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Archéologie des savoirs
Dossier Antiquaires & archéologues d’antan

Les Étrusques et la question raciale dans l’Italie fasciste

Marie-Laurence Haack
p. 151-164

Texte intégral

  • 1 Sur le sujet, on pourra consulter les livres de M.-L. Haack et M. Miller (éd.), La construction d (...)
  • 2 Sur ce Manifeste, cf. G. Israel, P. Nastasi, Scienza e razza nell’Italia fascista, Bologne, 1999, (...)

1Retracer l’histoire de l’intérêt pour le passé antique ne relève pas uniquement d’une volonté d’érudition ou d’un souci d’antiquaire. Quand un chercheur revient sur le passé de sa propre discipline, il s’interroge sur les pratiques de ses prédécesseurs et bien sûr sur ses propres pratiques d’historien. Le problème est particulièrement délicat pour les spécialistes de l’étruscologie, discipline scientifique qui a acquis son autonomie au deuxième quart du xxe siècle dans une Italie où se met en place un pouvoir dictatorial de nature fasciste1. Les premiers étruscologues italiens - on entend par là des spécialistes qui considèrent que l’étruscologie n’est pas une section de l’étude de l’histoire romaine ou grecque - écrivent dans un climat où les questions de race - à l’époque on ne parlait pas encore d’« identité » ou d’« ethnicité » - sont éminemment sensibles. Rappelons pour mémoire que les lois raciales promulguées en Italie pendant la période du régime fasciste s’appuient sur un manifeste des scientifiques racistes, publié une première fois de manière anonyme dans Il Giornale d’Italia le 14 juillet 1938, intitulé « Le fascisme et les problèmes de la race » et republié dans le premier numéro d’une revue au titre évocateur La difesa della razza, le 5 août 1938, et cette fois signé par des scientifiques italiens2. Parmi les dix auteurs de ce manifeste qui proclament la validité, l’importance et l’ancienneté du caractère biologique des races humaines, ainsi que l’aryanité des Italiens, on trouve deux noms de scientifiques qui se sont intéressés au problème de la race étrusque, Lidio Cipriani et Nicola Pende. On traitera ici de la place des Étrusques dans ce racisme italien, tout en tâchant de comprendre comment ce dernier se définit en étroit lien avec la raciologie (Rassenkunde) allemande.

  • 3 L’aryanité des Italiens est discutée depuis les années 1860, comme l’a souligné M.S. Quine, « Mak (...)
  • 4 Nous renvoyons sur le sujet au livre d’A. Gillette, Racial Theories in Fascist Italy. Londres, 20 (...)

2Le manifeste des scientifiques racistes de 1938 vient régler de façon claire un problème racial qui agite les savants et l’opinion publique en Italie depuis une dizaine d’années au moins3, mais qui, lui, n’est pas clair du tout. Comment définir les caractères propres aux Italiens ? Par le sang ? Par la naissance ? Par l’histoire ? Par la langue ? Plusieurs solutions4, inspirées de ce qui se fait dans l’Allemagne nazie, ont été proposées jusqu’à 1938 et prennent appui sur le passé étrusque de l’Italie.

  • 5 Sur lui, cf. R. Maiocchi, Scienza italiana e razzismo fascista, Florence, 1999, p. 41-57; C. Mant (...)
  • 6 N. Pende, Bonifica umana razionale e biologica politica, Bologne, 1933, p. 56 : « Anche l’antropo (...)
  • 7 N. Pende, Bonifica umana razionale e biologica politica, Bologne, 1933, p. 218. Le livre est dédi (...)
  • 8 N. Pende, Bonifica, p. 220.
  • 9 Ces remarques s’inscrivent dans le droit fil des études sur l’histoire des peuples préromains d’I (...)
  • 10 Nous reprenons là les propres mots de N. Pende : « una nuova era di grandezza per le stirpi medit (...)

3N. Pende (1880-1970)5, l’un des signataires du Manifeste, est un médecin pathologiste, fasciste dès 1924 et sénateur en 1932, « intellectuel » du régime, « clinicien fasciste », comme il se définit, défenseur d’une « médecine consti­tutionnaliste », qui appartient à un courant qu’on peut définir comme un national-racisme de matrice catholique, le courant principal du racisme italien pendant de nombreuses années. Ce courant se concentre autour du thème de la nation, entendue comme un peuple qui partage un territoire, une langue, une histoire, des traditions, des légendes, des habitudes et des valeurs culturelles et religieuses communes. Pour les tenants de ce courant, la pureté supposée de la race italienne apparaît davantage comme un fait historique et culturel que comme une vérité biologique ; pendant des milliers d’années, la péninsule italienne aurait été traversée par des peuples appartenant à des branches biologiques différentes (stirpi), ce qui donnerait à l’Italie une diversité et une harmonie raciale remarquable6. Pour N. Pende, il n’existait donc pas de type racial italien pur : chaque région d’Italie aurait modelé par son climat et par son histoire un type racial différent. Ainsi, le peuple antique de Sabine et de Ciociaria est décrit comme « ipervegetativo e stenico, con cranio rotondeggiante ed elissoidale, quasi mesaticefalo, e faccia lunga robusta, lo spirito caustico, satirico, mordace fino all’aggressività talvolta sanguinosa, la rozzezza e franchezza di maniere come del linguaggio, la impassibilità e scarsa emotività per gli avvenimenti e fenomeni d’ordine ideale od astratto »7. Dans les Abruzzes et dans le Samnium, N. Pende voit prédominer la stirpe de la Campania felix, « in cui vive perennemente lo spirito giocondo, il sentimentalismo, l’estetismo e l’idealismo, la serenità e il misticismo religioso ». En Ligurie, se distinguerait une branche atlanto-méditerranéenne, issu de la stirpe ligure, avec ses hommes « alti, bruni e forti, ed a testa mesaticefala, o suddolicefala ». Quant aux Ombriens et aux Toscans, ils seraient dotés de qualités artistiques supposées ancestrales, puisque persisterait encore chez eux l’« inesauribilesenso artistico-letterarioscientifico » des Étrusques8 : en somme, il y aurait une continuité ininterrompue entre le passé étrusque et le présent toscan. L’idée que cette thèse ne corresponde à aucune réalité géographique et historique – rappelons simplement que l’Étrurie des Étrusques dépassait le cadre territorial de la Toscane contemporaine – n’effleure pas N. Pende qui voit les Étrusques seulement comme un exemple évocateur du patrimoine glorieux de l’Italie provinciale9. N. Pende, très attaché aux qualités antiques de ces « stirpi italiche », a estimé que devaient être prises des mesures de préservation de la « race » italienne. Ainsi, se produira un nouvel âge d’or pour les « stirpi » méditerranéennes italiques qui conservent dans leur fonds anthropologique le sang des antiques Méditerranéens italiques10. De fait, à la tête de l’Institut Biotypologique orthogénétique de Gênes fondé en 1926 avec l’appui du ministère de l’Instruction publique, il mène des enquêtes pour déterminer les caractères anthropométriques et démographiques des populations d’Italie dans le but de conserver les qualités de la « race » italienne.

  • 11 Pende, Bonifica, p. 225.

4N. Pende se différencie d’une grande partie des raciologues allemands chez qui il dénonce l’opposition entre race supérieure et race inférieure et la confusion entre race et stirpe. Pour N. Pende, au contraire, le concept de race est issu de l’interaction entre différentes branches (stirpi) et les branches et la race résultent d’un mélange de différentes composantes ethniques modelées par des facteurs environnementaux et historiques et surtout par l’héritage « spirituel » de la Rome antique. La « latinité » (latinità) n’est donc pas représentée uniquement par les Romains de Rome, mais elle résulte de la « fusione di tutte le stirpi italiche e soprattutto dalle stirpi di razza mediterranea, che Roma seppe armonizzare e fondere col suo grande senso realistico e politico »11. Le fascisme de Mussolini, selon N. Pende, viendrait donc poursuivre l’effort entamé par la Rome antique pour fusionner les différentes branches présentes dans le territoire italien en une « razza romana-italica » d’origine ariano-méditerranéenne.

  • 12 Pende, Bonifica, p. 227: « Ancora una volta noi fascisti, con la nostra impostazione del problema (...)
  • 13 Cf. Gillette, Racial Theories, p. 77. Voir aussi la lettre de N. Pende au directeur de la revue I (...)

5Comme on le voit, N. Pende en insistant sur la diversité des branches qui constituent la race italienne - en particulier sur la stirpe etrusca - et sur l’importance de l’histoire plutôt que sur la biologie dans la formation de la race, exprimait jusqu’en 1936-1937 des opinions qui sont en retrait par rapport au contenu du Manifeste des scientifiques racistes, influencé par d’autres courants du racisme italien, plus perméables aux classifications raciales allemandes. N. Pende a revendiqué d’ailleurs cette particularité12 et il s’est même désolidarisé des auteurs du Manifeste en rejetant les expressions de « race italienne » et d’ « aryen »13.

6En revanche, un courant très actif du racisme italien se réclame de la raciologie allemande. C’est celui du racisme biologique dont les tenants pensent qu’un groupe humain se définit par un ensemble de traits physiques distinctifs, comme la couleur de la peau, des cheveux ou le pli de la paupière.

  • 14 L. Cipriani est le plus titré de tous les signataires du Manifeste. Il fait partie du comité de r (...)
  • 15 Sur la craniologie étrusque des années d’entre-deux-guerres, cf. M.-L. Haack, « De la veine au cr (...)
  • 16 Voir l’attachement d’A. Mochi à la Toscane dans A. Mochi, « Le genti toscane », in Monte e poggi (...)
  • 17 Sur lui, cf. Haack, « De la veine », p. 178-179.
  • 18 Cf. A. Mochi, « Del valore di dati antropologici per la soluzione del problema etrusco », Studi E (...)
  • 19 On trouvera ce questionnaire dans M.-L. Haack, « De la veine », p. 184.

7Ce courant est incarné par L. Cipriani14, l’autre signataire du manifeste à s’être intéressé aux Étrusques. L. Cipriani est un anthropologue, explorateur, devenu directeur de l’Istituto e il Museo nazionale di antropologia ed etnologia de Florence. Il a commencé sa carrière par des travaux de craniologie sur les Étrusques, publiés dans les premiers numéros de la toute jeune revue des Studi Etruschi15. Le sujet lui avait peut-être été suggéré par son directeur de thèse, Aldobrandino Mochi, Toscan lui aussi16, ancien élève de Paolo Mantegazza, directeur du musée d’anthropologie de Florence et directeur technique de l’Istituto italiano di Paleontologia Umana, qui s’était intéressé à la question17. Dans la partie « naturalistica » du premier numéro des Studi Etruschi de 1927, L. Cipriani a publié, à la suite d’un article d’A. Mochi18 proposant une leçon de méthode de craniologie étrusque, un article intitulé « Su alcuni crani etruschi della Marsiliana », où il essaie d’identifier des crânes étrusques d’après leur forme et leurs dimensions, pour trouver une solution au problème récurrent des origines des Étrusques auquel prétendent répondre les tenants d’une nouvelle anthropologie. L. Cipriani participe à une enquête documentaire lancée au sein des Studi Etruschi pour recenser tous les crânes étrusques connus (le sujet intéresse les membres de l’Istituto di Studi Etruschi) : un formulaire est transmis aux directeurs des musées, aux Surintendants, aux Inspecteurs en fonction et honoraires et même aux maires19. L’enquête échoue, les craniologues se rendant compte rapidement que peu de restes – 150 seulement – sont vraiment étrusques et datés et qu’un seul anthropologue devrait s’occuper de l’ensemble des crânes pour que la méthode de mesure et d’examen des formes soit valide. L. Cipriani délaisse donc les Étrusques pour s’intéresser, notamment lors de mise en scènes photographiques, au « matériel » vivant des colonies, thème qui devient très porteur après la guerre d’Éthiopie.

  • 20 Sur G. Cogni, cf. Gillette, Racial Theories, p. 59-64 ; R. Faraone, Giovanni Gentile e la questio (...)
  • 21 Sur le parcours et l’idéologie de H.F.K. Günther, cf. K. Saller, Die Rassenlehre des Nationalsozi (...)
  • 22 Le livre Il razzismo est imprimé une première fois en 1936, puis il est réimprimé en 1937 avec un (...)
  • 23 Préface de Il razzismo.
  • 24 Razzismo, p. 31.
  • 25 I valori, p. 92.
  • 26 Cf. Razzismo, p. 189-197.
  • 27 Cf. Razzismo, p. 189.
  • 28 Cf. G. Cogni, I valori della stirpe italiana, Milan, 1937, p. 238: G. Cogni souhaite « mostrare p (...)
  • 29 Cf. Cogni, I valori, ill. 7.
  • 30 Sur cette condamnation, voir T. Dell’Era, in Dizionario Storico dell’Inquisizione, I, Cogni Giuli (...)
  • 31 G. Cogni a influencé en particulier Telesio Interlandi, éditeur de la revue Il Tevere, et Guido L (...)

8La craniologie s’étant révélée une méthode inopérante pour déterminer la « race » des Étrusques, il revient à un dilettante cultivé appelé Giulio Cogni20 (1908-1983), écrivain né à Sienne, critique musical, compositeur, qui a enseigné la philosophie à l’Istituto italo-germanico di cultura de Hambourg, de trouver d’autres moyens d’identifier les Étrusques. Dans les années 1930, G. Cogni se tourne vers les thèses et les théories de Hans Friedrich Karl Günther21, un expert patenté de la Rassenkunde allemande qui a consacré plusieurs manuels à expliquer et à présenter, photographies à l’appui, des « races » d’Allemagne, d’Europe et du monde. G. Cogni trouve H.F.K. Günther génial et il reproduit parfois presque mot pour mot dans deux livres, Il razzismo et I valori della Stirpe Italiana, qu’il a publiés en 193622 et 1937 à Milan, encouragé par Mussolini qu’il a rencontré plusieurs fois dans l’été 1936. Dans ces livres, G. Cogni établit des distinctions raciales, en reprenant les catalogues de H.F.K. Günther. Ainsi, en bon disciple de son maître nazi, G. Cogni classe les races européennes en cinq groupes différenciés à la fois par des caractéristiques physiques et des caractères psychologiques. H.F.K. Günther ne se contente donc pas de la distinction classique que faisaient les savants allemands entre Aryens et Sémites, mais il affine la classification des races des Anglo-saxons, en affirmant que l’Europe compte cinq grandes races : nordique, westique, dinarique, ostique, et ost-baltique, classement où il combine les critères craniométriques et anthropo-physiques traditionnels. La « race » nordique est caractérisée selon H.F.K. Günther par sa taille haute, son crâne long, son nez étroit, ses cheveux et ses yeux clairs, sa couleur de peau rose clair. La race “westique”, souvent appelée dans les catalogues raciaux “race méditerranéenne”, est caractérisée selon H.F.K. Günther par sa petite taille, son crâne long, son nez étroit, ses cheveux noirs ou bruns, ses yeux sombres et sa peau foncée. La race “dinarique ou alpine” est caractérisée selon H.F.K. Günther par sa taille haute, son crâne petit, son nez étroit, ses cheveux bruns ou noirs, ses yeux bruns et sa couleur de peau foncée. La race “ostique” est caractérisée selon H.F.K. Günther par sa petite taille, son crâne petit, son nez court, ses cheveux noirs ou bruns, ses yeux bruns, ses cheveux châtain clair, tandis que la race “ost-baltique” serait dotée selon H.F.K. Günther d’une petite taille, d’un crâne petit, d’un nez large et recourbé, de cheveux clairs, un peu frisés, de yeux et de peau clairs. Au cours du temps, ces races se seraient mélangées entre elles et avec des populations extra-européennes, les races « nègre », « orientale », « d’Asie antérieure » et « d’Asie intérieure ». La « race » étrusque représenterait l’exemple parfait de ce brassage : issue d’une immigration asiatique, elle se serait mélangée à différentes populations, comme, par exemple, aux populations autochtones d’Italie centrale, au point que Günther propose de déceler chez les Étrusques un véritable kaléidoscope racial. H.F.K. Günther discerne ainsi la « race » alpine sur les représentations d’Étrusques trapus au visage rond et au nez court. H.F.K. Günther prétend distinguer une influence nordique dans la blondeur des cheveux de personnages représentés sur les tombes. Ainsi montre-t-il, en haut et à gauche d’un quadrilatère, un profil de femme aux cheveux et aux yeux clairs, qu’il place à côté d’un autre profil de femme dotée, pour sa part, de cheveux foncés, caractéristique qu’il attribue à la race méditerranéenne. Il illustre l’importante part d’individus de race-proche asiatique orientale, sémites dit-il par endroits, chez les Étrusques par la photographie d’un individu aux cheveux et yeux foncés, le nez busqué et la peau sombre, composant la quatrième photographie du quadrilatère déjà évoqué. H.F.K. Günther explique longuement les formes psychologiques de l’influence de la race proche-orientale, et souligne le sens du commerce, la superstition et les mœurs débridées des Étrusques. Le caractère mêlé, mixte des Étrusques selon H.F.K. Günther, s’expliquerait par le fait que la civilisation indo-européenne serait nordique, mais que les Étrusques auraient immigré d’Asie pour s’installer dans une zone relevant de la civilisation indo-européenne. Dans ses deux livres, G. Cogni ne parle pas autrement, en opposant une civilisation indo-européenne, dans laquelle il place les races dolichocéphales, romaine et germanique, fières, belliqueuses et ayant construit de grands empires, aux races orientale et juive. La seule originalité de G. Cogni – et c’est un point qui mérite d’être relevé – consiste à souligner l’unité des races méditerranéenne et nordique : à l’origine, selon lui, en effet, les Méditerranéens et les Nordiques auraient formé une même race : « (…) La scissione fra latini e germani è secondaria: al fondo sta l’unità fondamentale delle due grandi razze dolicocefale, romana e germanica, che hanno dato più luce d’ogni altro al mondo, con la Grecia, con Roma »23. Ainsi, il prétend démontrer les affinités étroites qui unissent le type nordique et le type méditerranéen24, qui seraient des variétés d’un type unique, dolicocéphale, incarnant la « race supérieure ». En effet, « Gli italiani sono dei dolicocefali, dal volto quasi costantemente lungo, la fronte alta, classica, romana. Ciò fra l’ariosità e la bellezza della nostra stirpe »25. G. Cogni impute le déclin des empires grec et romain au mélange de leur race avec des races dites inférieures et à l’afflux de populations non-ariennes. En l’occurrence, le déclin des Romains aurait commencé – comme le disait déjà H.F.K. Günther –avec les contacts avec les Étrusques d’origine asiatique26 : « la cacciata dell’Etrusco Tarquinio segna il primo passo della luminosissima ascesa di Roma »27. Et G. Cogni lui-même d’adopter, comme H.F.K. Günther, le recours à l’image et aux photographies des têtes et des profils d’individus28. Se considérant lui-même comme un spécimen racial digne d’intérêt, il avait placé sa propre photographie parmi les types italiens, se présentant comme « nordique, Toscan, émilien »29. Le problème est qu’un racisme aussi agressif – une sorte de traduction du racisme allemand – ne pouvait pas ne pas encourir la condamnation de la part du Saint Office le 10 juin 193730. Un jugement aussi négatif sur les Étrusques ne pouvait pas non plus ne pas heurter une frange conservatrice des racistes italiens, pour qui le passé étrusque constituait un pan à part et glorieux de l’histoire italienne. Les idées de G. Cogni ont toutefois exercé une influence indéniable sur les élites intellectuelles italiennes et sur l’élaboration du Manifeste des scientifiques racistes de 193831. Pour contrer la réaction de l’Église, le Manifeste adopte en effet une justification scientifique biologique.

  • 32 On trouvera une biographie de J. Evola dans le Dizionario biografico degli Italiani, Rome, 1993, (...)

9Enfin, l’Italie connaît un troisième courant raciste, un racisme ésotérique. Ce racisme garde la composante biologique, mais il l’associe à des termes abstraits et spirituels. Le représentant le plus connu de ce courant est Julius Evola32, un journaliste, polygraphe, qui refuse de confondre la notion de race avec celle de communauté nationale, car cette assimilation consisterait à nier le caractère aristocratique de l’arianisme qui serait à la fois un fait biologique et un principe d’élection spirituelle très sélectif. Pour J. Evola et pour les tenants de cette conception de la race, la race est quelque chose de métaphysique, une vision du monde, et l’histoire, pour J. Evola, résulte d’un conflit entre des visions du monde et entre races spirituelles antagonistes : entre la race arienne (définie comme solaire, olympique, virile, héroïque, etc..) et la race sémitique (tellurique, démonico-féminine, servile, etc…), accusée de corrompre l’esprit et le corps de la race arienne.

  • 33 Cf. J. Evola, « Symboles aristocratiques romains et la défaite de l’Aventin », in J. Evola, Symbo (...)
  • 34 Cf. Evola, « Symboles aristocratiques », p. 37.
  • 35 Cf. Evola, « Symboles aristocratiques », p. 38.
  • 36 Cf. Evola, « Symboles aristocratiques », p. 34.
  • 37 Cf. Evola, « Symboles aristocratiques », p. 35.

10J. Evola ne manifeste pas d’intérêt personnel pour la civilisation des Étrusques, mais les Étrusques reviennent très souvent dans ses publications pour illustrer sa conception raciale de l’histoire, une conception qui repose donc sur l’idée de conflits entre races. Ainsi, il oppose les Étrusques aux Romains pour montrer le danger spirituel représenté par la promiscuité ou, pire, par le mélange avec d’autres races. Pour J. Evola, toute l’histoire de Rome peut se lire ainsi à l’aune de l’affrontement des deux strates hétérogènes, étrusque et romaine : J. Evola distingue en effet « sous la récente couche du mythe romanisé, une couche plus ancienne, lié à un type de civilisation opposée à la civilisation romaine »33 ; pour J. Evola, il existe un « compromis, une antithèse, souvent latente au sein de la romanité »34, mais cette antithèse se traduit de façon violente : « Cette influence ne put se développer qu’à travers une lutte impitoyable, à l’intérieur et à l’extérieur, et une série de réactions, d’adaptation et de transformations »35. Rome aurait donc acquis sa puissance par le dépassement progressif de la strate étrusque. Cette vision hégélienne de l’histoire se lit dans la présentation évolienne de Tanaquil, « que Rome cherchera à dépouiller de ses traits aphrodisiaques pour la transformer en symbole de toutes les vertus de la matrone »36. De fait, le caractère sacré et autoritaire de la matrone « trahit la composante préromaine, gynécocrate balayée dans la civilisation romaine par le thème nordique du seul droit paternel remis à sa juste place »37. J. Evola pense que Rome contaminée doit donc se purifier, se libérer, se détacher de cette macule étrusque au travers de luttes, comme le grand épisode de la chute des Tarquins, la révolte de Tullus Hostilius et l’interprétation de la position de la statue d’Horatius Coclès.

  • 38 Cf. J. Evola, « Il "mito" del nuovo nazionalismo tedesco », Vita Nova, 11 (1930), p. 930-934, pui (...)
  • 39 Cf. J. Evola, « Le combat national-socialiste pour la « vision du monde », in Evola, Essais polit (...)
  • 40 Cf. J. Evola, « Paradossi dei tempi: paganesimo razzisto = illuminismo liberale? », Lo Stato, 6, (...)
  • 41 Sur A. Rosenberg et les Étrusques, cf. M.-L. Haack, « Les Étrusques dans l’idéologie national-soc (...)
  • 42 Cf. A. Rosenberg, op. cit., p. 60.
  • 43 Cf. A. Rosenberg, op. cit., p. 60.

11J. Evola, qui lit couramment l’allemand, tire sa conception raciale de l’histoire de la lecture des articles et des livres d’Alfred Rosenberg, l’un des principaux idéologues du parti nazi. Il a rédigé un compte-rendu du livre d’A. Rosenberg, Mythe du xxe siècle en 193038, un commentaire d’un discours d’A. Rosenberg en 193439 et une recension de la brochure d’A. Rosenberg An die Dunkelmänner unserer Zeit en 193540. J. Evola est d’abord séduit et fasciné par l’étruscophobie d’A. Rosenberg : pour A. Rosenberg aussi41, les Étrusques sont des Proche-Orientaux, inférieurs aux Grecs, dont ils n’ont pu assimiler les apports, et ennemis des Romains. Cette haine des Étrusques se cristallise autour deux figures qui caractériseraient les Étrusques : l’hétaïre divine et le prêtre magicien. L’existence d’hétaïres étrusques se justifierait par le caractère proche-oriental des Étrusques et l’historicité d’une prostitution divine dans ce même Proche-Orient. Ainsi, pour A. Rosenberg, dans la Rome étrusque, la prêtresse Tanaquil, « la grande prostituée », « poussait rageusement l’empire des hétaïres à l’extrême »42 avec l’aide des prêtres haruspices, accusés des pires perversités. Selon A. Rosenberg, « entre les mains de leurs prêtres, une magie asiatique naît, accompagnée de sorcellerie, de pédérastie, de masturbation, de meurtre de jeunes garçons, d’appropriation magique de la force de la victime tuée par le prêtre meurtrier et de prédictions tirées des matières fécales et des entrailles du sacrifié »43.

  • 44 Cf. A. Rosenberg, op. cit., p. 58.

12Comme pour A. Rosenberg, ce fut une « noblesse guerrière nordique » parvenue en Italie à la suite d’ « expéditions migratoires nordiques » qui contribua à « chasser le dernier Étrusque, Tarquin le Superbe »44. J. Evola affirme que « la révolte des Tarquins fut une révolte de la Rome aristocratique contre le composant étrusque », et J. Evola veut montrer « l’aspect orgiastique, démonique et sorcier retrouvé comme part essentielle du culte étrusque, de nature à contaminer les motifs et symboles solaires ».

  • 45 Cf. J. Evola, Rivolta contro il mondo moderno, 2e éd., Milan, 1951, p. 349.

13J. Evola partage aussi l’idée d’A. Rosenberg qu’il faut « rectifier » dans un sens « raciste » la vieille doctrine de Johann Jakob Bachofen sur le matriarcat étrusque. Il suit A. Rosenberg dans la conception d’une Rome fondamentalement « nordique », nordicité qui, dans l’esprit de Rosenberg, se trouve en relation étroite avec les Germains devenus en outre les principaux, sinon les seuls dépositaires de celle-ci après le déclin de Rome. J. Evola considère aussi les Étrusques comme une population non-arienne ou issue de la décadence de la race arienne ; il adhère aussi à la tentative d’A. Rosenberg d’inféoder l’idée de Rome au Germanisme et il identifie « la présence, dans Rome, d’un élément nordique et de sa lutte contre les puissances du Sud »45.

  • 46 On notera le souci des autorités italiennes de faire connaître à leurs alliés allemands leur poli (...)
  • 47 Cf. R. Carbonelli, « Il dolicocefalo biondo in camicia nera», Frontespizio, 2 (février 1937), p. (...)
  • 48 Cf. G. de Turris et B. Zoratto (a cura di), Julius Evola nei rapporti delle SS, Rome, 2000, p. 31 (...)
  • 49 Cf. B. Zoratto, Julius Evola nei documenti segreti dell’Ahnenerbe, Rome, 1977, p. 35-43?; de Turr (...)
  • 50 E. Villa, « Arianità della lingua etrusca », La difesa della razza, a. I, n° 5 (5 ottobre 1938), (...)

14On peut donc dire que les deux courants du racisme italiens les plus actifs s’inspirent directement d’un racisme allemand agressif et exclusif et que les Étrusques avaient leur place autant dans les théories allemandes raciologiques que dans leurs reprises par les racistes italiens46. Mais le courant qui l’emporta auprès des élites italiennes n’est pas forcément celui que l’on croit. G. Cogni, adepte de la raciologie de Günther, dut faire face à des critiques acerbes en Italie dans les revues comme Il Frontespizio et La Piazza47; ses détracteurs raillèrent ses « coglionerie ». J. Evola, de son côté, adepte d’A. Rosenberg et tout étant traduit et lu en Allemagne, dut faire face à des réactions négatives en Allemagne. Des rapports de SS signalent que J. Evola ne comprendrait pas le caractère völkisch du passé allemand48 et qu’il se serait trop attaché à l’idée de supériorité de sa nation italienne, au point qu’un rapport anonyme préconise de ne lui fournir aucune aide concrète, de neutraliser son activité publique en Allemagne, d’empêcher toute influence de sa part sur les dirigeants et fonctionnaires du parti et de faire surveiller sa propagande49. Mais surtout, en excluant les Étrusques et donc les Toscans de leur panorama racial de la race italienne, ils excluaient de fait l’une des forces de la nation et fâchaient le Vatican et, avec lui, les chrétiens. Le Manifeste est issu de ce compromis, en regroupant tous les Italiens dans une « race italienne arienne », dont les Étrusques sont une composante, au point que le même journal, La difesa della razza qui avait publié le Manifeste des scientifiques racistes, se crut obligé de publier un article sur l’aryanité de la langue étrusque50.

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Notes

1 Sur le sujet, on pourra consulter les livres de M.-L. Haack et M. Miller (éd.), La construction de l’étruscologie au xxe siècle. Actes des journées d’études internationales des 2 et 3 décembre 2013 (Amiens), Bordeaux, 2015 ; Id., Les Étrusques au temps du fascisme et du nazisme, Actes des journées d’études internationales des 22-24 septembre 2014 (Amiens), Bordeaux, 2016 ; id., L’étruscologie dans l’Europe d’après-guerre. Actes des journées d’études internationales des 14 au 16 septembre 2015 (Amiens et Saint-Valéry-sur-Somme), Bordeaux, 2017.

2 Sur ce Manifeste, cf. G. Israel, P. Nastasi, Scienza e razza nell’Italia fascista, Bologne, 1999, p. 210-230 et Appendice I, p. 365-367 ; A. Gillette, « The Origins of the ‘Manifesto of racial scientists’», Journal of modern Italian Studies, 3, 6 (2001), p. 305-323 ; Id., « Guido Landra e il Manifesto dei Scientisti razziali», Journal of modern Italian Studies, 3, 6 (2001), p. 459-460 ; G. Israel, « Il documento « Il fascismo e i problemi della razza » di luglio 1938 », in M. Sarfatti (a cura di), La Rassegna mensile di Israel, Numero speciale in occasione del 70° anniversario dell’emanazione della legislazione antiebraica fascista, 73, 2, mai-août 2007, p. 103-118 ; T. Dell’Era, « Scienza, politica e propaganda. Il Manifesto del razzismo italiano : storiografia e nuovi documenti », Rivista elettronica della Società italiana di Filosofia Politica, 31 dicembre 2007, p. 1-43 ; id., Il Manifesto della razza, Milan, 2008. Le texte du Manifeste est critiqué par le Consiglio Superiore per la demografia e la razza en 1941-1942 et un nouveau texte est approuvé par ce conseil le 25 avril 1942. Le document est reproduit par R. De Felice, dans Mussolini il duce. II : Lo stato totalitario, 1936-1940, Turin, 1981, p. 874-877 et analysé par Israel,« Il documento », p. 115-118.

3 L’aryanité des Italiens est discutée depuis les années 1860, comme l’a souligné M.S. Quine, « Making Italians : Aryanism and Anthropology in Italy during the Risorgimento », in M. Turda (ed.), Crafting Humans. From Genesis to Eugenics and Beyond, Göttingen-Taipei, 2013, p. 127-152.

4 Nous renvoyons sur le sujet au livre d’A. Gillette, Racial Theories in Fascist Italy. Londres, 2002 et à l’article de M. Raspanti, « I razzismi del fascismo », in La menzogna della razza. Documenti e immagini del razzismo e dell’antisemitismo fascista, Bologne, 1994, p. 73-89.

5 Sur lui, cf. R. Maiocchi, Scienza italiana e razzismo fascista, Florence, 1999, p. 41-57; C. Mantovani, Rigenerare la società. L’eugenetica in Italia dalle origini ottocentesche agli anni trenta, Soveria Mannelli, 2004, p. 319-331 ; F. Cuomo, I dieci. Chi erano gli scienzati italiani che firmarono il Manifesto della razza, Milan, 2005, notamment p. 87- 102 ; F. Cassata, Molti, sani e forti. L’eugenetica in Italia, Turin, 2006, p. 204 sq ; Israel, Nastasi, Scienza e razza, p. 136-142 et 271-283 ; G. Israel, Il Fascismo e la razza: la scienza italiana e le politiche razziali del regime, Bologne, 2010, p. 132-139 ; T. Dell’Era, « Scienza, razza e politica tra fascismo e repubblica. Il caso Pende-Terracini», in D. Menozzi et A. Mariuzzo (a cura di), A settant’anni dalle leggi razziali. Profili culturali, giuridici e istituzionali dell’antisemitismo, Rome, 2010, p. 327-350 ; M.S. Quine, « Racial ‘sterility’ and ‘hyperfecundity’ in fascist Italy. The biological politics of sex and reproduction », Fascism: Journal of comparative fascist studies, 1, 2 (2012), p. 92-144 ; T. Dell’Era, « Strategie politiche ed esigenze scientifiche: il ruolo di N. Pende nell’istituzione e nell’organizzazione dell’Università di Bari », Annali di storia delle università italiane, 17 (2013), p. 45-67. Cuomo, I dieci, p. 87, présente N. Pende comme le chef de file des dix scientifiques racistes.

6 N. Pende, Bonifica umana razionale e biologica politica, Bologne, 1933, p. 56 : « Anche l’antropologia e la biologia delle razze umane dimostrano che in Italia, da tempi remotissimi, si è fusa la bellezza sana propria della nostra grande razza dolicocefala mediterranea, ed il suo spirito logico, realistico, volivitivo con i valori di grande resistenza fisica, con lo spirito fantastico, romantico ed astratto, che ci portarano col loro sangue le due altre razze, l’alpina e la nordica discese dal nord nella penisola: connubio questo di forze vitali a cui, se si aggiunge la posizione privilegiata della patria nostra nel clima più temperato, nel bel mezzo tra il nord ed il sud, tra l’oriente e l’occidente, si deve forse, in ultima analisi, il fatto che noi italiani possiamo ben vantarci di essere, come tipo etnico, il popolo biologicamente più armonico della terra » (cité par Maiocchi, Scienza italiana, p. 49).

7 N. Pende, Bonifica umana razionale e biologica politica, Bologne, 1933, p. 218. Le livre est dédié à Mussolini.

8 N. Pende, Bonifica, p. 220.

9 Ces remarques s’inscrivent dans le droit fil des études sur l’histoire des peuples préromains d’Italie de la fin du xixe siècle et du début du xxe siècle. Pour l’étruscologie, cf. M.-L. Haack, « Alla ricerca dei crani etruschi : gli antropologi italiani e gli etruschi (1841-1911) », in Gli Etruschi nella cultura e nell’immaginario del mondo moderno, 9-11 dicembre 2016, Orvieto. XXIV convegno internazionale di studi sulla storia e l’archeologia dell’Etruria, Annali della Fondazione Faina, 24 (2017), p. 105-130.

10 Nous reprenons là les propres mots de N. Pende : « una nuova era di grandezza per le stirpi mediterranee italiche, che nonostante gli incroci numerosi nel corso dei millenni con stirpi di altre razze, conservano ancora in prevalenza il sangue degli antichi mediterranei italici, i quali constituirono, fin dalle epoche preistoriche, il fondo antropologico della penisola » (Pende, Bonifica, p. 214).

11 Pende, Bonifica, p. 225.

12 Pende, Bonifica, p. 227: « Ancora una volta noi fascisti, con la nostra impostazione del problema politico della razza, dimostriamo l’equilibrio realistico mediterraneo di fronte all’astrattismo e al misticismo nordico ».

13 Cf. Gillette, Racial Theories, p. 77. Voir aussi la lettre de N. Pende au directeur de la revue Israel le 30 décembre 1948, reproduite par Israël et Nastasi, Scienza e razza, p. 385-388, où N. Pende exprime son désaccord avec les positions prises par le Manifeste, souligne l’anonymat du Manifeste, par conséquent sa non-adhésion au texte du Manifeste et rappelle les critiques qu’il avait émises publiquement dès 1938. Mais la réponse de Carlo Alberto Viterbo, publiée dans « Processo a Pende », Israel, 14-15 (13 janvier 1949) (in Israel, Nastasi, Scienza e razza, p. 388-393 et Cuomo, I dieci, Appendice XIV p. 254-261), relève les incohérences de N. Pende et démontre la caractère raciste et antisémite des théories de N. Pende. Voir aussi Israel, « Il documento », p. 111-114.

14 L. Cipriani est le plus titré de tous les signataires du Manifeste. Il fait partie du comité de rédaction de la revue La Difesa della razza. Sur lui, cf. Dizionario Biografico degli Italiani, 25, Rome, 1981, 760-762, F. Surdich ; J. Moggi Cecchi, « La vita e l’opera scientifica di Lidio Cipriani », Archivio Fotografico Toscano, 6, 11 (giugno 1990), p. 11-18 ; P. Chiozzi, « Gli album fotografici di Lidio Cipriani 1927-1955 », Archivio Fotografico Toscano, 6, 11 (giugno 1990), p. 21-28 ; Id., « La collezione fotografica di Lidio Cipriani Archivio per l’Antropologia e l’Etnologia, nel Museo di Antropologia e la Etnologia », 120 (1990), p. 378-381 ; Id., « Autoritratto del razzismo : le fotografie antropologiche di Lidio Cipriani », in La menzogna della razza. Documenti e immagini del razzismo e dell’antisemitismo fascista, Bologne, 1994, p. 91-94 ; F. Cavarocchi, « La propaganda razzista e antisemita di uno “scienzato” fascista. Il caso di Lidio Cipriani », Italia contemporanea, n° 219 (juin 2000), p. 194-225 ; F. Cuomo, I dieci, p. 141-149; L. Polezzi, « White, male, and Italian ? Performing Masculinity in Italian Travel Writing about Africa », in L. Polezzi, C. Ross, In Corpore: Bodies in Post-unification Italy, Madison-Teaneck, 2007, p. 29-55, spéc. p. 43 sq.

15 Sur la craniologie étrusque des années d’entre-deux-guerres, cf. M.-L. Haack, « De la veine au crâne. L’étruscologie entre éclatement et ouverture : le cas des sciences naturelles », in Haack et Miller (éd.), La construction de l’étruscologie, p. 165–179, spéc. p. 177-179.

16 Voir l’attachement d’A. Mochi à la Toscane dans A. Mochi, « Le genti toscane », in Monte e poggi Toscani, Florence, 1908, p. 1-19; id., « Per la protezione dei costumi etruschi », in Monumenti naturali della Toscana nel censimento delle bellezze naturali d’Italia, Florence, 1927, p. 1-5.

17 Sur lui, cf. Haack, « De la veine », p. 178-179.

18 Cf. A. Mochi, « Del valore di dati antropologici per la soluzione del problema etrusco », Studi Etruschi, 1 (1927), p. 407-409. Voir aussi A. Mochi, « Sulla esplorazione paletnologica del territorio etrusco », Studi Etruschi, 1 (1927), p. 373-383.

19 On trouvera ce questionnaire dans M.-L. Haack, « De la veine », p. 184.

20 Sur G. Cogni, cf. Gillette, Racial Theories, p. 59-64 ; R. Faraone, Giovanni Gentile e la questione ebraica, Soveria Mannelli, 2003, p. 32 sq ; G. Rota, « Il philosopho Gentile e le leggi razziali », Rivista di storia della filosofia, 62 (2007), p. 265-300 ; id., Intellettuali dittatura razzismo di stato, Milan, 2008, p. 26-34 ; F. Cassata, "La difesa della razza": politica, ideologia e immagine del razzismo fascista, Turin, 2008, p. 24-30 ; T. Dell’Era, in Dizionario Storico dell’Inquisizione, I, Cogni Giulio, Pise, 2010, p. 343-346 ; A. De Francesco, The Antiquity of the Italian Nation. The Cultural Origins of a Political Myth in Modern Italy, 196-1943, Oxford, 2013, p. 194-195 ; E. Cassina Wolff, « Biological Racism and Anti-Semitism as Intellectual Constructions in Italian Fascism: The Case of Telesio Interlandi and La difesa della razza », in R. Yeomans et A. Weiss-Wendt (ed.), Racial science in Hitler’s new Europe, 1938-1945, University of Nebraska Press, 2013, p. 175-199, spéc. p. 182 sq.

21 Sur le parcours et l’idéologie de H.F.K. Günther, cf. K. Saller, Die Rassenlehre des Nationalsozialismus in Wissenschaft und Propaganda, Darmstadt, 1961 ; H.-J. Lutzhöft, Der Nordische Gedanke in Deutschland 1920–1940, Stuttgart, 1972, p. 28-47 ; C.M. Hutton, Race and the Third Reich. Linguistics, Racial Anthropology and Genetics in the Dialectic of Volk, Cambridge, 2005, p. 35-63. G. Cogni apprécie aussi Alfred Rosenberg et rend compte des lois raciales promulguées en Allemagne qu’il présente comme le résultat d’un amour sans borne de la vie dans l’article « La difesa della razza in Germania », Quadrivio, ann. 5, 50 (10 octobre 1937), p. 1-2.

22 Le livre Il razzismo est imprimé une première fois en 1936, puis il est réimprimé en 1937 avec une introduction différente.

23 Préface de Il razzismo.

24 Razzismo, p. 31.

25 I valori, p. 92.

26 Cf. Razzismo, p. 189-197.

27 Cf. Razzismo, p. 189.

28 Cf. G. Cogni, I valori della stirpe italiana, Milan, 1937, p. 238: G. Cogni souhaite « mostrare pochi tipi, scelti fra moltissimi, i quali rappresentano il tipo dei grandi e dei migliori italiani, che furono quasi sempre mediterranei e nordici. »

29 Cf. Cogni, I valori, ill. 7.

30 Sur cette condamnation, voir T. Dell’Era, in Dizionario Storico dell’Inquisizione, I, Cogni Giulio, Pise, 2010, p. 343-346. Sur l’attitude divisée du Vatican face au Manifeste de la Race, cf. G. Sale, Le leggi razziali in Italia e il Vaticano, Milan, 2009, p. 63-72.

31 G. Cogni a influencé en particulier Telesio Interlandi, éditeur de la revue Il Tevere, et Guido Landra, jeune assistant à l’Institut d’anthropologie de l’Université de Rome.
Cf. A. Gillette, « Guido Landra and the Office of Racial Studies in Fascist Italy », Holocaust and Genocide Studies, 16, 3 (2002), p. 357-375, spéc. p. 359.

32 On trouvera une biographie de J. Evola dans le Dizionario biografico degli Italiani, Rome, 1993, p. 575-581, article de L. Lo Bianco et dans V. de Grazia et S. Luzzatto
(a cura di), Dizionario del fascismo, I, Turin, 2002, p. 497-498, article de F. Germinario. On trouvera une bibliographie de J. Evola dans R. Del Ponte, « Julius Evola, una bibliografia, 1920-1994 », Futuropresente, n° 6 (printemps 1995), p. 27-70 ; J.-P. Lippi, Julius Evola, métaphysicien et penseur politique, Paris, 1998, p. 275-305. Sur le racisme de G. Evola, F. Germinario, Razza del Sangue, razza dello Spirito. Julius Evola, l’antisemitismo e il nazionalsocialismo (1930-43), Turin, 2001 ; G. Rota, Intellettuali dittatura razzismo di stato, Milan, 2008, p. 51-91.

33 Cf. J. Evola, « Symboles aristocratiques romains et la défaite de l’Aventin », in J. Evola, Symboles et « mythes » de la tradition occidentale. Mélanges, Milan, 1980, p. 34-35.

34 Cf. Evola, « Symboles aristocratiques », p. 37.

35 Cf. Evola, « Symboles aristocratiques », p. 38.

36 Cf. Evola, « Symboles aristocratiques », p. 34.

37 Cf. Evola, « Symboles aristocratiques », p. 35.

38 Cf. J. Evola, « Il "mito" del nuovo nazionalismo tedesco », Vita Nova, 11 (1930), p. 930-934, puis republié par R. Del Ponte (a cura di), Saggi di dottrina politica, Sanremo, 1979, p. 183 et traduit en français par G. Boulanger et Fr. Maistre comme « Le « mythe » du nouveau nationalisme allemand », in J. Evola, Essais politiques. Idée impériale et nouvel ordre européen. Économie et critique sociale. Germanisme et nazisme, Puiseaux, 1988, p. 255-264. Sur A. Rosenberg et sur la publication de son livre, cf. C.-E. Bärsch, Die politische Religion des Nationalsozialismus. Die religiösen Dimensionen der NS-Ideologie in den Schriften von Dietrich Eckhardt, Joseph Goebbels, Alfred Rosenberg und Adolf Hitler, Munich, 2002, p. 197 sq.

39 Cf. J. Evola, « Le combat national-socialiste pour la « vision du monde », in Evola, Essais politiques, p. 293-306.

40 Cf. J. Evola, « Paradossi dei tempi: paganesimo razzisto = illuminismo liberale? », Lo Stato, 6, 7 (juillet 1935), p. 530-532, repris dans J. Evola, op. cit., p. 321-325.

41 Sur A. Rosenberg et les Étrusques, cf. M.-L. Haack, « Les Étrusques dans l’idéologie national-socialiste : à propos du Mythe du xxe siècle d’Alfred Rosenberg », Revue Historique, 673 (janvier 2015), p. 149-170 ; M. Miller, Alfred Rosenberg, die Etrusker und die Romfrage, in Haack et Miller (éd.), Les Étrusques au temps du fascisme, p. 81-94.

42 Cf. A. Rosenberg, op. cit., p. 60.

43 Cf. A. Rosenberg, op. cit., p. 60.

44 Cf. A. Rosenberg, op. cit., p. 58.

45 Cf. J. Evola, Rivolta contro il mondo moderno, 2e éd., Milan, 1951, p. 349.

46 On notera le souci des autorités italiennes de faire connaître à leurs alliés allemands leur politique et leurs mesures en matière de race. La délibération « Dichiarazione sulla Razza » du Gran Consiglio del fascismo est ainsi traduite en allemand et publiée dans la Zeitschrift der Akademie für Deutsches Recht et précédée d’une introduction intitulée, « Italien und Deutschland im Kampf um die Erhaltung der europäischen Kultur », où l’influence de l’Allemagne est reconnue et acceptée complaisamment. Cf. Zeitschrift der Akademie für Deutsches Recht, 5 (1938), p. 793-799, spéc. p. 793 : « Reichsminister Dr. Frank hat wiederholt die Neuwertung der Substanzbegriffe, auf denen sich der Aufbau einer Nation vollziehen muss, als die eigentliche Kernfrage der Revolution unserer Zeit bezeichnet, und die Rasse and die Spitze dieser Substanzwerte gestellt. Mit grosser Genugtuung hat deshalb das deutsche Volk davon Kenntnis genommen, dass auch die Führung des Faschistischen Italiens die Forderungen des Volkes nach Rassen- und Bluteinheit aufgenommen und die Judenfrage zum Gegenstand der Gesetzgebung gemacht hat ». Sur les échanges et dialogues entre les deux pays en matière de politique raciale, cf. A. Hoffend, Zwischen Kultur-Achse und Kulturkampf. Die Beziehungen zwischen « Dritten Reich » und fascichstischem Italien in den Bereichen Medien, Kunst, Wissenschaft und Rassenfragen, Francfort-sur-le-Main, 1998, p. 375 sq.

47 Cf. R. Carbonelli, « Il dolicocefalo biondo in camicia nera», Frontespizio, 2 (février 1937), p. 129-138. Voir aussi B. Brunello, « Recensione di G. Cogni », Il razzismo, Giornale critico della filosofia italiana, ann. 18 (1937), 2nda s., 5, p. 202-205.

48 Cf. G. de Turris et B. Zoratto (a cura di), Julius Evola nei rapporti delle SS, Rome, 2000, p. 31-33.

49 Cf. B. Zoratto, Julius Evola nei documenti segreti dell’Ahnenerbe, Rome, 1977, p. 35-43?; de Turris et Zoratto (a cura di), Julius Evola, p. 36-43.

50 E. Villa, « Arianità della lingua etrusca », La difesa della razza, a. I, n° 5 (5 ottobre 1938), p. 20.

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Pour citer cet article

Référence papier

Marie-Laurence Haack, « Les Étrusques et la question raciale dans l’Italie fasciste »Anabases, 32 | 2020, 151-164.

Référence électronique

Marie-Laurence Haack, « Les Étrusques et la question raciale dans l’Italie fasciste »Anabases [En ligne], 32 | 2020, mis en ligne le 20 octobre 2022, consulté le 24 avril 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/anabases/11282 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/anabases.11282

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Auteur

Marie-Laurence Haack

Professeur d’histoire ancienne
Université de Picardie Jules Verne
UFR d’Histoire-géographie
La Citadelle d’Amiens,
10 rue des Français Libres
80080 Amiens
haackml@yahoo.fr

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