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Comptes rendus

Jeffrey Murray et David Wardle (éd.), Reading by Example: Valerius Maximus and the Historiography of Exempla

Cyrielle Landrea
p. 339-341
Référence(s) :

Jeffrey Murray et David Wardle (éd.), Reading by Example: Valerius Maximus and the Historiography of Exempla, Leiden et Boston, Brill, 2022, 352 p., / ISBN9789004499409, 137€

Texte intégral

1Les études consacrées à Valère Maxime connurent un renouveau important grâce à l’ouvrage fondateur de W. Martin Bloomer (Valerius Maximus and the Rhetoric of the New Nobility). La collection « Historiography of Rome and Its Empire » accueille les actes d’un colloque qui s’est tenu à l’Université du Cap en 2017. Marquant les vingt-cinq ans de la parution du livre de W. Martin Bloomer, ces actes s’inscrivent dans la continuité historiographique. L’introduction de J. Murray offre une mise au point historiographique sur Valère Maxime. L’ambition des actes est multiple et part avant tout du postulat que l’œuvre n’est pas qu’une collection d’exempla. Outre les dimensions philosophico-morales, il souhaite également mieux prendre le climat intellectuel du principat de Tibère, saisir la place dans la tradition romaine et appréhender la réception de l’œuvre, y compris à l’époque médiévale.

2Les actes s’organisent en quatre parties. La première partie «Architecture and Order» commence par la contribution de D.Wardle («“Not Putting Roman History in Order?” – Regal, Republican and Imperial Boundaries»). Il met en évidence une chronologie et une périodisation des 1051 exempla. Une séparation est clairement visible entre les époques royale et républicaine. La première période bénéficie d’ailleurs d’une valorisation certaine, notamment dans le domaine de la religion. S. Lawrence se concentre ensuite sur le chapitre 2.6 des Facta et Dicta memorabilia qui s'intéresse à des exempla étrangers (« And Now for Something Completely Different… ») ; ceux-ci ne sont pas de simples curiosités, car ils participent du pouvoir universel de l’exemplarité et des concepts moraux. Ils ont donc un but didactique indéniable.

3La deuxième partie « Roman History » débute par la contribution de J. Atkinson sur la place mineure de la geste de Coriolan (« Coriolanus as an Exemplar in Valerius Maximus »). Valère Maxime aurait utilisé des références disparates à Coriolan pour faire des allusions à l’époque tibérienne. L’exil volontaire de Tibère pourrait par exemple être comparé à celui de Coriolan. Les exempla sont adaptés au propos littéraire. Dans « Boundary Issues: Valerius Maximus on Rome’s Italian Allies », R. Roth catégorise les alliés italiens et s’intéresse à la manipulation de certains exempla d’Italiens et de Campaniens. Valère Maxime utilise un ton hyperbolique et des rumeurs. Les Campaniens sont présentés négativement comme des anti-modèles. S. Lentzsch (« Others Took Money from That Victory, but He Took the Glory”: Spoils of War in the Facta et dicta memorabilia ») s’intéresse ensuite au butin de guerre et aux exempla de grands généraux, comme Paul Émile et Scipion Émilien. Ces personnages n’appartiennent pas à un passé lointain, mais restent des figures exemplaires incontournables. En outre, les butins et les victoires ne sont pas perçus comme une source de corruption des valeurs. Alors que l’objectif mémoriel de Valère Maxime est manifeste, l’effacement de Germanicus interpelle. A. Gowing propose d’étudier la Rome tibérienne tacitéenne pour mieux comprendre l’œuvre de Valère Maxime et cette absence délibérée (« Forgetting Germanicus: Reading Valerius Maximus through Tacitus’ Tiberian »). Au-delà de la volonté de ne pas déplaire au Prince, le silence n’est pas pour autant une adhésion à la propagande tibérienne, mais plutôt une sensibilité aux réalités politiques.

4Dans la troisième partie (« Values »), R. Langlands s’intéresse à la dimension éthique et philosophique, notamment à travers les exempla de tolérance à la douleur (« Valerius Maximus’ Engagement with Cicero’s Tusculan Disputations on Virtue and the Endurance of Pain, in 3.3 De patientia »). Le De patientia serait une réponse aux Tusculanes. G. Baroud (« Amicitia and the Politics of Friendship in Valerius Maximus ») aborde également la dimension éthique dans la représentation de l’amicitia. Le récit de Valère Maxime constitue une nouvelle fois un projet politique et social cohérent. Puis le discours romain sur les vices est analysé par J. Murray (« Valerius Maximus on Vice »). Avant Valère Maxime, la prise en compte des vices était occasionnelle. Le traitement d’ampleur dans les Facta et dicta memorabilia est un exemple presque unique dans la littérature latine, afin d’offrir une sorte de guide de conduite, à la fois didactique et moral. E. Brobeck traite les enjeux artistiques, littéraires et rhétoriques (« Efficacior Pictura: Morality and the Arts in Valerius Maximus »). L’art et la littérature disposent d’une valeur exemplaire, même si Valère Maxime ne crée pas une hiérarchie à visée morale entre les différents arts. D’ailleurs, selon lui, l’écriture est bien plus efficace que d’autres arts.

5La quatrième partie « Reception and Tradition » est plus brève. Elle débute par l’article de D. Burgersdijk (« Valerius Maximus’ Facta et dicta memorabilia and the Roman Biographical Tradition »). L’article s’intéresse à la place de l’œuvre dans les traditions concernant les éloges et les biographies, puis à la réception dans l’Antiquité tardive, notamment dans l’Histoire Auguste. Enfin K. Conrau-Lewis (« Preaching Ancient History: Valerius Maximus and His Manuscript Reception ») étudie la tradition manuscrite et examine la réutilisation de l’œuvre de Valère Maxime au Moyen Âge, notamment au sein des milieux monastiques pour participer à la diffusion des valeurs chrétiennes et à la prédication. Cela a concouru au grand succès de l’œuvre à l’époque médiévale.

6Ce volume collectif aborde de multiples facettes de l’œuvre de Valère Maxime. Elles ont toutes pour but de la réhabiliter et de ne pas la cantonner à un catalogue d’exempla. Même si l’ouvrage offre des études de cas parfois disparates – comme dans une grande partie des actes de colloque – l’approche rigoureuse offre ici un volume important pour quiconque souhaite aborder Valère Maxime et son historiographie.

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Pour citer cet article

Référence papier

Cyrielle Landrea, « Jeffrey Murray et David Wardle (éd.), Reading by Example: Valerius Maximus and the Historiography of Exempla »Anabases, 40 | 2024, 339-341.

Référence électronique

Cyrielle Landrea, « Jeffrey Murray et David Wardle (éd.), Reading by Example: Valerius Maximus and the Historiography of Exempla »Anabases [En ligne], 40 | 2024, mis en ligne le 01 novembre 2024, consulté le 14 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/anabases/19217 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12wa8

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