Jean Leclant (sous la dir. de), Institut de France. Le second siècle 1895-1995
Jean Leclant (sous la dir. de) Institut de France. Le second siècle 1895-1995, Paris, Institut de France, 3 vol., 1999, 2001 et 2004, 1554 p. et 853 p.
58 euros par vol. / isbn 2-7284-0036-9.
Texte intégral
1En 1894, le comte de Franqueville mettait en chantier deux volumes savants consacrés au premier siècle d’existence de l’Institut de France. C’est en 1795 en effet que la Convention thermidorienne avait voté une loi organique fondant un « Institut national des sciences et des arts » : il s’agissait alors d’assurer la refonte et la renaissance des anciennes académies royales. En 1895, pour le centenaire, paraissait ainsi le premier tome du « Franqueville », vaste entreprise prosopographique visant à recenser tous les académiciens titulaires. L’année suivante, le deuxième volume livrait les notices biographiques des membres libres, des associés étrangers, des associés non résidants et correspondants : en tout, 2 241 entrées classées selon l’ordre des élections ou des nominations, ce qui faisait d’ailleurs du « Franqueville » un instrument difficile à utiliser, malgré les index et listes récapitulatives à la fin de chacun des deux tomes.
2Un siècle plus tard, à l’occasion du bicentenaire, ce sont des dizaines de collaborateurs qui se sont attachés, sous la direction de Jean Leclant, à compléter l’ouvrage du comte de Franqueville, en étudiant cette fois le deuxième siècle d’existence de l’Institut. Œuvre de longue haleine, ayant nécessité plus de quatre années de travail, l’entreprise emmenée par Leclant se traduit par trois forts volumes parus entre 1999 et 2004, qui rassemblent plus de 4 000 notices bio-bibliographiques de membres, associés étrangers et correspondants français et étrangers de l’Institut de France. Chaque notice individuelle est organisée selon la même structure en cinq parties. Ce sont d’abord des informations de nature signalétique qui sont fournies au lecteur : nom, prénoms, dates et lieux de naissance et décès, mais aussi décorations et date d’élection ou de nomination à l’une des cinq académies qui composent l’Institut : Académie française, Académie des Inscriptions et Belles Lettres, Académie des Sciences, Académie des Beaux-Arts et Académie des Sciences morales et politiques. Une série de mots-clés repris dans un index thématique à la fin de chaque volume précisent le domaine d’activité des membres. Puis vient la partie biographique proprement dite, retraçant les étapes marquantes de la carrière des intéressés, avant la rubrique bibliographique où sont énumérées leurs principales publications. Chaque notice se termine enfin par des références bio-bibliographiques, plus spécialement destinées aux chercheurs qui souhaiteraient approfondir les recherches sur tel ou tel académicien.
3Ainsi présentées, les notices rendent compte de l’important travail de collation des informations effectué par les rédacteurs dans différentes bibliothèques et centres d’archives, y compris à l’étranger puisque les membres français ne sont pas les seuls à être recensés. Elles sont de fait plus complètes et plus approfondies que celles du « Franqueville », tandis que l’ordre alphabétique rend les trois volumes dirigés par J. Leclant d’un maniement plus aisé et plus rapide. Institut de France. Le second siècle 1895-1995 répond ainsi à une double finalité. C’est d’abord et avant tout un ouvrage commémoratif, qui vise à maintenir vivant le souvenir des membres de l’Institut : dans la préface du deuxième tome, J. Leclant précise qu’il s’agit là par tradition d’un des devoirs de l’Institut, et revendique la volonté de promouvoir la mémoire des académiciens comme de mettre en lumière la vitalité d’une institution républicaine désormais plus de deux fois centenaire. Pour autant, les auteurs se sont refusés à tout panégyrique et les notices s’en tiennent à un strict exposé des faits, même si, au détour de bien des pages, des noms prestigieux témoignent en eux-mêmes de l’importance persistante des cinq académies dans l’histoire intellectuelle et scientifique de la France depuis la fin du xixe siècle.
4Institut de France. Le second siècle se veut également un indispensable instrument de travail, rassemblant à destination des chercheurs nombre d’éléments de réponse qu’il leur aurait fallu auparavant collationner avec peine. Les trois tomes dirigés par J. Leclant constituent effectivement un outil incomparable pour qui s’intéresse à l’étude du monde académique avec ses écrivains, savants ou artistes, mais aussi, comme on le découvre à la lecture des notices, barons de la finance et de l’industrie ou hommes politiques. Ce n’est pas l’un des moindres intérêts de l’ouvrage, en effet, que de nous montrer, au-delà de la sécheresse encyclopédique, les liens parfois étroits qui, au xxe siècle encore, unissaient le monde intellectuel à celui de l’économie ou de la politique. En ce sens, le vœu de J. Leclant ne devrait pas rester lettre morte, qui voit dans ces trois volumes une pierre d’assise à l’élaboration prochaine d’études de synthèse sur la sociologie et l’histoire de l’Institut de France.
Pour citer cet article
Référence papier
Catherine Valenti, « Jean Leclant (sous la dir. de), Institut de France. Le second siècle 1895-1995 », Anabases, 5 | 2007, 265-266.
Référence électronique
Catherine Valenti, « Jean Leclant (sous la dir. de), Institut de France. Le second siècle 1895-1995 », Anabases [En ligne], 5 | 2007, mis en ligne le 01 janvier 2012, consulté le 18 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/anabases/3239 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/anabases.3239
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