Antón Alvar Nuño, Historiografía de la esclavitud
Antón Alvar Nuño, Historiografía de la esclavitud, Madrid, Universidad Carlos III, 2019, 500 p., 33 € / ISBN 9788413244594.
Texte intégral
1Antón Alvar Nuño nous propose Historiografía de la esclavitud, un ouvrage copieux de 500 pages sur le thème de la condition servile et de ses traitements historiographiques. Cette thématique a été soumise par le GIREA (Groupe International de Recherches sur l’Esclavage dans l’Antiquité) pour une série de raisons explicitées dans l’introduction, comme la généralisation du relativisme culturel ou l’engouement pour les libertés individuelles, par exemple, alors même que le contexte voit se multiplier des formes d’exploitation et augmenter le nombre de travailleurs pauvres. Après cette introduction convaincante sur la nécessité de réviser la thématique de l’ouvrage – bien qu’elle manque peut-être de quelques définitions de base, notamment sur ce qu’englobe dans l’ouvrage la notion d’esclavage – trois grandes parties se succèdent, comprenant respectivement huit, cinq et neuf communications en espagnol, français et italien.
2La première partie est consacrée à l’esclavage antique et la pensée politique moderne. Elle comprend des contributions générales sur le couple de notions domination/servitude, sur des aspects théoriques ou la représentation globale d’une Antiquité esclavagiste (Serghidou ; Montoya Rubio ; Plácido), ainsi que deux contributions portant plus particulièrement sur les États-Unis et les parallèles établis entre leur système esclavagiste et les sociétés antiques (Huguet ; Martínez Maza), un point épistémologique (Annequin sur les méthodologies de la comparaison ; Prieto Arciniega sur les travaux précurseurs de F. Garrido) et, enfin, une incursion dans les représentations picturales liées à l’esclavage antique de l’Espagne du xixe siècle (Duplá Ansuategui). La deuxième partie, dédiée à l’historiographie de l’esclavage au Proche-Orient et en Grèce antiques, est plus resserrée thématiquement. Les deux premières contributions concernent l’historiographie de l’esclavage au Proche-Orient (Vidal pour la Mésopotamie ; Antela-Bernárdez et Zaragozà Serrano pour l’Empire perse) et les trois suivantes celle de la condition servile en Grèce (Fernández Prieto ; Valdés Guía sur Sparte et Fornis sur Athènes). Enfin, la dernière partie concerne l’historiographie de l’esclavage en péninsule Ibérique pendant la protohistoire et l’époque romaine. Elle traite d’auteurs en particulier comme Pline le Jeune (Gonzales), de lieux comme les mines (Zubiaurre Ibáñez et Beltrán Ortega), d’événements comme les révoltes serviles (Desideri ; Arrayás Morales et Heredia Chimeno) ou d’historiens en particulier qui ont marqué leur époque et l’analyse de la condition servile antique (Caliri ; Cortadella Morral et Sierra Martin ; Alvar Nuño). Le reste de la partie est consacré plus particulièrement à l’historiographie de l’esclavage en péninsule Ibérique (Hidalgo de la Vega ; Crespo Mas ; Sastre, Rodríguez Fernández et Currás Rejofos). L’organisation globale du volume fait sens, même si plusieurs articles auraient pu trouver leur place dans l’une ou l’autre des trois parties. On regrette enfin les problèmes formels qui perturbent parfois la lecture, en particulier dans les articles en français, ainsi que la présence d’un index, en particulier pour les noms d’auteurs ou les notions transversales, qui aurait sans doute permis une consultation plus efficace du volume.
3L’ouvrage présente cependant des qualités certaines, notamment sur le traitement de la thématique de l’esclavage moderne aux États-Unis, de son traitement historiographique et de sa comparaison à l’Antiquité. Il en va de même du traitement espagnol de l’esclavage antique en péninsule Ibérique, à plusieurs reprises. Dans ces deux cas, les articles se complètent et se répondent pour donner au lecteur une vison substantielle et bien renseignée de l’état actuel des connaissances. Concernant l’Antiquité plus particulièrement, le lecteur voit au fil des contributions que la question de la condition servile est encore totalement ouverte, y compris dans des zones où la documentation est plus abondante, comme Athènes ou la péninsule italique. Beaucoup de débats portent effectivement sur la précision des types de dépendance ou des modes d’exploitation. L’ouvrage entier concourt à montrer que le terme d’esclavage est souvent trop englobant et qu’il masque les subtilités de situations bien plus complexes. Par ailleurs, le lecteur pourra aussi apprécier la diversité des perspectives adoptées : par le truchement d’un auteur, la mise à jour des données, les écoles (soviétique, japonaise, espagnole, marxiste, postprocessuelle…).
4Si dans sa présentation du volume A. Alvar Nuño avertit le lecteur de la grande diversité des contributions proposées, il est vrai qu’on ne peut que remarquer, à l’issue de la lecture, le côté foisonnant de l’ouvrage. Les réflexions théoriques alternent avec des études de cas bien spécifiques, sur des notions comme la pauvreté ou des auteurs anciens ou modernes, qu’il est parfois peu aisé de saisir dans toute leur complexité quand on ne dispose pas d’avance des références discutées. Cependant, la plupart des contributions font le choix d’une contextualisation de leur sujet, fort utile aux néophytes. C’est donc un volume riche que nous livrent A. Alvar Nuño et ses collaborateurs où chacun pourra trouver à n’en pas douter de quoi satisfaire sa curiosité ou étayer ses connaissances sur le thème.
Pour citer cet article
Référence papier
Élodie Guillon, « Antón Alvar Nuño, Historiografía de la esclavitud », Anabases, 33 | 2021, 273-275.
Référence électronique
Élodie Guillon, « Antón Alvar Nuño, Historiografía de la esclavitud », Anabases [En ligne], 33 | 2021, mis en ligne le 10 avril 2021, consulté le 17 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/anabases/12194 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/anabases.12194
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