Tim Murray, Christopher Evans (éd.), Histories of Archaeology. A reader in the History of Archaeology
Tim Murray, Christopher Evans (éd.), Histories of Archaeology. A reader in the History of Archaeology, Oxford, Oxford University Press, 2008, 485 p.
37 livres / isbn 978-0199550081.
Texte intégral
1Tim Murray et Christopher Evans nous proposent un recueil de différents articles relatifs à l’histoire de l’archéologie publiés entre 1965 et 2002, en hommage à Bruce Trigger, pionnier de l’histoire de l’archéologie. L’ouvrage trouve son origine dans le cadre d’une conférence tenue à Göteborg, « Archives, Ancestors, Practices : Archaeology in the Light of Its History », tenue sous les auspices des Archives européennes d’Archéologie (area). Aujourd’hui l’historiographie relative à l’histoire de l’archéologie est complète et couvre de nombreux axes de recherche. Sans pour autant vouloir faire de cette publication un « canon » regroupant les réflexions majeures de l’historiographie, les auteurs veulent proposer ici une vision large de l’évolution de la discipline et les nombreux champs désormais couverts. L’ouvrage s’articule autour de dix-neuf textes abordant différentes problématiques relatives à l’histoire et à la place de l’archéologie : les usages du passé, l’étude des sociétés primitives, les problématiques identitaires, la gestion du patrimoine, les relations entre antiquaires et archéologues ou encore la place des femmes dans cette discipline.
2L’introduction historique de Tim Murray et Christopher Evans pose les cadres et le contexte de l’histoire de la discipline. Elle replace les différents chapitres dans leur contexte en rappelant les grandes lignes et les domaines d’application de chacune des études. Cette introduction propose donc une historiographie complète de la discipline. Les auteurs distinguent ainsi six grandes thématiques dans l’organisation des articles : les histoires de l’archéologie, le pourquoi et le comment de l’histoire de l’archéologie, la problématique de l’histoire de l’archéologie en tant que polémique, la place de l’archéologie dans son contexte social et culturel, les hommes et les institutions de l’histoire de l’archéologie et enfin l’écriture de l’histoire de l’archéologie dans le futur.
3L’article de Jacon W. Gruber, Brixham Cave and the Antiquity of Man (1965), fut un essai pionnier relatif à l’histoire de l’évolution humaine et comment celle-ci s’est inscrite dans le développement de l’archéologie elle-même, en repartant des constats de Grahame Clark à propos des travaux de Darwin. Jim Allen s’intéresse au cas de la préhistoire australienne ; elle revient sur un épisode de la vie de Gordon Childe, Perspectives of a Sentimental Journey V. Gordon Childe in Australia 1917-1921 (1981), en se fondant sur l’analyse d’archives de l’université de Sydney. La thématique de l’impact de l’archéologie et de la préhistoire est aussi reprise au travers de l’article plus récent de Marc-Antoine Kaeser, On International Roots of Prehistory (2002) au travers duquel il souligne le rôle central du Congrès international de préhistoire durant la fin du xixe siècle, qui, selon l’auteur, n’a pas autant contribué à des développements nationalistes qu’on a pu le penser. David Clarke, Introduction and Polemic (1968), amorce la série d’articles essentiellement centrés autour des problématiques nationales et identitaires liées à l’archéologie. Il insiste notamment sur les liens directs qui unirent les cadres de l’archéologie et qui expliquent les futurs développements de la New archaeology.
4L’article de Don D. Fowler, Uses of the Past : Archaeology in the Service of the State (1987), souligne les usages du passé comme « une ressource symbolique » légitimant l’autorité de la nation et compare ici les exemples de Mexico, de l’Angleterre et de la République populaire de Chine en se demandant si le contexte social et culturel de l’archéologie a influencé la théorie archéologique. Bettina Arnold, The Past as Propaganga : Totalitarism Archaeology in Nazi Germany (1990), détaille la manière dont l’archéologie et l’étude de la préhistoire en Allemagne ont contribué à l’affirmation des preuves de l’existence de la plus haute origine historique de la race arienne. Michael Dietler, “Our Ancestors the Gauls” : Archaeology, Ethnic Nationalism, and the Manipulation of Celtic Identity in Modern Europe (1994), revient sur la manipulation de l’information archéologique à des fins politiques avec l’exemple de l’identité celtique. Enfin, Christopher Evans dans son article Archaeology against the State : Roots of Internationalism (1995) propose une approche de la nouvelle archéologie dans la société d’après-guerre avec le développement d’un nouvel internationalisme.
5Cette thématique rassemble donc de nombreux articles et occupe une place importante de ce recueil, pourtant d’autres études complètent cette approche historiographique de l’histoire de la discipline. Ainsi, Martin Hall s’intéresse à la question du tribalisme en Afrique du Sud et des apports du contexte social dans l’étude de l’âge du fer (1984) ; Douglas R. Givens souligne le rôle des biographies des « grands » hommes comme Gordon Childe, Grahame Clark ou Aurel Stein dans l’écriture de l’histoire de l’archéologie (1992), et montre comment l’usage de la biographie a pu être détourné par certains historiens. Margarita Díaz-Andreu et Marie Louise Stig Sørensen proposent une histoire des genres en archéologie et de la place des femmes sur le terrain, Excavating Women : Towards an Engenrdered History of Archaeology (1998). Enfin, les aspects patrimoniaux sont soulignés par Tim Murray, The History, Philosophy, and Sociology of Archaeology : The Case of the Ancient Monument Protection Act (1990), et par Alain Schnapp qui s’intéresse aux questions de continuités et de ruptures entre les antiquaires et archéologues (2002). On n’oubliera pas non plus l’étude de Suzanne L. Marchand à propos du philhellénisme germanique (1996) ou encore Historiography de Bruce Trigger (2001) qui détaille les différentes histoires relatives à l’archéologie.
6L’ouvrage a le mérite de réactualiser ces différents articles et de les rassembler, se présentant également comme un manuel pour faire le point sur l’historiographie de l’histoire de l’archéologie.
Pour citer cet article
Référence papier
Laure Caillot, « Tim Murray, Christopher Evans (éd.), Histories of Archaeology. A reader in the History of Archaeology », Anabases, 11 | 2010, 273-275.
Référence électronique
Laure Caillot, « Tim Murray, Christopher Evans (éd.), Histories of Archaeology. A reader in the History of Archaeology », Anabases [En ligne], 11 | 2010, mis en ligne le 01 septembre 2011, consulté le 17 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/anabases/909 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/anabases.909
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