Proposition de dossier pour la revue Anabases - Appel à articles ouvert jusqu’au 30 juin 2022
Plan
Fantasmes et Fantômes d’Histoire : nouvelles formes de médiation de l’Antiquité vers le grand public
Introduction
L’histoire ancienne nourrit un riche imaginaire qui se déploie dans une pluralité d’espaces ; on songe bien sûr aux musées, mais on mentionnera aussi des parcs thématiques, des lieux de reconstitution, des circuits touristiques… Ces espaces impliquent diverses formes de médiation de l’histoire en direction du grand public : médiations créatives, interactives, classiques ou innovantes, susceptibles aussi d’introduire des biais, des interférences avec le présent, parfois des distorsions, bref des fantômes ou des fantasmes. Le dossier thématique que nous préparons vise à analyser ces diverses façons de donner à voir l’histoire, de rencontrer le passé. Comment s’y prend-on pour donner accès à l’Antiquité au présent sans trahir le passé ? Comment les objets et les monuments, les traces et les ruines, le patrimoine de l’Antiquité est-il valorisé, mis en scène, muséalisé, reconstitué dans des situations de communication ? Une fois n’est pas coutume, il ne sera pas tant question d’analyser les processus de construction des savoirs sur les civilisations anciennes que d’identifier des stratégies visant à rapprocher l’Antiquité, à proposer d’en faire l’expérience, quitte à flirter avec le faux. Le dialogue que nous proposons entre Histoire-Histoire de l’art-Archéologie et Sciences de l’information et de la communication devrait nous donner les moyens de comprendre comment s’élaborent des formes ou des formats d’antiquité face aux réseaux des acteurs de la médiation culturelle, à la nature des objets, des documents et des monuments et aux figures de l’auctorialité scientifique.
Le dossier se structurera autour de trois axes de réflexion :
Axe 1. La médiation dans les musées : quelle histoire publique pour l’Antiquité ?
On pourra y aborder la « gamification » de l’histoire antique (jeux vidéo, jeux de rôle, serious game, urban game, jeu de piste…), la primauté de l’expérience, de l’immersion qui crée une illusion que le passé peut être revécu. L’« histoire vivante » est-elle un fantasme ? Ne faut-il pas mettre le passé à distance pour le comprendre plutôt que le rapprocher au point de suggérer qu’on en fait partie ? Les dispositifs interactifs qui attirent de publics jeunes ne font-ils pas aussi écran au passé et à sa complexité ? Qu’apportent les reconstitutions et évocations du passé et comment les concevoir pour ne pas déraper ?
Axe 2. Le passé au prisme des stéréotypes d’hier et d’aujourd’hui
Des manuels scolaires aux séries télé (Kaamelott, la petite histoire de France) en passant par les jeux vidéos, les stéréotypes ont la vie dure. Ainsi en est-il pour les Gaulois, les hommes (pas les femmes ?) de la Préhistoire, ou encore du roman national qui sollicite volontiers l’Antiquité. Comment se libérer de ces stéréotypes et renouveler l’approche de l’Antiquité en mettant en avant d’autres objets, d’autres monuments. Comment donner à voir l’Antiquité sans tomber dans ces poncifs ? Les nouvelles formes de médiation peuvent-elles contribuer à une approche différente ? Contribuent-elles à renouveler les catégories, les concepts, les périodes, les cultures qui construisent notre vision de l’Antiquité ?
Axe 3. Restituer, reconstituer, reconstruire : le tourisme culturel en question
Le tourisme culturel contribue évidemment au sauvetage et à la valorisation du patrimoine antique. Mais les démarches mises en place pour le rendre accessible sont-elles toutes fondées, valables, sérieuses scientifiquement parlant ? Quel compromis avec les données scientifiques peut-on admettre ? Que penser des fabriques de jardins à l’antique, avec des temples, rotondes ou colonnades imitant certains monuments connus ? Comment les reconstitutions archéologiques sont-elles réalisées de nos jours et que faut-il penser des grottes préhistoriques offertes à la visite ou de la Villa Kerylos à Beaulieu-sur-Mer, miroir d’une villa grecque, ou encore du Parthénon de Nashville, aux États-Unis ? On peut aussi questionner les décors à l’antique du cinéma ou le stadium gallo-romain du Puy du Fou, construit en 2001, etc… ces quelques exemples de restitution, de reconstitution ou d’évocation de monuments antiques ou à l’antique pour illustrer l’idée de l’hybridation des notions de document et de monument à l’œuvre dans ces lieux qui hésitent entre authenticité et fiction. Quelle valeur heuristique peut-on finalement accorder à ces substituts de passés, à ces composites tout à la fois support d’une production symbolique contemporaine et lieu d’interprétation des savoirs historiques et archéologiques.
Soumettre une proposition
Les propositions de contributions devront nous parvenir pour le 30 juin 2022, sous la forme d’un titre et d’une présentation du sujet en 10 lignes maximum, assorties d’une bibliographie de 5 titres maximum. Une brève présentation de l’auteur en 5 lignes complètera la proposition, avec la mention de 3 publications récentes.
Les textes, à remettre pour le 15 février 2023, ne dépasseront pas 35 000 signes, notes et espaces compris. Les normes à suivre seront celles de la revue Anabases disponibles ici.
Chaque contribution pourra être accompagnée d’images en noir et blanc, libres de droit (voir le § sur les illustrations dans les normes). Tous les textes seront soumis à une double évaluation conformément à la politique éditoriale de la revue.
Les propositions seront adressées à patrick.fraysse@iut-tlse3.fr et corinne.bonnet@univ-tlse2.fr.