María Luisa Ortega, María Betty Osorio, Adolfo Calcedo (Compiladores), Ensayos críticos sobre cuento colombiano del siglo XX
María Luisa Ortega, María Betty Osorio, Adolfo Calcedo (Compiladores), Ensayos críticos sobre cuento colombiano del siglo XX, Bogotá, Editorial Uniandes, 2011
Texte intégral
1L’Université des Andes publie un imposant volume recueillant des travaux d’une bonne vingtaine de spécialistes, des Colombiens enseignant dans différentes universités du pays, pour la plupart. L’ouvrage s’auto-définit comme une anthologie de textes d’origines diverses, dont certains ont déjà été publiés, et qui vient couronner un programme de recherche de la dite université, datant de 2005.
2Les Editeurs, les seuls dont le profil biographique soit consigné, apparaissent à plusieurs reprises dans le sommaire, qui présente trente quatre articles consacrés à une trentaine d’auteurs, presque tous vivants, et dont l’œuvre s’étale pratiquement tout le long du XXe siècle.
3Après une réflexion critique sur la place du conte dans les histoires de la Littérature colombienne, la présentation générale annonce des critères d’anthropologie culturelle qui cachent – mal – une organisation strictement chronologique, où l’on voit se succéder différentes « générations », sans que le concept lui-même soit abordé (et l’on connaît son importance dans le discours critique de langue espagnole !). Quelques entorses d’ordre régionaliste ou de gender brouillent encore les pistes, même si elles répondent également au critère chronologique.
4Une relecture historique du texte « fondateur», El carnero (1636), de Juan Rodríguez Freile (Betty Osorio), et une réflexion théorique sur le genre (Adolfo Calcedo) forment la première section du volume. En dehors de l’hommage légitime au père fondateur, on discerne mal les liens entre le texte de Rodríguez Freile et la production narrative du XXe siècle. La prégnance du régionalisme, dans la langue et dans la description des us et coutumes locaux a, de toute évidence, bien d’autres sources que ce récit du XVIIe, quelle que soit sa valeur historique.
5Pour sa part, la contribution théorique d’Adolfo Calcedo nous laisse sur notre faim. Non seulement il n’y a pas la moindre tentative de définir ou de circonscrire le genre, mais l’auteur prend appui sur des réflexions critiques de différents auteurs (Borges, Cortázar, Piglia, Cepeda Samudio) qui correspondent à la deuxième moitié de la période historique concernée par l’anthologie. Les textes qu’il glose (« parafrasear », dit-il lui-même) renvoient soit à une pratique personnelle (Borges), soit à un type de « cuentos » (Piglia) et ne sauraient servir de base à une théorie générale. A le lire attentivement, on dirait que le cuento colombien naît vers 1950, avec le « Grupo de Barranquilla ». La bibliographie citée est à l’avenant.
6Cependant, la deuxième section du volume nous ramène aux débuts du siècle, voire avant, avec deux articles sur Tomás Carrasquilla et un autre sur Adel López Gómez (Betty Osorio). Le « Ingreso a la modernidad » s’est déplacé aussi géographiquement et maintenant c’est à Antioquia que revient la palme. La perspective anthropologique de ces travaux persiste à occulter la véritable valeur littéraire de l’œuvre des auteurs étudiés.
7Les travaux de la troisième partie sont consacrés à Hernando Téllez (2), Pedro López Valderrama (2), José Félix Fuenmayor, Gabriel García Márquez (2) et Germán Espinosa. Là, on peut s’étonner que l’œuvre du Prix Nobel qui retient le plus l’attention soit Doce cuentos peregrinos, un volume atypique et somme toute marginal dans l’ensemble de la production de Gabriel García Márquez.
8Mais le clivage des parties trois et quatre réserve encore une surprise, puisque les membres du groupe de Barranquilla sont séparés en deux groupes distincts, sur des critères de sensibilité face à la Modernité : « Desafíos de la modernidad » et « Una modernidad desencantada ».
9Bref, on renonce à trouver des critères cohérents qui auraient pu servir à structurer le volume et à donner, par là même, une vision d’ensemble.
10Si nombre d’articles présentent des éclairages hautement estimables sur des auteurs mal connus à l’étranger, il convient quand même de préciser que seulement sept d’entre eux sont inédits.
11La volonté panoramique de l’anthologie paraît encore plus évidente quand, dans le dernier chapitre (« Narrativa testimonial en Colombia »), on sort décidément des limites des genres de fiction.
Pour citer cet article
Référence électronique
Nicasio Perera San Martín, « María Luisa Ortega, María Betty Osorio, Adolfo Calcedo (Compiladores), Ensayos críticos sobre cuento colombiano del siglo XX », Amerika [En ligne], 7 | 2012, mis en ligne le 12 décembre 2012, consulté le 09 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/amerika/3428 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/amerika.3428
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