1Cet ouvrage illustre l’exposition présentée au Musée des Moulages de l’Université Lumière de Lyon 2 entre le 18 septembre 2021 et le 26 mars 2022, deux ans après la réouverture du Musée en 2019 et à l’occasion du bicentenaire de la Révolution grecque de 1821. Sur les 177 œuvres exposées, dont on trouve un catalogue en fin d’ouvrage (pp. 170-186), une vingtaine sont détaillées après deux chapitres introductifs offrant un panorama historique de la redécouverte archéologique de la Grèce ancienne, puis une histoire du Musée des Moulages qui insiste sur le rôle pédagogique des moulages dans l’étude de l’archéologie et de l’histoire de l’art.

2En tête se détachent trois moulages : la Korê de Lyon, la Vénus de Milo et l’Apollon de Choiseul-Gouffier. Dans chaque chapitre, les photographies de ces moulages, comme ce sera le cas de tous les documents analysés par la suite, sont accompagnées d’une histoire de la découverte des œuvres originales, de leur place dans l’histoire de l’art grec, des circonstances de l’entrée des moulages dans le Musée de Lyon et d’une courte bibliographie complémentaire.

3Une deuxième partie est consacrée à l’Acropole d’Athènes. Une introduction historique rappelle en particulier les premières fouilles dues au grec Kyriakos Pittakis (1798-1863), le nettoyage de l’Acropole de 1830 à 1860 qui fait disparaître tous les ajouts post-antiques, la restauration des monuments par Leo von Klenze et la construction du premier musée dans le dernier quart du xix^e siècle. Ensuite sont présentés : un plan relief de l’Acropole ; une korê polychrome, une des nombreuses korês ensevelies sur l’Acropole après l’invasion perse de 480 av. J.-C. et dont la polychromie était visible lors de sa découverte en 1888 ; les moulages de deux des six caryatides de l’Érechthéion ; le fronton est du Parthénon (naissance d’Athéna) et enfin une frise miniature des Panathénées.

4Une troisième partie est consacrée à Delphes. À la différence d’Athènes il s’agit d’une véritable redécouverte grâce à la grande fouille (1892-1903) conduite par l’École française d’Athènes et qui permit dès 1894 une exposition des moulages de Delphes à l’École des Beaux- Arts de Paris. Les œuvres présentées sont : le Sphinx des Naxiens, ex-voto (vers 570-560 av. J.-C.) pour l’obtention de la promantie (priorité pour la consultation de l’oracle) accordée aux Naxiens ; la frise du trésor de Siphnos ; la colonne dite des Danseuses, qui semble en fait avoir été le soutien d’un chaudron votif contenant une représentation en marbre de l’omphalos qui faisait de Delphes le nombril du monde ; le célèbre aurige de Delphes, dont l’original est en bronze et non en marbre comme la plupart des statues, ex-voto offert par Polyzalos, tyran de Géla (Sicile) vers 470-466 av. J.-C. ; une tête de serpent, reste de la colonne serpentine supportant le trépied de Platées, monument votif dans le sanctuaire d’Apollon à Delphes, commémorant la victoire sur les Perses à Platées, décrit par Hérodote (IX, 81) qui parle d’un « serpent à trois têtes » (trikarênos ophis). Au iv^e siècle de notre ère, l’empereur Constantin fit placer les trois serpents enlacés dans l’hippodrome de Constantinople. Des fouilles sur l’hippodrome (1855-56) permirent de dégager la colonne et d’en étudier les inscriptions.

5À la suite de ces séries de moulages, l’ouvrage présente d’autres supports d’enseignement et d’étude. D’abord quelques figurines en terre cuite de Myrina (Asie Mineure). Il s’agit de statuettes réalisées par moulage, production hellénistique quasi-industrielle, comme les célèbres Tanagra, dont le musée possède aussi deux exemplaires.

6Le musée est riche aussi de 1570 plaques de projection en verre, ancêtres des diapositives, complément essentiel pour l’enseignement universitaire de l’histoire de l’art et de l’archéologie à la fin du xix^e siècle. Parmi ces plaques, on peut souligner des vues très anciennes de l’Acropole, antérieures à 1875, date de la destruction de la tour franque, dernier vestige post-antique. Ces clichés sont très proches de ceux du photographe grec Pétros Moraïtis (1826-1886) dont les photos font dialoguer la Grèce moderne et la Grèce antique par la présence de personnages.

7À ces « incunables » s’ajoutent quelques photos de Fred Boissonnas, célèbre photographe genevois (1858-1946). Et les derniers documents présentés sont une dactyliothèque, c’est-à-dire une collection de gemmes et deux estampages d’inscriptions delphiques.

8En conclusion Hélène Wurmser souligne l’intérêt d’une collection de moulages même de nos jours où triomphent internet et l’informatique, car, écrit-elle : « à la grande différence de la restitution assistée par ordinateur, le moulage conserve à l’œuvre son volume, sa matérialité et son inscription dans l’espace, si précieux pour véritablement l’appréhender et la com­prendre » (p. 164).