“Alla memoria di tutti coloro che, scomparsi, mi hanno insegnato a vivere seriamente, ad amare, a pensare.”
1Amoureux d’Athènes, de Delphes et de Meydancıkkale, je me suis, depuis longtemps, intéressé à ce que l’on nomme les « Karyatides » et « Kariatides », ou encore « Caryatides » et « Cariatides » (les quatre graphies existent), que je préfère appeler « femmes porteuses » : ces jeunes femmes en tunique longue et aux formes galbées qui, à l’instar de colonnes, soutiennent l’entablement d’un monument de leur tête surmontée d’une sorte de tiare (polos, kalathos) servant d’abaque. Leur relation à la mort m’a toujours semblé évidente. Mais quelle relation ? Celle à la mort uniquement ? Il y a trois ans j’écrivais à ce propos à mon ami Didier Laroche, fin connaisseur des lieux susmentionnés. Didier m’encouragea à poursuivre mes investigations, me donnant toujours de sages conseils, car personne, selon lui, ne s’était véritablement intéressé à la symbolique de ces jeunes femmes porteuses reflétant assurément un imaginaire religieux dans des espaces-temps, autant de contextes, bien précis qu’il convient de définir et décrypter.
2Au Ier siècle, Vitruve explique dans son Traité sur l’Architecture (De Arch. I.5) l’origine des Karyatides (traduction essentiellement personnelle) :
(…) au lieu de colonnes, on pose des statues de marbre, représentant des femmes vêtues de robes traînantes, qu’on appelle cariatides, et qu’au-dessus on place des modillons et des corniches (…). Caria, ville du Péloponnèse, se ligua autrefois avec les Perses pour faire la guerre à la Grèce. Les Grecs, ayant glorieusement mis fin à cette guerre par la victoire, voulurent marcher immédiatement contre les Cariates. La ville fut prise (…), la cité détruite, les femmes traînées en servitude. Il ne leur fut point permis de quitter leurs longues robes ni leurs ornements (…afin) que, portant à jamais le sceau infamant de la servitude, elles parussent souffrir la peine qu’avait méritée leur ville. Aussi les architectes du temps imaginèrent-ils de les représenter dans les édifices publics placées sous le poids d’un fardeau (…).
3Vitruve fait ici allusion à l’une des deux « Guerres médiques » (490 ou 480-479) et il connaît certainement les Karyatides de l’Éréchthéion de l’Acropole d’Athènes (infra). Nous sommes ici dans ce que l’on a appelé le médikos logos, le médisme (Graf, 1979 ; Vickers, 1985, pp. 3-28). Il est vrai que sur l’Acropole d’Athènes, l’apologie serait faite des Marathonomaques ces hoplites morts à Marathon en 490 pour défendre leur patrie athénienne face à l’armée perse achéménide. Ils seraient représentés héroïsés sur la frise des Panathénées du Parthénon (Boardman, 1977, pp. 39-49 ; voir aussi e.g., O’Hare Wilson, 2005, pp. 209-227). Dès lors, la légende racontée par Vitruve serait acceptable et les Karyatides remises au rang de symbole de lutte contre l’ennemi oriental.
- 1 J’use dorénavant de la graphie karyatide, sans majuscule initiale pour en faire un nom commun synon (...)
4Deux siècles après Vitruve, soit au IIe après J.-C., Pausanias (Pér. III.18.10) mentionne quatre femmes porteuses, qu’il ne nomme pas karyatides1, à Amyklée, en Lakonie (Sud-Est du Péloponnèse, en Grèce). Ces femmes gardent la tombe de Hyakinthos sise au-dessous dudit « Trône d’Apollon », dieu dont il était l’amant, ce qui n’a pas plu à Zéphyr, d’où sa mort et sa métamorphose en jacinthe, plante bulbeuse. D’après la description de Pausanias et les relevés sur le terrain (aucune trace des femmes porteuses), l’ensemble architectural pourrait avoir daté du milieu du VIe siècle, époque archaïque, bien avant les « Guerres médiques » (Martin, 1976, pp. 205-218). Dès lors le « médisme » de Vitruve et des commentateurs modernes ne tient plus.
5Faisons donc un inventaire archéologique et chronologique des femmes porteuses, dites karyatides.
6Références principales : Davesne, A. & Laroche-Traunecker, Fr. (Ed.) (1998). Gülnar I : Le site de Meydancıkkale. Recherches entreprises sous la direction d’Emmanuel Laroche (1971-1982). Paris : Recherche sur les Civilisations. Casabonne, O. (2004). La Cilicie à l’époque achéménide. Paris : De Boccard.
- 2 Sur la notion d’espace chypro-cilicien, voir Casabonne, 2004, passim.
7Deux karyatides de style chypro-cilicien archaïque2 soutiennent l’entablement de l’entrée d’une tombe monumentale (Davesne & Laroche-Traunecker, 1998, pp. 245-289 ; Casabonne, 2004, pp. 151-165).
8Références récentes et plus anciennes : Aurigny, H., Braunstein, D., & Martinez, J.-L. (2018). Recherches sur la sculpture archaïque de Delphes : nouvelles propositions et perspectives. Bulletin de Correspondance Hellénique, 142(1), 71-96 (avec références). Je mets en exergue, bien plus anciennement : Dinsmoor, W. B. (1913). Studies of the Delphian Treasuries. II: The Four Ionic Treasuries. Bulletin de Correspondance Hellénique, 37, 5-83. Picard, Ch., & de la Coste Messelière, P. (1928). Art Archaïque : Les trésors ‘ioniques’, Fouilles de Delphes IV (2). Paris : De Boccard.
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Trésor dit de Knide (Égée, Sporades, Ionie du Nord ou Éolide) : ca. milieu du VIe siècle – Deux femmes porteuses/karyatides mais aucune décoration associée publiée.
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Trésor de Siphnos (Égée, Cyclades) : ca. 525 – Deux femmes porteuses/karyatides, chacune avançant une main en signe d’hospitalité ou d’offrande – Frise ionique sur l’entablement : surtout, assemblée des Olympiens, scènes de Guerre de Troie et de Gigantomachie.
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« Petites » femmes porteuses/karyatides découvertes récemment sans contexte architectural précis. – Deuxième moitié du VIe siècle (d’après l’étude stylistique).
Fig. 1 Les karyatides du tombeau de Meydancıkkale exposées au Musée de Silifke
© Didier Laroche
Fig. 2 Reconstitution du tombeau archaïque de Meydancıkkale
© Claude Traunecker
Fig. 3 Karyatide du Trésor de Siphnos
© Didier Laroche
Fig. 4 Reconstitution du Trésor de Siphnos
9Importante bibliographie, e.g., Bouskaris, M. S. (1978). Les monuments de l’Acropole. Athènes (pratique présentation, pp. 99-115). Sur Érichthonios, Éréchthée et Kékrops : Loraux, N. (1981). Les enfants d’Athèna, Paris : Points. Loraux, N. (1993). L’invention d’Athènes. (2e éd.) Paris : Payot.
10Six femmes porteuses/karyatides gardent le tombeau symbolique d’Érichthonios/Éréchthée (les deux pouvant être interchangeables dans le temps) et de Kékrops, rois légendaires et fondateurs de l’autochthonie athénienne.
Fig. 5 Karyatides de l’Éréchtéion, Athènes
11Référence : Şare, T. (2013). The Sculpture of the Heroon of Perikle at Limyra : the Making of a Lycian King. Anatolian Studies, 63, 55-74.
12Huit karyatides gardent le devant et l’arrière du tombeau (hérôon) du dynaste lycien Périklès. On les considère comme des copies des caryatides de l’Acropole d’Athènes. Ceci me semble plausible et atteste d’un phénomène que nous observons ailleurs tant en Asie Mineure qu’au Levant, à savoir la propagation de modèles athéniens dès la fin du Ve siècle : l’apparition des monnaies dites « pseudo-athéniennes » ou l’image de l’Athèna Promachos (ou Nicèphore, ou encore Parthénos) en sont d’autres témoignages (Casabonne, 2004, pp. 89-92).
Fig. 6 Reconstitution du Hérôon de Limyra
© ÖAW-ÖAI
Fig. 7 Pleureuses sur une table de jeu (vers 500). Musée du Céramique, Athènes
© Didier Laroche
13Référence : Karolyi-Papachristopoulos, É. (2014). Amphipolis sous le feu des projecteurs. Archéologia, 525, 4-7.
14Sous un imposant tumulus, deux karyatides gardent l’entrée de la seconde salle funéraire, ou petits propylées. Chacune lève un bras en guise de salut ou de désespoir, les deux significations du geste n’étant pas contradictoires. Ceci peut avoir son importance : peu après la découverte récente du tombeau, Didier Laroche a rapproché le geste de ces karyatides de celui de pleureuses d’époque archaïque, du VIe siècle (communication personnelle). Didier est revenu sur sa première impression. Il me semble pourtant que cette idée devrait nous rester en tête (Fig. 7).
15Toutes ces femmes porteuses ont un lien évident avec la mort : à Meydancıkkale, ça va de soi ; sur l’Acropole d’Athènes aussi, comme à Limyra et Kasta/Amphipolis ; à Amyklée également, d’après ce que l’on peut recomposer. Les karyatides dudit Trésor de Siphnos supportent une frise de style ionien faisant le tour de l’entablement du monument. Outre les Olympiens qui discutent de façon macabre, comme on doit s’y attendre, on n’y voit que la mort : d’un côté, le massacre des Géants par les Olympiens ; de l’autre, un épisode de la Guerre de Troie figurant un combat entre Achéens et Troyens et annonçant la mort d’Ilion, l’auguste cité de Dardanie, qui contrôlait le Détroit de l’Hellespont à la fin du IIe millénaire.
16Il appert également une relation géographique : l’Ionie, mais pas réduite à la seule « Grèce de l’Est », comme un élan hellénocentriste pourrait le faire accroire. J’évoque ici l’Ionie des textes orientaux qui de la Grèce au Levant, via la côte méridionale de l’Asie Mineure et Chypre, réunit des peuples de la mer, qu’ils soient hellènes, louvites, asianiques ou autres (Casabonne, 2004, pp. 77-89).
- 3 Une péjoration climatique et des migrations humaines sont attestées par l’archéologie à la fin du I (...)
17Enfin, il y a la chronologie : nous restons entre le tout début du VIe siècle et la fin du IVe. Bien évidemment, des karyatides apparaissent plus tard, de la basse époque hellénistique jusqu’aux temps modernes, mais jamais dans un tel contexte lié à la mort, sauf peut-être à Éleusis (infra). Entre le début du VIe siècle, voire la fin du VIIe, et le IVe, des identités régionales (ré)explosent politiquement, économiquement, culturellement en Méditerranée. Pensons à Corinthe, Athènes, Delphes, Samos, Rhodes, Milet, au royaume lydien, aux empires babylonien et achéménide, à la Palestine, l’Asie Mineure, aux Étrusques etc. Tout porte à croire que des sociétés humaines en terminent avec une crise agraire, reflet d’une péjoration climatique, pour s’en aller vers des espaces-temps dits meilleurs. Ce n’est pas par hasard si c’est aux VIIIe et VIIe siècles que s’opère la transmission de l’écriture alphabétique d’Est en Ouest, apparaissent les monnaies, sont composés les œuvres hésiodiques et homériques. Ce ne sont là que quelques exemples attestant de la sortie d’une crise majeure ayant entraîné autant de migrations humaines (Détienne, 1963)3. L’énigme des karyatides, venues d’Asie Mineure louvite, est contemporaine de l’énigme grecque (Ober, 2019, pp. 129-167).
18Comment se fait-il que, entre ca. 600 et 320, de jeunes femmes sont mises en relation avec la mort ? Je me suis alors rappelé L’Hymne homérique à Dèmètèr.
- 4 Je détourne ici le titre du magnifique roman Les petites filles et la mort, Paris, 2003 (écrit en 1 (...)
19Références :
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Rouanet, M. (1961). Les thèmes rituels et artistiques dans « l’Hymne homérique à Dèmètèr » (Mémoire inédit de Diplôme d’études supérieures). Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Université de Toulouse, France. Kahn-Lyotard, L., & Loraux, N. (1981). Mort. Les mythes grecs. Dans Y. Bonnefoy (dir.), Dictionnaire des mythologies et des religions traditionnelles et du monde antique (vol. II [K-Z], pp. 117-124, spéc. pp. 121-124). Paris : Flammarion.
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Pour la présentation, la datation (fin VIIe siècle, peu avant 610 ?) et la traduction de l’Hymne : Humbert, J. (1959). Homère, Hymnes. Paris : Les Belles Lettres. Monsacré, H. (Ed.). (2019). Tout Homère. Paris : Les Belles Lettres.
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Sur Dèmètèr, voir les récentes et très intéressantes interrogations et hypothèses de Raimond, É. (2021). La déesse Déméter. Res Antiquae, 18, 331-376.
20Les premiers vers de l’Hymne homérique à Dèmètèr nous chantent le rapt de la fille de la déesse nourricière Dèmètèr par le dieu des Enfers, Hadès. Ce dernier enlève Korè. Celle-ci deviendra Perséphonè, déesse des Enfers, un tiers de l’année, puis reviendra chez sa Mère les deux autres tiers. Écoutons l’aède (Humbert, 1959, pp. 25-58, vers 1-20) :
Korè, « aux longues chevilles (…), loin de Dèmètèr au glaive d’or qui donne les splendides récoltes, jouait avec les jeunes Océanides à l’ample poitrine et cueillait des fleurs, – des roses, des crocus et de belles violettes –, dans une tendre prairie, – des iris, des jacinthes et aussi le narcisse (… qui) brillait d’un éclat merveilleux (…). Il était poussé de sa racine une tige à cent têtes et, au parfum de cette boule de fleurs, tout le vaste Ciel d’en haut sourit, et toute la terre, et l’âcre gonflement de la vague marine. Étonnée, l’enfant étendit à la fois ses deux bras pour saisir le beau jouet : mais la terre aux vastes chemins s’ouvrit (… et Hadès) l’enleva et, malgré sa résistance, l’entraîna sur son char d’or (…) ».
21Première observation : si elle est probablement vierge, donc toujours une enfant, Korè est svelte (« aux longues chevilles ») et elle joue avec ses copines Océanides « à l’ample poitrine ». Sur ce, j’ai beaucoup de mal à traduire le grec korè exclusivement par « jeune fille ». Dans le gabarit mental de nos jours, on pourrait plutôt appeler « jeune femme » une adolescente formée quant au galbe et à la menstruation. Ce que l’on nomme en grec les korai (pluriel) des VIIe et VIe siècles retrouvées sur l’Acropole d’Athènes et ailleurs dans le monde gréco-anatolien me semble être de splendides jeunes femmes, aux regards et sourires éternels, quasi mystiques, assurément envoutantes (Sur la sculpture grecque archaïque, voir Boardman, 1978).
- 5 On retrouve cette cueillette du safran sur des fresques d’Akrotiri, sur l’île de Santorin, contempo (...)
22Deuxième observation : avant le rapt, la fille de Dèmètèr cueille, outre des roses et des violettes, essentiellement des plantes bulbeuses : iris, crocus, jacinthes et le narcisse qui la conduit aux Enfers. Le narcisse peut dès lors apparaître comme un symbole de mariage (avec Hadès) ou de mort (descente aux Enfers). Il est vrai qu’en extrapolant L. Gernet et A. Motte, cités dans Kahn-Lyotard et Moraux (1981, pp. 117-124), il est possible de voir dans le mariage d’une jeune femme, qui sous-entend pour l’époque un dépucelage et le fait d’être enceinte, et devenir Mère, la mort d’une ingénue mais aussi la naissance d’une femme qui engendre. Dès lors, il ne me semble pas judicieux d’associer le narcisse et autres plantes bulbeuses à la mort (contra loc. cit.). J’en ai discuté avec Guillaume Baron, naturaliste au Museum d’histoire naturelle de La Rochelle qui pense également que les plantes bulbeuses sont à part : il a vu des bulbes, que l’on croyait morts, redonner des fleurs après plusieurs années sans aucune manipulation humaine. Aussi, je préfère me ranger du côté de Monique Rouanet, mon ancienne enseignante de français et grec, qui écrivit dans son mémoire méconnu (Rouanet, 1961) à propos de la cueillette et du rapt de Korè : « Ce sont pour la plupart des plantes à bulbe ; l’on retrouve là des vieux rites agraires minoens : les plantes à bulbe symbolisent le sommeil de la plante qui dort dans la terre pour renaître au Printemps. L’on pourrait aussi rapprocher cette cueillette de la cueillette rituelle du safran que reproduit un mur de Cnossos datant de ca. 1600-1500 avant notre ère. Il ne faut pas s’étonner de la parenté de Dèmètèr et des anciens rites minoens » (Humbert, 1959, p. 14)5. Il est vrai que Dèmètèr est dite venir de Crète (Humbert, 1959, vers 123 de l’Hymne). « La vie et la mort sont une même réalité qui retrace à la fois le devenir de l’homme et l’ordre cyclique du monde. La vie engendre la mort, la mort engendre la vie » (Humbert, 1959, p. 38). Nous ne sommes pas ici dans une forme ancienne de résurrection mais bien dans un concept de réversibilité de la vie et de la mort.
- 6 Pour l’une de mes visites des lieux, voir Casabonne, 2017, pp. 31-40.
23Ma Mère, à la main verte, m’a appris à planter des plantes bulbeuses. J’ai ainsi compris que lorsque on ne voit ni tige ni encore moins fleur, la vie poursuit son cours sous terre. Certes l’iris, celui que j’ai cueilli à « l’étang de la Dame » à Seignosse (Landes), est une plante rhizomateuse ; mais, l’iris peut être aussi à bulbe. Que la plante soit rhizomateuse ou bulbeuse ne change rien à la symbolique : la vie s’organise sous terre. Quant au crocus, il est peut-être intéressant de se rappeler qu’en Cilicie Trachée, soit non loin de Meydancıkkale, était cueilli un des plus réputés safran dans l’Antiquité, à Korykos, dans un antre fameux (Strabon XIV.5.5). J’ignore si la cueillette était le fait de jeunes femmes. Il reste toutefois magnifique de voir les gouffres de l’Enfer et du Paradis6. Enfin, par souci de réversibilité, je reviens au destin de Hyakinthos, amant d’Apollon, tué par le Vent d’Ouest/Nord-Ouest, Zéphyr, jaloux. De son sang naît la jacinthe dont le tombeau est, à Amyklée, protégé par des femmes.
Fig. 8 Karyatide du Temple de Déméter, Eleusis. Fitzwilliam Museum, Cambridge
© Deniz Genceolu
Fig. 9 Karyatide du Temple de Déméter, Eleusis. Musée archéologique d’Éleusis
© Pınar Durgun
24Par le truchement des plantes bulbeuses, les karyatides, jeunes femmes porteuses de vie et de mort, peuvent parfaitement signifier cette symbolique religieuse, quasi mystique – et rappelons-nous les Mystères d’Éleusis, sanctuaire de Déméter – de la réversibilité de la vie et de la mort. Ce n’est peut-être pas un hasard si vers le milieu du Ier siècle, le Proconsul romain Appius Claudius Pulser et ses neveux dédièrent à Dèmètèr et Perséphonè les petits propylées du temple d’Éleusis, ornées, entre autres, de majestueuses karyatides (Fig. 8-9). Et on se rappellera qu’à Kasta/Amphipolis, bien avant (supra), c’est aussi dans les petits propylées que furent érigées de somptueuses karyatides.
25Que vivent donc les femmes ! et comme l’a chanté Jean Ferrat « la femme est l’avenir de l’homme ».