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Comptes rendus

Trine Arlund Hass et Rubina Raja (eds.), Caesar’s Past and Posterity’s Caesar

Cyrielle Landrea
p. 377-379
Référence(s) :

Trine Arlund Hass et Rubina Raja (éds.), Caesar’s Past and Posterity’s Caesar, Turnhout, Brepols, 2021, 248 p. / ISBN 9782503591308, 95 €

Texte intégral

1La mémoire et le passé sont au cœur des stratégies politico-familiales de la noblesse tardo-républicaine. César s’inscrivit évidemment dans cette tradition et il intégra ensuite la mémoire collective. Certes, ce phénomène est déjà bien étudié dans l’historiographie, néanmoins, ces actes d’un colloque danois tenu en 2019 s’inscrivent dans un contexte spécifique avec les fouilles dano-italiennes du Forum de César et un projet de recherche sur les réceptions danoises du dictateur. Le volume regroupe seize contributions réparties en trois parties. La démarche est justifiée dans l’introduction, « The Man behind the Sources : Caesar’s Past and Posterity’s Caesar ». Les directrices de la publication souhaitent interroger le rapport de César au passé et étudier la réception du dictateur à travers les époques.

2La première partie (« Caesar and his Time ») est constituée de cinq articles sur la perception de César par ses contemporains. Sa mémoire est explorée sous diverses formes, notamment dans le cadre de l’identité familiale (S. Saxkjær, « The Role of the Romans’ Early History in the Late Republican Period ») ou de l’urbanisme (P. Liverani, « Caesar and the Pomerium of Rome »). S. Saxkjær rappelle l’importance de la mémoire gentilice et royale dans l’identité césarienne et la compétition politique. P. Liverani revient ensuite sur le problème de l’élargissement du Pomerium. César aurait eu une vision urbanistique globale et cette conception urbanistique aurait facilité les réformes administratives d’Auguste. Ce lien César-Auguste est analysé par K. Galinsky qui revient sur l’utilisation de l’image de César par son fils adoptif, en mettant l’accent sur l’héritage culturel (« Shaping Caesar’s Past for Posterity : Caesar d. f. Augustus »). Octavien-Auguste modela le souvenir paternel, notamment dans l’Vrbs, et il fixa des traditions qui firent partie intégrante d’une nouvelle ère. R. Raja et J. Rüpke optent pour la dimension spatio-mémorielle dans l’Vrbs (« Creating Memories in and of Urban Rome : The Forum Iulium »). Le forum de César renforce le prestige du patricien. Certes, l’exaltation de la mémoire gentilice est un atout dans la compétition politique, mais le forum dispose d’une dimension pratique et il répond à des besoins urbains. L’ordinaire et l’extraordinaire sont alors combinés dans cet espace urbain. Les luttes politiques sont au cœur de l’héritage césarien, comme le montre C. Lange à travers les sources textuelles (« The Invention of Civil War Writing : The (Curious ?) Case of Caesar »). Les dirigeants doivent davantage démontrer leur légitimité à exercer le pouvoir pendant les guerres civiles. Par ailleurs, Octavien utilisa la vengeance de César dans un contexte de guerre civile, en exaltant le modèle paternel.

3La deuxième section « Caesar in Antique Historiography — in Retrospect » regroupe quatre contributions avec un large spectre chronologique, de l’époque julio-claudienne à l’Antiquité tardive. D’abord, B. England se focalise sur le point de vue de Velleius Paterculus (« Caesar’s Place in the Course of Tiberian Historiography »). L’auteur manipule l’Histoire, par exemple pour magnifier l’œuvre consulaire, et il met l’accent sur des épisodes tragiques (guerre civile, assassinat…) pour accroître le pathos. Les discours césariens ont aussi contribué à façonner la mémoire de l’homme d’État et du général (H. van der Blom, « Caesar the Orator in Retrospect »). La réception impériale de l’éloquence est au cœur de cet article. Elle évolue, car au début du Principat, César fait partie des exemples de bonnes pratiques oratoires, alors qu’à partir d’Aulu-Gelle et chez les grammairiens ultérieurs, l’accent est plutôt mis sur sa bonne latinité. Le De analogia de César rencontre ainsi un grand succès à partir du IIe s. J. Madsen explore également la réception impériale de César et sa place dans la culture politique (« Between Dynast and Legitimate Monarch : Imperial Reflections of Julius Caesar »). Cassius Dion donne une image plus nuancée du patricien que Suétone et Plutarque. Enfin, G. Zecchini traite la réception tardive (« Julius Caesar in Western Late Antiquity »). L’ethos césarien est encore présent chez des auteurs tardifs comme Sidoine Apollinaire. César reste un modèle à suivre pour des chefs militaires comme Aetius.

4La dernière partie (« Post-Antique Historiography and Modern Perceptions ») sur la réception après l’Antiquité regroupe six contributions. D’abord, M. Pade replace César dans le contexte de l’humanisme et de de la culture politique de la Renaissance (« Should They Rot in Hell ? Fifteenth-Century Discussions of Brutus and Cassius – and Caesar’s Murder »). La réception est ambivalente, car il est perçu comme le destructeur de la République à Florence, alors qu’il est un exemplum à Ferrare. Le théâtre s’est aussi emparé de la figure césarienne, comme l’illustrent deux articles. M. Dimitrova étudie l’ironie dramatique dans Catiline de B. Jonson (1611). César y est présenté négativement et il est affublé du rôle de méchant (« Lurking in the Jacobean Shadows : Historicity and Topicality of the Character of Julius Caesar in Ben Jonson’s Catiline : His Conspiracy »). Ensuite, M. Wyke s’intéresse à Caesar and Cleopatra de B. Shaw (« Lessons in History : Bernard Shaw’s Discomforting Caesar »). Le dramaturge utilise le passé romain pour aborder son époque. T. Biskup étudie les références culturelles de Frédéric II de Prusse qui prit César comme modèle politique afin de légitimer ses actions (« Ancient Contemporary History and Enlightened Philosophy of History : Caesar and Voltaire as Models for Frederick the Great’s Historiography »). La réception césarienne est également abordée dans le contexte de transformation européenne au xixe s. T. Hass s’intéresse à la vision du penseur danois N. Grundtvig (« A Bad Tyrant Born to Command: N. F. S. Grundtvig’s Representation of Caesar in the Handbook of World History (1833) »). César présente les qualités nécessaires d’un dirigeant. Enfin, N. Sauer retrace l’histoire du forum de César jusqu’à nos jours, en mettant l’accent sur les fouilles archéologiques (« The Forum of Caesar : A Historiographical Review »).

5Pour conclure, ce volume inaugurant la nouvelle collection Rome Studies offre de nouvelles études de cas intéressantes sur les questions mémorielles et la réception de César. Elles intègrent ainsi une riche bibliographie. Notons enfin la grande qualité des illustrations, y compris en couleurs.

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Pour citer cet article

Référence papier

Cyrielle Landrea, « Trine Arlund Hass et Rubina Raja (eds.), Caesar’s Past and Posterity’s Caesar »Anabases, 37 | 2023, 377-379.

Référence électronique

Cyrielle Landrea, « Trine Arlund Hass et Rubina Raja (eds.), Caesar’s Past and Posterity’s Caesar »Anabases [En ligne], 37 | 2023, mis en ligne le 30 avril 2023, consulté le 17 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/anabases/16131 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/anabases.16131

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