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Comptes rendus et notes de lecture

James Stevens Curl, The Egyptian Revival. Ancient Egypt as the Inspiration for Design Motifs in the West

Laurent Bricault
p. 260-261
Référence(s) :

James Stevens Curl, The Egyptian Revival. Ancient Egypt as the Inspiration for Design Motifs in the West, Oxford – New York, Routledge, 2005, XXXVI + 572 p.
27,50 euros /
isbn 0-415-36118-4.

Texte intégral

1J.S. Curl, Professeur émérite en Histoire de l’Art de l’université de Belfast, avait publié à Londres en 1982 une monographie intitulée The Egyptian Revival. An Introduction Study of a Recurring Theme in the History of Taste, ouvrage réédité par les presses de l’université de Manchester en 1994 sous le titre Egyptomania. The Egyptian Revival as a Recurring Theme in the History of Taste, afin de coller à l’actualité de la grande exposition portant le même titre et qui se tint cette année-là et la suivante à Paris, Ottawa et Vienne (J.-M. Humbert et al., Egyptomania [Paris-Ottawa-Vienne, 1994-1995], avec, en complément, les Actes du colloque L’Égyptomanie à l’épreuve de l’archéologie, Paris, Musée du Louvre, 1994 [Paris, 1996]). Le présent volume est donc la troisième édition d’un livre à succès, considérablement revu et augmenté, notamment d’illustrations en couleurs de grande qualité.

2Sur un peu plus de 400 pages, l’auteur développe la thèse selon laquelle la civilisation de l’Égypte ancienne est centrale dans le développement d’une bonne partie de l’architecture, de l’art, du design et de la religion de l’Occident, embrassant un spectre très large, de l’Antiquité au xxe siècle, en dix chapitres chronologiques qui structurent l’ouvrage. On ne peut qu’être enthousiasmé par la quantité de documents réunis, séduit par l’abondance des illustrations (219 planches en noir et blanc, 40 en couleurs et 75 dessins : la liste en est donnée p. xii-xvi) et impressionné par une select bibliography de 62 pages sur deux colonnes (p. 471-532), le tout mis au service de la démonstration.

3Il n’est pas de notre compétence de discuter en détail l’ensemble de l’ouvrage, notamment pour ce qui est des pages dévolues à l’art et à l’architecture, d’autant qu’une simple focalisation sur les aspects touchant à l’histoire ancienne et à la religion risque à elle seule de faire éclater le format de ce compte rendu.

4Si l’on croit volontiers l’auteur lorsqu’il indique avoir beaucoup lu pour actualiser son travail, force est de reconnaître que sa principale source pour traiter, dans ses deux premiers chapitres (p. 1-109), des cultes d’origine égyptienne dans le monde gréco-romain est un peu dépassée. L’ouvrage de R.E. Witt, Isis in the Graeco‑Roman World, publié en 1971, dont il s’inspire abondamment, est plus que trentenaire et propose davantage un survol qu’une synthèse sur ces questions.

5C’est ainsi que l’on peut lire, au fil des toutes premières pages, que Sarapis fut créé « to help unify the country after the disruptions of [Alexander’s] conquest » (p. 5), une vision des choses contredite par de nombreux travaux depuis 20 ans ; que les constructions opérées dans le temple d’Isis à Philae par les Ptolémées et les premiers Césars « must be regarded as Revivalist » (p. 5), alors que de tels édifices n’étaient engendrés que par un système pour l’essentiel immuable, se perpétuant en « vase clos » et n’obéissant qu’à sa propre logique millénaire ; qu’Auguste lui-même fut « Egyptianised (despite his antipathy to “ oriental ” cults) » (p. 10), ce qui est méconnaître la réalité propre de l’Égypte et de ses conceptions religieuses, même s’il peut paraître paradoxal à nos yeux que les Empereurs égyptophiles à Rome soient ceux qui ont laissé le moins de traces en Égypte alors que, par exemple, l’image du très romain Antonin le Pieux se rencontre beaucoup plus souvent sur les parois des antiques sanctuaires, faisant offrande aux dieux de la Vallée du Nil. Qu’Auguste soit représenté sur une paroi de temple dans la vallée du Nil ne fait certainement pas de lui un prince égyptianisé. Et ainsi de suite.

6Certes, il peut être intéressant de renvoyer aux Denkmäler de Richard Lepsius publiés entre 1849 et 1859 et aux planches qui illustrent ce monument de l’égyptologie pour y retrouver de belles descriptions du temple d’Horus à Edfou, mais on ne peut passer sous silence les dizaines de volumes et d’articles publiés au xxe siècle sur cet exceptionnel sanctuaire de Haute Égypte. Pour évoquer « The Isiac Religion », s’inspirer de la notice d’Oskar Seyffert pour le Dictionary of Classical Antiquities, Mythology, Religion, Literature & Art, parue en 1899, peut paraître passéiste. L’influence égyptienne sur l’art crétois a inspiré les travaux de plusieurs savants depuis Martin P. Nilsson et on ne peut discuter des scènes nilotiques sans avoir lu le travail de Miguel John Verluys, Aegyptiaca Romana. Nilotic Scenes and the Roman Views of Egypt (Leiden, 2002), écrire dix pages sur l’Iseum Campense en s’inspirant d’un article de Rodolfo Lanciani daté de 1883 et du livre d’Ann Roullet de 1972 tout en ignorant l’importante monographie de K. Lembke, Das Iseum Campense in Rom. Studie über den Isiskult unter Domitian parue en 1994, ou encore consacrer trois pages à la Mensa Isiaca de Turin (la photographie p. 111 aurait mérité d’être en couleurs sur une pleine page) sans utiliser l’article fondamental d’Heike Sternberg-El Hotabi, “ Die Mensa Isiaca und die Isis-Aretalogien ”, Chronique d’Égypte 69 (1994), p. 54-86.

7Ces quelques exemples puisés dans les toutes premières pages de l’ouvrage peuvent être étendus à l’ensemble du volume. B. A. Curran, recensant le catalogue de l’exposition Egyptomania dans le numéro de The Art Bulletin en date du 12 janvier 1996, écrivait à propos de la thèse de J.S. Curl : « Curl’s work is expansive, insomuch as it covers the ancient, Renaissance, and Baroque manifestations of Egyptomania in far more detail than the Egyptomania catalogue can attempt to do. But there are problems here as well, notably a tendency to rely on older and now out-of-date sources and an inclination to approach the subject from the idealistic, almost mystical point of view of a latter-day devotee of Isis. » Le style, souvent hyperbolique, de l’auteur accompagne parfaitement sa vision idéaliste sinon idéalisée du problème de l’influence de l’Égypte sur l’Occident, mais nuit à la crédibilité du propos. Les approximations, les références datées et l’expression d’opinions tombées en désuétude nuisent également à l’intérêt de l’ouvrage, malgré la richesse de l’illustration et de la documentation.

8Un glossaire (p. 415-470) et un index (p. 533-572) complètent ce volume que l’on consultera avec intérêt pour sa richesse documentaire, mais que l’on utilisera avec précautions quant à son contenu scientifique.

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Pour citer cet article

Référence papier

Laurent Bricault, « James Stevens Curl, The Egyptian Revival. Ancient Egypt as the Inspiration for Design Motifs in the West »Anabases, 5 | 2007, 260-261.

Référence électronique

Laurent Bricault, « James Stevens Curl, The Egyptian Revival. Ancient Egypt as the Inspiration for Design Motifs in the West »Anabases [En ligne], 5 | 2007, mis en ligne le 01 janvier 2012, consulté le 16 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/anabases/3231 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/anabases.3231

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Droits d’auteur

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