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Comptes-rendus
Sciences sociales

Fernando Serrano Mangas, Los tres credos de don Andrés de Aristizábal

Xalapa, Universidad Veracruzana, 2012
Loïc Menanteau
Référence(s) :

Fernando Serrano Mangas, Los tres credos de don Andrés de Aristizábal. Ensayo sobre los enigmas de los naufragios de la Capitana y la Almiranta de la flota de Nueva España de 1631, Xalapa, Universidad Veracruzana, 2012, 246 p.

ISBN 978-607-502-142-3

Texte intégral

1Le livre de Fernando Serrano Mangas, divisé en 15 chapitres, est singulier à plus d’un titre et peut être considéré comme une œuvre importante pour l’histoire maritime coloniale du XVIIe siècle. Son principal intérêt est d’aborder sous un angle nouveau la problématique des naufrages, pour causes naturelles, des navires impliqués dans le commerce de la Carrera de Indias. Il s’appuie sur une documentation manuscrite, en grande partie inédite, provenant des archives espagnoles et mexicaines (notamment l’Archivo General de Indias). L’auteur débute son essai par une analyse de l’équipage et des passagers qui étaient à bord de l’Almiranta de la flotte de la Nouvelle-Espagne, le Nuestra Señora del Juncal, lors de son naufrage dans la nuit du 31 octobre 1631. Parmi les 361 personnes qui ont perdu la vie à cette occasion, l’auteur apporte des précisions sur l’amiral de la flotte, don Andrés Aristizábal, mais aussi sur des personnages fascinants comme le marquis de Salinas, Juan Alcarazo, qui était l’ancien gouverneur de l’île de Formose et général du galion de Manille, et son amiral, le portugais Diego López Lobo. Ces derniers retournaient en Espagne après avoir capturé un navire chargé de richesses qui emmenait une ambassade du royaume du Siam à l’empereur de Chine. Deux des 39 rescapés du naufrage, grâce au canot du galion, font l’objet d’une attention particulière : le contre-maître Granillo, personne de plus haut rang parmi eux, et le Frère Hospitalier Trillanes, qui laissa un magnifique récit de l’événement. Ce panorama de la « composante » humaine est complété par des données biographiques sur les généraux et amiraux qui, plus tard, se sont engagés sans succès dans la recherche de l’épave de l’Almiranta de la flotte de 1631.

2Un autre aspect étudié dans le livre est celui de la cargaison du navire. Il est d’autant plus important que cette dernière est considérée comme la plus riche de tous les navires de la Carrera de Indias à destination de Séville. Ainsi, les cales du Nuestra Señora del Juncal contenaient plus de 120 tonnes métriques d’or et d’argent ! Or de la Nouvelle Vizcaye, monnaies frappées en Nouvelle-Espagne, argent en barres de Zacatecas, porcelaine et articles de luxe en provenance de Chine, du Siam et de Japon, formaient partie de cette fabuleuse cargaison. Deux faits ajoutent de l’intérêt à son étude : le transport de deux types de métaux et la fraude détectable dans l’enregistrement du navire. En résumé, comme l’auteur le souligne, l’épave du navire, localisée en un point minuscule du Golfe du Mexique, constitue par sa cargaison une véritable synthèse du monde commercial, économique et culturel de la première moitié du XVIIe siècle. Sa localisation et postérieure fouille archéologique représenteraient une opportunité scientifique de premier plan, car elle est entière et n’a jamais encore été pillée par les chercheurs de trésors.

3Le livre fournit également des informations, parfois nouvelles, sur la navigation à l’époque coloniale dans le Golfe du Mexique : époques les plus favorables, accès au port de Veracruz, principal port d’attache de le flotte de la Nouvelle-Espagne, etc. D’autres données sont fournies sur les confusions concernant les profondeurs, la couleur de l’eau et certaines caractéristiques physiques de la plate-forme continentale du Banco (ou Sonda) de Campeche où a sombré le navire. L’auteur n’oublie pas de faire une analyse détaillée de l’armement du Nuestra Señora del Juncal : port en lourd, maintenance, lutte désespérée contre l’inondation de sa coque, laquelle, selon lui, symbolise l’ambition contre les lois physiques, etc.

4En se fondant sur une analyse précise des témoignages et en utilisant une nouvelle équivalence des distances données en lieues, choisissant la côtière (2116 m) et non l’espagnole (6649 m) et l’anglaise (5586 m), Fernando Serrano Mangas propose une hypothèse sur la localisation des naufrages de la Capitana Santa Teresa, survenu près de Veracruz sans laisser de survivants, et sur l’Almiranta Nuestra Señora del Juncal, qui s’est produit à huit lieues (environ 17 km selon lui) au nord des cayes Arcas sur le Banco de Campeche. Cette hypothèse est renforcée par les résultats du travail mené par nous-même sur la côte nord d’Haïti, où en corrélant, de manière précise, les données géographiques avec les distances en lieues données par le Journal de bord de Christophe Colomb, il aboutit à la même conclusion. Un cahier couleur, comportant plusieurs cartes (réalisées par LETG-Nantes Géolittomer), illustre la problématique de la localisation (avec la bathymétrie), et une carte en noir et blanc, insérée dans les conclusions, donne le point présumé du naufrage de l’Almiranta de la flotte, avec les coordonnées géographiques et la profondeur (inférieure à 50 m).

5L’un des chapitres essentiels du livre porte sur l’artillerie en bronze des navires Santa Teresa et, surtout, Nuestra Señora del Juncal. Ces pièces d’artillerie constituent des éléments très fiables d’identification chronologique du navire de don Andrés Aristizábal : ce sont des canons flambants neufs, de technologie de pointe pour l’époque, fabriqués pour armer le navire peu de temps avant le naufrage dans la fonderie d’artillerie de Séville. Descriptions morphologiques, décors et poids sont des données suffisantes pour déterminer leur âge et authentifier l’épave de navire comme étant celle du Nuestra Señora del Juncal.

6L’auteur a enrichi son ouvrage par une analyse des mentalités des personnes, tant des naufragés que des responsables de la Carrera de Indias, qui ont joué un rôle d’acteurs dans la tragédie de la flotte de 1631, ce qui permet d’établir une symbiose entre l’environnement culturel et scientifique du XVIIe siècle et les hommes d’Aristizábal. Enfin, pour cela, l’auteur ne manque pas de citer, de manière pertinente, les classiques espagnols.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Loïc Menanteau, « Fernando Serrano Mangas, Los tres credos de don Andrés de Aristizábal »Amerika [En ligne], 6 | 2012, mis en ligne le 24 mai 2012, consulté le 14 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/amerika/3054 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/amerika.3054

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Auteur

Loïc Menanteau

CNRS - Géolittomer

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Droits d’auteur

CC-BY-SA-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-SA 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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