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Archéologie des savoirs

Le coracin (κορακνος) du lac de Tibériade (F. Josèphe, B.J. III, 520). Une « veine » du Nil en Palestine1

Constantin Raïos
p. 133-158

Résumés

Dans sa description géographique des environs du lac de Tibériade (B.J. III, 506-521), Flavius Josèphe mentionne une πηγή  source ») qui engendre un poisson comparable au κορακῖνος (« coracin ») du lac d’Alexandrie. Nous nous proposons d’examiner si les traducteurs et les commentateurs modernes de l’historien juif ont raison d’identifier, depuis le XIXe siècle, ce poisson avec un poisson-chat ou une anguille, malgré la tendance générale d’associer le coracin égyptien à la famille des Cichlidés. Ensuite, nous essayerons de circonscrire les origines de la tradition utilisée par Josèphe et d’apporter un premier éclairage aux raisons pour lesquelles certains auteurs anciens liaient le Nil à diverses étendues d’eaux.

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Texte intégral

  • 1 Une première version de notre article a été présentée lors des VIIIes Rencontres Archéozoologique (...)
  • 2 Pour une brève définition de la χωρογραφία, voir D. Dueck, K. Brodersen, Geography in Classical A (...)

1Le troisième livre de la Guerre des Juifs de Flavius Josèphe est consacré à la campagne de Galilée menée par Vespasien et Titus (été – automne 67). Dans la même partie de son ouvrage, Josèphe raconte les événements cruciaux qui sont à l’origine de sa vocation d’historien, à savoir la chute de Jotapata, qu’il protégeait, sa reddition aux Romains et sa rencontre avec Vespasien (B.J. III, 338-408). Le troisième livre comporte, en outre, d’intéressantes digressions géographiques et chorographiques2, qui, conformes aux habitudes des historiens anciens, visent principalement à présenter les lieux et les enjeux de la guerre.

2Avant d’entrer dans le vif du sujet, Josèphe décrit la Galilée, la Pérée, la Samarie, la Judée ainsi que le royaume d’Agrippa II (B.J. III, 35-58) et, vers la fin du livre, il offre une description du cours du Jourdain, du lac de Tibériade et des terres avoisinantes (B.J. III, 506-521). Cette seconde parenthèse chorographique s’insère entre le récit des opérations militaires qui aboutirent à la prise de Tarichées par Vespasien et Titus (B.J. III, 462-505) et celui d’un combat naval qui, en opposant les radeaux bien équipés des Romains à une flottille de fortune, se solda par le massacre impitoyable des rebelles et des réfugiés juifs (B.J. III, 522-531).

  • 3 L. Huitink, J. W. van Henten, « Josephus », in I. J. F. de Jong (éd.), Space in Ancient Greek Lit (...)
  • 4 D’après Y. Sahar, Josephus Geographicus: The Classical Context of Geography in Josephus, Tübingen (...)

3Les eaux du lac rougies par le sang, les corps mutilés jonchant le rivage et les odeurs fétides de la putréfaction des cadavres témoignent de la violence inouïe des représailles romaines et contrastent nettement avec l’image du paradis terrestre que constitue habituellement le paysage amène du lac et de ses environs3. L’historien célèbre la « fertilité » (πιότης) et « l’air tempéré » (τοῦ δ᾽ ἀέρος τὸ εὔκρατον) de la région, résultat d’un « noble concours » (ἀγαθὴ ἔρις) entre les saisons, qui combinent leurs vertus pour produire et préserver tout au long de l’année des cultures normalement inconciliables (B.J. III, 516-519)4. Cependant, comme si toutes ces forces bienfaitrices ne suffisaient pas, un agent supplémentaire contribue à l’opulence générale (B.J. III, 519-520) :

Πρὸς γὰρ τῇ τῶν ἀέρων εὐκρασίᾳ καὶ πηγῇ διάρδεται γονιμωτάτῃ, Καφαρναοὺμ αὐτὴν οἱ ἐπιχώριοι καλοῦσιν. Ταύτην φλέβα τινὲς τοῦ Νείλου ἔδοξαν, ἐπεὶ γεννᾷ τῷ κατὰ τὴν Ἀλεξανδρέων λίμνην κορακίνῳ παραπλήσιον.

  • 5 Texte grec et traduction d’A. Pelletier, Flavius Josèphe. Guerre des Juifs. Tome II. Livres II et (...)

« C’est qu’en plus de son air tempéré, elle est arrosée par une source très fertilisante. Les gens de l’endroit lui donnent le nom de Capharnaüm. D’aucuns ont pensé que c’était une branche du Nil, étant donné qu’elle engendre une espèce de poisson analogue au coracin du lac d’Alexandrie5. »

  • 6 TrGF, I, 2, F4.
  • 7 Voir à titre indicatif Aristote, Probl. 935b, 10 ; Polybe XXXIV, 9, 7 ; Philon, De somniis I, 19 (...)
  • 8 S. Loffreda, V. Tzaferis, « Capernaum », in E. Stern, A. Lewinson-Gilboa, J. Aviram (éd.), The Ne (...)
  • 9 À notre connaissance, C. A. Behr (P. Aelius Aristides. The Complete Works Translated into English(...)
  • 10 Les éditeurs, traducteurs et commentateurs d’Aristide, Or. XXXVI (B. Keil, Aelii Aristidis Smyrna (...)

4Au moins depuis Chérilos (VIe-Ve s. av. J.-C.)6, les mots φλέψ, en grec, et uena, en latin, désignent les affluents des grands fleuves et les sources qui jaillissent de la terre7, en partant apparemment d’une comparaison entre les ramifications des cours d’eau dans le sous-sol et la disposition des veines dans le corps humain. Quant au passage en question, l’historien juif doit se référer aux sources d’Heptapégon (aujourd’hui al-Tabgha / Ein Sheva) ou à un des nombreux ruisseaux qui jaillissent entre le point d’entrée du Jourdain et Génésareth8. Curieusement, la tradition évoquée par Josèphe n’a presque jamais été mise en parallèle avec Aristide, Or. XXXVI, 829, c’est-à-dire le second passage dans la littérature grecque qui tente d’établir un lien entre le Nil et une étendue d’eau située en Syrie-Palestine : selon des ξένοι  hôtes ») de l’orateur, il existait près de Scythopolis une sorte de nilomètre à longue distance, puisque le niveau des eaux d’un lac10 semblait monter et ainsi indiquer le moment de la crue du Nil.

  • 11 Callimaque, Hymne à Art. 171 ; Pline, H.N. III, 106 [229] ; Pausanias II, 5, 3. Voir D. Bonneau, (...)
  • 12 Bonneau, La crue du Nil, p. 143-147 ; J. Desanges, Recherches sur l’activité des Méditer­ranéens (...)
  • 13 On suppose ordinairement qu’Euthymène a navigué jusqu’au golfe de Guinée et à l’estuaire du Sénég (...)
  • 14 Strabon XV, 1, 25 = FGrHist 2B, 133, F20 (Néarque de Crète). Nous pourrions aussi signaler le fle (...)

5Selon une croyance répandue – dont Callimaque, Pline l’Ancien et Pausanias se font écho11  le Nil était censé se joindre à la rivière Ἰνωπός / Inopus de Délos, qui était en crue en même temps que le grand fleuve de l’Égypte. D’une manière générale, ceux qui essayèrent de répondre à la question épineuse de la localisation des sources du Nil cherchèrent des points et des cours d’eau sujets à des crues estivales ou dotés de la même faune que le fleuve de l’Égypte : l’explication d’Euthymène de Marseille (Aristide, Or. XXXVI, 85-95), qui combina la théorie des vents étésiens de Thalès avec la tradition archaïque selon laquelle le Nil, tout comme les autres fleuves de la terre, prenait ses sources dans l’Océan12, fut corroborée par la présence de crocodiles et d’hippopotames au large du littoral atlantique de l’Afrique13 ; Juba II de Maurétanie situa aussi les sources du Nil en Afrique occidentale et, d’après Pline, H.N. V, 10 [51], c’était la présence de cyprins, de coracins, de silures et de crocodiles dans le lac Nilidès qui autorisa le roi mauritanien à l’associer aux sources supposées du Nil ; Alexandre le Grand, pour citer un dernier exemple, faillit assimiler l’Indus aux sources du Nil suite à l’observation de crues estivales, de crocodiles et de fèves égyptiennes dans les deux systèmes fluviaux14. Ainsi, les théories rapportées par Josèphe et par les amis d’Aristide s’inscrivent dans une longue tradition de raisonnements par analogie : des animaux rares et communs au Nil et à d’autres cours d’eau, parfois en combinaison avec des crues anormales, permettaient d’émettre l’hypothèse d’un mécanisme latent de communication aquatique.

Un coracin spécial ?

  • 15 D. W. Thompson, A Glossary of Greek Fishes, Oxford, 1947, p. 122-125, suivi par L. Canfora, Atene (...)
  • 16 Il est appelé in.t en égyptien ancien, bolṭī / bulī en arabe égyptien, mush en arabe palestinie (...)
  • 17 Strabon XVII, 2, 4 ; Pline, N.H. XXXII, 20 [56] ; Athénée VII, 312a.

6Bien que le κορακῖνος / coracinus soit un poisson difficile à identifier, à cause de renseignements disparates et contradictoires, un consensus règne chez les savants modernes sur l’existence de deux poissons désignés pendant l’Antiquité par le nom de coracin, l’un θαλάσσιος  marin ») et l’autre ποτάμιος fluviatile »). Le coracin de mer semble appartenir à la famille des Sciaenidae ou des Pomacentridae, pouvant être une espèce de sciène (Sciaena umbra), de maigre / courbine (Argyrosomus regius) ou de castagnole noire (Chromis chromis). Celui des eaux douces est associé à des poissons de la famille des Cichlidae ou des Latidae de l’ordre des Perciformes et le coracin nilotique est d’habitude identifié avec l’Oreochromis niloticus / Tilapia nilotica15. Ce poisson fluviatile de l’Égypte, omniprésent dans l’art et la culture égyptiens16, est, à juste titre, considéré comme un animal caractéristique du pays par les auteurs gréco-romains, tels que Strabon, Pline et Athénée, qui énumèrent les poissons du Nil les plus représentatifs sans jamais omettre le coracin17.

  • 18 S. Norman, A. Bassam, A. Taher, « Freshwater fishes in Palestine », Gazelle: The Palestinian Biol (...)

7Pourtant, en dépit de la tendance générale à identifier le coracin du Nil avec l’Oreochromis niloticus et malgré la provenance africaine et nilotique de plusieurs espèces de l’ichtyofaune du Jourdain et du lac de Tibériade, dont les systèmes hydrologiques abritent nombre de poissons de la famille des Cichlidae, y compris la Tilapia nilotica18, les traducteurs et commentateurs modernes de Flavius Josèphe s’accordent à voir, derrière le κορακίνῳ παραπλήσιον, un poisson siluriforme ou anguilliforme.

8Voici les interprétations proposées dans les traductions que nous avons pu consulter :

  • 19 P. Kohout, P. Flavius Josephus, Jüdischer Krieg, aus dem Griechischen übersetzt und mit Anmerkung (...)
  • 20 T. Reinach (éd.), Œuvres complètes de Flavius Josèphe. Tome cinquième. Guerre des Juifs, livres I (...)
  • 21 H. St. J. Thackeray, Josephus with an English Translation II. The Jewish War. Books I-III (Loeb), (...)
  • 22 O. Michel, O. Bauernfeind, De bello Judaico – Der jüdische Krieg. Zweisprachlige Ausgabe der Sieb (...)
  • 23 G. Vitucci, La guerra giudaica. Vol. I (libri I-III) (Fondazione Lorenzo Valla), s. l., 1974, p.  (...)
  • 24 P. Savinel, La guerre des Juifs, précédé par « Du bon usage de la trahison » par P. Vidal-Naquet,(...)
  • 25 Pelletier, Livres II et III, p. 184 ; J. M. Nieto Ibáñez, La guerra de los Judíos. Libros I-III, (...)

9P. Kohout19 : Clarias macracanthus, poisson anguilliforme (aalförmig) ;
T. Reinach – R. Harmand20 : Clarias anguilaris / macracanthus, « semblable à une anguille » ;
H. St. J. Thackeray
21 : anguille (eel) ;
O. Michel – O. Bauernfeind
22 : Clarias macracanthus, poisson-chat (Wels) ;
G. Vitucci
23 : poisson de la famille des Claridae, similaire à une énorme anguille ;
P. Savinel
24 : « le barbout des Arabes », poisson-chat rejeté par les juifs ;
A. Pelletier, J. M. Nieto Ibáñez
25 : Clarias lacera, silure sans écailles, impur pour les juifs.

  • 26 V. Istrin, A. Vaillant, P. Pascal, La prise de Jérusalem de Josèphe le Juif. Texte vieux-russe pu (...)
  • 27 K. H. Rengstorf (éd.), A Complete Concordance to Flavius Josephus. Unabridged Study Edition. Volu (...)

10Quant à la version en vieux-russe de la Guerre des Juifs, elle conserve une appellation calquée sur le texte grec (III, 10, 9 : korakini ou korakinoy) sans ajouts explicatifs26 et les auteurs du plus récent dictionnaire joséphien préfèrent également ne pas s’éloigner du nom grec du poisson en le traduisant simplement par coracin - Rabenfisch27, sans pour autant suggérer vraiment une identification avec un poisson marin (Rabenfisch = « sciène »).

  • 28 « Net Upon the Waters. Fish and Fishermen in Jesus’ Time », Biblical Archaeology Review 19, (1993 (...)
  • 29 Éditée dans W. R. Farmer, Flavius Josephus. The Great Roman-Jewish War : A. D. 66-70, New York, 1 (...)
  • 30 G. A. Willamson, E. M. Smallwood, Josephus. The Jewish War (Penguin Classics), Londres, 1981, p. (...)
  • 31 G. Kornfeld, B. Mazar, P. L. Maier, Josephus, the Jewish War: Newly Translated with Extensive Com (...)

11Il faut ajouter à la liste ci-dessus l’article de vulgarisation scientifique de M. Nun28, qui accepte l’identification avec un poisson-chat, ainsi que trois ouvrages en anglais, parus entre 1970 et 1982, qui se distinguent des autres en associant le coracin de Capharnaüm à la famille des Percidés, bien qu’ils ne l’identifient pas avec précision. Il s’agit, d’abord, de la traduction de W. Whiston, révisée par D. S. Margoliouth (because it produces perch like unto those of the lake which is near to Alexandria29), suivie par celle de G. A. Willamson – E. M. Smallwood (a fish very like the perch caught in the lake of Alexandria30) ; enfin, dans le commentaire de G. Kornfeld, B. Mazar, P. L. Maier, le coracin est interprété par perch, “musar” to the natives31.

  • 32 Voir de Saint-Denis, Le vocabulaire des animaux marins, p. 27-28.
  • 33 B. Routledge, «A fishy Business: The Inland Trade in Nile Perch (Lates niloticus) in the Early Ir (...)
  • 34 Mot d’origine arabe selon H. Lernau, O. Lernau, «Fish Bones Remains», in M. Mazar, B. Mazar (éd.) (...)
  • 35 Voir http://www.fao.org/fishery/culturedspecies/Sciaenops_ocellatus/en et http://www.marinespecie (...)

12Néanmoins, la fameuse perche du Nil (Lates niloticus), bien que parfois assimilée au coracin32, n’est pas endémique du lac de Tibériade. Des restes de ce poisson sont décelables dans les trouvailles archéozoologiques datant de l’âge du fer à Chypre, en Syrie et en Palestine, mais les spécialistes limitent son habitat aux rivières de la côte méditerranéenne ou tendent à privilégier l’hypothèse, plus raisonnable, d’importations en provenance d’Égypte33. Notons, d’ailleurs, que musar (רסומ34) est en hébreu moderne l’appellation du maigre (Argyrosomus regius) et du tambour rouge (Sciaenops ocellatus), espèce originaire de l’Atlantique Ouest et introduite en Israël par l’homme, qui sont tous les deux des poissons marins35.

Dans un capharnaüm avec queue et tête

  • 36 La consultation de ces ouvrages serait pratiquement impossible sans les sites électroniques https (...)
  • 37 Voir, à titre indicatif, les synthèses de N. A. Silberman, Digging for God and Country. Explorati (...)

13Les origines de cette singularité interprétative dans les études joséphiennes remontent aux textes périégétiques, aux rapports d’expéditions scientifiques et aux débats sur la localisation de la source et de la ville de Capharnaüm, qui ont vu le jour au cours des trois derniers siècles36. Ces discussions reflètent souvent l’enthousiasme des premiers pas de l’archéologie biblique, tout en s’inscrivant dans le prolongement de la concurrence entre catholiques, orthodoxes et protestants en Terre Sainte. Pour défendre l’historicité de la Bible, pour défier les autres dogmes, pour renouveler les routes de pèlerinage, pour promouvoir les intérêts de grandes puissances européennes auprès de la Sublime Porte ou auprès des communautés religieuses locales, des diplomates, des militaires, des prélats et des érudits de toute sorte sillonnent la Palestine et la Syrie avec une curiosité sincère mêlée d’intentions cachées37. Notre objectif n’étant ni de recenser tous les savants qui se sont penchés sur ces questions ni d’examiner leurs motivations, nous nous proposons de mettre en vedette quelques moments clés qui ont jalonné le chemin vers la cristallisation de l’interprétation du poisson de Josèphe qui est aujourd’hui acceptée presqu’à l’unanimité.

  • 38 Cf. F. Hasselquist [†], C. Von Liné, Voyages and Travels in the Levant; In the Years 1749, 50, 51 (...)
  • 39 Hasselquist [?], Von Liné, Voyages and Travels, p. 157-158 : I thought it remarkable, that the sa (...)

14À la fin de l’an 1749, F. Hasselquist38, un des « apôtres » de Carl von Liné, qui déplorait lors de ses séminaires le manque de renseignements sur la faune et la flore palestiniennes, arriva à Smyrne pour entreprendre son premier et fatal voyage dans les provinces de l’Empire ottoman (Anatolie, Chypre, Égypte, Syrie, Palestine, îles de la mer Égée). Il fut un des premiers scientifiques de l’ère moderne à noter la présence de poissons nilotiques dans les eaux du lac de Tibériade, sans toutefois tenter d’associer sa découverte au passage de Josèphe39.

  • 40 E. Robinson, Biblical Researches in Palestine and in the Adjacent Regions. Journal of Travels in (...)
  • 41 R. Pococke, A Description of the East and Some Other Countries. Vol. II. Part I. Observations on (...)
  • 42 Robinson, Biblical Researches, p. 400-408.
  • 43 Loffreda, Tzaferis, « Capernaum », p. 291-296.

15Son témoignage fut confirmé par Robinson40, qui dégusta les mêmes poissons en parcourant la rive nord-ouest du lac avec l’espoir de repérer des traces laissées par Capharnaüm. Le célèbre bibliste américain profita de la description de la source homonyme dans Josèphe, B.J. III, 519-520 : suivant une hypothèse de Pococke41, il tenta de l’identifier avec « la Fontaine Ronde » (‘Ayn al-Mudawara), peuplée de petits poissons, mais l’absence de ruines proches le fit changer d’avis et il privilégia finalement la « Fontaine du Figuier » (‘Ayn al-Tīn), située près de Khān al-Minyah, qui était alors considéré comme l’emplacement le plus probable de Capharnaüm42. Robinson attira l’attention des archéologues vers les ruines de Tell um (= Talḥum), le vrai site de la ville des évangiles, comme l’ont prouvé plus tard les fouilles archéologiques43, mais il en partit sans être suffisamment convaincu pour mettre en doute les idées reçues.

  • 44 H. Bonar, The Land of Promise: Notes on a Spring-Journey from Beersheba to Sidon, New York, 1858, (...)

16Tandis que la perspicacité et la prudence de Robinson devraient lui valoir des louanges, quelques-uns de ses contemporains ne réservèrent pas un bon accueil à ses observations. Bonar44 rapporte qu’une partie de son escorte fut dépêchée à Talḥum, où elle put confirmer la présence des vestiges et d’où elle rentra en signalant une autre grande source. Malgré le profit qu’il tira des observations de Robinson, Bonar rejette, sur un ton singulièrement agressif, l’identification de la πηγή de Josèphe avec ‘Ayn al-Tīn : la « Fontaine du Figuier » est jugée useless for the irrigation of the plain et dépourvue de poissons. De plus, comme il cherchait a fish quite different from any to be found in the lake, il ajoute : To suppose that the fish of the fountain were merely the fish of the lake, is to deny the accuracy of Josephus’ statement.

  • 45 À propos de ses activités en Palestine et de son opposition aux chercheurs protestants, tels que (...)
  • 46 L. F. De Saulcy, Dictionnaire des antiquités bibliques, Paris, 1859, p. 331-332. Voir aussi Ch. E (...)
  • 47 H. B. Tristram, The Land of Israel. A Journal of Travels in Palestine Undertaken with Special Ref (...)

17D’une manière analogue, mais sans le même but, de Saulcy45, en s’appuyant sur la présence de poissons dans les eaux de la « Fontaine Ronde », qu’il considéra comme des goujons ou des éperlans, défend l’ancienne hypothèse de Khān
al-Minyah
46. Peu après, Tristram47 oppose également à ceux qui mettent en doute la localisation traditionnelle de Capharnaüm la présence abondante des poissons à ‘Ayn al-Mudawara, qui pourrait prouver qu’il s’agit là de la vraie source de Capharnaüm. Dans ses écrits, on trouve, en outre, pour la première fois la certitude que le Clarias macracanthus Günther mérite d’être identifié avec le coracin de Josèphe :

  • 48 En hébreu moderne : שפמנונ (sefamnun), « poisson à moustache » ; cf. D. Clines (éd.), The Diction (...)
  • 49 En effet, le poisson-chat est jusqu’à nos jours présent dans le lac Maréotis / Maryut, bien qu’il (...)
  • 50 Les auteurs du XIXe siècle préféraient transcrire phonétiquement le toponyme ‘Ayn (el /) al-Tīn, (...)
  • 51 Tristram, The Land of Israel, p. 442.

But the most decisive argument in its favour is to my mind the statement of Josephus, that Capharnaum produced the κορακῖνος, a fish like that of the lake near Alexandria. The fact is, that the remarkable siluroid, the catfish or coracine (κορακῖνος) (Clarias macracanthus, Gunthr.)48, identical with the catfish of the ponds of Lower Egypt49, does abound to a remarkable degree in the Round Fountain to this day. As I mentioned above, we obtained specimens a yard long, and some of them are deposited in the British Museum. The loose sandy bottom of this fountain is peculiarly adapted for this singular fish, which buries itself in the sediment, leaving only its feelers exposed. It is doubtless found elsewhere in the lake itself, for I have a specimen obtained at the south end beyond the baths of Tiberias, but it was not to be seen on the surface like other fish; while here in the clear shallow water it may, when disturbed, be at once detected swimming in numbers along the bottom. But it is not found at Ain et-Tin50, where the fountain could neither supply it with cover nor food; nor could we discover it at Ain Tabighah, where the water is hot and brackish51.

18La proposition de Tristram, fondée sur la visibilité des silures à ‘Ayn al-Mudawara et leur absence à ‘Ayn al-Tīn, a été définitivement affirmée et popularisée auprès de la communauté scientifique par le polymathe Louis Charles Émile Lortet, qui effectua la plus importante étude systématique de la faune de la région au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Néanmoins, les conclusions de Lortet, bien qu’accréditées par sa réputation et sa rigueur scientifique, n’évitent pas toute contradiction.

  • 52 Lortet, Études zoologiques sur la faune du lac de Tibériade, p. 141-142 ; cf. http://www.fishbase (...)
  • 53 H. B. Tristram (The Survey of Western Palestine. The Fauna and Flora of Palestine, Londres, 1884, (...)
  • 54 Lortet, Études zoologiques sur la faune du lac de Tibériade, p. 151-152.

19En premier lieu, l’érudit lyonnais nomme d’après Josèphe une nouvelle espèce de Tilapia découverte dans le lac (Chromis flavii-josephi = Astatotilapia flaviijosephi), comme s’il ne voulait pas être en désaccord avec le sens traditionnellement donné au coracin des Anciens (fig. 1)52. Ensuite, à l’encontre des attentes créées par son hommage à l’historien juif, il préfère associer le poisson mentionné dans la Guerre des Juifs au poisson-chat nord-africain (Clarias macracanthus Günther = Clarias gariepinus), à l’instar de son devancier britannique (fig. 3)53. Pourtant, le fait que Lortet pêcha des silures en plusieurs endroits du lac et dans les eaux de toutes les fontaines candidates pour être la πηγή γονιμωτάτη de Capharnaüm rend caduc l’argument par lequel Tristram a mis ‘Ayn al-Mudawara en honneur, à savoir l’absence du poisson-chat dans les autres sources54.

  • 55 Lortet, Études zoologiques sur la faune du lac de Tibériade, p. 135-139. L'auteur précise aussi q (...)

20Cet aveu de Lortet est capital : si, à travers le prisme de la taxinomie moderne, le poisson-chat est le seul représentant de la famille des Siluridae dans les systèmes hydrologiques du lac de Tibériade et du Jourdain, il ne s’avère pas pour autant moins ordinaire que les Tilapiinae / Chromidae, dont Lortet décrit huit espèces des genres Chromis et Hemichromis. Qui plus est, le naturaliste note que certains de ces poissons se rencontrent relativement peu souvent, comme le Chromis / Oreochromis niloticus (fig. 2), qui « quoique très répandu dans le bassin du Jourdain, y est infiniment plus rare que le Chromis Tiberiadis55 ».

Fig. 1. Chromis flavii-josephi = Astatotilapia flaviijosephi (Lortet, Études zoologiques sur la faune du lac de Tibériade, planche VIII).

Fig. 1. Chromis flavii-josephi = Astatotilapia flaviijosephi (Lortet, Études zoologiques sur la faune du lac de Tibériade, planche VIII).

Fig. 2. Chromis niloticus = Oreochromis niloticus (Lortet, Études zoologiques sur la faune du lac de Tibériade, planche VII).

Fig. 2. Chromis niloticus = Oreochromis niloticus (Lortet, Études zoologiques sur la faune du lac de Tibériade, planche VII).

Fig. 3. Clarias macracanthus Günther = Clarias gariepinus (Lortet, Études zoologiques sur la faune du lac de Tibériade, planche XVII).

  • 56 E. W. G. Masterman, « The Site of Capernaum », PalEQ 39 (1907), p. 220-229 ; R. A. Stewart Macali (...)

21Depuis lors, une seule voix s’est élevée au sein de la communauté scientifique contre l’identification, plus ou moins arbitraire, du κορακίνῳ παραπλήσιον avec un Clarias. La protestation eut beau provenir de la plume d’un savant aussi réputé que Tristram ou Lortet, elle est regrettablement passée inaperçue. Dans le 39e numéro du Palestine Exploration Fund Quarterly Statement, deux articles56 relatent le parcours et les découvertes d’une nouvelle expédition britannique qui s’est encore attardée à l’énigme de Capharnaüm. Pour contredire le témoignage d’un prélat enregistré par Stewart Macalister (« Diary of a Visit to Ṣafed », p. 119), d’après lequel il n’y avait pas de coracins dans les eaux de la grande source près de Talḥum, Masterman (« The Site of Capernaum », p. 223) rappelle la présence du Clarias signalée par Tristram en 1865 et en 1884.

  • 57 Th. Gill, « The Coracinus of Josephus », PalEQ 39 (1907), p. 317.
  • 58 Le renvoi doit être erroné, car il n’a pas été possible de repérer d’article ou de passage relati (...)
  • 59 Th. Gill, « A New Translation of Aristotle’s “History of Animals” », Science 33 (1911), p. 730-73 (...)

22Le bref échange entre les deux collègues interpella l’éminent ichtyologue et malacologiste Theodore Nicholas Gill de la Smithsonian Institution. Gill57 observe qu’aucune description antique du κορακῖνος ne peut correspondre à un silure et qu’en conséquence, le poisson de Josèphe doit être identifié avec la Tilapia nilotica. Ce fut apparemment la deuxième fois qu’il essaya de capter l’attention des antiquisants, puisqu’il note : I have referred to this subject in a recent article in the Annual Report of the Smithsonian Institution for 1895 (p. 518)58. Quelques années plus tard, une troisième bouteille fut lancée à la mer59 : Coracinus was, however, long a popular name for it <sc. Tilapia nilotica>, and the Coracin fish of Josephus (War of the Jews, III, 10, 8) was doubtless the same or one of the closely related species.

  • 60 Connu aussi sous les titres conventionnels de Kitāb Rujār (« Livre de Roger ») et Géographie.

23Pour corroborer l’objection de Gill, une source médiévale vient ajouter l’un des maillons manquants de la chaîne qui rapproche la δόξα transmise par Josèphe des observations scientifiques de l’ère moderne. Dans la « quatrième section du premier climat » (I.4) du Kitāb Nuzhat al-mushtāq fī-khtirāq al-afāq Livre de l’agrément de celui qui est passionné pour la pérégrination à travers le monde60 »), Idrīsī perpétue la tradition littéraire et scientifique de l’énumération de la faune exotique du Nil. Son catalogue d’animaux et de poissons semble tenir compte des témoignages de son temps, mais il est aussi redevable à des auteurs grecs et romains.

24Le géographe andalou, tout comme ses prédécesseurs, n’oublie pas de décrire sommairement la Tilapia nilotica, qu’il désigne par son appellation arabe de balaṭī’ / bulṭī, en mentionnant la présence exceptionnelle du célèbre poisson égyptien en Galilée. De plus, il le sépare clairement des Siluriformes et des Anguilliformes cités dans la suite du texte :

  • 61 Traduction de H. Bresc, A. Nef, A. Jaubert, Idrīsī. La première géographie de l’Occident, Paris, (...)

« Balaī’, poisson rond de l’espèce du ‘.f.r qu’on trouve dans le lac de Tibériade ; il a peu d’arêtes et est bon à manger ; on en trouve de gros qui pèsent cinq livres … L’anguille, poisson qui ressemble à un serpent et est venimeux. Il y en a aussi un dont le dos est noir, qui a de longues moustaches, une grosse tête et une queue fine ; on l’appelle le j.rā61. »

  • 62 On peut lire de nouveau Pline, H.N. V, 10 [51], Athénée VII, 311e-312a (qui compare le goût de la (...)
  • 63 Voir encore Chouliara-Raïos, Η αλιεία στην Αίγυπτο, p. 114-117 et 219-220.

25Idrīsī ne se différencie guère des auteurs anciens, qui, tout en incluant le coracin et les silures dans les mêmes listes des poissons du Nil, ne confondent jamais les deux espèces62. D’ailleurs, Pline, après avoir décrit les Siluridae dans H.N. IX, 17 [44-45], précise que ces poissons ne font pas exclusivement partie de la faune nilotique, puisqu’ils peuvent être également pêchés dans d’autres fleuves (H.N. XXXII, 43 [125] : salsamentorum carnes … siluri fluuiatilis, qui et alibi quam in Nilo nascitur). Les sources papyrologiques n’embrouillent pas non plus les κορακῖνοι et les σίλουροι : dans « l’archive de Zénon », par exemple, on distingue les coracins (P. Col. Zen. II 71 ; P. Cair. Zen. IV 59 616) d’avec les silures, offerts comme ξένια lors d’un voyage en Syrie dans le P. Lond. VII 2141 (cf. P. Cair. Zen. IV 59 680)63.

  • 64 Martial XIII, 85 ; Pline, H.N. IX, 32 [68] ; Athénée III, 121a-121b.
  • 65 Sur la mauvaise réputation du σαπρός  saumuré longtemps », « avancé ») σίλουρος (Sopatros de Pa (...)
  • 66 L’Oreochromis niloticus fait, d’ailleurs, partie de l’ichtyofaune du lac égyptien ; voir B. De Me (...)

26Enfin, il serait paradoxal d’associer le coracin nilotique, un des poissons les plus connus des marchés égyptiens, dont le goût est mis à l’honneur par Martial, Pline et Athénée64, à un poisson méprisé par les gourmets de l’Antiquité65. Certes, la multitude des Tilapiae du Nil risquait de rendre ce mets d’exception banal pour les habitants des rives de la mer de Galilée, mais elle n’empêcherait pas les auteurs anciens et médiévaux, comme Josèphe et Idrīsī, de signaler la présence globalement singulière du fameux poisson égyptien, surtout quand ils voulaient insister sur un mirabile ou mettre en exergue les dons de la nature à la région. D’autre part, le texte de l’historien juif, examiné attentivement, indique uniquement la source où ce poisson qui ressemble au coracin du lac Maréotis66 est supposé naître (πεὶ γεννᾷ) sans rien ajouter par rapport à sa profusion dans les eaux du lac de Tibériade. Force est donc de constater qu’il n’existe pas de raison apparente qui pourrait justifier l’identification inédite du « poisson semblable au coracin » avec un clarias, proposée par les zoologistes du XIXe siècle et acceptée par la majorité des traducteurs modernes de Flavius Josèphe, ou celle avec le Lates niloticus, compte tenu des animaux aquatiques vivant dans le système hydrologique du lac de Tibériade et des habitudes des auteurs anciens qui se sont penchés sur les poissons du Nil.

Vers une Quellenforschung

  • 67 Behr, The Complete Works, p. 446.
  • 68 Les actions de Josèphe en Galilée sont relatées dans sa Vie à partir du § 17 ; sur ses illustres (...)

27Quant à l’origine de la tradition liant le Nil à un point d’eau palestinien, les maigres renseignements fournis par Josèphe et par les hôtes d’Aristide ne laissent de la place qu’à des hypothèses. Il n’existe aucune autre source grecque ou latine attestant cette croyance et il serait commode de présumer, à l’instar de Behr67, qu’elle émane d’une légende populaire locale. Josèphe, issu d’une famille lévitique, n’était pas seulement un fin connaisseur des coutumes juives, mais il séjourna aussi longtemps en Galilée en assurant plusieurs missions militaires et diplomatiques autour du lac de Tibériade68 ; il devait être d’emblée familier avec les traditions de la région. De surcroît, Aristide prétend être le porte-parole de ses ξένοι, qui durent résider ou voyager en Syrie-Palestine.

  • 69 LXX Ge. XXXVII, 36-50, 26 ; Ex. I, 1-15, 21 ; Nu. XI, 4-5 ; Jer. 41-44.

28La Judée et l’Égypte maintenaient des liens profonds et étroits depuis l’aube des siècles, puisque les contrées syro-palestiniennes furent jadis une possession pharaonique et que les deux pays firent partie des satrapies achéménides, des conquêtes d’Alexandre le Grand, du royaume lagide et de l’Empire romain. Il est peut-être superflu de rappeler que les textes religieux juifs considèrent l’Égypte comme à la fois une terre d’accueil et une terre de servitude ainsi que comme un symbole ambigu d’opulence et de souffrance69.

  • 70 Entre Pessa’h et Chavouot (« Pentecôte »), c’est-à-dire entre mars et juin (LXX, Le. XXIII, 9-22)(...)
  • 71 Sur les origines midrashiques de cette précision, voir J. Moatti-Fine, La Bible d’Alexandrie, 6. (...)
  • 72 Identification traditionnelle acceptée par Josèphe (Ant. J. I, 39).

29Bien que la Bible (LXX Ge. XIII, 10) compare la plaine fertile du Jourdain au paradis et à la terre égyptienne, le fleuve palestinien n’est jamais explicitement mis en parallèle avec le Nil, malgré le rythme similaire de ses crues : son débordement ne se déroule pas en hiver, mais au printemps, qui est la saison de la récolte de froment dans le Levant méridional70. Lors de la traversée du Jourdain d’une manière analogue à celle du passage de la Mer Rouge (LXX Jos. III, 9-17), l’envergure du miracle est accentuée par l’abondance des eaux du fleuve ὡσεὶ ἡμέραι θερισμοῦ πυρῶν  comme à l’époque de la moisson de froment71 »). Le même phénomène est cité dans un catalogue de célèbres cours d’eau (LXX Sir. XXIV, 24-26) mentionnant le Géhon, à savoir le Nil72, dont la crue a lieu ἐν ἡμέραις τρυγήτου (« pendant la vendange »), comme le texte le précise.

  • 73 Voir le retentissement de l’exécution de la garnison romaine de Jérusalem qui « sembla » (ἔδοξεν) (...)

30Les allusions à l’Égypte et à son fleuve dans les livres sacrés et les traditions du peuple hébreu pouvaient, donc, constituer les conditions préalables pour que l’imaginaire collectif se permît de lier l’hydrographie palestinienne au Nil. Cependant, le contexte historico-religieux ne suffit pas pour réfuter une origine extérieure de la théorie rapportée par Josèphe. Tout d’abord, l’emploi de l’aoriste (ταύτην φλέβα τινὲς τοῦ Νείλου ἔδοξαν) énonce le plus souvent chez l’historien juif un point de vue exprimé une fois dans le passé, sans pour autant constituer une théorie ou une tradition en vigueur. Josèphe se sert de l’aspect ponctuel de l’aoriste du verbe δοκεῖν pour parler des impressions passagères, comme quand il décrit des visions nocturnes ou des pressentiments73, quand il relativise la cruauté du suicide collectif des assiégés à Massada (B.J. VII, 393) et quand il signale les fausses conclusions des belligérants, tantôt excités par la réussite de leurs plans, tantôt paniqués suite à leurs échecs (B.J. III, 10 ; III, 487 ; IV, 437).

  • 74 À propos des nuances des locutions verbales avec δοκεῖ chez Josèphe, voir S. Mason, Flavius Josep (...)
  • 75 Voir l’histoire de Marie de Bethezyba, qui a été poussée par la famine à dévorer son propre enfan (...)

31Au contraire, c’est le présent du même verbe (δοκεῖ / δοκοῦσι) qui convient à une hypothèse, confirmée ou rejetée par l’historien, et à une réputation, méritée ou présumée74, mais de toute façon encore d’actualité au moment du récit ou de la rédaction. Cet usage de l’aspect duratif du verbe est palpable dans plusieurs cas : quand l’auteur évoque la σεμνότης  solennité ») des Esséniens (B.J. II, 119), l’idée erronée, malgré sa popularité, que la source du Jourdain se trouve au Paneion (J. B.J., I, 406 et III, 509), les causes possibles de la fertilité de la plaine de Jéricho (B.J. IV, 471) et la méthode de calcul du premier jour de Pessa’h (B.J. V, 99) ou quand il avance l’hypothèse exagérée, mais plausible à son jugement, que les Zélotes de Jérusalem n’auraient pas hésité à manger de la chair humaine75, si Titus avait tardé encore un peu à lancer l’assaut final (B.J. VI, 373).

  • 76 Il est notable qu’Īdrisī (Kitāb Nuzhat al-mushtāq fī-khtirāq al-afāq, I, 4) classe les poissons d (...)
  • 77 Il existait plusieurs interdits alimentaires, occasionnels ou absolus, frappant les poissons en O (...)
  • 78 La pratique est attestée par une péricope évangélique, Ev. Matt. XIII, 48 : ἣν ὅτε ἐπληρώθη ἀναβι (...)
  • 79 Les trouvailles archéozoologiques révèlent parfois des silures même chez les poisson­niers hiéros (...)

32Ensuite, même si l’on suivait Tristram ou Lortet, en dépit de la faiblesse de leurs raisonnements, et si l’on acceptait que Josèphe parle curieusement d’un coracin siluriforme, il faudrait expliquer comment les auteurs de cette théorie embrouillent les appellations grecques d’un poisson casher (κορακῖνος) et d’un poisson sans écailles76 (σίλουρος) qui est de ce fait interdit à manger (LXX Deut. XIV, 9-10 et Le. XI, 9-1277). Dans ce cas de figure, étant donné que les pêcheurs juifs du lac étaient attentifs à l’observation des règles de la cacherout et séparaient les prises impures des poissons comestibles78, il serait très étonnant de voir derrière les lignes du texte une tradition orale ou même une source écrite juive, telle qu’une liste d’aliments interdits destinée à l’usage des consommateurs de poissons et des pêcheurs79, qui indiquerait les équivalences entre la faune palestinienne et celle de l’Égypte.

  • 80 Comme Aristobule (J. Auberger, Historiens d’Alexandre, Paris, 2001, p. 366-451). Sur ses intérêts (...)

33Enfin, ceux qui supposèrent que la source de Capharnaüm était une « veine du Nil » avaient identifié le poisson de la fontaine avec une espèce pareille au coracin du lac Maréotis et non pas au coracin de n’importe quel endroit du cours du fleuve. Derrière ce curieux souci de limiter le champ géographique, se voit en filigrane la rigueur scientifique d’une source savante, sans doute alexandrine, qui connaissait plutôt bien l’ichtyofaune égyptienne et que Josèphe dut citer directement ou indirectement. Tous les éléments ci-dessus, bien que peu nombreux, font, donc, penser à un naturaliste, à un géographe ou même à un historien80 de l’époque hellénistique ou du début de l’époque impériale.

34Les objectifs de Josèphe ainsi que l’orientation thématique de notre étude ont jusqu’ici laissé de côté la texture religieuse des occurrences des défluents supposés du Nil chez d’autres auteurs anciens. Avant que nous ne revenions sur ce sujet dans une future publication, quelques remarques préliminaires ne seront pas inutiles dans la perspective de jeter un peu de lumière au moins sur les raisons pour lesquelles des traces de l’ἀδέσποτος δόξα en question réapparaissent sous la forme d’un ouï-dire dans le Discours égyptien d’Aristide (Or. XXXVI, 82).

  • 81 Or. XXXVI, 57.
  • 82 Sur sa vie, lire L. Pernot, « Aristide (P. Aelius) », in R. Goulet (dir.), Dictionnaire des Philo (...)
  • 83 Voir, par exemple, Or. XLVII, 24-26 et 38 ; XLVIII, 18 ; XLIX, 46-48.
  • 84 Or. XLV, 29 et 32 (voir le commentaire ad loc. de J. Goeken, Aelius Aristide et la rhétorique de (...)

35Malheureusement, le sophiste smyrniote ne précise ni les conditions dans lesquelles il a rencontré ses ξένοι ni leur bagage culturel, mais s’il retient leur étrange témoignage, ce n’est que grâce à l’intérêt qu’il porte au sujet du Nil. Outre son admiration pour l’Euterpe d’Hérodote81, son voyage de jeunesse en Égypte82, et la composition de l’Or. XXXVI, visant à prouver l’origine divine de la crue du Nil, Aristide était activement impliqué dans le culte d’Isis et de Sarapis à Smyrne : principalement attaché à Asclépios, il ne tarda pas à découvrir les autres « dieux sauveurs » (σωτῆρες θεοί), dont il fréquentait les sanctuaires et côtoyait les prêtres83, et tant dans son Hymne en l’honneur de Sarapis (Or. XLV) que dans le Discours égyptien (Or. XXXVI), il insiste sur la place des eaux, en général, et de la crue du Nil, en particulier, dans la δύναμις  le domaine du pouvoir ») de Sarapis84.

  • 85 Ph. Bruneau, Recherches sur les cultes de Délos à l’époque hellénistique et à l’époque impériale, (...)
  • 86 M. Coltelloni-Trannoy, Le royaume de Maurétanie sous Juba II et Ptolémée (25 av. J.-C. – 40 ap. (...)

36Il est à noter aussi que parmi les exemples cités dans la première partie du présent article, ceux d’Inopos et de Nilidès sont indubitablement liés aux sanctuaires isiaques et à l’importance que les Lagides accordaient aux cultes d’Isis et de Sarapis : le torrent de Délos assurait l’accès à l’eau des trois Sarapieia de l’île85 ; quant à la quête des sources et des animaux du Nil en Afrique occidentale, elle n’était guère étrangère à l’héritage dynastique et spirituel de Cléopâtre Séléné, épouse de Juba II à partir de 19 av. J.-C.86.

  • 87 Lire à ce sujet E. Friedheim, Rabbinisme et paganisme en Palestine romaine. Étude historique des (...)
  • 88 Belayche, « Les dévotions à Isis et Sérapis », p. 468.

37En Palestine, de nombreuses divinités associées à l’élément aquatique, telles que le couple Isis et Sarapis87, furent transplantées pendant les époques hellénistique et romaine. Certes, d’après les données présentes, les cultes isiaques n’étaient pas plus répandus au Levant Sud qu’ailleurs, malgré la proximité géographique de l’Égypte, et, comme conclut N. Belayche, « il ne semble pas que le Nil soit déversé dans le Jourdain88 ». Pourtant les adeptes d’Isis et de Sarapis dans le monde gréco-romain gardèrent longtemps le souvenir d’un Nil déversé aux environs du lac de Tibériade, quels que fussent les motifs des auteurs originels de cette croyance.

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41J. Auberger, Historiens d’Alexandre, Paris, 2001.

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44N. Belayche, « Les dévotions à Isis et Sérapis dans la Judée-Palestine romaine », in L. Bricault, M. J. Versluys, P. G. P. Meyboom, Nile into Tiber. Egypt in the Roman World. Proceedings of the IIIrd International Conference of Isis Studies, Faculty of Archaeology, Leiden University, May 11-14 2005, Leyde – Boston, 2007.

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51H. Bresc, A. Nef, A. Jaubert, Idrīsī. La première géographie de l’Occident, Paris, 1999.

52L. Bricault, Les cultes isiaques dans le monde gréco-romain, Paris, 2013.

53Ph. Bruneau, Recherches sur les cultes de Délos à l’époque hellénistique et à l’époque impériale, Paris, 1970.

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57H. Chouliara-Raïos, Η αλιεία στην Αίγυπτο υπό το φως των ελληνικών παπύρων. Μέρος Β´- Τόμος Ι. Ειδική ονοματολογία ιχθύων και ενύδρων / La pêche en Égypte à la lumière des papyrus grecs. Seconde partie – Vol. I. Noms de poissons et d’animaux aquatiques, Ioannina, 2011.

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60M. Coltelloni-Trannoy, Le royaume de Maurétanie sous Juba II et Ptolémée (25 av. J.-C. – 40 ap. J.-C.), Paris, 1997.

61J. M. Cortés Copete, Elio Aristides. Discursos, V, Madrid, 1999.

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64E. de Saint-Denis, Le vocabulaire des animaux marins en latin classique, Paris, 1947.

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71M.-L. Freyburger-Galland, « Les rêves chez Dion Cassius », REA 101 (1999), p.533-54.

72E. Friedheim, Rabbinisme et paganisme en Palestine romaine. Étude historique des Realia talmudiques (Ier–IVe siècles), Leyde – Boston, 2006.

73Th. Gill, « The Coracinus of Josephus », PalEQ 39 (1907), p. 317.

74—, « A New Translation of Aristotle’s History of Animals, Science 33 (1911), p. 730-738.

75J. Goeken, Aelius Aristide et la rhétorique de l’hymne en prose, Turnhout, 2012.

76F. González Ponce, Periplografos griegos I. Épocas Arcaica y Clásica 1 : Periplo de Hanon y autores de los siglos VI y V a. C., Saragosse, 2008.

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108R. Pococke, A Description of the East and Some Other Countries. Vol. II. Part I. Observations on Palaestine or the Holy Land, Syria, Mesopotamia, Cyprus and Candia, Londres, 1745.

109S. Radt, Strabons Geographika. Band 8. Buch XIV-XVII: Kommentar, Göttingen, 2009.

110T. Reinach (éd.), Œuvres complètes de Flavius Josèphe. Tome cinquième. Guerre des Juifs, livres I-III. Traduction de René Harmand, révisée et annotée par Théodore Reinach, Paris, 1911.

111K. H. Rengstorf (éd.), A Complete Concordance to Flavius Josephus. Unabridged Study Edition. Volume One, Leyde – Boston, 2002.

112E. Robinson, Biblical Researches in Palestine and in the Adjacent Regions. Journal of Travels in the Year 1838. Vol. II, Boston, 1856.

113B. Routledge, «A fishy Business: The Inland Trade in Nile Perch (Lates niloticus) in the Early Iron Age Levant» in T. P. Harisson, E. B. Banning, S. Klassen (éd.), Walls of the Prince: Egyptian Interactions withSouthwest Asia in Antiquity, Leyde – Boston, 2015, p. 212-233.

114Y. Sahar, Josephus Geographicus: The Classical Context of Geography in Josephus, Tübingen, 2004.

115P. Savinel, La guerre des Juifs, précédé par « Du bon usage de la trahison » par P. Vidal-Naquet, Paris, 1977.

116S. Schmitt, Pline l’Ancien, Histoire naturelle, Paris, 2013.

117N. Shepherd, The Zealous Intruders. The Western Rediscovery of Palestine, Padstow, 1987.

118H. Siard, « L’hydreion du Sarapieion C de Délos : la divinisation de l’eau dans un sanctuaire isiaque », in L. Bricault, M. J. Versluys, P. G. P. Meyboom, Nile into Tiber. Egypt in the Roman World. Proceedings of the IIIrd International Conference of Isis Studies, Faculty of Archaeology, Leiden University, May 11-14 2005, Leyde – Boston, 2007, p. 417-447.

119M. Stern, Greek and Latin Authors on Jews and Judaism, Vol. II: From Tacitus to Simplicius, Jérusalem, 1980.

120R. A. Stewart Macalister, « Diary of a Visit to Ṣafed », PalEQ 39 (1907), p. 91-131.

121R. J. A Talbert (éd.), The Barrington Atlas of the Greek and Roman World, Princeton, 2000.

122D. W. Thompson, A Glossary of Greek Fishes, Oxford, 1947.

123H. St. J. Thackeray, Josephus with an English Translation II. The Jewish War. Books I-III (Loeb), Cambridge Mass., 1956.

124H. B. Tristram, The Land of Israel. A Journal of Travels in Palestine Undertaken with Special Reference to Its Physical Character, Londres, 1865.

125—, The Survey of Western Palestine. The Fauna and Flora of Palestine, Londres, 1884.

126G. Vitucci, La guerra giudaica. Vol. I (libri I-III) (Fondazione Lorenzo Valla), s. l., 1974.

127W. G. Waddell, « On Egypt. A Discourse by P. Aelius Aristides of Smyrna », BFA 2 (1934), p. 121-166.

128G. A. Willamson, E. M. Smallwood, Josephus. The Jewish War (Penguin Classics), Londres, 1981.

Sites électroniques consultés :

129Internet Archive : https://archive.org

130FishBase : http://www.fishbase.org

131Food and Agriculture Organization of the United Nations : http://www.fao.org

132Google Books : https://books.google.com

133WoRMS – World Register of Marine Species: http://www.marinespecies.org

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Notes

1 Une première version de notre article a été présentée lors des VIIIes Rencontres Archéozoologiques (16 juin 2017) organisées par l’Université Paul-Valéry de Montpellier. Il nous est agréable de remercier Mmes Amaia Arizaleta et Corinne Bonnet, professeurs à l’Université Toulouse – Jean Jaurès, M. Fermín Miranda-García, professeur à l’Université Autonome de Madrid, et M. Fabio Porzia, docteur de l’Université Toulouse – Jean Jaurès, de leur aide bibliographique, ainsi que M. David Bramoullé, maître de conférences de langue et littérature arabes à l’Université Toulouse – Jean Jaurès, de ses éclaircissements sur les noms de lieu palestiniens et le texte d’Idrīsī.

2 Pour une brève définition de la χωρογραφία, voir D. Dueck, K. Brodersen, Geography in Classical Antiquity, Cambridge, 2012, p. 7.

3 L. Huitink, J. W. van Henten, « Josephus », in I. J. F. de Jong (éd.), Space in Ancient Greek Literature. Studies in Ancient Greek Narrative, Leyde – Boston, 2012, p. 199-217, ici p. 204-206, soulignent le ton dramatique et la saveur hérodotéenne du récit. Sur la pléthore des massacres décrits par Josèphe, voir aussi les remarques de P. Payen, Les revers de la guerre en Grèce ancienne, Paris, 2012, p. 309-311.

4 D’après Y. Sahar, Josephus Geographicus: The Classical Context of Geography in Josephus, Tübingen, 2004, p. 238-239, les arbres et les fruits énumérés par Josèphe (καρύαι, φοίνικες, συκαῖ, ἐλαῖαι, σταφυλή) viennent compléter et corriger la liste des produits de la région dressée par Strabon XVI, 2, 16 (ἀρωματῖτις σχοῖνος, κάλαμος, βάλσαμον). À propos de la présentation problématique du lac Génésareth chez Strabon, inscrite dans la description défaillante de la Syrie et des contrées limi­trophes, voir S. Radt, Strabons Geographika. Band 8. Buch XIV-XVII: Kommentar, Göttingen, 2009, p. 302 et N. Biffi, Il Medio Oriente di Strabone, Bari, 2002, p. 199.

5 Texte grec et traduction d’A. Pelletier, Flavius Josèphe. Guerre des Juifs. Tome II. Livres II et III (CUF), Paris, 1980, p. 184.

6 TrGF, I, 2, F4.

7 Voir à titre indicatif Aristote, Probl. 935b, 10 ; Polybe XXXIV, 9, 7 ; Philon, De somniis I, 19 et Quaestiones in Genesim 1, fr. 3 ; Oracula sibyllina I, l, 265 ; Ovide, Tr. III, 7, 16 ; Sénèque, Q. N. IVa, 2, 77. Dans sa version de l’assainissement miraculeux des eaux de Jéricho par le prophète Élisée (B.J. IV, 462 ; cf. LXX 2 Rois, 19-22), Josèphe utilise aussi le terme φλέψ pour parler des sources souterraines d’eau douce.

8 S. Loffreda, V. Tzaferis, « Capernaum », in E. Stern, A. Lewinson-Gilboa, J. Aviram (éd.), The New Encyclopedia of Archaeological Excavations in the Holy Land, Jérusalem, 1993, p. 291-296, ici p. 291-292 ; cf. R. J. A Talbert (éd.), The Barrington Atlas of the Greek and Roman World, Princeton, 2000, carte 69 (« Damascus – Caesarea »).

9 À notre connaissance, C. A. Behr (P. Aelius Aristides. The Complete Works Translated into English, vol. II: Orations XVII-LIII, Leyde, 1981, p. 446) a été le seul à comparer brièvement les deux témoignages dans son Addendum, en se contentant de noter : [] there existed a popular tradition in Aristides’ day which connected at least one body of water in this region with the Nile.

10 Les éditeurs, traducteurs et commentateurs d’Aristide, Or. XXXVI (B. Keil, Aelii Aristidis Smyrnaei Quae supersunt omnia, vol. II Orationes XVII-LII continens, Berlin, 1898, p. 289 ; W. G. Waddell, « On Egypt. A Discourse by P. Aelius Aristides of Smyrna » BFA, 2, (1934), p. 121-166, ici p. 152 ; M. Stern, Greek and Latin Authors on Jews and Judaism, Vol. II : From Tacitus to Simplicius, Jérusalem, 1980, p. 218-219, n° 371 ; Behr, The Complete Works, p. 407, note 107) identifient le lac avec la mer Morte, à l’exception notable de J. M. Cortés Copete, Elio Aristides. Discursos, V, Madrid, 1999, p. 52 qui penche pour le lac de Tibériade.

11 Callimaque, Hymne à Art. 171 ; Pline, H.N. III, 106 [229] ; Pausanias II, 5, 3. Voir D. Bonneau, La crue du Nil, divinité égyptienne, à travers mille ans d’histoire (332 av. J.-C. – 641 ap. J.-C.), Paris, 1964, p. 175 et 280.

12 Bonneau, La crue du Nil, p. 143-147 ; J. Desanges, Recherches sur l’activité des Méditer­ranéens aux confins de l’Afrique (VIe siècle avant – IVe siècle après J. C.), Rome, 1978, p. 24-27 ; A. B. Lloyd, Herodotus Book II. Commentary 99-182, Leyde – New York, 1988, p. 100-101 ; F. González Ponce, Periplografos griegos I. Épocas Arcaica y Clásica 1 : Periplo de Hanon y autores de los siglos VI y V a. C., Saragosse, 2008, p. 179-180.

13 On suppose ordinairement qu’Euthymène a navigué jusqu’au golfe de Guinée et à l’estuaire du Sénégal, voir à titre indicatif G. Amiotti, Eutimene di Marsiglia e le piene del Nilo, CISA 15 (1989), p. 60-70, en particulier p. 63. Pourtant, Desanges (Recherches, p. 21-22) conteste que le périplographe ait vraiment visité ces contrées lointaines, étant donné que sa description ne correspond pas à la réalité géographique.

14 Strabon XV, 1, 25 = FGrHist 2B, 133, F20 (Néarque de Crète). Nous pourrions aussi signaler le fleuve Mélas qui, selon Plutarque (Sulla 20, 4), est le seul fleuve grec à monter en été comme le Nil. Bien que le Chéronéen s’abstienne de supposer quoi que ce soit au sujet d’un lien entre les deux fleuves, on voit encore une fois l’exemple du Nil venir à l’esprit de l’observateur d’une crue inattendue.

15 D. W. Thompson, A Glossary of Greek Fishes, Oxford, 1947, p. 122-125, suivi par L. Canfora, Ateneo, I Deipnosofisti. I Dotti a banchetto. Vol. II, libri VI-XI, Rome, 2001, p. 745, note 4 : 1. Sciaena umbra 2. Tilapia nilotica ; E. de Saint-Denis, Le vocabulaire des animaux marins en latin classique, Paris, 1947, p. 27-28 : 1. petit castagneau 2. Labrus niloticus perche du Nil ») ; B. Louyest, Athénée de Naucratis. Mots de poissons. Le banquet des sophistes, livres 6 et 7, Lille, 2009, p. 346 et commentaires à propos d’Athénée VII, 287b, VII, 308d-309a et VII, 311e-312b : « sorte de sciène » ; H. Chouliara-Raïos, Η αλιεία στην Αίγυπτο υπό το φως των ελληνικών παπύρων. Μέρος Β´- Τόμος Ι. Ειδική ονοματολογία ιχθύων και ενύδρων / La pêche en Égypte à la lumière des papyrus grecs. Seconde partie – Vol. I. Noms de poissons et d’animaux aquatiques, Ioannina, 2011, p. 111-117 et 284 : 1. Famille des Sciaenidae 2. Tilapia / Chromis (famille des Cichlidae) ; S. Schmitt, Pline l’Ancien, Histoire naturelle, Paris 2013, p. 1823, note 72 : 1. Chromis chromis 2. Oreochromis niloticus = Tilapia nilotica ; B. Laudenbach Strabon, Géographie, livre XVII. 1ère partie. L’Égypte et l’Éthiopie (CUF), Paris, 2015, p. 285 : 1. Sciaena umbra 2. Tilapia nilotica. Sur les appellations scientifiques de ce poisson du Nil, voir http://www.fishbase.org/Summary/SpeciesSummary.php?ID=2&AT=nile+tilapia (consulté le 17 octobre 2017).

16 Il est appelé in.t en égyptien ancien, bolṭī / bulī en arabe égyptien, mush en arabe palestinien et am nun en hébreu. Cf. L. Ch. É. Lortet, Études zoologiques sur la faune du lac de Tibériade, suivies d’un aperçu sur la faune des lacs d’Antioche et de Homs. I. Poissons et reptiles du lac de Tibériade et de quelques autres parties de la Syrie, Lyon, 1883, p. 139 ; E. Klein, A comprehensive Etymological Dictionary of the Hebrew Language for Readers of English, Jérusalem, 1987, s. v. אַמְנוּן ; Chouliara-Raïos, Η αλιεία στην Αίγυπτο, p. 37 ; A. Dan, « Deux scarabées d’Orgamè/Argamum », DHA 37, 1 (2011), p. 9-40, en particulier p. 18-20.

17 Strabon XVII, 2, 4 ; Pline, N.H. XXXII, 20 [56] ; Athénée VII, 312a.

18 S. Norman, A. Bassam, A. Taher, « Freshwater fishes in Palestine », Gazelle: The Palestinian Biological Bulletin, 104 (2013), p. 1-17.

19 P. Kohout, P. Flavius Josephus, Jüdischer Krieg, aus dem Griechischen übersetzt und mit Anmerkungen versehen, Linz, 1901, p. 641.

20 T. Reinach (éd.), Œuvres complètes de Flavius Josèphe. Tome cinquième. Guerre des Juifs, livres I-III. Traduction de René Harmand, révisée et annotée par Théodore Reinach, Paris, 1911, p. 307, note 3.

21 H. St. J. Thackeray, Josephus with an English Translation II. The Jewish War. Books I-III (Loeb), Cambridge Mass., 1956, p. 723.

22 O. Michel, O. Bauernfeind, De bello Judaico – Der jüdische Krieg. Zweisprachlige Ausgabe der Sieben Bücher. Band I, Darmstadt, 1959, p. 464, note 127.

23 G. Vitucci, La guerra giudaica. Vol. I (libri I-III) (Fondazione Lorenzo Valla), s. l., 1974, p. 661.

24 P. Savinel, La guerre des Juifs, précédé par « Du bon usage de la trahison » par P. Vidal-Naquet, Paris, 1977, p. 350.

25 Pelletier, Livres II et III, p. 184 ; J. M. Nieto Ibáñez, La guerra de los Judíos. Libros I-III, Madrid, 1997, p. 479.

26 V. Istrin, A. Vaillant, P. Pascal, La prise de Jérusalem de Josèphe le Juif. Texte vieux-russe publié intégralement. Tome premier, Paris, 1934.

27 K. H. Rengstorf (éd.), A Complete Concordance to Flavius Josephus. Unabridged Study Edition. Volume One, Leyde – Boston 2002, s. v. « κορακῖνος ».

28 « Net Upon the Waters. Fish and Fishermen in Jesus’ Time », Biblical Archaeology Review 19, (1993), p. 47-56 et 70, ici p. 48-49.

29 Éditée dans W. R. Farmer, Flavius Josephus. The Great Roman-Jewish War : A. D. 66-70, New York, 1970, p. 146

30 G. A. Willamson, E. M. Smallwood, Josephus. The Jewish War (Penguin Classics), Londres, 1981, p. 231.

31 G. Kornfeld, B. Mazar, P. L. Maier, Josephus, the Jewish War: Newly Translated with Extensive Commentary and Archaeological Background Illustrations, Grand Rapids Michigan, 1982, p. 250.

32 Voir de Saint-Denis, Le vocabulaire des animaux marins, p. 27-28.

33 B. Routledge, «A fishy Business: The Inland Trade in Nile Perch (Lates niloticus) in the Early Iron Age Levant» in T. P. Harisson, E. B. Banning, S. Klassen (éd.), Walls of the Prince: Egyptian Interactions with Southwest Asia in Antiquity, Leyde – Boston, 2015, p. 212-233, en particulier p. 213-216.

34 Mot d’origine arabe selon H. Lernau, O. Lernau, «Fish Bones Remains», in M. Mazar, B. Mazar (éd.), Excavations in the South of the Temple Mount, Jérusalem, 1989, p. 155-161, ici p. 157.

35 Voir http://www.fao.org/fishery/culturedspecies/Sciaenops_ocellatus/en et http://www.marinespecies.org/aphia.php?p=taxdetails&id=127007, consultés le 17 octobre 2017.

36 La consultation de ces ouvrages serait pratiquement impossible sans les sites électroniques https://archive.org et https://books.google.com.

37 Voir, à titre indicatif, les synthèses de N. A. Silberman, Digging for God and Country. Exploration, Archaeology, and the Secret Struggle for the Holy Land, 1799-1917, New York, 1982 et de N. Shepherd, The Zealous Intruders. The Western Rediscovery of Palestine, Padstow, 1987. Sur les priorités spirituelles des pélerins catholiques, orthodoxes et protestants, lire G. Bowman, « Christian Ideology and the Image of a Holy Land. The place of Jerusalem Pilgrimage in the Various Christianities », in J. Ead, M. J. Sallnow, Contesting the Sacred. The Anthropology of Pilgrimage, Urbana – Chicago, 1991, p. 98-121.

38 Cf. F. Hasselquist [†], C. Von Liné, Voyages and Travels in the Levant; In the Years 1749, 50, 51, 52. Containing Observations in Natural History, Physick, Agriculture, and Commerce: Particularly on the Holy Land and the Natural History of the Scriptures, Londres, 1766, p. i-viii. Nous avons utilisé la version anglaise du rapport, initialement paru en suédois (1757), traduit en allemand (1762) et en anglais (1766), puis retraduit de l’allemand en français (1769).

39 Hasselquist [?], Von Liné, Voyages and Travels, p. 157-158 : I thought it remarkable, that the same kind of fish should here be met with as in the Nile, Charmuth, Silurus, Bœnni, Muslil, and Sparus Gallilaeus. Par la dernière appellation, Hasselquist se réfère à la Tilapia galilaea de la famille des Cichlidae ; voir M. Goren, « The freshwater fishes of Israel », Israel Journal of Zoology 23.2 (1974), p. 67-118, ici p. 102.

40 E. Robinson, Biblical Researches in Palestine and in the Adjacent Regions. Journal of Travels in the Year 1838. Vol. II, Boston, 1856, p. 386. Sur l’importance des voyages de Robinson en Palestine, voir Silberman, Digging for God, p. 40-47 et Shepherd, The Zealous Intruders, p. 80-84.

41 R. Pococke, A Description of the East and Some Other Countries. Vol. II. Part I. Observations on Palaestine or the Holy Land, Syria, Mesopotamia, Cyprus and Candia, Londres, 1745, p. 71.

42 Robinson, Biblical Researches, p. 400-408.

43 Loffreda, Tzaferis, « Capernaum », p. 291-296.

44 H. Bonar, The Land of Promise: Notes on a Spring-Journey from Beersheba to Sidon, New York, 1858, p. 443-445.

45 À propos de ses activités en Palestine et de son opposition aux chercheurs protestants, tels que Robinson, lire Silberman, Digging for God, p. 66-72 et Shepherd, The Zealous Intruders, p. 196-198.

46 L. F. De Saulcy, Dictionnaire des antiquités bibliques, Paris, 1859, p. 331-332. Voir aussi Ch. E. Caspari, Chronologisch-geographische Einleitung in das Leben Jesu Christi, Hamburg, 1869, p. 69-71. Vingt ans après la parution de sa première étude, L. F. de Saulcy (« Étude sur la géographie comparée de la rive occidentale du lac de Gennésareth, ou mer de Galilée », JS, 1879, p. 489-501 et 537-550, ici p. 537-538) ne change pas d’avis sur la valeur des sites de Khān al-Minyah et d’‘Ayn al-Mudawara, en ajoutant que les petits poissons noirs qu’il a comparés en 1859 « grosso modo à de très gros goujons ou à des éperlans » sont ceux dont « M. Tristram, naturaliste anglais, et M. Lortet, conservateur du Muséum d’histoire naturelle de Lyon […] ont reconnu l’identité avec le poisson des marais d’Alexandrie, auquel le nom vulgaire de κορακῖνος, transmis par Josèphe, devait s’appliquer ».

47 H. B. Tristram, The Land of Israel. A Journal of Travels in Palestine Undertaken with Special Reference to Its Physical Character, Londres, 1865, p. 441-444. Cf. Shepherd, The Zealous Intruders, p. 164-165.

48 En hébreu moderne : שפמנונ (sefamnun), « poisson à moustache » ; cf. D. Clines (éd.), The Dictionary of Classical Hebrew. Volume VIII. Sin-Taw, Sheffield, 2011, s. v. שָׂפָם. Pour ses autres noms scientifiques et vernaculaires, voir http://www.fao.org/fishery/species/2982/en et http://www.fishbase.org/summary/Clarias-gariepinus.html (con­sultés le 17 octobre 2017).

49 En effet, le poisson-chat est jusqu’à nos jours présent dans le lac Maréotis / Maryut, bien qu’il soit menacé par la pollution ; voir K. Adham, « Sublethal effects of aquatic pollution in Lake Maryut on the African sharptooth catfish, Clarias gariepinus (Burchell, 1822) », Journal of Applied Ichthyology 18 (2002), p. 87-94.

50 Les auteurs du XIXe siècle préféraient transcrire phonétiquement le toponyme ‘Ayn (el /) al-Tīn, le l final de l’article étant assimilé par la première consonne « solaire » (t) du mot défini ; voir R. Blachère, M. Gaudefroy-Demombynes, Grammaire de l’arabe classique (morphologie et syntaxe), Paris, 1975, p. 28.

51 Tristram, The Land of Israel, p. 442.

52 Lortet, Études zoologiques sur la faune du lac de Tibériade, p. 141-142 ; cf. http://www.fishbase.org/summary/Astatotilapia-flaviijosephi.html (consulté le 17 octobre 2017).

53 H. B. Tristram (The Survey of Western Palestine. The Fauna and Flora of Palestine, Londres, 1884, p. 169-170) se félicite de cette approbation.

54 Lortet, Études zoologiques sur la faune du lac de Tibériade, p. 151-152.

55 Lortet, Études zoologiques sur la faune du lac de Tibériade, p. 135-139. L'auteur précise aussi que les pêcheurs arabes du lac savaient parfaitement distinguer chaque espèce.

56 E. W. G. Masterman, « The Site of Capernaum », PalEQ 39 (1907), p. 220-229 ; R. A. Stewart Macalister, « Diary of a Visit to Ṣafed », PalEQ 39 (1907), p. 91-131.

57 Th. Gill, « The Coracinus of Josephus », PalEQ 39 (1907), p. 317.

58 Le renvoi doit être erroné, car il n’a pas été possible de repérer d’article ou de passage relatif au coracinus parmi les nombreuses publications de Gill parues dans les rapports annuels de la Smithsonian Institution et du United States National Museum pour l’année 1895 (Annual Report of the Board of Regents of the Smithsonian Institution Showing the Operations, Expenditures, and Condition of the Institution to July, 1895, Washington, 1896 ; Annual Report of the Board of Regents of the Smithsonian Institution Showing the Operations, Expenditures, and Condition of the Institution for the year ending June 30, 1895. Report of the U. S. National Museum, Washington, 1897 ; Proceedings of the United States National Museum, 18, 1895, Washigton, 1896).

59 Th. Gill, « A New Translation of Aristotle’s “History of Animals” », Science 33 (1911), p. 730-738, en particulier p. 736.

60 Connu aussi sous les titres conventionnels de Kitāb Rujār (« Livre de Roger ») et Géographie.

61 Traduction de H. Bresc, A. Nef, A. Jaubert, Idrīsī. La première géographie de l’Occident, Paris, 1999, p. 86. La racine B-L-T peut être vocalisée en balaī ou en bulṭī ; toutefois, la vocalisation de la racine ‘-F-R est incertaine et dans l’édition bilingue de R. Dozy, M. J. de Goeje, Description de l’Afrique et de l’Espagne par Edrîsî, Leyde, 1866, p. 21, on préfère lire afar, sans non plus essayer de traduire le mot. Selon notre collègue, D. Bramoullé, la racine elle-même sert à désigner soit la poussière (‘afr, cf. D. Cohen, F. Bron, A. Lonnet, Dictionnaire des racines sémitiques ou attestées dans les langues sémitiques. Fascicule 1 : ’/H – ’TN, Peeters, s. l., 1994, p. 30, s. v. « ’PR ») soit une chose couverte de poussière, sale (‘afir). Quant à la vocalisation ‘fr, elle pourrait avoir le sens de « cochon » ; c’est pourquoi M. A. Alegre González, El Nilo en la literatura árabe hasta la ‘Nahda’, thèse de doctorat soutenue à l’Université Autonome de Madrid, Madrid, 2004, p. 144 et 552, se permet de traduire par con aspecto de cerdo (« qui ressemble à un cochon »).

62 On peut lire de nouveau Pline, H.N. V, 10 [51], Athénée VII, 311e-312a (qui compare le goût de la perche du Nil à celui du silure du Danube) et Strabon XVII, 2, 4 ; cf. de Saint-Denis, Le vocabulaire des animaux marins, p. 104-106 ; Chouliara-Raïos, Η αλιεία στην Αίγυπτο, p. 217-220 et 256-258.

63 Voir encore Chouliara-Raïos, Η αλιεία στην Αίγυπτο, p. 114-117 et 219-220.

64 Martial XIII, 85 ; Pline, H.N. IX, 32 [68] ; Athénée III, 121a-121b.

65 Sur la mauvaise réputation du σαπρός  saumuré longtemps », « avancé ») σίλουρος (Sopatros de Paphos, fr. 14 Kaissel-Austin = Athénée, VI, 230e), voir Y. Peurière, La pêche et les poissons dans la littérature latine. I. Des origines à la fin de la période augustéenne, Bruxelles, 2003, p. 84-85.

66 L’Oreochromis niloticus fait, d’ailleurs, partie de l’ichtyofaune du lac égyptien ; voir B. De Menora, T. Hecht, J. Moreau, « Croissance des poissons d’eau douce africains », in C. Levêque, M. N. Bruton, G. W. Ssentongo, Biologie et écologie des poissons d’eau douce africains / Biology and Ecology of African Freshwater Fishes, Bondy, 1988, p. 191-219, ici 200.

67 Behr, The Complete Works, p. 446.

68 Les actions de Josèphe en Galilée sont relatées dans sa Vie à partir du § 17 ; sur ses illustres ancêtres et son éducation, voir Josèphe, Vie 2 et 9-12.

69 LXX Ge. XXXVII, 36-50, 26 ; Ex. I, 1-15, 21 ; Nu. XI, 4-5 ; Jer. 41-44.

70 Entre Pessa’h et Chavouot (« Pentecôte »), c’est-à-dire entre mars et juin (LXX, Le. XXIII, 9-22).

71 Sur les origines midrashiques de cette précision, voir J. Moatti-Fine, La Bible d’Alexandrie, 6. Jésus (Josué), Paris, 1996, p. 108.

72 Identification traditionnelle acceptée par Josèphe (Ant. J. I, 39).

73 Voir le retentissement de l’exécution de la garnison romaine de Jérusalem qui « sembla » (ἔδοξεν) annoncer le châtiment divin (B.J. II, 454-456) ou les rêves du patriarche Jacob (Ant. J. I, 279), de son fils, Josèphe (Ant. J. I, 13), du Pharaon (Ant. J II, 83), du roi Archélaos de Judée (B. J. II, 112) et de sa fille, Glaphyra (B. J. II, 116). Cet emploi d’ἔδοξεν est courant chez d’autres auteurs, par exemple Aristide (Or. XLVII-LII = Discours sacrés) et Cassius Dion ; cf. M.-L. Freyburger-Galland, « Les rêves chez Dion Cassius », REA 101 (1999), p. 533-54, en particulier p. 536.

74 À propos des nuances des locutions verbales avec δοκεῖ chez Josèphe, voir S. Mason, Flavius Josephus. Translation and Commentary. Volume 1b, Judean War 2, Leyde – Boston, 2008, p. 96-97, note 738.

75 Voir l’histoire de Marie de Bethezyba, qui a été poussée par la famine à dévorer son propre enfant (B.J. VI, 201-214).

76 Il est notable qu’Īdrisī (Kitāb Nuzhat al-mushtāq fī-khtirāq al-afāq, I, 4) classe les poissons du Nil sur le critère de la présence ou de l’absence d’écailles.

77 Il existait plusieurs interdits alimentaires, occasionnels ou absolus, frappant les poissons en Orient, qui ont peut-être influencé les habitudes des habitants de la Judée (voir L. L. Grabbe, «Leviticus», in J. Barton, J. Muddiman et alii, The Oxford Bible Commentary, Oxford, 2001, p. 91-110, en particulier p. 100). Notons, à titre d’exemples, l’ambiguïté autour de la consommation de l’oxyrhynque en Égypte (Chouliara-Raïos, Η αλιεία στην Αίγυπτο, p. 84-88 ; P. Borgeaud, « Réflexions grecques sur les interdits alimentaires entre l’Égypte et Jérusalem », in P. Borgeaud, D. Barbu, P. Matthey, Exercices d’histoire des religions. Comparaison, rites, mythes et émotions, Leyde – Boston, 2016, p. 191-218, en particulier p. 204-206) et ces Syro-Phéniciens qui évitaient ostentatoirement les poissons pour des raisons tantôt religieuses, tantôt sanitaires (Xénophon, Anab. I, 4, 9 ; Menandre, fr. 631 Kassel-Austin = Plutarque, De super. 170D et Porphyre, Abst. IV, 15 ; Plutarque, Quaest. conv. VIII, 8, 730 ; Athénée VII, 284e, VII, 346c et VII, 308a-b ; Lucien, Syr. D. 14) ; voir E. Lipiński 1992, « Interdits cultuels », in C. Baurain, C. Bonnet, J. Debergh, E. Gubel, V. Krings, E. Lipiński, Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique, Turnhout, 1992, p. 229-230 et J. L. Lightfoot, Lucian. On the Syrian Goddess, Oxford, 2003, p. 356.

78 La pratique est attestée par une péricope évangélique, Ev. Matt. XIII, 48 : ἣν ὅτε ἐπληρώθη ἀναβιβάσαντες ἐπὶ τὸν αἰγιαλὸν καὶ καθίσαντες συνέλεξαν τὰ καλά  purs ») εἰς ἄγγη, τὰ δὲ σαπρά  impurs ») ἔξω ἔβαλον. Au sujet des passages du corpus joséphien relatifs à la diététique, lire S. Kottek, Medicine and Hygiene in the Works of Flavius Josephus, Leyde, 1994, p. 73-76.

79 Les trouvailles archéozoologiques révèlent parfois des silures même chez les poisson­niers hiérosolymitains entre le IXe s. et le VIe s. av. J.-C ; voir H. Lernau, O. Lernau, «Fish Bones Remains», p. 155-161; O. Lernau, R. Reich, E. Shukron, «Bullae and bones of Fish in the City of David, Jerusalem: A Preliminary report», in P. Béarez, S. Grouard, B. Clavel (éd.), Archéologie du poisson. 30 ans d’Archéo-ichtyologie au CNRS. Hommage aux travaux de Jean Desse et Nathalie Desse-Bersel. XXVIIIes rencontres internationales d’archéologie et d’histoire d’Antibes, XIVth ICAZ Fish remains working group meeting, Antibes, 2008, p. 391-397.

80 Comme Aristobule (J. Auberger, Historiens d’Alexandre, Paris, 2001, p. 366-451). Sur ses intérêts hydrologiques et zoologiques, qui lui ont valu une place à part dans les sources historico-géographiques de Strabon et d’Arrien, voir la synthèse de P. Pédech, Historiens compagnons d’Alexandre. Callisthène – Onésicrite – Néarque – Ptolémée – Aristobule, Paris, 1984, p. 331-405.

81 Or. XXXVI, 57.

82 Sur sa vie, lire L. Pernot, « Aristide (P. Aelius) », in R. Goulet (dir.), Dictionnaire des Philosophes, vol. I, Paris, 1989, p. 358-366; C. A. Behr, « Studies on the Biography of Aelius Aristides », ANRW, II.34.2 (1994), p. 1140-1233.

83 Voir, par exemple, Or. XLVII, 24-26 et 38 ; XLVIII, 18 ; XLIX, 46-48.

84 Or. XLV, 29 et 32 (voir le commentaire ad loc. de J. Goeken, Aelius Aristide et la rhétorique de l’hymne en prose, Turnhout, 2012) ; Or. XXXVI, 124.

85 Ph. Bruneau, Recherches sur les cultes de Délos à l’époque hellénistique et à l’époque impériale, Paris, 1970, p. 457-466 ; Idem, « Deliaca (VIII) », BCH 114 (1990), p. 553-591, en particulier p. 554-557 et 559-563 ; H. Siard, « L’hydreion du Sarapieion C de Délos : la divinisation de l’eau dans un sanctuaire isiaque », in L. Bricault, M. J. Versluys, P. G. P. Meyboom, Nile into Tiber. Egypt in the Roman World. Proceedings of the IIIrd International Conference of Isis Studies, Faculty of Archaeology, Leiden University, May 11-14 2005, Leyde – Boston, 2007, p. 417-447, ici p. 427-429.

86 M. Coltelloni-Trannoy, Le royaume de Maurétanie sous Juba II et Ptolémée (25 av. J.-C. – 40 ap. J.-C.), Paris, 1997, p. 36 et 185-186 ; voir aussi L. Bricault, Les cultes isiaques dans le monde gréco-romain, Paris, 2013, p. 99-101.

87 Lire à ce sujet E. Friedheim, Rabbinisme et paganisme en Palestine romaine. Étude historique des Realia talmudiques (IerIVe siècles), Leyde – Boston, 2006, p. 83 et 199-208 ; N. Belayche, « Les dévotions à Isis et Sérapis dans la Judée-Palestine romaine », in Bricault, Versluys, Meyboom, Nile into Tiber, p. 448-469 ; voir, enfin, Bricault, Les cultes isiaques, p. 471-472, à propos de l’interpretatio Judaica / Christiana de Sarapis.

88 Belayche, « Les dévotions à Isis et Sérapis », p. 468.

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Titre Fig. 1. Chromis flavii-josephi = Astatotilapia flaviijosephi (Lortet, Études zoologiques sur la faune du lac de Tibériade, planche VIII).
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Titre Fig. 2. Chromis niloticus = Oreochromis niloticus (Lortet, Études zoologiques sur la faune du lac de Tibériade, planche VII).
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Pour citer cet article

Référence papier

Constantin Raïos, « Le coracin (κορακνος) du lac de Tibériade (F. Josèphe, B.J. III, 520). Une « veine » du Nil en Palestine »Anabases, 27 | 2018, 133-158.

Référence électronique

Constantin Raïos, « Le coracin (κορακνος) du lac de Tibériade (F. Josèphe, B.J. III, 520). Une « veine » du Nil en Palestine »Anabases [En ligne], 27 | 2018, mis en ligne le 01 avril 2020, consulté le 16 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/anabases/7066 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/anabases.7066

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Auteur

Constantin Raïos

Maître de conférences en langue et littérature grecques
Université Toulouse – Jean Jaurès
PLH-CRATA (EA 4601)
5, allées Antonio Machado,
31058 Toulouse, cedex 9
constantinos.raios@univ-tlse2.fr

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