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1Selon le rapport 2013 de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), l’immigration a représenté 40 % de la croissance démographique totale dans la zone OCDE sur la période 2001-2011. En outre, le Département des Affaires Economiques et Sociales des Nations Unis (DAES, 2013) estime dans une étude de 2013 le nombre de migrants dans le monde à 232 millions alors qu’il était de 175 millions en 2000 et de 154 millions en 1990.

2Cette augmentation considérable des flux migratoires est liée, entre autres, aux processus de globalisation qui se sont accélérés et intensifiés au cours de ces dernières décennies, aux conditions socio-économiques qui se sont fortement détériorées dans de nombreux pays, aux conflits armés et aux catastrophes environnementales qui se sont multipliés et à l’émergence et consolidation d’espaces transnationaux devenus particulièrement opérationnels. On assiste dès lors à la complexification progressive de l’expérience migratoire. Sur le plan identitaire par exemple, elle se manifeste dans la construction d’identités plurielles, hybrides (Kaufmann, 2004), tant au niveau individuel que collectif, identités qui se revendiquent et s’expriment chaque jour davantage au niveau socio-culturel, économique, politique et religieux non seulement dans les sociétés d’accueil mais également dans celle d’origine.

3Alors que la question des migrations sur le continent américain a fait l’objet, au cours des dernières décennies, de nombreuses publications, peu de chercheurs se sont intéressés jusqu’à présent aux représentations de l’expérience migratoire à travers l’expression artistique dans les Amériques. En effet, le théâtre, la littérature, la musique et les arts visuels représentent des entrées privilégiées pour étudier l’impact culturel des dynamiques migratoires.

4Les productions artistiques offrent sur le phénomène migratoire une lecture différente de celle journalistique, politique ou encore institutionnelle et présentent une « vision » de la réalité à partir d’un langage spécifique qui émerge soit d’une expérience autobiographique ou autoréférentielle (comme c’est le cas par exemple de l’art chicano) soit d’un regard extérieur à la communauté d’immigrés (comme c’est le cas des artistes qui, même s’ils ne sont pas des acteurs directs des phénomènes migratoires, les abordent dans leurs œuvres). Ces productions posent en définitive la question du rapport entre vérité et fiction, histoire et mémoire, subjectivité et objectivité. Dans ce contexte, il convient de se demander si les productions artistiques qui portent sur l’immigration peuvent être considérées comme un document fiable que les chercheurs en sciences humaines et sociales doivent interroger. Ont-elles comme unique vocation de sensibiliser le grand public sur un sujet aussi polémique et controversé ou alors s’agit-il d’une « contre-histoire » qui peut – et doit – être prise en compte pour écrire une Histoire plus compréhensive et qualitative ? Enfin, l’expérience de « dé- et enracinements » successifs, du cosmopolitisme et du transculturalisme donne-t-elle lieu à des créations et des esthétiques spécifiques?

5Ce sont autant de questions auxquelles ce dossier thématique se propose de répondre à travers deux axes de réflexion complémentaires. D’une part, l’accent sera mis sur l’analyse des expressions artistiques qui mettent en avant les phénomènes migratoires dans leurs dimensions historique, sociologique et (socio) linguistique. D’autre part, nous tenterons d’éclaircir l’impact des mouvements migratoires et de l’effacement (partiel) de frontières dans les espaces transnationaux sur la remise en question des codes esthétiques.

6Les contributions rassemblées dans ce dossier thématique d’Amerika reprennent et prolongent les réflexions entamées dans le cadre de la journée d’étude « Migrations et productions artistiques dans les Amériques » qui a été organisée par le Laboratoire ICTT (Identité culturelle, textes et théâtralité, EA 4277) de l’Université d’Avignon en décembre 2013. Certains concepts (dont celui de « frontière ») et aspects (notamment la dualité création/destruction ainsi que la relation entre langue et construction identitaire) seront repris et élargis à d’autres contextes dans la section « Mélanges ».

7La rubrique « Mélanges », quant à elle, aborde des sujets variés, tels que la théorie de la frontière, la présence de la langue portugaise au Paraguay, la mémoire et l’histoire dans un roman de l’Argentin Andrés Rivera, les rapports entre mémoire des ruines pré-colombiennes et l’époque contemporaine dans l’œuvre de Gunther Gerzso.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Anika Falkert, Paola García et Comité de Rédaction d’Amerika, « Editorial »Amerika [En ligne], 13 | 2015, mis en ligne le 24 décembre 2015, consulté le 03 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/amerika/7016 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/amerika.7016

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Auteurs

Anika Falkert

Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse

Paola García

Université Paris Ouest-Nanterre la Défense

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Droits d’auteur

CC-BY-SA-4.0

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