le passage commenté ici). Les manuscrits qui nous font connaître ce texte sont tardifs (xve siècle) et fautifs. Le meilleur manuscrit est le Codex Florentinus Magliabechianus I, VI, 9.

33 Tert., Scap., éd. V. Bulbart, CSEL 76, p. 9-16.

34 Maiulus est l’orthographe donnée pour le nom du martyr par le calendrier de Carthage (éd. De Rossi, Duchesne, p. LXX et 59) et le martyrologe hiéronymien. Ces deux documents fixent la mémoire du martyr au 11 mai (V id. Mai.), ce qui est un indice sur la période de l’année où le proconsul, au cours de sa tournée, faisait étape à Hadrumète.

35 Frend 1965, p. 320 et 333 ; Birley 1971, p. 272 ; Vössing 1997, p. 131, n. 452.

36 Barnes 1971, p. 268 ; Duval 1982, p. 711-712.

37 Lepelley 2001, p. 64, n. 46.

38 A. Stein (PIR2, C, 27) qui ne pouvait connaître la découverte d’E. Dekkers, c’est-à-dire le proconsulat africain de Caecilius Capella, explique son « trépas byzantin » par la guerre civile (Byzantio, a Septimio Seuero capto). La prise de Byzance pour le compte de Septime Sévère, par l’armée de Marius Maximus, sur les partisans de Pescennius Niger, eut lieu en décembre 195 (Hdn. III, 9).

39 On retrouve toujours ce type d’erreur : la secrétaire qui dactylographiait, dans les années 1970, ma thèse de doctorat écrivait « borne militaire », au lieu de « borne milliaire ».

40 Il faut donc lire de la façon suivante le texte déjà cité plus haut : Caecilius Capella in illo exitu Byzacenio : « Christiani gaudete ! » exclamauit. Sed qui sibi uidentur impune tulisse, uenient in diem diuini iudicii. Tibi quoque optamus admonitionem solam fuisse, quod, cum Adrumetinum Maiulum idem Caecilius ad bestias damnasset, statim haec uexatio subsecuta est, nunc ex eadem causa interpellatio sanguinis. Sed memento de cetero !

41 Tertullien écrit « in illlo exitu » : le démonstratif ille est emphatique, c’est pourquoi j’ai traduit : « lors de son fameux trépas byzacénien ».

42 Cumont 1902, p. 224.

43 Iul., epist. Byz., I, 2, Lettres et fragments, éd. J. Bidez, Paris (CUF), p. 40 et 66. La démonstration de F. Cumont, prise ici en compte par J. Bidez, avait déjà été relevée par P. Krüger, dans Codex Theodosianus, éd. Th. Mommsen (paru en 1904) pour Cod. Theod., XII, 1, 59, loc. cit., p. 677.

44 Si le Code Théodosien n’a pas retenu les mesures antichrétiennes de Julien, il a cependant conservé la loi Cod. Theod., XII, I, 50 = XIII, 1, 4, du 13 mars 362, ordonnant le retour aux charges curiales des décurions qui les avaient désertées sous prétexte de christianisme.

45 Cod. Theod., XII, 1, 49.

46 Di Vita-Évrard 1985, p. 162-175.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Claude Lepelley, « Dans quelle mesure Hadrumète fut-elle une capitale régionale avant le ive siècle ? »Antiquités africaines, 59 | -1, 131-136.

Référence électronique

Claude Lepelley, « Dans quelle mesure Hadrumète fut-elle une capitale régionale avant le ive siècle ? »Antiquités africaines [En ligne], 59 | 2023, mis en ligne le 15 décembre 2023, consulté le 06 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/antafr/6083 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/antafr.6083

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search