C’est au terme de plus de huit-cents pages constituant le rapport de sa Mission de Phénicie qu’E. Renan (1823-1892) rédige, en une vingtaine de pages, des conclusions d’où est tirée (à la p. 820) l’expression que j’ai adoptée pour le titre de cette contribution. La phrase est assez cinglante : « De tout ce que nous venons de dire résulte déjà, on le voit, une condamnation de l’art phénicien. » L’objectif de cette enquête peut donc s’exprimer par le biais d’un triple questionnement :
Qu’a vu Renan durant sa mission et qu’a-t-il donné à voir à ses lecteurs, qui justifie un tel anathème ?
Pourquoi et selon quelles logiques soumet-on une culture matérielle à une sorte de procès débouchant sur une « condamnation » ? À quelles intentions cette démarche répond-elle ?
S’agit-il là d’une approche propre à Renan ? La mise au ban de l’art phénicien dans les dernières décennies du xixe siècle a-t-elle laissé une empreinte durable ?
Puisque la notion de goût est le fil conducteur de l’ensemble du p...