Claude Aziza, Néron. Le mal aimé de l’histoire
Claude Aziza, Néron. Le mal aimé de l’histoire, Découvertes Gallimard, 493 – série Histoire, Paris, Gallimard, 2006, 128 p., 110 ill., 12,5 x 17,8 cm
13,10 euros / isbn 2-07-031927-X.
Texte intégral
1Rédigé par un spécialiste de la réception de l’Antiquité, ce petit livre de la collection « Découvertes Gallimard », d’une lecture agréable, considère Néron à la lumière des regards qu’a portés sur lui la postérité. Le sous-titre “ Le mal-aimé de l’histoire ” traduit d’ailleurs cette volonté de s’intéresser plus à la perception du fils d’Agrippine qu’à son action comme empereur. Les premiers « relais » dans la construction du mythe néronien sont les Annales de Tacite et la Vie de Néron de Suétone et c’est assez naturellement que Claude Aziza prend ceux-ci comme guides dans sa présentation des principaux épisodes de la vie de l’empereur, qu’il commence avec l’évocation de sa mort, puis poursuit durant quatre chapitres (p. 11-83), selon l’ordre chronologique, jusqu’au soulèvement de Vindex. Inspirés essentiellement par Tacite pour ce qui est de l’enchaînement des faits et par « ce monsieur Pipelet qu’est Suétone » (p. 38) pour les anecdotes croustillantes, ces résumés privilégient les événements marquants et les grands épisodes, dans un style narratif « enlevé », d’où ne sont absentes ni les formules-chocs (p. 26 « Locuste, empoisonneuse diplômée d’État » ; p. 42 [Poppée] « belle à damner un stoïcien »…) ni les interpolations psychologiques ; ils s’intéressent prioritairement au jeu du pouvoir (les affaires parthes sont brièvement évoquées en 18 lignes à la p. 53), mettent en avant l’« exotisme » de l’univers romain (prodiges, gladiateurs…) et, par leur caractère imagé, se marient parfaitement avec l’illustration. Celle-ci, omniprésente et soignée comme il est de coutume dans cette collection, fait de l’ouvrage un outil précieux pour la préparation de cours ; elle est opportunément constituée non seulement de documents antiques (bustes, photographies de sites, objets de musées…), mais aussi de peintures et de gravures modernes (du xviie s. à nos jours, avec une prédilection pour les tableaux pompiers du xixe), de scènes de films et même d’une caricature de Hitler en Néron. De même, parmi les textes rassemblés en fin de volume sous le titre “ Témoignages et documents ” (p. 97-121), le Quo Vadis ? d’H. Sienkiewicz n’est pas moins mis à contribution que Tacite ou Suétone ; on y lit aussi des extraits d’ouvrages plus récents, jusqu’au Maman je ne veux pas être empereur de F. Xénakis. Cet intérêt pour l’image de Néron se retrouve dans un cinquième et dernier chapitre, “ Le Mythe de Néron ” (p. 84-95), qui, s’il s’apparente quelque peu à un catalogue, ouvre néanmoins plusieurs pistes et donnera peut-être envie, pour des études plus fouillées sur ces questions, de se reporter notamment à J.‑M. Croisille, R. Martin & Y. Perrin (éds), Neronia V. Néron : histoire et légende, Bruxelles, 1999. En somme, la plume de l’auteur, ses choix d’illustration et de documentation, jusqu’à sa fidélité aux récits tacitéens et suétoniens, traduisent le parti pris du spectaculaire ; il offre avec brio, et à destination d’un grand public, une nouvelle représentation de l’empereur artifex.
Pour citer cet article
Référence papier
Olivier Devillers, « Claude Aziza, Néron. Le mal aimé de l’histoire », Anabases, 5 | 2007, 259-260.
Référence électronique
Olivier Devillers, « Claude Aziza, Néron. Le mal aimé de l’histoire », Anabases [En ligne], 5 | 2007, mis en ligne le 01 janvier 2012, consulté le 09 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/anabases/3229 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/anabases.3229
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