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Comptes rendus de lecture

Nigel G. Wilson, From Byzantium to Italy. Greek Studies in the Italian Renaissance

Luigi-Alberto Sanchi
p. 262-264
Référence(s) :

Nigel G. Wilson, From Byzantium to Italy. Greek Studies in the Italian Renaissance, deuxième édition, Londres et Oxford, Bloomsbury, 2017, 231 p., £25,99 / ISBN 9781474250474.

Texte intégral

1Faisant suite à la traduction française parue en 2015, De Byzance à l’Italie. L’enseignement du grec à la Renaissance (Paris, Les Belles Lettres, par H.-D. Saffrey), la deuxième édition, fort bienvenue, de l’ouvrage original en anglais comporte des additions, des remaniements et des mises à jour bibliographiques dans les notes de fin qui ne remettent pas en question l’architecture de la première édition (1992). C’est l’occasion de revenir sur une synthèse efficace et méritoire, s’adressant certes en premier lieu aux historiens de la philologie grecque et latine, mais conçue dans un esprit généreux parfaitement conforme à son objet et qui s’ouvre ainsi à l’histoire des idées et à l’histoire tout court, s’agissant d’événements qui croisent la Prise de Constantinople en 1453 et, en amont, le concile de Ferrare-Florence qui vit débarquer dans les États italiens une délégation pléthorique, conduite par l’empereur lui-même, de dignitaires byzantins, parmi lesquels se trouvaient les plus grands savants grecs. Le développement des « études grecques », au sens académique du mot, dans l’Occident médiéval tardif – d’abord dans plusieurs villes d’Italie et en Avignon, puis dans plusieurs pays d’Europe centrale et occidentale – est l’un des marqueurs de l’Humanisme, l’élément qui fait la différence par rapport au « Graecum est, non legitur » des universités médiévales, à la fois fierté du nouveau courant intellectuel et couronnement des efforts qui eurent lieu tout au long des siècles dits du Bas Moyen Âge pour la reconquête du savoir antique, vénéré dans sa majesté. L’immense transfert culturel que représente l’intégration dans l’Europe latine de la culture scolaire et supérieure byzantine présuppose l’apprentissage et la pleine maîtrise de la langue grecque ancienne et de ses dialectes, mais aussi du grec biblique et néotestamentaire, ecclésiastique et médiéval, au moins par une élite d’humanistes. S’ils ne parviendront au seuil de l’activité philologique proprement dite appliquée aux textes grecs qu’avec Valla et Politien, il ne faut pas oublier tout ce que la philologie latine, l’exégèse, l’histoire du livre doivent à ces érudits, maîtres, lecteurs, traducteurs, copistes, imprimeurs, collectionneurs ; Wilson va jusqu’à montrer les effets de la lecture des textes nouvellement rendus disponibles dans des domaines plus surprenants comme lorsqu’il évoque, p. 64-65, Christophe Colomb lecteur de Strabon et des hypothèses que celui-ci relaie quant aux voies occidentales de navigation vers l’Inde.

2Les modalités de ce grand effort collectif, initialement fourni par les Italiens du Quattrocento grâce à l’apport des Byzantins, sont ainsi au centre du volume de Wilson. Dans un ordre souple, mariant la nécessaire approche chronologique à la variété géographique comme proso­pographique qu’offre l’Italie de cette période, quatorze chapitres présentent les temps forts et les protagonistes de cette rencontre civilisationnelle. Après un premier aperçu des prodromes au xive siècle (p. 1-7), s’achevant sur l’année-charnière 1397, quand les premiers cours stables de grec sont proposés à Florence, le chapitre 2 (p. 9-14) met en scène leur professeur, le diplomate Manuel Chrysoloras, maître de la première génération d’hellénistes florentins et notamment de Leonardo Bruni, principal sujet du chapitre suivant (chapitre 3, p. 15-25), qui montre comment les principales cours italiennes ont rapidement été investies par ce nouveau savoir. Le chapitre 4 (p. 27-38), composite avec quatre sous-chapitres, fait le point sur la « Consolidation » de cette première réception, par exemple en insistant sur l’événement de 1423, l’arrivée en Italie d’une entière cargaison de manuscrits grecs. Les chapitres 5 à 7 sont consacrés chacun à un personnage-clé de la période centrale du siècle : l’éducateur Vittorino de Feltre (p. 39-47), le grammairien Guarino (p. 49-54) et le lettré François Filelfe (p. 55-61). Comme on l’a dit, la venue du concile à Florence en 1439, objet du chapitre 8 (p. 63-77), constitue un moment capital pour le mouvement hellénique en Occident, en particulier avec l’installation en Italie comme cardinal de Basile Bessarion, dont la fabuleuse bibliothèque fournira la base de la collection de Saint-Marc à Venise après sa mort en 1472.

3À partir des années 1440, l’essor et l’enracinement des études grecques sont incontestables, avec Laurent Valla (chapitre 9, p. 79-87) et les programmes de traduction et bientôt d’impression qui fleurissent à Rome sous le pontificat de Nicolas V et après (chapitre 10, p. 89-98), mais aussi et surtout dans la Florence des Médicis (chapitre 11, p. 99-114) avec le savant bilingue Jean Argyropoulos, Ficino, traducteur du corpus platonicien, Chalcondylès et Lascaris, enfin avec le grand Politien, à qui est réservé le chapitre 12, p. 115-128. Si le chapitre 13 (p. 129-139) couvre des centres d’études grecques et humanistes mineurs, mais très vivants, comme Padoue, Bologne, Ferrare et Messine, par ailleurs mentionnés à propos des pérégrinations des maîtres déjà considérés, le long chapitre 14 (p. 141-176) se focalise sur le cas à part que représente Venise, en raison de ses imprimeurs exceptionnels et de sa vie culturelle imprégnée de culture grecque post-byzantine que résument les noms d’Alde Manuce et de Marc Mousouros ; l’année de leur mort, 1515, clôt symboliquement l’ouvrage (p. 175-176). La narration – toujours menée avec brio, sans jamais tomber dans l’exposé acritique ou mystifiant du « miracle italien » – cède alors la place à une ample « Conclusion » (p. 177-183) où l’auteur disserte sur les mérites et les limites de la renaissance textuelle de la littérature grecque en Occident, signalant le fait que, si la crainte, largement répandue à l’époque, de rater la conservation d’œuvres littéraires à cause des conquêtes ottomanes a été largement dissipée grâce à l’action conjointe des Italiens et des Grecs, les pires dégâts pour la transmission culturelle avaient déjà eu lieu en 1204, lors de la conquête de Constantinople par les Latins de la Quatrième Croisade. Après les notes de fin, occupant les p. 187-220, le volume est complété par quatre index, des auteurs anciens, des médiévaux et renaissants, des manuscrits cités et un dernier, appelé « General » et incluant par exemple les noms de lieu et les thèmes, mais d’où sont absents les auteurs de la bibliographie moderne citée en note.

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Pour citer cet article

Référence papier

Luigi-Alberto Sanchi, « Nigel G. Wilson, From Byzantium to Italy. Greek Studies in the Italian Renaissance »Anabases, 30 | 2019, 262-264.

Référence électronique

Luigi-Alberto Sanchi, « Nigel G. Wilson, From Byzantium to Italy. Greek Studies in the Italian Renaissance »Anabases [En ligne], 30 | 2019, mis en ligne le 21 octobre 2019, consulté le 25 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/anabases/10304 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/anabases.10304

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