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Résumés

Est-ce que l’arrivée de Bernardo Arévalo comme président de Guatemala va ouvrir la porte à une certaine reconnaissance de la place des Mayas et des autres peuples indigènes dans l’avenir politique et économique du pays? Cet article montre que depuis le milieu du 20e siècle les Mayas ont entamé plusieurs démarches pour mieux organiser leur peuple et pour présenter leurs demandes aux gouvernements successives. Mais, tous ces démanches ont été bloqués régulièrement par l’oligarchie néolibéral qui contrôle les institutions du pays. Est-ce que Arévalo peut faire mieux?

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Texte intégral

1Le 21 aout 2023, la majorité du peuple du Guatemala a crié de joie devant la victoire de Bernardo Arévalo comme président du pays. Après des années de dictatures militaires, de présidents fantoches et corrompus, ils se sont tournés vers le fils de Juan José Arévalo, l’ancien président qui avait présidé au « Printemps démocratique du Guatemala » en 1945. Soixante dix-huit ans plus tard, Bernardo Arévalo fonde le mouvement Semilla pour combattre la corruption et rebâtir un pays « démocratique, pluriel, et intégré ». Il a basé sa campagne sur la promesse de réaliser un réveil économique pour son peuple. Et il insistait qu’il faudrait intégrer dans ce mouvement les peuples indigènes - Mayas, Xinca et Garifuna - trop longtemps ignorés, afin de rebâtir l’économie et renouveler l’État.

  • 1 Velázquez, p. 1.

2Lors du vote final, Arévalo a remporté l’élection avec un majorité de 59.1%. Malgré ce succès personnel, son parti n’a fait élire que 24 des 160 députés du Congrès. Avec une majorité si mince, sera-t-il en mesure de faire adopter les réformes nécessaires au renouvellement national souhaité? Sera-t-il capable d’intégrer tous les peuples du Guatemala, surtout les indigènes, dans son mouvement pour le développement économique et social du pays? Dans la revue Americas Quaterly, l’anthropologue Irma A. Velásquez Nimatuj note qu’un des critères principaux pour juger le succès de son administration sera « s’il pourra mettre les peuples indigènes au centre de ses réformes afin de créer une véritable alternative à l’inégalité et au racisme structurel dont ils sont victimes »1.

  • 2 Pastrana Buelvas, vol. 20, no 2.

3Le Guatemala est un des premiers pays où les civilisations indigènes ont été écrasées par des vagues d’envahisseurs. D’abord celle des Espagnols, puis celles de nouveaux colons, des Créoles. Cette nouvelle immigration a crée une élite politique et économique et avec le temps une autre groupe, des « Ladinos » s’est crée. Ces derniers se composaient de mestizos comprenant certains colons originaux et des indigènes qui avaient renoncé à leurs origines. Dans tout ce processus, les véritables indigènes sont restés un peuple vaincu2.

  • 3 caxi.cefan.ulaval.ca.

4Le Guatemala a connu une augmentation considérable de sa population au cours du 20e siècle, passant de 6.28 million en 1920 jusqu’à 16.72 million en 2018. Néanmoins, la population indigène a toujours compté pour presque la moitié des habitants, représentant 43.56% en 2018. Les Mayas, à eux seuls, comptaient pour 66% du total, les Xinca pour 1,77% et les Garifuna pour 0,13%3.

  • 4 Chonchol, p. 85.

5Le colonialisme a joué un rôle déterminant dans le processus de dépossession puisqu’il a permis l’usurpation des terres indigènes, qui reste toujours un des principaux obstacles à surmonter. Pour les peuples indigènes, agriculteurs depuis des millénaires, la terre est sacrée et constitue la base de la souveraineté alimentaire de leurs peuples. Mais, ils étaient engagés dans une compétition féroce avec leurs compatriotes Créoles et Ladinos, pour qui les domaines qu’ils avaient bâtis étaient une source de grande richesse. Entre les mains de cette élite les terres paysannes se sont transformées en caféières, en grandes plantations de fruits et légumes puis en sites extraordinaires pour le développement de mines, de projets hydroélectriques et de puits de pétrole4.

1) Comment dès lors expliquer le réveil des Mayas?

6Les mesures législatives et les initiatives gouvernementales pour renforcer le pouvoir de cette élite d’entrepreneurs ont mis en place des structures néolibérales au détriment des travailleurs. Mais à partir du milieu du 20e siècle, la société maya a commencé à réagir. Trois changements importants sont à l’origine de leurs réactions.

  • 5 Bastos et Cumes, p. 18. Grandin, p. 7-34. Burgos, Chapt. 12.

7Le premier moteur de cette résurgence est l’Action Catholique, qui prêchait la solidarité et enseignait la conscientisation des villageois. Les analyses de Santiago Bastos et les écrits de Rigoberta Menchú expliquent comment les missionnaires et les agents pastoraux de l’Église Catholique arrivés dans les villages ont mis en branle un mouvement qui a bouleversé les structures communautaires mayas en remplaçant la hiérarchie traditionnelle. Il introduisait de nouvelles pratiques religieuses et stimulait l’ouverture culturelle. En enseignant aux villageois la lecture de la Bible, ils ont formé une nouvelle classe de dirigeants laïques, de sorte que l’enseignement religieux s’est rapidement sécularisé. Cette transformation a mené à de vastes programmes d’alphabétisation, des projets politiques et la naissance des coopératives5.

  • 6 Levinson-Estrada, p. 110-122 et 145-150.

8Le second élément de cette résurgence naît des luttes syndicales et populaires dans le capital du pays et dans d’autres régions, notamment la Côte sud où se trouvent surtout les ouvriers du café, du sucre de cannes et de coton. Les paysans observaient les luttes menées dans la capitale et essayaient de copier leurs objectifs et leurs méthodes, organisant la Marche des mineurs de Ixtahuacán, la grève des travailleurs de Coca Cola à Ciudad de Guatemala, ou le mouvement des ouvriers de Pantaléon Engineering de Santa Lucia dans le département d’Escuintla6.

  • 7 Forster, p. 576-577.

9Le troisième élément est la fondation d’un syndicat indigène, le « Comité de l’Unité paysanne » ou CUC. Les terres étant toujours la priorité des Mayas, ce syndicat, né comme une organisation secrète en 1973-74, puis reconnu officiellement en 1978, visait à organiser le travail des Mayas sur les plantations. Son programme comprenait la négociation de meilleures conditions de travail pour les ouvriers indigènes, l’organisation de sessions d’alphabétisation, la formulation de demandes de justice sociale pour ceux qui travaillaient à la récolte, la formation de ligues paysannes et la création d’agents paroissiaux responsables pour les pauvres7.

  • 8 Grandin, p. 13-14.
  • 9 Ceto, p. 229-242.

10Les fondateurs du CUC, tous issus de milieux mayas, se sont rencontrés à la Ciudad de Guatemala en poursuivant leurs études ou des travaux. Parmi ce groupe figure Pablo Ceto, un jeune qui avait quitté son village de Santa Maria Nebal dans la région du Quiché en 1973, avec une bourse pour étudier l’agronomie à l’Universidad de San Carlos. C’est à l’Université qu’il est entré en contact avec le monde politique et les mouvements étudiants de gauche. Il voyait le CUC comme un outil pour défendre les droits des travailleurs agricoles mayas et unir les peuples indigènes venant de différentes régions et parlant différentes langues8. Le CUC a rapidement augmenté le nombre de ses membres dans les plantations de Quiché, Chimaltenango, Huehuetenango, San Marcos et la Côte Sud. Ils ont eu recours aux manifestations et grèves qui ont attiré l’attention et la répression des autorités. Le 29 mai 1978, au moins 53 paysans mayas, hommes, femmes et enfants, ont été assassinés par l’armée alors qu’ils manifestaient contre l’expropriation de leurs terres sur la Plaza principal de Panzos, dans l’Alta Verapaz9.

  • 10 Casaús Arzú, p. 63.

11Pour la majorité Ladino, l’avancement et les initiatives des Mayas – les grèves, les manifestations et les dénonciations du mauvais traitement des ouvriers – menaçaient leur contrôle de l’économie et des institutions du pays. Leur hostilité devenait de plus en plus visible. La sociologue espagnole Marta Casaús Arzú a mené une étude sur les attitudes de l’élite guatémaltèque entre 1978 et 1981, une étude qui fait ressortir la peur et la révulsion ressenties par 119 familles de cette élite. Parmi ce groupe, 59 s’identifiaient comme des Guatémaltèques blancs, 23 comme Criollos (l’élite agro-industrielle de descendance mixte espagnole et métis), 12 se disaient de races mixtes et 14, Ladinos. Questionnés sur l’existence d’une différence entre indigènes et non-indigènes, 89 % ont répliqué un « oui » définitif. Cinq à sept pour cent sont allés jusqu’à dire que les Conquistadors espagnols n’avaient pas fini leur tâche « d’exterminer tous les peuples indigènes » comme l’avaient fait les Hollandais et les Anglais10.

2) La confrontation armée

  • 11 Ceto, p. 238. Staford, 1ère partie.

12C’est dans ce contexte hostile qu’a commencé la longue confrontation armée de 1960 - 1992, d’abord entre Ladinos politico-militaires et les mouvements de gauche à l’intérieur des forces armées et dans les syndicats guatémaltèques. Les demandes des « indiens » mayas sont venues intensifier cette lutte, d’abord lors de la première manifestation publique du CUC le 29 mai 1978 à Panzós11. Par la suite, les soldats ont commencé à pénétrer de force dans les villages de la région maya pour chercher des rebelles sous le prétexte que les villageois les soutenaient et les cachaient.

  • 12 Mcallister, p. 283.
  • 13 Ibid. p. 285.
  • 14 Ceto, p. 289
  • 15 Comisión para el esclarecimiento histórico, vol 5, p. 108-122. Warren, p. 33-51.

13Entre 1975 et 1982, le gouvernement a commencé à installer des bases militaires dans les départements d’El Quiché, Cotzal et Nabaj afin de « contrôler » ces régions. C’était le début des « troubles » qui opposèrent l’armée guatémaltèque et les armées rebelles formées de paysans réunis dans l’Unité révolutionnaire nationale guatémaltèque (URNG)12. Le conflit atteint une sommet en 1981-82, mais les attaques et les massacres continueront jusqu’aux Accords de paix en 1996. Le CUC a suspendu ses activités et la plupart de ses agents et animateurs se sont joints d’abord à l’Armée guérilla des pauvres (EGP)13. Pablo Ceto s’est joint à la EGP dont il devient un des commandants en 198114. La guerre entre alors dans sa phase la plus violente pour les Mayas ; selon une étude des Nations Unies, ce conflit a laissé 200 000 morts, 100 000 déplacés, 526 villages détruits et d’innombrables viols, tortures et mutilations, dont 83% subis par des Mayas15.

3) La COMEGA et les demandes des Mayas

  • 16 Bastos et Cumes, vol I, p. 59-61.
  • 17 Warren, p. 33-51.

14La reprise de la résurgence indigène a coïncidé avec la diminution des hostilités. Au cours de 1993 et pendant l’automne de 1994, les belligérants commençaient à organiser la tenue de négociations de paix. Les Mayas étaient déterminés à présenter pour la première fois un front unis en soutien à leurs demandes16. Pour ce faire, ils ont convoqué 259 délégués, représentant 51 communautés, à Quetzaltenango, sous les auspices de la Contadora Nacional Indígena y Campesina (CONIC). Durant cette rencontre, ils ont formé une coalition d’organisations mayas (COPMAGUA) qui a entrepris la rédaction des demandes des divers groupes mayas17.

  • 18 Cojtí Cuxil, 2022, Chapt 9, section 10.

15Selon Demetrio Cojtití Cuxil, un des membres du groupe, le texte devait résumer les demandes des différentes régions et communautés. Parmi les auteurs figurent Rigoberta Menchú qui venait de recevoir la prix Nobel de la paix en 1992 pour son rôle dans l’organisation des femmes contre la guerre; Humberto Akabal, un poète et activiste maya; Rosalina Tuyuc, une militante pour les droits humains; Juan León, membre du conseil des directeurs de Nukuj Akpop, un groupe politique militant pour l’intégration de la Cosmovisión maya dans la politique nationale; Otilia Lux, une proche de Rigoberta Menchú et fondatrice d’un groupe d’indigènes féministes; Alfredo Tay Coyoy, spécialiste en éducation18. Ensemble, ils ont proposé et débattu les propositions soumises par les différents groupes militants.

  • 19 Warren, pp. 211-214. Davis, p. 154-55.
  • 20 Sieder, 1997 p. 71-2, et 1998 p. 112-13.

16Les discussions étaient souvent marquées par des différends entre les délégués des régions rurales et urbaines. Mais, finalement, en mai 1994, le COMAGUA a produit un document à présenter lors des négociations de paix qui commençaient à prendre forme entre le Gouvernement et les rebelles (URNG)19. Le texte spécifiait trois domaines où on demandait la création de mécanismes pour assurer leurs droits. D’abord, dans le champ politique, où on exigeait la reconnaissance constitutionnelle et juridique du peuple maya et de ses formes d’organisation. Deuxièmement, dans leurs pratiques politiques et culturelles, ils demandaient reconnaissance de leur droit coutumier et la création d’instances pour la défense de ces droits. En somme, ils exigeaient l’autonomie du peuple maya et une autonomie territoriale définie par des critères historiques et linguistiques. Entre autres ils demandaient la création d’institutions représentatives capables de défendre et renforcer la culture maya. Le troisième champ, surtout économique et social, se concentrait sur la question de la terre. Pour eux ils demandaient la restitution des terres communales expropriées, l’identification des terres historiquement occupées par le peuple maya; un programme de redistribution agricole et la mise en ouvre d’une vaste réforme de la politique agricole afin de mieux réglementer le droit à la terre, communale ou individuelle20.

  • 21 Sieder, 1998, p. 114.

17Ces demandes de la COMAGUA marquaient une des premières occasions où les peuples indigènes du Guatemala ont réussi à unifier leurs forces et à vaincre les divisions au sein de leurs rangs. Elles annonçaient l’attachement des peuples indigènes à un pays multiculturel, multiethnique et multilingue. Au cours des trente années suivantes ces demandes allaient constituer la position fondamentale des organisations mayas21.

4) La négociation des Accords de Paix

  • 22 Bastos et Cumes, vol. 1, p. 59-61.

18Le COMAGUA soumit ces demandes au gouvernement pour qu’ils soient inclus dans les éventuelles négociations de paix22. Mais les Mayas n’ont jamais pu siéger à la table des négociations, et ont dû exprimer leurs demandes à travers Rodrigo Ásturias , « le Commandante Gaspar Ilom », et le Comandante Rolando Morán, les deux négociateurs de l’armée révolutionnaire national guatémaltèque (URNG). Les négociations impliquaient essentiellement les deux belligérants, l’URNG, et le gouvernement, l’armée nationale et le CACIF, (le comité coordinateur des associations agricoles, commerciales, entrepreneuriales et financières).

  • 23 Jonas, p. 45-59.
  • 24 Ibid. p. 45.
  • 25 Hickey et de Finney, 47-52.

19À chaque étape des pourparlers, les propositions mayas ont été contestées par les négociateurs de l’armée, du gouvernement ou de la CACIF. Ils ont tenté de bloquer ou de diminuer la portée de plusieurs accords, comme la création d’une commission pour examiner les violations des droits humains perpétrées par les armées des deux cotés, la reconnaissance de l’identité et des droits des peuples indigènes, la disparité socio-économique et le manque de terre des communautés mayas. La mésentente portait aussi sur la réduction du rôle des militaires, le renforcement du pouvoir des civils et la place de URNG dans la vie politique du pays23. À plusieurs reprises les principaux partenaires internationaux du Guatemala ont dû intervenir pour forcer un consensus ou pour modérer les exigences de l’armée ou du gouvernement24. Les négociateurs ont pris cinq ans pour rédiger et ratifier les 12 accords qui visaient à régler les multiples divergences25. Après plusieurs pauses et quelques changements de négociateurs, le 29 décembre 1996, ceux-ci ont signé le document final qui devait instaurer la paix.

20Les Ladinos n’ont jamais approuvé ce qu’ils considéraient comme des concessions excessives faites aux peuples indigènes, mais sous la pression internationale, ils ont signé les douze Accords. Pour leur part, les Mayas considéraient que les accords ne répondaient pas à toutes les demandes de la COPMAGUA. La reconnaissance de leurs droits collectifs et de leur autonomie ne figurait pas dans le document final des Accords. Les négociations ne réglaient pas non plus les problèmes de sécurité, de sorte que la MINUGUA, la mission des observateurs militaires des Nations Unies, a pris beaucoup de temps à se mettre en place afin de gérer le retour à la paix. Enfin, le problème du manque de terres n’a pas été résolu et l’accord sur les aspects socio-économique et agricole, qui prévoyait la création d’une banque de terres pour les paysans (Fundo de tierras), n’ayant pas tenu promesse, a dû être revu et transformé en mai 2004.

21Malgré ces lacunes, les « concessions » faites par les négociateurs ladinos ont été mal reçues par la population, de sorte qu’une toute nouvelle bataille a éclaté lorsqu’il fallu faire entériner les douze Accords par un vote populaire. En mai 1999, ils ont été soumis à la population dans un référendum non-contraignant, une « consulta » nationale. Les partis politiques ont choisi de prendre leurs distances par rapport aux décisions contenues dans les Accords, et même le Président Arzú, qui avait pourtant signé les Accords, hésitait à appuyer la résolution finale.

5) Le rejet des Accords

  • 26 Carey, p. 69-95.

22Le référendum sur les Accords a été un échec. Seulement dix-huit pour cent des électeurs inscrits ont voté et aucune des propositions n’a reçu un vote favorable. Pourquoi? D’abord en raison de la complexité des questions. Les organisateurs de la consultation avaient tenté de simplifier les articles des Accords, mais la division en quatre questions et sous-questions très complexes a semé la confusion quant à leur portée. De sorte que même les partis politiques sont restés divisés quant à leur appui. Par ailleurs, il devenait clair que les militaires, les vieux partis nationalistes, le monde des affaires et la classe des entrepreneurs s’y opposaient et que les autres groupes restaient divisés. Voulait-on vraiment réduire l’armée de trente pour cent? Est-ce qu’il y avait vraiment des gains pour les peuples indigènes dans les Accords? Quelles terres seraient redistribuées? L’électorat acceptait-il vraiment de reconnaître les peuples indigènes, leurs coutumes et leurs langues? Et de quelle façon une telle reconnaissance renforcerait-elle l’unité de l’état guatémaltèque26?

  • 27 Hale, 485-524
  • 28 Davis, p. 166.

23Les chercheurs américains trouvaient eux aussi que les accords allaient trop loin. Charles Hale, un anthropologue, croyait fermement que le néolibéralisme, refusé par les Mayas, mais inhérent à certains des Accords, serait profitable pour tout le pays. Pour lui, c’était un véhicule économique très utile pour sortir le Guatemala de son marasme. Il argumentait qu’en appliquant ces principes, les Ladinos auraient pu s’entendre avec les indigènes. Selon lui, ces derniers ne cherchaient pas à « détruire » les Mayas mais à « réactiver » la communauté indigène en tant qu’agent de changement dans le cadre d’une reconstruction de « l’indien-citoyen ». Cette notion pouvait leur donner un nouveau visage, les débarrasser des excès radicaux et  « inciter leurs dirigeants à faire le nettoyage » dans leurs rangs. Au fond, les Ladinos soutenaient que les demandes des Mayas étaient « trop » et qu’elles menaçaient l’État qu’ils venaient de construire27. Shelton Davis, un intervenant et employé de la Banque mondiale, soutenait ce point en mettant de l’avant les multiples efforts déployés par la population Ladino et le gouvernement guatémaltèque pour modérer les demandes des Mayas au cours des négociations28.

6) Nouvelles Initiatives

  • 29 Jonas, p. 167-85.

24Les événements de 1999 laissent croire que l’élite guatémaltèque restera toujours opposée à presque tout ce qu’elle perçoit comme des « concessions » faites aux indigènes. Ainsi, hésitants, mais poussés par l’ONU, par les organismes non-gouvernementaux (ONGs) et par la communauté internationale, le gouvernement de Guatemala a adopté comme stratégie de considérer les divers engagements des Accords à la pièce, tout en tentant de les affaiblir et de retarder leur entrée en vigueur29. Avec le refus de la consulta, le gouvernement et les Ladinos ont tourné le dos à une approche négociée avec les indigènes.

25Malgré tout, la résistance maya s’est maintenue à travers trois initiatives. La première est venue des femmes, qui ont conçu un nouveau volet de la résilience, plus revendicatif et plus actif, articulé autour de l’émergence du mouvement féministe empodermiento, surtout celui des femmes indigènes. Au lieu de passer par des tentatives de réformer les structures de l’État Guatémaltèque, les femmes indigènes passaient par d’autres voies, notamment la pression politique, l’organisation de la résistance, les manifestations et le soutien aux groupes qui militaient toujours en faveur d’un État multiethnique, multiculturel et multilingue. Elles opéraient autour de plusieurs nouveaux mouvements : le Conseil des réfugiées (CONDEG), fondé en 1989 par José Jiménez; le Centre pour l’Action légale en droits humains (CALDH) (ce dernier, fondé en 1994 par Frank W. La Rue, a soutenu les premières accusations de génocide contre Rios Montt); la Coordination nationale des veuves (CONAVIGUA), fondée en 1988 par Rosalina Tuyuc pour représenter les 45 000 femmes dont les maris ont été tués lors des conflits; ce dernier groupe est lié à Fundación de anthropologia forense de Guatemala (FAFG) pour rechercher les disparus et faire construire des monuments et mémoriaux sur les sites des massacres.

26Parmi les groupes de femmes les plus visibles figure le mouvement organisé par Rigoberta Menchú Tum, récipiendaire du prix Nobel de la paix en 1992. Elle était choisie en reconnaissance de son travail en tant que pacifiste et militante pour la justice sociale et la réconciliation ethnoculturelle basée sur le respect des droits des peuples indigènes et de l’égalité pour les femmes. De plus, elle n’avait jamais cessé de dénoncer le gouvernement guatémaltèque pour les violations des droits de la personne au cours des guerres civiles. Elle était une des premières à dénoncer Rios Montt comme responsable des génocides perpétrés contre les Mayas en 1980-82.

27Avec les fonds de son prix Nobel, elle a établi une Fondation qui a subventionné des œuvres de charité venues en aide aux Mayas: soins de santé, logement pour les pauvres et production agricole. Elle est restée une militante importante dans les organisations pour les femmes. En 2007 elle a collaboré avec deux autres rédacteurs de demandes soumises à la COMAGUA. Ricardo Cajas a collaboré avec elle à la fondation de Winaq, un parti politique maya, dont un membre, Rosalina Tuyuc, a été élue députée au Congrès guatémaltèque pour Winaq avant d’accéder à la vice-présidence du Congrès. Les initiatives de Rigoberta Menchú ont cependant eu des résultats variables. Plusieurs initiatives de la Fondation ont connu du succès, mais entre 2007 et 2023, le Winaq n’a remporté que 3 à 5 sièges au Congrès, avec 5% des votes.

28La seconde initiative en faveur de la résilience tournait autour d’une certaine collaboration avec le gouvernement. Plusieurs Mayas qui avaient participé à la rédaction des demandes de la COMAGUA en 1993 ont choisi de collaborer avec le gouvernement afin de faire avancer leur vision du pays. Un des promoteurs les plus actifs de cette initiative était Demetrio Cojtí Cuxil, un jeune intellectuel Maya, qui avait participé en 1993 et 1994 au comité qui avait rédigé les accords sur l’identité et les droits du peuple Maya. Il a ensuite travaillé pour UNICEF au développement du système éducatif du Guatemala et, en 2000, a accepté l’offre du Président Alfonso Portillo de participer dans la fonction publique comme Sous-ministre de l’Éducation.

  • 30 Bastos et Cumes, 2004, p. 48.
  • 31 Velésquez Nimatuj, 30 augusto 2010, Albedrio.org.

29Portillo a d’ailleurs poursuivi ce type d’initiative en confiant des postes à plusieurs Mayas30 entre 2004 et 2008. En 2004, le pédagogue Celso Chacian Solís a accepté le poste de Vice-ministre adjoint de l’Éducation bilingue interculturel (VEBI), succédé en 2008 par Virginia Tacam, la première femme Maya à occuper un poste de Vice-ministre31. Dans le domaine de la culture, Otilia Lux, qui avait travaillé avec la Commission de vérité et réconciliation des Nations Unies, a était nommée Ministre de la culture et du sport, assistée par deux femmes mayas. Parmi les autres nominations, Raxché Demetrio Rodriguez et d’autres membres de la Direction générale du bilinguisme et de l’éducation interculturelle (VEBI) ont été nommés pour assister Demetrio Cojtí au poste de Ministre de l’éducation. Un autre activiste maya, José Us, a été nommé Ministre-adjoint de l’Environnement en 2001 avant de passer, un an plus tard, au Département de l’agriculture. D’autres, comme Haroldo Quej, un allié des Mayas, a occupé le poste de Directeur du Fonds national pour la paix (FONAPAZ), une agence créée pour allouer des fonds pour les initiatives de paix. Au niveau municipal, Rigoberto Queue a accédé au poste de maire de Quetzaltenango, la deuxième ville du pays. Tout en maintenant cet esprit de collaboration, ils ont tous retenu des liens étroits avec le mouvement maya.

  • 32 Cojti Cuxil, 1998, p. 68.

30Cependant, la plupart de leurs tentatives ont échoué. Les intellectuels mayas qui sont devenus fonctionnaires de l’État guatémaltèque en espérant réaliser des gains pour leur peuple ont fait face à une résistance considérable de la part des Ladinos. Demetrio Cojtí, réfléchissant à ce problème dans un article en 1998, estimait que même si l’oligarchie gouvernementale avait accepté de nombreux articles des Accords de paix, les droits collectifs de la communauté maya continuaient d’être ignorés par ce même gouvernement trois ans après l’adoption de ces décrets et lois. Selon lui, les Mayas étaient mieux respectés au niveau local, par les municipalités, le système d’éducation, les affaires culturelles, les syndicats, et même par la communauté d’affaires. L’élite du Guatemala continuait à refuser la conception maya de droits collectifs. Elle était prête à accepter les Mayas sur une base individuelle à l’intérieur de la société et des structures du gouvernement, mais refusait de reconnaître leurs droits collectifs, même si ces droits étaient à la base des demandes des Mayas32.

  • 33 Bastos et Cumes. p. 11.
  • 34 Bastos et Cumes, p. 378.

31Pourquoi les initiatives Mayas ont-elles été systématiquement ignorées par l’oligarchie au pouvoir et par les Ladinos? Le professeur Santiago Bastos s’est penché sur cette question. Avec un réseau international de collègues, il a étudié les résultats du multiculturalisme au Guatemala et le comportement de la communauté maya. Leurs recherches partaient d’un paradoxe : la « normalisation » multiculturelle réalisée pendant la période post-conflit avait accéléré le néolibéralisme et la globalisation du Guatemala, mais ce changement avait aussi élargi la brèche sociale, faisant en sorte que les indigènes étaient encore davantage exclus et réduits à la pauvreté33. Pour Bastos, les Mayas se trouvaient prisonniers du type de développement que favorisait l’industrialisation, la migration de la population rurale vers les villes, la monétarisation du travail et la croissance de la classe moyenne. Devant cette évolution, estime Bastos, les Mayas devraient revoir les bases de l’état multinational qui faisait partie de leurs demandes. Ils devraient aussi élargir les bases théoriques du multiculturalisme pour rendre celui-ci plus flexible, ouvert et inclusif34.

  • 35 Hale, 485-524

32D’autres chercheurs sont d’accord avec de telles critiques. L’anthropologue Américain Charles R. Hale, par exemple, estime que les demandes des Mayas sont au cœur du problème. Pour lui, les « indiens » guatémaltèques exigent la reconnaissance de leurs droits dans un état néolibéral et multiculturel contrôlé par les Ladinos. Or, si les Ladinos acceptent quelques aspects du multiculturalisme dans leurs régions, il qualifie leur soutien de « as long as it does not go too far »35. Shelton Davis et Greg Grandin soulignent de leur côté le fait que les Mayas n’ont même pas exigé ce multiculturalisme et que leurs les demandes variaient selon la région qu’ils habitent.

  • 36 Hernández. Plaza Pública, 13 juilllet 2023.

33Une troisième option pour tenter de mener à bien les demandes des Mayas se trouvait dans les communautés et les assemblées mayas, qui restaient déterminées à continuer la lutte. Les paysans qui voyaient leurs terres, leurs cultures et leurs récoltes compromises par des actions du Congrès n’hésitaient pas à se réunir et à marcher sur la Capitale, occupant routes et carrefours du pays. Ils ont entrepris de telles actions en 2012 pour contester une loi qui accordait à la Corporation Monsanto la propriété intellectuelle des nouvelles variétés végétales au pays, notamment les plantes génétiquement modifiées. Les paysans craignaient que la compagnie s’attaque à eux soutenant que leurs semences contenaient des éléments transgéniques protégés par la loi. Furieux, ils se jointent aux organisations agricoles comme le CUC pour planifié des manifestations massives au mois de septembre 2014, bloquant des ont routes et des carrefours. Un journaliste estime que ces occupations ont causé des pertes de 35 à 50 millions de quetzales36. Ces mêmes mouvements se mettaient en branle deux ans plus tard avec une marche pour l’eau, une protestation aussi massive que les précédentes, mobilisant 80 communautés mayas pour contester le manque d’eau propre pour les communautés. Les organisateurs argumentaient que l’eau des rivières, des lacs et des lagunes était non seulement contaminée par des mines et les puits de pétrole, mais aussi volée et détournée pour les monocultures et les barrages.

34Ces exemples de mouvementes de masse sont le fait de regroupements spontanés de paysans, nés de leur ras-le-bol devant les excès des entrepreneurs. Parmi ces groupes figure le CCDA (Comité campesino del Altiplano) une coopérative fondée par Wenseslao Almira, le 2 mars 1982, dans le village de San Martin Jilotepeque de la région de Chimaltenango. Pendant ces années de guerres les villages comme San Martin ne pouvaient pas dépendre de l’armée pour les défendre. La raison d’être du CCDA était de protéger les villages des attaques des troupes, des assassinats et de la torture. Leurs opérations sont restées clandestines pendant les « troubles » et ce n’est qu’après la signature des Accords de paix que le mouvement a pris une nouvelle vigueur, surtout lors de ses opérations dans la région de Sololá. Le CCDA a été légalement reconnu en 2000. À partir des années 1980 le jeune Leocadio Juracán s’est joint au groupe, qui s’est transformé alors en un association de lutte appuyant les paysans dans leurs efforts pour acquérir des terres. Leocardio Juracán a assumé la direction du mouvement en 2000.

  • 37 Gobierno de Guatemala, mars 2014. Documentation de la CCDA

35Le CCDA cherchait avant tout à récupérer les plantations privées et à redistribuer les terres aux paysans. Lors des contestations, les organisateurs faisaient valoir que plus de 700 familles Mayas n’avaient toujours pas de terres alors même qu’il restait énormément de parcelles en friche que la banque de terres (Fondo de las tierras) n’avait toujours pas le droit de distribuer. Leocardio a tenté de légiférer sur ce problème pendant son mandat comme député au Congrès guatémaltèque. En 2014, son projet de loi proposait une réforme majeure, visant entre autre l’obtention de crédits pour l’achat de terres, l’accès des femmes à l’agriculture, la résolution des conflits avec les propriétaires, l’accès à l’assistance légale pour les acheteurs, la réduction des taxes des propriétaires et la compétitivité de la production agricole37. Mais, il n’a pas réussi à obtenir assez de votes pour faire passer le projet de loi.

  • 38 CCDA, Archives (2023) et entrevue avec Leocadio Jurácan, St-Jérôme, 20 octobre 2023
  • 39 Granovsky-Larsen, p. 140-155. L’auteur argumente que les cas qu’il analyse montrent que le mouvemen (...)

36Le CCDA mène toujours des batailles juridiques et des contestations pour s’opposer aux initiatives susceptibles de nuire à ses membres. En menant des poursuites devant les tribunaux, leurs initiatives ont pu rajouter les terres de 79 plantations pour ses membres. Il leur a fourni également des outils techniques afin d’améliorer leur production et leur rendement. Il cherche aussi à améliorer la vie de ses membres en favorisant l’accès à l’eau et la construction d’écoles, de maisons et de cliniques. En 2021, le CCDA comptait 356,670 membres vivant dans 1,350 communautés. Avant la COVID, ces communautés ont produit un million de kilos de café biologique vendu sous la marque de Café Justicia. Aujourd’hui la coopérative est aux mains de Marcelo Sabuc, Lesbia Morales, Neydi Jasmine Juracán Morales et leurs collaborateurs38. Leur réussite était soulignée comme une preuve du succès du mouvement de los Campesinos dans un livre récente par Simon Granovsky-Larsen39.

  • 40 Ibid.
  • 41 Entretien avec Leocadio Jurácan, 20 octobre 2023.

37Le CCDA a quadruplé ses revenus au cours des années 2020-2023, grâce entre autre à l’appui financier d’ONGs québécoises et belges40. Mais les conditions de vie des membres du CCDA comme celles de la majorité des indigènes reste difficile. Dans une entrevue récente Leocardio Jurácan a souligné le fait que malgré l’augmentation de leur production, l’inflation, les augmentations des prix et les problèmes de la chaîne de distribution ont tous compromis les profits de leurs membres. Il note que chaque jour au-delà de 300 Guatémaltèques quittent le pays pour rejoindre les fameuses caravanes de paysans partis à la recherche d’une meilleure vie aux États-Unis41.

38Au cours d’un demi-siècle, les militants mayas ont travaillé à créer des conditions qui leur permettraient de s’intégrer à la nation guatémaltèque. Depuis les initiatives menant à la fondation du CUC, la rédaction des demandes de la COMAGUA et les tentatives de participer dans les négociations de paix, toute une génération de militants a exigé des changements, proposé des modifications et modifié ses demandes. Mais les Pablo Ceto, Rigoberta Menchú, Demetrio Cujti, Otilia Lux, Leocadio Juracán et plusieurs autres ont milité pour renouveler les structures de leur pays avec peu de résultats.

39Avec l’élection de Bernardo Arévalo les indigènes s’attendent à de l’action pour régler leurs griefs. Le nouveau président se trouve ainsi devant plus d’un siècle de demandes. Peut-il ou veut-il agir pour régler leurs griefs? Le nouveau gouvernement a fait face à une résistance monstre de la part de l’oligarchie guatémaltèque. La candidate du parti Uno a refusé de concéder sa défaite et les membres des différents Conseils du gouvernement (Conseil constitutionnelle, Tribunal suprême électoral, membres du Congres) ont tous posé des obstacles devant la reconnaissance et la prise de pouvoir du nouveau gouvernement. Consuelo Porras, la Fiscale générale, a tenté de bloquer l’arrivée d’Arévalo au pouvoir en prétextant la corruption du mouvement Semillas, soutenue en cela par un groupe de députés et de hauts fonctionnaires, le « pacto de corruptos ».

  • 42 Gutiérrez, El País, 8 octobre 2023. Rocio López, , Plaza Pública , 25 octobre 2023.

40Devant la tentative de Porras contre Arévalo, les indigènes ont été les premiers à descendre dans la rue avec des manifestations massives le 2 octobre (el paro nacional por la democracia). Ce sont surtout les « autorités ancestrales » de chaque village et communauté qui ont pris l’initiative de mobiliser leur population pour défendre la démocratie. Ils ont occupé jusqu’à 85 routes et carrefours, y compris la grande route interaméricaine, pour demander le départ en exil de Porras et deux de ses complices, Freddy Orellana et Curruchiche Rafael, qu’ils accusaient d’être derrière le complot contre Arévalo42.

  • 43 Leocadio Jurácan, entrevue 20 octobre 2023.

41Pour Leocadio Jurácan l’arrivée au pouvoir d’Arévalo est loin d’être catastrophique. « Il n’est pas l’allié naturel de los Mayas », dit-il, mais après des années de corruption du pouvoir de l’oligarchie commerciale-industrielle, Arévalo est la meilleur option croit-il. D’ailleurs, il est venu consulter les élus municipaux et communaux (alcaldes) des Mayas à deux reprises durant les manifestations, le 5 et le 16 octobre. C’est la première fois qu’un nouveau président de la République du Guatemala rencontre les peuples indigènes et s’informe de leurs demandes. Pour Leocadio, Arévalo comprend les demandes des Mayas, mais ne sera pas en mesure de les faire accepter ni de mener à bien la grande réforme des structures de l’état qui s’impose. Avec seulement 24 députés et le soutien (un vote) du parti Winaq et quelques uns du parti VOS, il ne peut compter que sur 29 votes, un nombre insuffisant pour faire passer un projet important au Congrès. Qui plus est, la troisième division du pouvoir guatémaltèque, la cour suprême, qui doit approuver toute réforme de cette ampleur, est dominée par des juges nommés au fil des ans par les éléments les plus conservateurs des gouvernements précédents43.

42Mais, si Arévalo ne peut pas faire adopter les réformes nécessaires pour renouveler le pays, Leocadio insiste pour dire qu’il était la meilleure option lors des élections de 2023. Pour lui, Arévalo représente « un ouverture significative »  dans le grand chemin vers un vrai renouvellement du Guatemala.

43Cet article a bénéficié des critiques et commentaires de mon ex-collègue, James deFinney. Je tiens à le remercier.

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Notes

1 Velázquez, p. 1.

2 Pastrana Buelvas, vol. 20, no 2.

3 caxi.cefan.ulaval.ca.

4 Chonchol, p. 85.

5 Bastos et Cumes, p. 18. Grandin, p. 7-34. Burgos, Chapt. 12.

6 Levinson-Estrada, p. 110-122 et 145-150.

7 Forster, p. 576-577.

8 Grandin, p. 13-14.

9 Ceto, p. 229-242.

10 Casaús Arzú, p. 63.

11 Ceto, p. 238. Staford, 1ère partie.

12 Mcallister, p. 283.

13 Ibid. p. 285.

14 Ceto, p. 289

15 Comisión para el esclarecimiento histórico, vol 5, p. 108-122. Warren, p. 33-51.

16 Bastos et Cumes, vol I, p. 59-61.

17 Warren, p. 33-51.

18 Cojtí Cuxil, 2022, Chapt 9, section 10.

19 Warren, pp. 211-214. Davis, p. 154-55.

20 Sieder, 1997 p. 71-2, et 1998 p. 112-13.

21 Sieder, 1998, p. 114.

22 Bastos et Cumes, vol. 1, p. 59-61.

23 Jonas, p. 45-59.

24 Ibid. p. 45.

25 Hickey et de Finney, 47-52.

26 Carey, p. 69-95.

27 Hale, 485-524

28 Davis, p. 166.

29 Jonas, p. 167-85.

30 Bastos et Cumes, 2004, p. 48.

31 Velésquez Nimatuj, 30 augusto 2010, Albedrio.org.

32 Cojti Cuxil, 1998, p. 68.

33 Bastos et Cumes. p. 11.

34 Bastos et Cumes, p. 378.

35 Hale, 485-524

36 Hernández. Plaza Pública, 13 juilllet 2023.

37 Gobierno de Guatemala, mars 2014. Documentation de la CCDA

38 CCDA, Archives (2023) et entrevue avec Leocadio Jurácan, St-Jérôme, 20 octobre 2023

39 Granovsky-Larsen, p. 140-155. L’auteur argumente que les cas qu’il analyse montrent que le mouvement Campesino est compatible avec l’État néolibéral, mais cet argument ne correspondent pas avec l’aide que le CCDA reçoit des ONG ou avec la gestion interne de la coopérative.

40 Ibid.

41 Entretien avec Leocadio Jurácan, 20 octobre 2023.

42 Gutiérrez, El País, 8 octobre 2023. Rocio López, , Plaza Pública , 25 octobre 2023.

43 Leocadio Jurácan, entrevue 20 octobre 2023.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Daniel Hickey, « Guatemala : un nouveau président devant les blocages historiques du peuple Maya  »Amerika [En ligne], 27 | 2024, mis en ligne le 02 février 2024, consulté le 08 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/amerika/18811 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/amerika.18811

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Auteur

Daniel Hickey

Professeur émérite d’histoire (Université de Moncton, Canada); (hickey.d@videotron.ca)

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