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Comptes rendus

Mirella Romero Recio, Jesús Salas Álvarez et Laura Buitrago (éds.), Pompeya y Herculano entre dos mundos. La recepción de un mito en España y América

Nicolas Delferrière
p. 344-346
Référence(s) :

Mirella Romero Recio, Jesús Salas Álvarez et Laura Buitrago (éds.), Pompeya y Herculano entre dos mundos. La recepción de un mito en España y América, Rome et Bristol, L’Erma di Bretschneider, 2023, 370 p. / ISBN 9788891328205, 100€

Texte intégral

1La découverte d’Herculanum et de Pompéi a profondément marqué le monde occidental. Les fouilles importantes qui étaient menées sur ces sites tambour battant ont attiré un public de têtes couronnées et de membres des élites intellectuelles et artistiques de la seconde moitié du xviiie siècle et du xixe siècle. La vue de ces vestiges fragiles, bien que très bien conservés au moment de leur mise au jour, le contact avec le passé et la culture matérielle romaine, apparaissant aux yeux des contemporains dans l’instantané de leur disparition, ont été une source d’inspiration considérable pour la culture occidentale, de l’Ancien au Nouveau Monde : les arts plastiques, la presse, la littérature (romans et poésie), le théâtre et l’opéra, ainsi que le cinéma ont été profondément marqués par Pompéi et Herculanum. Depuis une quarantaine d’années, la réception de cette antiquité romaine spécifique fait l’objet d’études, plus ou moins poussées, selon les projets.

2L’ouvrage recensé ici constitue l’abou­tissement d’un programme collectif de recherche intitulé « RIPOMPHEI - Recepción e Influjo de Pompeya y Herculano en España e Iberoamérica (1738-1936) », qui fut mené par Mirella Romero Recio, Jesús Salas Álvarez et Laura Buitrago à l’Université Carlos III de Madrid, de 2019 à 2022. Il correspond aux actes du colloque international du même nom qui fut organisé à Madrid du 8 au 10 juin 2022.

3La publication, dont toutes les contributions sont rédigées en espagnol à l’exception d’une, s’ouvre par une introduction collégiale des directeurs du programme et organisateurs du colloque, retraçant la genèse de leur projet ; elle porte le même titre que l’ouvrage (p. 11-14). Les traces de la réception de Pompéi et Herculanum sont nombreuses dans le monde hispanophone, mais elles n’avaient pas encore bénéficié d’une étude globale. La chronologie retenue, 1738-1936, correspond à la période qui commence avec la découverte d’Herculanum et se termine avec le début de la guerre d’Espagne, événement qui a bouleversé l’histoire de ce pays ; le xixe siècle est au cœur de cette fourchette chronologique.

4Cinq sections thématiques composent l’ouvrage en rassemblant dix-huit contributions.

5La première, intitulée « Experiencias personales en las ciudades vesubianas. Viajeras y viajeros entre dos mundos » (p. 15-88), réunit des articles ayant trait aux voyages d’intellectuels, d’artistes ou de personnalités fortement imprégnées de culture gréco-romaine classique, tous hispanophones (Chili, Cuba, Espagne), en Campanie. Le récit qu’ils en ont fait et la réception de la culture romaine au sein de leur œuvre sont au cœur de ces travaux. La section est constituée des quatre articles suivants : « Pompeya y Herculano en el diario de viaje del cubano Eusebio Guiteras Font (1823-1893) » de Federica Pezzoli (p. 17-34), « Pompeya en la experienca de un intelectual chileno : impresiones de Benjamín Vicuña Mackenna (1871) » de María Gabriela Huidobro Salazar (p. 35-52), « El Mundo que yo vi : viajeras americanas en Pompeya y Herculano (1853-1908) » de Laura Buitrago (p. 53-68) et « “Demasiada Felicidad”. El viaje a Pompeya y Herculano del pintor José Manaut Viglietti (1898-1971) » de Mirella Romero Recio (p. 69-88).

6La deuxième section de l’ouvrage, intitulée « Relatos entre dos mundos: la labor de la prensa americana en la recepción y difusión del mito pompeyano » (p. 89-142), s’intéresse au rôle joué par la presse d’Amérique latine (Chili, Brésil et Bolivie) dans la diffusion et la réception des découvertes faites à Pompéi et Herculanum et du mythe archéologique et culturel que représentent, dès la seconde moitié du xviiie siècle, ces deux villes antiques ; la figure tutélaire et passionnée que fut l’impératrice Teresa Cristina (1822-1889) pour la réception de l’Antiquité gréco-romaine, et notamment de sa culture matérielle au Brésil, est également évoquée. Trois articles composent cette partie : « Ilustrando al lector chileno. Pompeya y Herculano en la revista Zig-Zag a principios del siglo xx » de Carolina Valenzuela Matus (p. 91-104), « Pompeya y el Vesubio en la prensa de Rio de Janeiro (1870-1889) » de Renata Senna Garraffoni (p. 105-122) et « Pompeya en la Belle Époque hispanoamericana » de Ricardo Del Molino García (p. 123-141).

7La troisième section, intitulée « Arte entre dos Mundos » (p. 143-217), commence par l’étude spécifique faite par Daniel Expósito d’une œuvre de l’artiste américain Robert Seldon Duncanson, Pompeii (1871), qui représente une vue de Pompéi mêlant attestations archéologiques et inventions du peintre (p. 145-162). Cristina Martín Puente propose ensuite une contribution sur la réception des figures de Sénèque et de Tacite, mais également du « pompéisme » au sein de l’œuvre du peintre espagnol Manuel Domínguez (p. 163-177). Suit une analyse de María Martín de Vidales García sur la contribution des cités campaniennes à la réception de l’art pompéien et à la construction de l’imaginaire collectif de Pompéi dans la peinture espagnole (p. 179-196). Enfin, Ana Valtierra Lacalle apporte une réflexion sur l’assimilation des motifs pompéiens dans les dessins et les peintures de l’artiste espagnol Joaquín Sorolla, après son voyage à Naples (p. 197-215).

8Les trois articles suivants composent la quatrième section intitulée « Pompeya y Herculano como modelos culturales de progreso » (p. 217-277). Rosaria Ciardello explique l’impact que les découvertes vésuviennes ont eu en Europe et aux Etats-Unis, à partir de l’étude de plusieurs témoignages artistiques et intellectuels : œuvres d’art, textes littéraires, collections d’antiquités, travaux d’architectes, récits de voyageurs (p. 219-247). Les deux derniers textes, d’Elvia Carreño Velázquez (p. 243-261) et d’Aurelia Vargas Valencia (p. 263-275), se complètent en traitant de la réception des découvertes archéologiques campaniennes et de l’influence de l’art pompéien au Mexique, et en évoquant le lien qui fut dès lors tissé entre la culture classique gréco-romaine et la société contemporaine mexicaine.

9La dernière section, « La recepción entre dos mundos : de la arqueología en archivos a la investigación en la era digital » (p. 277-352), regroupe quatre contributions dont la portée est essentiellement méthodologique. Les deux premiers textes s’intéressent particulièrement à la problématique archéologique intrinsèquement liée à Pompéi et Herculanum : María del Carmen Alonso Rodríguez démontre que, bien loin de l’image fantasmée de la redécouverte de villes antiques intactes, des fouilles clandestines, des pillages ciblés et des destructions sont attestés avant le xviiie siècle (p. 279-297) et Jesús Salas Álvarez présente l’importance de la documentation espagnole du xixe siècle pour l’étude de la réception de l’archéologie pompéienne (p. 299-321). María Eugenia Cabrerizo Barranco s’intéresse à une série de quinze dessins de vestiges pompéiens issus des archives de la famille Madrazo et qu’elle attribue spécifiquement au peintre Luis Madrazo y Kuntz (p. 323-341). La dernière contribution, de Mar Bujalance-Pastor, Inmaculada Muro-Subías et Lola Santonja-Garriga, présente le travail de compilation et de diffusion du projet RIPOMPHEI (p. 343-352).

10Si la qualité scientifique de l’ouvrage est indéniable et que l’ensemble est résolument novateur par rapport à l’espace géographique étudié, on ne peut que regretter que les figures apparaissent en noir et blanc, d’autant plus lorsque le papier utilisé est de couleur jaune… Les images antiques sont intrinsèquement liées à leurs couleurs. Cette mise à distance de ces dernières est dommageable pour un ouvrage qui avait à cœur d’étudier la réception de Pompéi et Herculanum en Espagne et en Amérique. Après tout, lors de la redécouverte des cités campaniennes, qu’est-ce qui a frappé le plus les esprits sinon les couleurs éclatantes des peintures murales ?

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Pour citer cet article

Référence papier

Nicolas Delferrière, « Mirella Romero Recio, Jesús Salas Álvarez et Laura Buitrago (éds.), Pompeya y Herculano entre dos mundos. La recepción de un mito en España y América »Anabases, 40 | 2024, 344-346.

Référence électronique

Nicolas Delferrière, « Mirella Romero Recio, Jesús Salas Álvarez et Laura Buitrago (éds.), Pompeya y Herculano entre dos mundos. La recepción de un mito en España y América »Anabases [En ligne], 40 | 2024, mis en ligne le 01 novembre 2024, consulté le 15 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/anabases/19267 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12wab

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