Alastair J.L. Blanshard et Emma Stafford (éds.), The Modern Hercules. Images of the Hero from the Nineteenth to the Early Twenty-First Century
Alastair J.L. Blanshard et Emma Stafford (éds.), The Modern Hercules. Images of the Hero from the Nineteenth to the Early Twenty-First Century, Leyde, Brill, 2020, 672 p. / ISBN 9789004440005 et 9789004440067 (e-book), 159 €
Texte intégral
1Ce très gros volume, consacré à la réception d’Hercule, est le troisème volet de publication des actes du colloque de Leeds, tenu en 2003. Si le premier et le deuxième s’intéressaient à ce héros des premiers chrétiens au Quattrocento, puis de la Renaissance au xviiie siècle, The Modern Hercules explore les utilisations politiques, religieuses et culturelles d’Hercule à partir du xixe siècle jusqu’à nos jours. Les éditeurs A. J. L. Blanshar et E. Stafford introduisent l’ouvrage, voulu comme une véritable « ressource pour les chercheurs », en expliquant le potentiel d’une telle démarche et le cadrage scientifique des propositions. Et ce ne sont pas moins de 29 articles qui balaient les exploits et usages du héros, de la littérature au cinéma, regroupés en deux parties et sept sous-parties.
2La littérature, l’exploitation théologique sont au cœur des articles de la première moitié de l’ouvrage. On découvre ainsi les réutilisations de notre héros en Allemagne chez Kant ou Hegel, dans l’Église anglicane grâce à Isaac Williams, en Grèce chez Konstantinos Cavafy et Yannis Ritsos ou encore en Australie, avec l’écriture poétique de James McAuley. La littérature de fiction est, elle aussi, convoquée grâce à des études sur Agatha Christie, Kate Mosse, Stephanie Laurens ou Rick Riordan, ainsi que dans les comics.
3L’utilisation d’Hercule dans le discours politique est ensuite analysée par l’intermédiaire de Vladimir Poutine dans des œuvres d’art de propagande en Russie. Le héros est de la même manière usité en Grèce par Rhigas, patriote grec révolutionnaire ; il est aussi un personnage important de La Corogne, qui l’érige en héros fondateur de cette ville espagnole. On le retrouve enfin en Nouvelle-Zélande, sur des œuvres artistiques de Marian Maguire, mélangeant le héros grec à la culture maorie.
4Que ce soit par l’intermédiaire des thèmes empruntés à Hercule et les espaces géographiques étudiés, les quatorze premiers articles démontrent combien ce héros est universel, ses aventures malléables et sa nature intrinséquement liée à celles de « l’Homme moderne ». Il est faillible mais ne se résigne pas, aide les plus faibles malgré l’adversité et peut être convoqué dans toutes sortes d’environnements culturels. Tout comme pour ses Travaux, il voyage d’Est en Ouest et du Nord au Sud, et acculture tous les pays qu’il parcourt. Les articles de cette première moitié d’ouvrage présentent un intérêt particulier car ils visitent des champs disciplinaires et historiques encore peu mis en avant dans le cadre de la réception d’un personnage de la culture populaire.
5La deuxième partie, composée de quinze articles, est consacrée plus spécifiquement aux médias des xxe et xxie siècles. La part belle est faite à Steve Reeves et aux péplums des années 1950-1960 tout d’abord ; on retrouve ensuite l’adaptation des travaux d’Hercule dans les aventures d’Astérix, dans un film de 1976. Puis les articles suivants s’intéressent davantage à la reprise de la figure héroïque chez Disney en premier lieu, dans la série télévisée à succès des années 1990 dans laquelle Hercule est interprété par Kevin Sorbo, et enfin l’image du héros pour le public « Millenial », dans les trois films des années 2014-2015, la bande dessinée et le jeu vidéo. Globalement, si cette partie de l’ouvrage est aussi intéressante que la précédente, la qualité des propositions est aléatoire : on aurait aimé par exemple, dans l’étude consacrée au Japon, une approche moins générale mais s’intéressant un peu plus à l’intérêt que porte le public japonais envers ce héros. On regrette les approximations dans l’étude du film Les douze travaux d’Astérix (bien que l’on puisse comprendre que l’auteur n’ait pas saisi toute la subtilité de l’œuvre de Goscinny et Uderzo, comme dans l’exemple du huitième travail parodiant l’administration française des années 1970) et le fait que l’auteur cherche coûte que coûte des références aux auteurs anciens. Quant à la dernière sous-partie, consacrée à l’Hercule cinématographique des années 2010, elle rappelle un peu trop les articles déjà parus dans l’ouvrage Epic heroes on screen (A. Augoustakis et S. Raucci, Edinburg UniversityPress, 2018). À l’inverse, on ne peut que conseiller la lecture de la réflexion d’Arlene Allan, qui s’intéresse aux liens qu’entretiennent le dessin animé Hercule des années 1960 (dont le héros ressemble à Steve Reeves) et les préoccupations sociales de cette période.
6Au final, The Modern Hercules est un ouvrage fort agréable, présentant de nombreuses illustrations et un index. Il constitue un véritable outil à destination d’un public déjà connaisseur du héros, désireux d’ouvrir son horizon de compréhension sur la réception d’Hercule.
Pour citer cet article
Référence papier
Mathieu Scapin, « Alastair J.L. Blanshard et Emma Stafford (éds.), The Modern Hercules. Images of the Hero from the Nineteenth to the Early Twenty-First Century », Anabases, 35 | 2022, 329-330.
Référence électronique
Mathieu Scapin, « Alastair J.L. Blanshard et Emma Stafford (éds.), The Modern Hercules. Images of the Hero from the Nineteenth to the Early Twenty-First Century », Anabases [En ligne], 35 | 2022, mis en ligne le 10 avril 2022, consulté le 17 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/anabases/14048 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/anabases.14048
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