Trinidad Tortosa Rocamora et Gloria Mora Rodríguez (coord.), Las Comisiones de Monumentos y las Sociedades arqueológicas como instrumentos para la construcción del pasado europeo
Trinidad Tortosa Rocamora et Gloria Mora Rodríguez (coord.), Las Comisiones de Monumentos y las Sociedades arqueológicas como instrumentos para la construcción del pasado europeo, Séville, Editorial Universidad de Sevilla, 2021, 400 p. / ISBN 9788447230242, 18 €
Texte intégral
1L’ouvrage fait suite au colloque Las Comisiones de Monumentos y las Sociedades arqueológicas como instrumentos para la construcción del pasado europeo tenu à Mérida en 2017 qui visait à compléter et actualiser les études précédentes, menées depuis les années 1990, sur la naissance de l’archéologie, du patrimoine et des institutions le protégeant en Espagne, dans le contexte d’un mouvement global européen au xixe siècle d’étude et de reconstruction du passé des États nations. Il se compose, en plus d’une introduction et d’une conclusion, de douze contributions réparties en trois sections.
2La première, Identidades-Sociedades arqueológicas-Comisiones de Monumentos, traite du rôle de l’archéologie dans la construction des identités nationales avec plusieurs cas d’Europe de l’ouest. Elle s’ouvre avec une réflexion générale, proposée par T. Tortosa et G. Mora, sur le fonctionnement des Commissions, mis en parallèle avec l’émergence de « grandes figures » du patrimoine archéologique et de l’histoire nationale. C. Fabião poursuit la réflexion avec le cas portugais, une exception en Europe avec ses lois sur la conservation du patrimoine datant du xviiie siècle. L’auteur retrace ensuite le mouvement de redécouverte des monuments historiques du pays, influencée par les conceptions françaises et aboutissant à des lois plus proches de celles des autres pays européens sur la conservation du patrimoine. La contribution suivante, de N. Schlanger, aborde le cas de l’archéologie nationale française, bien différente de celle menée à l’international, et qui tarde à se faire reconnaître. Ouvrant la voie à une protection patrimoniale – finalement tardive – elle est ici étudiée au travers de quelques cas de monuments et sites particuliers. Puis A. Romani propose une analyse de la loi italienne de 1909, étendant le concept de patrimoine et résultant d’une combinaison de différents facteurs : les bonnes pratiques de l’administration nationale et locale en termes de protection du patrimoine, la restructuration scientifique et la professionnalisation de l’archéologie italienne de l’époque. Enfin, la partie se clôt avec une contribution de G. Reimond analysant l’activité archéologique espagnole de la fin du xixe au début du xxe siècle, dans un contexte scientifique européen transnational où prévaut un libéralisme archéologique. L’exemple de l’hispaniste P. Paris montre combien les réseaux, les intérêts particuliers et la concurrence tiennent une plus grande place que le nationalisme ou l’impérialisme scientifique dans la construction progressive d’une archéologie nationale espagnole.
3La deuxième section s’intitule Comisiones provinciales de monumentos et traite des relations de ces commissions régionales avec les sociétés archéologiques et les musées provinciaux à travers 5 cas. Le premier (J. Beltrán Fortes) est celui de la Commission de Séville, au rôle prépondérant dans les activités archéologiques de toute la province, malgré son intérêt particulier pour le site d’Italica depuis sa découverte. Le suivant (X. Aquilué) est celui du site d’Ampurias, de son traitement par la Commission de Gérone – comme manne d’objets à exposer au musée provincial – jusqu’à sa récupération institutionnelle par la Junta de Museus de Barcelone quelques années plus tard, dans un projet patrimonial plus structuré. La contribution suivante, de P. Ortiz Romero, aborde le cas des deux Commissions d’Estrémadure et les facteurs complexes de la crise de l’institutionnalisation de la gestion du patrimoine dans cette région. Puis c’est au tour de la Commission d’Albacete d’être analysée, par B. Gamo Parras. L’auteure revient sur ses vicissitudes, même si elle parvient à fonder et entretenir le musée provincial. Enfin, J. A. Fernández de Córdoba Pérez présente le travail de la Commission des Asturies, mais également sa constitution, son fonctionnement et ses spécialités. Cette deuxième partie de l’ouvrage offre finalement un aperçu de la variété des trajectoires locales d’une même institution, les commissions, confrontées à des contextes très différents.
4La dernière section, Transmisión y comunicación social del patrimonio arqueológico, aborde le sujet de la mise en valeur du patrimoine archéologique en partant de deux cas pionniers, Mérida, présenté par C. J. Morán Sánchez, et Carmona, analysé par I. Rodríguez Termiño et ses co-auteurs. Dans le cas de Mérida, l’auteur montre comment l’histoire de la Subcomisión créée ad hoc, a été reconstituée à partir de correspondances épistolaires essentiellement, suite à la perte des archives officielles. Elles montrent, de manière inédite, son rôle actif dans la mise en place des fouilles et des activités de valorisation (visites, conférences etc.) du site. Pour Carmona (et Osuna, prise comme pendant), le focus est mis sur le lien de l’intérêt pour la conservation du patrimoine et la structuration d’une partie de la haute société locale.
5L’ouvrage se clôture avec un temps conclusif de J. M. Luzón Nogué qui revient sur la disparité des situations en Espagne, pour la conservation des antiquités et du patrimoine avant le xixe siècle et sur le grand mouvement de ce siècle pour créer un modèle de rationalisation et de gestion de ces derniers, à la fois propre à l’Espagne et ancré dans un contexte européen plus global.
6Cet ouvrage conséquent semble remplir ses objectifs fixés dans le prologue (par G Ruiz Zapatero) et l’introduction, à savoir apporter un éclairage complémentaire dans ce domaine sur la transition entre les pratiques antiquaires et l’institutionnalisation de l’archéologie et de la conservation du patrimoine. Les différentes échelles, européenne, nationale et locales, permettent une contextualisation fine du mouvement analysé, la prise de conscience de la disparité des situations, mais aussi la mise en avant d’un continuum plutôt que d’une rupture nette. C’est un des atouts de l’ouvrage, ainsi que ses nombreuses illustrations en couleur, de grande qualité.
Pour citer cet article
Référence papier
Élodie Guillon, « Trinidad Tortosa Rocamora et Gloria Mora Rodríguez (coord.), Las Comisiones de Monumentos y las Sociedades arqueológicas como instrumentos para la construcción del pasado europeo », Anabases, 38 | 2023, 291-292.
Référence électronique
Élodie Guillon, « Trinidad Tortosa Rocamora et Gloria Mora Rodríguez (coord.), Las Comisiones de Monumentos y las Sociedades arqueológicas como instrumentos para la construcción del pasado europeo », Anabases [En ligne], 38 | 2023, mis en ligne le 01 novembre 2023, consulté le 18 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/anabases/16774 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/anabases.16774
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