Résumés
Les artistes de heavy metal font volontiers appel à des thèmes mythologiques ou historiques de l’Antiquité. L’emploi de la langue latine même apparaît comme un autre trait marquant de l’univers metal. Il est visible chez les nombreux groupes qui ont choisi un patronyme latin et/ou recourent à cette langue pour les titres des albums et des morceaux, mais aussi jusque dans les textes des chansons ou l’iconographie associée. Tout en confirmant les raisons multiples de ce succès a priori inattendu, cet article vise à démontrer, à travers quelques exemples, dont celui de Powerwolf, que l’usage du latin est vecteur de sens et s’inscrit au cœur même de la proposition de groupes actifs en particulier dans des sous-genres plus récents tels que le power, le symphonic ou le medieval metal. Cette nouvelle lingua franca contribue à donner du poids aux thématiques, aux concepts et à l’image qu’ils développent. Par le sentiment d’unité et d’universalité qu’elle véhicule, elle permet de rassembler une communauté de fans et d’artistes, de tisser un lien entre eux, voire de sceller le pacte de collaborations régulières entre musiciens.
Heavy metal artists regularly borrow mythological or historical themes from the Antiquity. The use of the Latin language itself appears as another striking feature of the metal universe. It shows with the many bands which have chosen a Latin surname and/or use this language for album and song titles, but also within song lyrics or associated iconography. While confirming the various reasons for this seemingly unexpected success, this paper explores a few examples, among which Powerwolf, in order to demonstrate that the use of Latin is charged with meaning and lies at the very heart of the proposal of bands active chiefly in more recent subgenres, such as power, symphonic or medieval metal. This new lingua franca gives weight to the themes, concepts and image that they develop and, through the feeling of unity and universality that it conveys, brings together a community of fans and artists, builds a bond between them, and can even seal the pact of regular collaborations between musicians.
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Extrait du texte
Ce document sera publié en ligne en texte intégral en novembre 2026.
Plan
Le contexte et un peu d’histoire
Le propos de cette recherche
Nomen omen : le latin dans les noms de groupes
O tempora, o mores : le latin comme marqueur d’époque
Ordo ab chao : le latin comme fil conducteur et trait d’union
Lupus Dei : Powerwolf, le latin et le culte des Loups
Communio Luporum : Powerwolf, le latin et le pacte des Loups
Roma caput mundi : le latin au service du metal
Aperçu du texte
Le contexte et un peu d’histoire
Le heavy metal, forme de hard rock caractérisée par un rythme fort et des effets instrumentaux amplifiés, n’est a priori pas le type de musique vers lequel l’amateur de littérature classique songe à se tourner spontanément. Et pourtant... Les artistes, le plus souvent des groupes, qui officient dans ce registre musical, font régulièrement appel à des thèmes mythologiques ou historiques. L’univers nordique, notamment celui des Vikings, a volontiers leurs faveurs, mais les légendes médiévales et les figures de l’Antiquité aussi. Ainsi Led Zeppelin, l’un des fondateurs du genre, ouvrait Presence (1976) sur le titre-fleuve « Achilles Last Stand » ; devenue célèbre au point d’initier un courant thématique du metal, la chanson repose en partie au moins sur un héritage homérique et sur la mythologie héroïque de l’Iliade.
Au cours de la décennie suivante, Iron Maiden, un des piliers de ce que l’on a appelé la NWOBHM (New Wave of British Heavy Metal), manifesta...
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Pour citer cet article
Référence papier
Pierre-Jacques Dehon, « Metallum Latinum : le heavy metal, dernier refuge du latin ? », Anabases, 40 | 2024, 11-37.
Référence électronique
Pierre-Jacques Dehon, « Metallum Latinum : le heavy metal, dernier refuge du latin ? », Anabases [En ligne], 40 | 2024, mis en ligne le 01 novembre 2026, consulté le 15 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/anabases/18208 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12w9h
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