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COLLOQUE INTERNATIONAL DÉCAPS (Décloisonner les arts plastiques et scéniques) : des transferts d’expériences

23-24 mai 2024,Salon Claude Lefebvre, Cité Musicale, Metz

Colloque international organisé par le laboratoire Écritures de l’université de Lorraine, en collaboration avec Passages Transfestival

Présentation

  • 1 Citation extraite du site de présentation de Passages Transfestival, https://www.passages-transfest (...)
  • 2 Le projet de recherche « DECAPS - Décloisonner les arts plastiques et scéniques », mené à l’univers (...)

Passages Transfestival présente désormais chaque année à Metz une programmation de projets transdisciplinaires, mais aussi transcontinentaux et transeuropéens. Cet espace où « lesquestionnements artistique, anthropologique et politique s’entremêlent, se cherchent et se répondent1 » est l’occasion de prolonger le projet de recherche « DÉCAPS – Décloisonner les arts plastiques et scéniques2» en mettant spécifiquement l’accent sur les transferts d’expériences. Par « transferts d’expériences » il s’agit de désigner toutes les étapes du processus artistiques qui, de proche en proche, permettent de rendre accessible au public une expérience originelle. Autrement dit, en faisant l’hypothèse qu’une proposition artistique est toujours initialement située dans l’expérience vécue des artistes – à la première personne au moins de manière médiate –, il s’agit d’interroger l’expérience qui subsiste au bout de la chaîne poético-esthétique et les moyens mis en jeu pour faire subsister cette expérience. Les pratiques artistiques contemporaines complexifient toujours davantage cette chaîne en ce que, suivant les cas, les œuvres impliquent ou non des enquêtes, du terrain, des missions et des entretiens ; requièrent ou non un travail collaboratif, des répétitions ; s’implémentent ou non à partir d’écrans, de documents, d’objets et, même, mobilisent ou non des personnes non professionnelles ou le public. En ce sens, le décloisonnement des genres et des médiums n’est pas à étudier uniquement au niveau de l’habitacle de l’œuvre, mais bien réinjecté rétrospectivement depuis les expériences initiales desquelles les œuvres résultent. Le décloisonnement est autant poïétique que scénique et autant artistique qu’esthétique, notamment parce qu’il est aussi méta-artistique.

En effet, à partir du moment où les conditions de réalisations et de productions des œuvres font partie de ce qui fait fonctionner l’œuvre, l’expérience spectatorielle peut se faire généalogique et revêtir une dimension enquêtrice. Même s’il est ainsi certain que l’expérience d’une œuvre est avant tout une expérience spectatorielle de l’œuvre qui est montrée, le pari de ce colloque est de se dire que, suivant les spectacles sans doute, passe aussi quelque chose de l’expérience vécue par les personnes impliquées dans la réalisation des œuvres ce qui n’est pas sans influence sur la réception. Certains spectacles mettent en avant la processualité de l’œuvre en reflétant le contexte de création, en partageant les réflexions qui se sont posées durant les recherches ou les répétitions. Présenter et affirmer le contexte, c’est la marque d’une volonté de rendre les spectateurs témoins à leur tour d’une démarche créative et critique, qui est elle-même le reflet d’un processus de transformation. Il s’agira notamment d’examiner la position de témoin auquel le spectateur est renvoyé dans de nombreuses pratiques artistiques. On pourra par exemple observer durant le Festival la recherche autobiographique de l’artiste Yasmine Yahiatène avec son solo théâtral à vif intitulé La Fracture qui mêle archives privées et publiques, et ainsi expériences personnelles et collectives afin de questionner la mémoire franco-algérienne.

S’il est vrai que d’autres projets n’affirment pas ce contexte explicitement, l’expérience partagée lors de la création semble parfois déterminante, notamment dans le cas de créations collectives singulières. On peut mentionner la performance Happy Island, née de la rencontre entre La Ribot et la compagnie de danse inclusive portugaise Dançando com a Diferença installée sur l’île de Madère, spectacle qui sera présenté lors de Passages Transfestival et dont le titre fait référence à l’esprit de liberté propre à cette communauté singulière. Se saisir théoriquement de cet enjeu demande éventuellement de considérer les œuvres dans leur globalité processuelle, un peu comme des îlots d’expériences qui se suivent au gré des activités artistiques. L’enjeu n’est pas pour autant de montrer la cohérence sous-jacente – ou, pire, montrer à tout prix que tout était écrit –, mais au contraire de se demander à partir de quand la multiplicité d’expériences, la pluralité des supports, la juxtaposition d’éléments fonctionnent comme un tout et permet un transfert d’expérience. La structure d’une œuvre s’apparente en effet davantage à celle d’un îlot pour lequel, par le hasard d’un rapport au monde opérant, la pluralité de ses éléments fait un.

Ce sont sur tous ces points que le partenariat mis en place avec Passages Transfestival est fécond : non seulement la programmation fait toujours la part belle aux pièces polymorphes, aux œuvres qui se sont faites parfois sur un temps long, en dehors ou non de l’espace scénique, mais en plus l’édition 2024 du festival a pour fil rouge l’insularité. Bien entendu les transferts d’expérience insulaires ont tout leur intérêt, mais c’est surtout en revenant au sens isula en latin vulgaire qu’il a semblé pertinent de créer un pont : l’île est un regroupement d’éléments disparates, traditionnellement de maisons, qui fonctionnent ensemble comme un tout non organisé. Suivant ce sens, il est à espérer qu’émergera du colloque une pensée « insulaire » de l’art et des expériences transférées de proche en proche par les pratiques artistiques.

Les interventions, les conférences, les débats et les dispositifs expérientiels que les spectateurs découvriront lors de la prochaine édition du Festival permettront de mettre en avant la manière dont les artistes parviennent à saisir des réalités sociales, économiques et à créer des espaces collectifs ou relationnels, mais aussi la manière dont, ce faisant, les artistes transcendent les limites disciplinaires. La processualité des œuvres et leur singularité, la diversité des expériences menées durant la création et la réception faisant de l’œuvre une exploration du rapport entre corps – qu’ils soient spectateurs, acteurs ou interactants –, matières et images, contribuent à faire apparaître le réel de manière inédite. Faire l’expérience des œuvres en tant que dispositif revient ainsi à faire une expérience fortement anthropologique, une expérience de rencontre.

L’appel à proposition est ouvert à tous les cadres théoriques ou épistémiques, les propositions pourront toutefois puiser dans certains aspects du pragmatisme autour de la notion d’expérience et d’enquête, comme, pour mesurer ce qui est propre au transfert, s’inspirer des travaux sur l’empathie, qu’ils s’inscrivent dans le prolongement des premiers textes philosophiques sur l’Einfühlung ou qu’ils empruntent aux recherches cognitives relancées par la découverte de neurones miroirs, ou encore dans la pensée complexe introduite par Edgar Morin. Il s’agira en tout état de cause de mesurer comment les dispositifs artistiques contemporains renouvellent le lien entre l’expérience artistique et l’expérience de l’intersubjectivité.

Ces pistes ne sont qu’indicatives, l’équipe organisatrice reste ouverte à toutes approches, y compris interdisciplinaires nourries d’anthropologie, de psychologie, de sociologie, etc.

Comité d’organisation

Virginia de la Cruz Lichet, Université de Lorraine (virginie.de-la-cruz [at] univ-lorraine.fr) Bruno Trentini, Université de Lorraine (bruno.trentini [at] univ-lorraine.fr)

Marie Urban, Université de Lorraine (marie.urban [at] univ-lorraine.fr)

Comité scientifique

Estrella de Diego Otero, Universidad Complutense de Madrid Virginia de la Cruz Lichet, Université de Lorraine

Olivier Goetz, Université de Lorraine

Linarejos Moreno, Universidad Complutense Madrid Bruno Trentini, Université de Lorraine

Marie Urban, Université de Lorraine Rezvan Zandieh, Université de Lorraine

Envoi des propositions de communication

Les propositions (titre et résumé de 250 mots) sont à envoyer au comité d’organisation. Langues autorisées : français

Date limite des propositions : 30 novembre 2023

Détails logistiques

L’équipe organisatrice est normalement en mesure de prendre en charge les frais liés à l’hébergement et aux repas ; il est recommandé de se tourner vers son laboratoire d’affiliation en ce qui concerne les frais de transport. Suivant le budget disponible, un effort sera fait pour prendre en charge les frais des personnes sans laboratoire.

Notes

1 Citation extraite du site de présentation de Passages Transfestival, https://www.passages-transfestival.fr/adn-de- passages-transfestival/, consultée le 13 juillet 2023.

2 Le projet de recherche « DECAPS - Décloisonner les arts plastiques et scéniques », mené à l’université de Lorraine au sein du laboratoire interdisciplinaire Écritures depuis 2022, s’inscrit dans une réflexion sur les arts plastiques et scéniques qui vise notamment à mettre en valeur la manière dont les processus de création, l’œuvre et finalement sa réception sont indissociables, facilitant de ce fait une perspective transdisciplinaire.

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